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ligatures les portions du tube intestinal qui seraient perforées. Examinez le foie, la rate, la vessie, les reins, le vagin, la matrice; divisez le diaphragme; liez à leur terminaison inférieure l'œsophage, l'estomac, les petits et les gros intestins; détachez tout le tube intestinal; étendez-le sur une table ou sur une planche bien propre; incisez longitudinalement et successivement chacune de ses parties, pour en observer les altérations pathologiques et les matières qu'elles contiennent; enfin, examinez le sang des gros vaisseaux artériels et veineux de la poitrine, de l'abdomen et des meinbres. S'il était nécessaire de le recueillir pour le soumettre à l'analyse, il faudrait, avant d'isoler ces vaisseaux des organes (foie, cœur, etc.), les lier à leur origine.

IV.—Examen de la moelle épinière.— Retournez le corps et placez sous l'abdomen un billot ou pavé, afin de rendre le dos bombé; incisez profondément les muscles des gouttières vertébrales, depuis l'occiput jusqu'au sacrum; divisez avec une scie convexe ou un rachitome les lames vertébrales aussi près que possible des apophyses transverses; enlevez les portions qui ont été sciées; incisez longitudinalement la dure-mère, et, après avoir examiné en place la moelle épinière, ses membranes, coupez les racines antérieures et postérieures des nerfs, pour l'enlever en totalité et l'examiner dans chacune de ses parties.

Dans les autopsies toxicologiques, l'examen porte habituellement sur le tube intestinal, les organes thoraciques. On peut s'en tenir à ces parties lorsqu'elles offrent des lésions suffisantes pour expliquer la mort. Dans tout autre cas, surtout lorsque le malade a présenté des symptômes narcotiques, convulsifs ou tétaniques, l'examen du système nerveux est nécessaire. Il faut aussi ne pas négliger les organes génitaux dans les cas d'empoisonnement par le vagin, d'avortement attribué à l'ingestion des sub

stances abortives, l'état des parties externes, des seins, etc., sur lesquelles le poison a été appliqué. Après l'autopsie, les organes ou parties d'organes qui ne doivent pas être soumis à l'analyse, seraient placés en leur lieu et place, et le corps exactement renfermé dans le cercueil.

RAPPORT (Asphyxie avec brûlure).

Le 28 décembre 1836, en vertu d'une ordonnance de M. le juge d'instruction, qui nous commet à l'effet de rechercher les causes de la mort de la femme X..., nous, docteur médecin, etc., nous sommes transporté à la Morgue, où, en présence de M. le commissaire de police du quartier de la Cité, et, après serment prêté, avons procédé à cet examen, dans le but de résoudre la question suivante : Déterminer si la femme X.... a succombé à l'asphyxie par le charbon, ou si, au contraire, la mort a été le résultat d'une brûlure fort étendue à la surface du corps.

Exposé des faits.-Sur toute l'étendue de la face, de la partie antérieure du tronc, la presque totalité du membre supérieur gauche, l'épaule du côté droit, et enfin tout le long de la partie antérieure des cuisses, des genoux, s'observent des traces de brûlures qui varient en profondeur : ici, l'épiderme a été soulevé, des vésicules ont été formées; là, le corps muqueux, la peau et une partie du derme ont été envahis; ailleurs, le tissu même de la peau est carbonise; enfin, en d'autres points, la peau s'est fendue, les bords de la déchirure se sont écartés, le tissu cellulaire a été brûlé. Dans le fond de quelques vésicules le corps muqueux est rouge injecté; dans d'autres, au contraire, il est blafard. La circonférence de ces brûlures est påle dans une grande étendue, en sorte que, de la peau saine à la peau brûlée et carbonisée, il y a une transition presque brusque. Dans d'autres parties, on voit une rougeur très-vive environnant la brûlure. Cette rougeur a même jusqu'à un et deux pouces d'étendue. Elle est évidemment le résultat d'une injection du réseau capillaire du tissu de la peau, opérée pendant la vie. Dans les points les plus carbonisés, la brûlure ne s'étend pas au delà du tissu cellulaire, en sorte que, malgré cette circonstance, l'étendue de la brûlure exclut toute idée de combustion spontanée, et démontre, évidemment, que les vêtements dont était couverte cette femme ont amené, par leur combustion,

les désordres que nous venons de signaler. Du resté, ce qui tend encore à le prouver, c'est que dans la main droite existent les débris carbonisés d'un mouchoir que tenait cette femme. Il n'y a pas de coloration rosée à la surface du corps, ainsi que cela a lieu dans l'asphyxie par le charbon; mais la brûlure envahissant le tronc et les cuisses, cette rougeur a pu exister primitivement sur une surface qui, par la suite, a été brûlée.

Intérieur.-Cuir chevelu gorgé de sang, ainsi que les vaisseaux veineux des membranes du cerveau; substance cérébrale piquetée; rougeur de la membrane inuqueuse qui tapisse la base de la langue, l'épiglotte et la partie supérieure du larynx; pas d'écume et absence de corps étrangers.dans la trachée artère, qui est blanche à l'intérieur ; poumons volumineux, gorgés de sang, à tissu rouge brunâtre postérieurement, et d'un rouge moins foncé antérieurement; cavité droite du cœur et troncs veineux pleins d'un sang assez liquide, sans caillot; un peu de sang dans l'oreillette gauche et dans l'origine de l'aorte; estomac vide, plissé, contracté sur lui-même; iñtéstins légèrement injectés; vessie vide; pas de traces de violences, de blessures autres que celles que nous avons signalées.

