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relatifs à sa profession; le genre de mort, et si elle est réelle; enfin il faut indiquer s'il y a lieu ou non à faire l'autopsie pour connaître la cause de la mort.

VII. Les signes de la mort sont immédiats ou éloignés, Les premiers sont au nombre de trois : 1° l'absence des bruits du cœur, sur chaque point de la région précordiale où ils peuvent être perçus, naturellement ou accidentellement, et cela pendant l'espace de 5 minutes, ce qui exige en tout 25 ou 30 minutes : une tumeur placée au-deyant du cœur, une hydropéricardite peuvent s'opposer à la perception des battements. 2° La dilatation des pupilles avec flaccidité de l'œil, abscurcissement de la carnée; 3o le relâchoment des sphincters. Ces signes réunis, d'après M. Bouchut (rapport de M. Rayer), permettent d'affirmer que la mort est réelle.

Les signes éloignés sont : 1° l'absence générale et complète de toute contractilité musculaire sous l'influence des stimulants, surtout du galvanisme, signe infaillible, car il ne s'observe que sur le cadavre; 2o la roideur ou rigidité cadavérique, qui, une fois vaincue, les articulations reprennent leur mobilité; 3° enfin la putréfaction générale.

RAPPORT (Asphyxie).

Sur l'invitation du commissaire de police du..., nous, X..., docteur en médecine, demeurant à....., rye de..., nous sommes transportés, aujourd'hui 4 février 1855, à 1 heure, rue de..., n°..., dans une chambre, au deuxième étage, donnant par une croisée sur ladite rue, et par une porte en face de l'escalier.

M, le commissaire, après nous avoir donné connaissance du but de notre mission, fait prêter serment, nous a dit que le portier ne yoyant pas M. D.... descendre à son heure habituelle, avait été frapper à sa porte, que, n'obtenant pas de réponse, il s'était transporté chez lui pour lui donner connaissance du fait; qu'à son arrivée, à midi et demi, il avait fait ouvrir la porte et la croisée, que, du reste, rien dans la chiambre, n'avait été dérangé.

L'air de la chambre offre encore l'odeur du charbon. La cheminée est pourvue d'un paravent. Au centre de la pièce est un fourneau en terre, de la capacité d'environ..., renfermant des cendres et quelques fragments de charbon incomplétement brûlés. Les vêtements, déposés sur une chaise, auprès du lit, ne paraissent pas avoir été dérangés. Les pantoufles sont dans leur position habituelle. Une chandelle en suif, placée sur la cheminée, est éteinte, à moitié fondue et à moitié brûlée.

M. D.... est couché au milieu de son lit sur le dos, ayant encore sa chemise. La face est violacée et n'exprime aucune souffrance. La partie antérieure de la poitrine, des autres parties antérieures du corps sont de couleur rosée. Tout le long du dos existent de nombreuses lividités cadavériques. Il y a un peu d'écume sanguinolente à la bouche. Le corps est froid. L'oreille, appliquée sur les diverses parties de la région du cœur, et sur chacune pendant cinq minutes, ne perçoit aucun bruit. La rigidité cadavélique est très-marquée. L'avant-bras ne peut être fléchi que par de grands efforts; après, l'articulation reste souple. L'anus est relâché.

Conclusions.-1° La mort de M. D.... est réelle, et date d'environ vingt heures;

2° L'état, la disposition des lieux, des vêtements, du fourneau, l'absence de toute violence extérieure, nous portent à penser qu'elle est le résultat d'un suicide par asphyxie.

Paris, ce....

(SIGNATURE.)

Ce rapport, joint à la lettre d'avis, est remis à M. le commissaire de police, qui le transmet, ainsi que le procès-verbal, à M. le juge d'instruction, lequel donne suite à l'affaire s'il y a lieu.

III.-Autopsie toxicologique.

I.-S'il n'y a pas de rapport sur la levée du corps, avant de procéder à l'autopsie, l'exper' doit prendre les renseignements, se conformer aux préceptes indiqués dans l'article précédent, et, dans les cas où le lieu ne serait pas convenable, faire transporter le cadavre ailleurs, en ayant soin d'éviter les grandes secousses, afin que les matières ne

s'échappent pas par les ouvertures naturelles. Si le trajet était un peu long, on les tamponnerait.

II.

Quelquefois les prévenus assistent à l'autopsie, et les magistrats leur montrent, au fur et à mesure, les lésions pour voir l'impression que cela produit sur eux. L'expert doit rester impassible en face d'une épreuve qui pourrait intimider les personnes les plus innocentes, n'exprimer aucune induction verbale de ce qu'il observe, se borner seulement à son rôle, c'est-à-dire noter avec soin les lésions, bien préciser leur siége, leur étendue, leur nature, leur forme, etc.

