Images de page
PDF
ePub

tranchées et autres accidents. Ces faits sont cependant assez rares, et les accidents, surtout avec les poisons âcres, irritants, sont bien moins intenses, bien moins inflammatoires que ceux qui résultent de l'ingestion immédiate du poison. Il faut donc tenir compte de ces circonstances, surtout si les accidents se sont déclarés après l'usage des aliments, des boissons ayant, ou non, une saveur désagréable, etc.

Ici s'élève une question très-importante : à savoir si les accidents se manifestant chez les personnes qui, depuis 1-6 mois 1 an, n'ont pas eu la colique des peintres, ne travaillent plus le plomb, sont dus à la présence de ce poison dans nos organes. D'après les faits précédents, cela nous paraît probable, et par une cause quelconque, le plomb sera passé tout à coup, d'insoluble qu'il était, à l'état soluble.

AFFAIRE LACOSTE (tome I" page 464, assises d'Auch). Plusieurs questions, entre autres celle-ci, furent adressées aux experts: 1° L'arsenic, retiré des organes, ne provient-il pas du traitement arsénical interne et externe, auquel avait été soumis le sieur Lacoste ? M. Pelouze ne voulut pas se prouoncer; M. Flandin affirma que c'était l'arsenic d'empoisonnement, se fondant sur ce que le patient avait cessé son traitement le 3 mai et succombé le 23, temps nécessaire à l'élimination complète du poison. 2. L'arsenic pris à petites doses peut-il s'accumuler dans l'économie et donner lieu subitement à des accidents d'intoxication? M. Devergie répondit négativement et M. Flandin affirmativement, en ajoutant, toutefois, qu'une extréme réserve était commandée.

LAFArge.

AFFAIRE LAFARGE. Directeur d'une usine ferrugineuse, comme les minerais de fer contiennent très souvent de l'arsenic, M. Raspail dit que ce poison aurait bien pu pénétrer par la voie de la respiration. Lafarge n'avait pas paru dans

la fabrique depuis 50 jours, quand il mourut au Glandier; l'arsenic devait être complètement éliminé, d'après M. Orfila.

AFFAIRE POUCHON (assises du Puy-de-Dôme).-Soupçonné d'avoir été empoisonné par une préparation p'ombique, mise dans une salade, comme Pouchon avait été soumis, 15 mois auparavant, et à diverses reprises, à l'usage du sous-acétate de plomb en lavement, pour un cancer d'estomac, il fut demandé si le plomb retiré des organes ne provenait pas de cette source Dupaquier et Orfila, pour résoudre cette question, administrèrent à un chien chacun de son côté, de l'acétate de plomb par la bouche et par l'anus, et trouvèrent ce poison 15 jours, 4 mois après dans le tube intestinal de ces animaux. Cette affaire, sous. le point de vue des effets, des lésions, du mode d'administration, de l'analyse, a donné lieu à des questions trèsimportantes que nous avons exposées, discutées, tome I", page 684. Les expériences de M. Louis Orfila, sur l'élimination du plomb, n'étaient pas encore connues.

Cet exposé succinct démontre combien ces questions sont difficiles à résoudre, et avec quelle réserve, quelle sagacité, il faut discuter, interpréter le peu de faits que possède la

science.

V.-Quest. Poison d'imbibition.

Les expériences de MM. Collard de Martigny, Fodera, Magendie, Muller, etc., l'observation journalière démontrent que l'imbibition est plus active dans les tissus morts que dans les tissus vivants, surtout privés d'épiderme. Il n'est pas douteux que la coloration jaune, la réaction fortement acide que présentent quelquefois la face inférieure du foie et interne de la rate, le diaphragme, la base du poumon, dans l'empoisonnement par l'acide azotique, quoique l'estomac n'offre pas de perforation, ne soient dus, en

235

grande partie, à l'imbibition de la portion de poison encore renfermée dans cet organe après la mort.

Orfila ayant injecté dans le rectum d'un chien, 6 heures après l'avoir pendu, 2 grammes d'acétate de cuivre, dissous dans 250 grammes d'eau; 8 jours après, le gros intestin, la vessie, le rein droit étaient verdàtres, donnaient du cuivre à l'eau froide et à l'eau bouillante, de même que le foie, les l'acide azotique, quoipoumons, le cœur, cœur, carbonisés par qu'ils ne fussent pas colorés. Le même auteur introduit dans l'estomac d'un chien 3 grammes de sulfate de cuivre, dissous dans 120 grammes d'eau; 10 jours après, les parois stomacales, la face inférieure du foie, le côté gauche du diaphragme, la partie interne de la rate, le rein gauche sont colorés en bleu, donnent du cuivre à l'eau froide, tandis que les parties des mêmes organes non colorées, le poumon droit, le cerveau, les muscles des jambes n'en donnent pas, même à l'eau bouillante. Pourquoi ne pas essayer la carbonisation par l'acide azotique comme dans l'expérience précédente? Avec ces poisons, à l'état solide, le résultat est le même, mais plus lent. Il en a été à peu près ainsi en portant ces poisons dans l'estomac des chiens vivants (œsophage lié) et autopsiés 10 à 12 jours après.

