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par les circonstances antérieures. En effet, cet homme, bien portant la veille, avait fait monter dans sa chambre, au moment de se coucher, un brasier de charbon. Le lendemain, comme il ne paraissait pas à son heure, on avait été l'appeler, et on l'avait trouvé dans cet état, M. Harmand voyant son diagnostic confirmé, employales soins convenables et le rappela à la vie.

L'asphyxie par le charbon et autres matières gazeuses, les anesthésiques, etc., peuvent soulever des questions très-importantes: 1° l'influence de l'âge, du sexe, des professions, de l'état[normal ou morbide sur la production de l'asphyxie; 2° si une chandelle peut encore brûler dans une chambre où s'est produite l'asphyxie; 3° si la vapeur du charbon est également répartie dans toute la pièce où s'est opérée la combustion; 4o si la digestion est retardée ou suspendue par l'asphyxie; 5° si la clôture de la pièce est nécessaire pour sa production; 6o quelle quantité de braise, de charbon on a brulés pour rendre un espace donné asphyxiable; 7° si par les cendres on peut savoir la quantité de charbon brûlée. Nous avons discuté ces questions et plusieurs autres dans l'empoisonnement par les matières gazeuses, ainsi que par les émanations plombiques, mercurielles.

RAPPORT (Soupçon d'empois. et d'avortement).

Le 12 juillet 1848, nous, soussigné, A. Tardieu, etc., avons été commis par le commissaire de police du quartier de..., pour pratiquer l'autopsie de la fille P..., décédée chez la sagefemme D..., demeurant rue..., no..., à l'effet de constater la cause de sa mort, etc.

État extérieur.—La putréfaction est très-avancée, la face méconnaissable, la constitution robuste, l'embonpoint remarquable; pas de traces de blessures, de contusions.

État interne. Il n'y a pas de lésion dans les parois du crâne. Les méninges sont injectées sans épanchement, ni extrava

sation. La substance cérébrale, ferme, pointillée, rouge, n'offre ni caillot, ni foyer sanguin, ainsi que l'arachnoïde; un peu de sérosité rosée dans les ventricules.

Pas d'épanchement dans les plèvres, le péricarde; quelques adhérences pleurétiques. Les poumons sont sains, affaissés, mous, engoués. Le cœur est volumineux, flasque; le ventricule gauche vide, le droit tapissé par une couche peu épaisse de sang noir, en partie coagulé. L'endocarde présente des taches violacées, dues à l'imbibition du sang.

L'estomac contient une petite quantité d'un liquide jaunâtre; sa muqueuse, dans toute son étendue, est rouge, épaisse, mamelonnée; le long de la grande courbure et vers le pylore, il y a six larges taches noires, au niveau desquelles la muqueuse n'est ni escarrifiée, ni détruite, mais seulement ramollie; pas d'altération de l'oesophage. L'intestin n'offre ni escarre, ni ulcérations à la partie supérieure; sa face interne est tapissée par une matière d'un jaune éclatant; vers l'iléus, par places, il y a une coloration rosée très-remarquable; pas de plaques de Peyer.

Putréfaction très-avancée des organes extérieurs de la génération. La matrice a doublé de volume, son tissu ramolli, sans traces d'inflammation, de produit de la conception; sa face interne est tapissée d'une couche pultacée, provenant des débris des enveloppes d'un fœtus récemment expulsé; pas de caillots altérés; le col de l'utérus est dilaté, sa cavité élargie; lèvres profondément ramollies, sans déchirure, ni plaie pouvant faire supposer l'action d'un instrument vulnérant; ovaires sains; pas d'épanchement, d'inflammation du péritoine, même aux environs de la matrice.

. Conclusions. -1° Le cadavre de la fille P.... porte les traces d'un avortement récent, pouvant remonter à deux ou trois jours, survenu vers le deuxième ou troisième mois de la gros

sesse;

2o Il existe dans l'estomac et les intestins des altérations qui peuvent être attribuées à l'ingestion d'une substance toxique, à laquelle est due vraisemblablement l'avortement;

3 L'analyse chimique des viscères est nécessaire pour déterminer d'une manière précise la nature des lésions et l'existence d'une substance vénéneuse;

4o 11 est également utile d'apprécier les dires de la sage

femme et les dépositions des témoins, relativement aux symptômes, à la marche de la maladie.

Nous avons renfermé dans autant de vases distincts, numérotés et scellés :

1° L'estomac, les intestins et leur contenu;

2° La moitié du foie;

3o La matrice et ses annexes.

Paris, ce...

A. TARDIEU.

IV.-Exhumation toxicologique.