III. L'expert doit se munir des instruments nécessaires, des vases pour mettre les matières suspectes, d'alcool s'il le juge convenable à leur conservation, de bouchons neufs, de parchemins, des vessies ou linges bien propres, de la ficelle pour les fixer, d'éponges. Les vases, autant que possible, seront en verre, faïence ou porcelaine; il ne faut pas se servir de vases en poterie, ceux en grès conviendraient mieux. Enfin il doit avoir du papier blanc, plumes, encre, cachet, cire à cacheter, pour étiqueter, numéroter, cacheter chaque objet.

IV. Au fur et à mesure qu'il procède à l'autopsie, et après avoir constaté les lésions, la nature des matières, etc., l'expert les renfermera, ainsi que les organes, dans autant de vases séparés qu'il doit y avoir d'analyses distinctes 1° les parties externes, les seins, etc., sur lesquels une pâte, une poudre toxiques auraient été appliquées; 2° les parties de la bouche, de la langue, du pharynx, de l'œsophage, etc., qui offrent des traces de lésion; 3° l'estomac, les petits et gros intestins, chacun avec leur contenu dans trois vases distincts; 4° le foie, la rate; 5o les reins; 6o les urines; 7° environ 250 grammes de muscles psoas et iliaque ou fessiers. L'analyse séparée de ces organes, de ces matières, même du tube intestinal et son contenu, du foie,des

muscles, peut suffire pour résoudre toutes les questions dé toxicologie légale ; ce n'est que dans quelques cas particuliers qu'il est nécessaire de recueillir les autres organes, les poumons, le cœur, le sang, le cerveau, etc., comme dans l'empoisonnement et l'asphyxie par les matières gazeuses, les agents anesthésiques, ou lorsqu'ils présentent des lésions spéciales. Le poison, qu'il ne faut jamais oublier de chercher avec beaucoup de soin, trouvé en nature dans l'estomac, les matières suspectes, serait mis à part dans une fiole.

Si l'on se servait d'alcool pour la conservation des matières, ce qui est le plus souvent inutile, pourvu que les vases soient bien fermés, on le choisirait pur et on en déposerait environ 200 gram, dans un vase étiqueté et scellé, afin qu'on puisse s'assurer ultérieurement de sa pureté. A la ficelle de chaque vase sera fixée une étiquette indicative du contenu, revêtue de la signature des experts, paraphée par le magistrat et scellée de son sceau.

Manière de procéder à l'autopsie.

I.-Examen de la tête.-Étant relevée et fléchie sur la poitrine, coupez et rasez les cheveux; divisez les tissus épicraniens par deux incisions cruciales, l'une s'étendant de la racine du nez à la partie postérieure et supérieure du cou; l'autre aux deux oreilles. Scieź circulairement le crâne au niveau du point du départ des incisions précitées, dé manière à éviter les grandes secousses; enlevez la calotté össéüse; incisez la dure-mère sur les côtés du sinus longitudinal supérieur et transversalement; rabattez-en les lambeaux; coupez l'attache antérieure de la grande faux cérébralé et renversez-la en arrière; laissez le cerveau en place; notez l'état de sa surface, des membranes, des vaisseaux; coupez-le par tranches horizontales pour en observer les altération et celles des ventricules; incisez la tente du cervelet pour l'examiner, ainsi que la protubérance

annulaire; renversez la tête en arrière pour recueillir le liquide rachidien; examinez les sinus cérébraux.

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II. Examen de la face, du cou, de la poitrine. - Faites 1° deux sections latérales depuis la commissure des lèvres jusqu'aux conduits auditifs; 2° une incision qui divise la lèvre inférieure à sa partie moyenne, et se prolonge jusqu'au sternum; 3° une autre qui longe toute la partie supérieure des clavicules, et coupe la précédente à angle droit; 4° deux incisions partant de chaque côté du tiers externe des clavicules et se rendant obliquement en dehors à la base de la poitrine, vers l'extrémité antérieure de la quatrième fausse côte; disséquez les lambeaux de la peau du cou et rejetez-les en dehors; sciez l'os maxillaire inférieur à sa partie moyenne, pour examiner la langue, la bouche et le pharynx; coupez les muscles du cou; sciez les clavicules et toutes les côtes dans les parties correspondantes aux deux incisions, et rabattez le lambeau sur l'abdomen. Après avoir noté l'état des poumons, du cœur, des plèvres, des liquides épanchés, incisez le péricardė, puis les deux cavités du cœur par deux incisions parallèles à leur axe; enlevez le cœur et le péricarde; incisez · perpendiculairement le larynx, la trachée artère, les bronches; coupez en divers points le tissu pulmonaire pour en observer les altérations.

III.-Examen des organes abdominaux.— Examinez avec soin l'abdomen à l'extérieur, s'il est tendu, bosselé, contracté, etc. Divisez-en les parois dans toute leur circonférence inférieure et latérale, en longeant l'épine antérieurė et supérieure, là crête des os des isles et des branches du pubis; relevez le lambeau sur la poitrine; notez l'état des divers organes, du péritoine, des matières liquides qu'il peut contenir, et qu'on recueille dans un vase à l'aide des éponges bien propres ou d'une petite soucoupe. Enveloppez d'une compressé assez large et fixez à l'aide de deux

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