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trois premiers acides, il faudrait préalablement saturer les liqueurs par la potasse et chasser ces acides par l'acide sulfurique (voyez affaire Morin et Coulongeau).

Le plus ordinairement on se sert d'aci 'e sulfurique, afin de ne pas trop multiplier les opérations, ex opérant comme MM. Lassaigne et Chevallier dans l'affaire Brunet (paragraphe suivant). Le charbon sulfurique est ensuite incinéré, ainsi que la terre bouillie dans cet acide, pour la recherche des métaux fixes. Lorsque la terre est mêlée à des matières grasses qui s'opposent à ce que les acides dissolvent le poison, MM. Flandin et Danger proposent de les traiter préalablement par la potasse, comme dans l'affaire Morin, Coulongeau, Gloeckler (voyez Rapports).

4° La bière, ses débris, ses râclures, les vêtements, le terreau, le cambouis, etc., seraient soumis aux mêmes opérations que la terre du cimetière.

IV.-AFFAIRE BRUNET, page 216.-Pour déceler le cuivre dans la terre du jardin, MM. Chevallier et Lassaigne en délayent 200 grammes dans de l'eau acidulée par l'acide sulfurique, jusqu'à ce qu'il n'y ait plus d'effervescence, font bouillir le mélange dans de l'eau jusqu'à siccité, laissent refroidir, ajoutent de l'acide azotique, qu'ils volatilisent ensuite, traitent, pendant 5 à 6 minutes, le produit par l'eau bouillante, filtrent et font passer à travers la liqueur un courant de gaz sulfhydrique. Au bout de 24 heures, il se forme un dépôt jaune-paille, qu'ils traitent à chaud par l'acide azotique, filtrent, évaporent à siccité, reprennent par de l'eau ammoniacale en excès, pour dissoudre le cuivre et précipiter les autres métaux, concentrent la liqueur, la saturent par l'acide acétique, et constatent la présence du cuivre par le cyanure jaune, etc.

V. AFFAIRE RIEHL (assises de Strasbourg, 1847). MM. Persoz, Opperman et Villemin, dans un empoisonnement par le phosphore, eurent à examiner de la terre

d'une vigne, mêlée à des débris de pellicules de raisins, sur laquelle Riehl avait vomi, et de la même terre normale, pour savoir si elles contenaient de l'acide phosphorique, et comparativement en quelles proportions. 15 gram. de terre normale, préalablement desséchée, pulvérisée, passée à travers un tamis, est mêlée à 15 gram. de carbonate sodique, 1 gram. de nitrate de potasse, et calcinée au rouge blanc dans un creuset de platine. Le produit, délayé dans l'eau, est traité par l'acide chlorhydrique, filtré, évaporé à siccité. Le résidu étant dissous dans l'eau bouillante, on ajoute un grand excès d'acétate ferreux, pour précipiter l'acide phosphorique à l'état phosphate ferroso-ferrique insoluble, lequel, après avoir été bien lavé, fut mis à digérer dans du sulfure d'ammoniaque, pour le transformer en sulfure de fer insoluble et en phosphate d'ammoniaque, qui, évaporé à siccité, repris par l'eau, et additionné de sulfate ammoniaco-magnésien, donna un léger précipité de phosphate ammoniaco-magnésien, du poids de 0 gr. 002, représentant 0 gr. 00055 d'acide phosphorique. La même expérience sur la même quantité de terre suspecte, préalablement privée des pellicules de raisin et de toute matière organique visible à l'œil nu, donna 0 gr. 01 de phosphate ammoniaco-magnésien, représentant 0 gr. 00377 d'acide phosphorique, par conséquent 5 fois plus que la terre normale (voyez Phosphore).

L'expérience serait aussi comparative, s'il fallait démontrer la présence des acides sulfurique, azotique, chlorhydrique, de la potasse, etc., dans la terre imprégnée des matières des vomissements d'une personne empoisonnée par ces poisons.

II.-Quest. Poisons normaux, accidentels, etc.

Certains poisons, leurs éléments ou radicaux, le fer, la chaux, la soude, l'acide phosphorique, etc., font partie constituante de nos organes, de nos liquides, dans un état

de combinaison qui les rend inertes, ce sont les poisons dits normaux ou naturels. D'autres y sont introduits passagèrement par l'intermédiaire des matières alimentaires, médicamenteuses, etc., qui elles-mêmes les prennent au sol, aux vases dans lesquels elles ont été préparées ou conservées; ce sont les poisons dits accidentels, tels que le plomb, le cuivre, l'arsenic, etc. L'expression de poisons normaux, naturels, accidentels est très-vicieuse, parce qu'elle s'applique à des substances qui, dans l'état où elles se trouvent actuellement dans l'économie, ne sont pas toxiques, plusieurs même sont indispensables à la vie. C'est donc sous le point de vue de la toxicologie chimique qu'il faut envisager ces dénominations.

Le phosphore existe dans la matière cérébrale, à l'état de phosphate de chaux dans les os et autres parties solides et liquides. Les acides sulfurique, chlorhydrique, s'y rencontrent à l'état de sulfates, d'hydrochlorates de chaux, de soude, de potasse. Les acides acétique, tartrique, oxalique, nitrique y parviennent par les aliments, les médicaments. Mais, de tous les poisons normaux ou accidentels, ce sont, sans contredit, l'arsenic, le cuivre, le plomb, le phosphore, le fer qui ont été le sujet des discussions les plus importantes.