Ces expériences prouvent qu'un poison étant introduit dans le tube intestinal après la mort, pour simuler un suicide, un homicide, ou dans tout autre but, les organes, soumis ordinairement à l'expertise, pourraient donner des traces du poison, faire croire à un empoisonnement criminel.

Pour éviter ces causes d'erreur, distinguer le poison d'imbibition de celui d'empoisonnement, deux moyens sont invoqués: 1o les lésions locales, 2o l'analyse chimique. Si c'est un poison caustique, introduit dans le tube intestinal immédiatement ou 1, 2 heures après la mort, il laisse des traces d'inflammation comme pendant la vie, mais ces lésions, au lieu d'être uniformes, générales, sont disposées

par zones, par bandes, et, assez souvent, la musculeuse, la séreuse ne participent pas à cet état congestionnel, sont même quelquefois moins colorées que dans l'état normal; ensuite il y a une ligne de démarcation parfaitement tranchée entre les parties atteintes par le poison et celles qui ne le sont point. Si le poison a été introduit au contraire plusieurs heures après la mort, ou lorsque la chaleur est presque complétement éteinte, alors les lésions sont les mêmes que celles qu'il produit sur les tissus privés de vie, il n'y a pas de traces de congestion, d'inflammation.

Quant à l'analyse chimique, le poison n'étant pas expulsé par le vomissement, les selles, comme dans l'état vivant, se rencontrera en nature et en bien plus grande quantité sur les parties où il aura été déposé, surtout si c'est à l'état solide; ensuite, dans les cas d'empoisonnement, les organes les plus éloignés du tube intestinal, les muscles, etc., contiendront le poison également disséminé dans toutes leurs parties, tandis que le poison d'imbibition envahit d'abord les organes ou parties d'organes les plus rapprochés du lieu d'application, n'arrive que successivement aux plus éloignés, aux parties centrales, n'est pas également réparti dans toute leur masse; aussi faut-il analyser comparativement les organes les plus éloignés (muscles de la cuisse, du bras, etc.), et les plus rapprochés du tube intestinal, et, si c'est le foie, la rate, les poumons, etc., agir séparément sur les parties externes et internes. M. Orfila traite ces organes, ces parties: 1° d'abord par l'eau froide, qui dissout seulement le poison d'imbibition; 2° puis par l'eau bouillante seule ou acidulée, qui leur enlève le poison d'absorption ou d'empoisonnement. On pourrait, pour ce dernier, d'après MM. Devergie, Barse, Follin, employer aussi l'un des procédés de carbonisation, pourvu qu'il ne soit pas poussé jusqu'à incinération; 3° enfin, pour obtenir le poison dit normal ou accidentel, il les soumet ensuite à l'incinération, ou à tout autre pro

cédé qui détruise complétement la matière organique. Ces données s'appliquent aussi au poison d'imbibition qui a pénétré par la peau ou par toute autre voie. Si le cadavre était en putréfaction, décomposé, ces questions seraient bien difficiles à résoudre, et ce n'est que par l'analyse comparative du détritus des diverses cavités, des os, de la terre des cimetières, etc., qu'on arriverait, peut-être, à établir des soupçons.

-Question de quantité.

La question de quantité est souvent invoquée dans les cas d'expertise toxicologique, soit qu'on demande : 1o si cette substance est toxique et à quelle dose? 2° si la quantité de poison. retirée des organes est en quantité suffisante pour expliquer la mort, ne peut être attribuée au poison normal, accidentel? 3° si un poison, mêlé aux aliments, etc., l'a été en assez grande quantité pour donner lieu à tels accidents? 4° si les modifications qu'il a subies n'en ont pas apporté dans les effets?

I.-Telle substance est-elle toxique?— Les effets délétères de la plupart des poisons ayant été constatés par l'observation chez l'homme et les expériences sur les animaux, cette question n'est guère adressée que pour un petit nombre de substances, encore fort peu connues sous ce point de vue. Pour la résoudre, il faut se diriger d'après 1o la dose la plus élevée à laquelle on puisse la, donner comme médicament; 2° les expériences sur les animaux; 3° les effets produits chez la personne intoxiquée. C'est d'après ces données que MM. Orfila, Devergie, sont parvenus à établir la nocuité de l'alun, du sulfate de fer, dans des cas de médecine légale.

Rien d'aussi

II.—A quelle dose tel poison est-il toxique? variable que la dose toxique. Il n'y a qu'à comparer

[ocr errors]
« PrécédentContinuer »