Conclusions: 1 La mort à été le résultat de l'asphyxie par charbon;

2o Une partie des brûlures a été opérée alo s que la vie n'était pas entièrement éteinté, et la majeure partie après la mort. Paris, ce.... DEVERGIE.

Dans l'asphyxie par le charbon et par les autres matières gazeuses, il se présente souvent des cas très-complexes où il est difficile de se prononcer sur la source de la matière asphyxiante, sur la cause de la mort. A Belleville, les époux Droton sont trouvés morts dans leur lit; les premiers experts, MM. Tardieu et Bayard, concluent à l'asphytie par le gaz provenant de la carbonisation d'une poutre d'une chambre du même étage, tandis que, théoriquement et expérimentalement, MM. Chevallier et Lassaigne combattirent cette assertion et attribuèrent ure toute autre origine au gaz. (Ann. d'hygiène, 1845.)

La femme Dalke, septuagénaire, est trouvée morte sur

son lit, les matelas sont en partie carbonisés, et une partie de son corps brûlée. Il y avait supposition de mort accidentelle. MM. Coqueret et Bayard concluent à l'asphyxie par suffocation, parce que cette femme portait des traces violentes de compression sur la bouche, les narines, la joues; que l'étendue des brûlures, la pâleur des bords indiquaient qu'elles avaient été faites après la mort; enfin par l'existence d'une écume sanguinolente dans la bouche, la trachée, des ecchymoses sous-pleurales, la liquidité du sang, indices d'une mort prompte, violente.

Une femme, âgée de 30 ans, gisait sur son lit, la respiration stertoreuse, le pouls et le cœur battant avec force; visage gonflé, paupières tuméfiées, face bleue, yeux à demifermés, immobiles, languissants, abattus; pupilles dilatées, insensibles à la clarté du jour; état complet de stu peur, d'immobilité, membres relâchés, suivant toutes les impulsions. Un grand fourneau refroidi est au milieu de la chambre. Les sympômes n'étant pas ceux de l'asphyxie par le charbon, l'attention se porta sur une cuillère en fer et une petite bouteille, déposés sur une petite table, ayant contenu 18 gram. de laudanum et d'extrait d'opium, car la substance était gluante. Les soins administrés furent inutiles. Le refroidissement ne tarda pas à gagner le tronc, et la malade expira en une heure.

Conclusion. Cette femme a succombé plutôt à l'empoi. sonnement par un narcotique qu'à l'asphyxie par le charbon, car, dans ce dernier cas, la torpeur n'existe pas, la chaleur se conservé longtemps, est quelquefois plus marquée que pendant la vie, les membres sont très-flexibles, le visage gonflé, rouge, les yeux vifs, luisants, des mucosités sanguinolentes sont rejetées par la bouche, le nez, et les excréments involontaires, le corps est couvert de sugillations, de taches violettes. Aucun de ces phénomènes n'existent chez la femme Dalke. Au bout d'une heure, les membres étaient raides, froids, et plusieurs phlyctênes,

dues à l'action du feu, existaient aux bras et aux genoux.

(D' Gorgeret, 1835.)

mais peut

Ces conclusions, en grande partie fondées, être par trop exclusives, qui auraient dû être validées par l'autopsie et l'analyse, prouvent qu'il n'est pas facile, en ces sortes de cas, de distinguer si la mort dépend seulede l'asphyxie ou d'un narcotique, ou de l'une et l'autre cause. Il en est de même chez une personne ivre, trouvée morte dans un milieu asphyxiant. D'après M. Devergie, dans l'ivresse, le cœur, le cerveau, les poumons n'offrent pas d'altération locale limitée; il y a, au contraire, plénitude générale du système vasculaire, tant des vaisseaux, des membranes du cerveau que des principaux troncs veineux qui se rendent au cœur, coloration rouge brique plus ou moins foncée du tissu pulmonaire; lésions auxquelles M. Tardieu ajoute une espèce d'apoplexie méningée, et M. Roch une hémorrhagie séreuse dans les ventricules et le cerveau, une espèce d'hydroencéphalie. Ces altérations pathologiques ne different pas beaucoup de celles de l'asphyxie, mais il est rare que l'estomac ne présente pas de traces des boissons. Nous citons plusieurs cas où le cerveau et autres organes, le sang, offraient une odeur d'alcool qu'on a séparé par distillation.

que

A Nancy, un homme est trouvé en état de mort dans sa chambre. Le médecin appelé, croyant avoir affaire à une apoplexie, emploie des remèdes sans résultat, dit la mort est réelle et se retire. Il trouve le docteur Harmand, qui avait été aussi appelé, lui dit que l'individu est mort, que c'est inutile d'y aller. Ce médecin s'y rend cependant. La lividité, le gonflement du visage, la vivacité, la saillie des yeux, qui étaient à demi ouverts, l'occlusion de la bouche, le serrement des dents, la tension du cou, la météorisation du ventre, la souplesse des membres, quoiqu'il y eût absence du pouls, de la respiration, lui font supposer que c'est une asphyxie par le charbon, ce qui fut confirmé

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