ARSENIC NORMAL.-M. Couerbe communique à M. Orfila que l'arséniate de chaux, accompagnant souvent le phos phate de cette base, devait faire partie des os. M. Orfi¦a, le 24 septembre 1839; annonça à l'Académie de médecine qu'il avait retiré de l'arsenic non-seulement des os, des muscles de l'homme, mais encore des mêmes organes des animaux. M. Devergie constate aussi ce poison dans les muscles, le bouillon; d'autres dans le sang. Dès lors l'existence de l'arsenic normal fut considérée comme un fait accompli, et l'on s'occupa des procédés à l'aide desquels on pût le distinguer de l'arsenic d'empoisonnement.

MM. Flandin et Danger, dans un mémoire lu à l'Acadé

mie des sciences, en décembre 1841, conclurent à la nonexistence de l'arsenic normal; que, dans la carbonisation des matières animales, il se sublimait un produit soluble dans l'eau, formé de sulfite, de phosphite d'ammoniaque et de matière organique, qui, à l'appareil de Marsh, donnait des taches analogues aux taches arsénicales, ce qui probablement avait induit en erreur M. Orfila.

Quant à l'arsenic accidentel, MM. Flandin et Danger, d'après les mêmes données, les mêmes expériences que pour le cuivre, page 228, nient sa présence dans nos organes, sans qu'elle puisse se manifester par des symptômes morbides; faits en opposition avec ceux de MM. Millon et Laveran, Orfila neveu, pour l'antimoine, le cuivre, etc., (page 14).

La commission de l'Institut (14 juin 1842), composée de MM. Thénard, Dumas, Boussingault, Regnault, rapporteur, se livra à des expériences pour résoudre la question d'arsenic normal. Comme l'avait pratiqué d'abord M. Orfila, des os humains étant calcinés sur une grille jusqu'au gris terne et d'autres plus fortement, ils mirent à digérer séparément les deux produits, pendant trois jours, dans de l'acide sulfurique concentré, ajoutèrent de l'eau distillée, soumirent les liqueurs à l'appareil de Marsh et n'obtinrent pas d'arsenic: mêmes résultats négatifs, quoique les os fussent additionnés d'arséniate de chaux; ce dernier sel étant réduit par le charbon, l'arsenic se sera sans doute volatilisé. Ils n'obtinrent pas non plus d'arsenic en calcinant au rouge les os dans une cornue. La partie calcaire des os fut dissoute dans l'acide chlorhydrique, la liqueur précipitée par l'acide sulfurique et évaporee a siccité, d'un autre côté la partie gélatineuse fut carbonisée : l'eau des lavages du charbon réuni au produit hydrochlorique ne donna pas d'arsenic. Enfin, MM. Orfila et Devergie, chacun séparément, ne trouvèrent plus d'arsenic dans les organes, où, par le même procédé, ils l'avaient déjà trouvé; résultats différents que ce dernier toxicologiste attribue à l'im

pureté des réactifs employés dans leurs premières expériences. Depuis lors, l'existence de l'arsenic normal ne fut plus admise, par conséquent on n'eut plus à s'occuper de cette cause d'erreur, si souvent invoquée dans les discussions judiciaires. Tout récemment, un chimiste allemand ayant de nouveau admis la présence de l'arsenic dans les os, M. Filhol, par un procédé un peu différent de celui de l'Institut, n'en a pas trouvé (1854).

ANTIMOINE.Nous ignorons si l'on a tenté quelques expériences pour s'assurer s'il existe à l'état normal. Les expériences de MM. Millon et Laveran ne permettent pas de douter que, donné par petites doses, il puisse séjourner longtemps dans nos organes sans accidents (voyez page 10).

CUIVRE, PLOMB, NORMAUX, ACCIDENTELS:-Sans entrer dans les détails historiques que comporterait ce sujet, pour lequel d'ailleurs on peut consulter le mémoire de MM. Chevallier et Cottereau, (Ann. d'hy. et de méd. lég., 1848), nous nous occuperons seulement des faits qui nous concernent spécialement. En 1836 et 1838, M. Devergie retira du cuivre du tube intestinal de trois cadavres. Frappé de cette coincidence, il se livra à des recherches spéciales avec M. Hervy, qui, en outre, y signala aussi la présence du plomb. Depuis lors, M. Devergie dit n'avoir fait aucune analyse légale sans avoir rencontré ces deux métaux dans tous les organes, surtout dans le tube intestinal. Leur proportion absolue et relative varie selon l'âge, le jeûne, l'état morbide; moindre chez les nouveau-nés, elle est quatre, cinq fois plus forte chez l'adulte; plus faible dans l'état de jeune, de maladie, ce qui donne à penser qu'ils proviennent des matières alimentaires. Quoique la proportion en soit variable dans le tube intestinal de l'homme et de la femme adultes, elle ne dépasse pas dans les intestins 46 millièmes pour le caivre et 40 millièmes pour le plomb.

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