Il est inutile de faire ressortir l'utilité des exhumations toxicologiques, puisque nous rapportons des cas où l'on a décelé le poison dans le détritus, les os du cadavre, après cinq, six ans d'inhumation. Aux assises de la Haute-Vienne, un des coupables ayant révélé l'empoisonnement après dix ans, le squelette de la victime donna de l'arsenic; un autre squelette, placé à côté, n'en donna pas. Aux assises de la Meurthe, 1854, MM. Braconnot, Blondlot et Simonin, après seize ans d'inhumation, par le procédé de carbonisation par l'acide sulfurique, ont retiré l'arsenic: 1° des débris osseux et graisseux d'un cadavre,disséminés dans la terre; 2o de 360 grammes du cerveau d'un autre. La terre du cimetière, dans les deux cas, n'était pas arsénicale. Ils ont cassé la portion du tube sur laquelle s'était condensé l'arsenic, et constaté sur les fragments sa volatilisation, l'odeur alliacée, les réactions par l'hypochlorite de soude, par l'acide azotique et l'azotate d'argent.

C'est ordinairement le juge d'instruction, accompagné d'un substitut, du greffier et d'un ou plusieurs experts, qui préside à ces expertises. Après avoir rempli les formalités d'usage, fait reconnaître le lieu de la sépulture par le fossoyeur, les parents ou amis de la victime, il communique l'ordonnance aux experts, leur fait prêter serment, et ceux-ci procèdent comme il suit :

1. Faire circonscrire le lieu de la sépulture par quatre tranchées parallèles, en notant au fur et à mesure la nature du terrain, sa plus ou moins grande perméabilité. Arrivé à la bière, recueillir au-dessus et tout autour 2 à 4 kilogrammes de terre; constater sa position, son état de conservation; l'enlever avec précaution et la déposer sur une table préalablement dressée dans le lieu le plus élevé, le plus aéré du cimetière; enfin recueillir 2 autres kilogrammes de terre, au-dessous de la bière, et dans un endroit éloigné où il n'y a pas eu de sépulture. Ces diverses portions de terre seront renfermées dans autant de vases distinc's, étiquetés, scellés, numérotés, etc.

les

II.—Après avoir constaté l'état des planches, de la serpilière, des vêtements, en avoir déposé quelques fragments dans un vase, surtout les parties humides salies par matières des ouvertures naturelles, reconnu l'identité, constaté l'état extérieur du corps, le degré de putréfaction, on procède à l'autopsie, comme il est dit page 266.

III.-Si la bière est effondrée, en partie détruite, ainsi que les vêtements, si enfin les parties molles du corps ne formaient qu'une sorte de détritus, de cambouis, de manière à ne pouvoir distinguer les organes les uns des autres, il faut recueillir séparément, dans la fosse même, les portions de bière, des vêtements, du détritus correspondant à chaque région du corps, de l'abdomen, du bassin, de la poitrine, de la tête, même les os, surtout les grosses extrémités de l'humérus, du fémur, et les renfermer dans autant de vases distincts.

IV. Lorsque les matières sont en pleine décomposition gazeuse, dans les cas d'autopsie, d'exhumation, méme d'analyse, il y a quelques précautions à prendre pour être le moins incommodé que possible: 1° procéder le matin, si c'est en été, après avoir pris quelques aliments ou boissons toniques stimulantes; 2° les faire dans un lieu bien

aéré, de manière à ce que le vent puisse emporter les matières gazeuses. On pourrait établir une espèce de ventilation à l'aide d'un fourneau allumé, muni d'un tuyau d'appel, qui plongerait dans la fosse ou dans l'air méphitique, comme nous l'avons indiqué pour le curage des égouts, précaution indispensable dans une fosse commune; 3° Se munir de quelques kilogrammes de chlorure de chaux sec, en dissoudre environ 32 grammes par kilogramme d'eau, soluté avec lequel on arroserait le sol, on se laverait par intervalles les mains. On pourrait en suspendre un petit flacon au cou. Des capsules de chlorure, légèrement humecté, seraient déposées sur la table. Dans les exhumations, les fossoyeurs doivent se remplacer ou suspendre de temps en temps le travail. Avec ces précautions, on peut les faire sans être incommodé. Dans les cas d'autopsie, chez les noyés, elles ne remplissent qu'incomplétement le but; d'après M. Devergie, l'odeur du chlore, associée à celle des matières gazeuses, les rend plus désagréables. Dans tous les cas, il importe de donner préalablement issue aux gaz condensés dans les cavités du corps, les

vases, etc.

RAPPORT (Exhumation).

Le 6 juin 1853, à 5. heures du matin, sur la réquisition de M. X..., juge d'instruction du tribunal civil de Metz, nous, A. Dieu et Thomas, pharmaciens en chef de l'hôpital militaire, nous sommes transportés au cimetière de Belle-Croix, à l'effet de procéder à l'exhumation du cadavre Daudin. Arrivés audit lieu, avec M. X..., commissaire de police, le sieur X..., gardien, nous a conduits à la fosse dudit Daudin, laquelle offrait une pierre tumulaire portant l'inscription suivante : Ici repose le corps de Jules Daudin, âgé de 49 ans, décédé le 6 décembre 1850. Après les formalités d'usage et serment prêté entre les mains de M. le commissaire, nous avons procédé à l'expertise.

Nous avons fait circonscrire la fosse par quatre lignes parallèles. Le sol est agilo-calcaire, difficile à manier; aussi l'exhumation a-t-elle été longue et accompagnée d'éboulements.

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