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il est probable que c'est une préparation mercurielle, arsenicale ou d'étain; alors, après l'avoir mélangé avec du flux noir, on l'introduit dans un tube de verre et l'on chauffe; l'arsenic ou le mercure se volatilisent sur les parois du tube, le premier en incrustation d'un gris d'acier, le second en petits globules mobiles, brillants; l'étain reste au fond du tube en petites pellicules grisâtres. Les autres métaux non volatils restent aussi à la partie inférieure du tube. Après avoir constaté les caractères physiques du métal obtenu, on le dissout dans l'acide azotique ou l'eau régale; on évapore à siccité; on traite le résidu, qui est un nitrate ou un chlorure, par un peu d'eau et l'on constate les réactions par la voie liquide, comme il est dit ci-après aux poisons liquides. Si le poison, soumis à l'analyse, était un chlorure, iodure, bromure, cyanure, sulfure métallique, on obtiendrait, en outre du métal, un chlorure, iodure, etc. de potassium, qui serait dissous dans l'eau pour constater la présence de ces métalloïdes. Dans une seule expérience on caractériserait ainsi le poison spécifiquement et génériquement. Enfin une autre portion du poison serait dissoute dans l'eau et essayée par la voie liquide, car, en toxicologie, on ne saurait trop multiplier les preuves; c'est ce qui va être le sujet de l'article suivant.

II. - Poisons minéraux à l'état liquide.

Plusieurs poisons sont ordinairement liquides, le chlore, le bróme, les acides azotique, hypo-azotique, chlorhydrique, chloro-nitrique, sulfurique, phosphorique, l'acétique, le sulfate d'indigo, les hypochlorites de potasse, de soude, l'ammoniaque, ete. Les poisons à base de potasse, de soude, d'ammoniaque, les sels avec excès d'acide, les nitrates, les acétates, la plupart des sulfates, les iodures des métaux qui décomposent l'eau, les bromures, les chlorures, excepté ceux de plomb, d'argent, le proto-chlorure de mercure,

sont solubles dans l'eau. L'iode, le phosphore, les oxydes, sulfures, oxysulfures et carbonates non alcalins sont insolubles.

Pour reconnaître un poison par la voie liquide il faut, s'il est soluble, le dissoudre dans une suffisante quantité d'eau distillée, s'il est insoluble, le traiter à froid ou à chaud par l'acide azotique ou l'eau régale, évaporer à siccité, pour chasser l'excès d'acide, et dissoudre le résidu, c'est-à-dire le nitrate, le chlorure dans l'eau distillée. Pendant cette réaction, il se dégage quelquefois des gaz, des vapeurs, etc., qui servent à caractériser le genre, si c'est un sel; de l'acide carbonique avec les carbonates; de l'acide sulfhydrique, avec les sulfures et oxysulfures, etc. Après ces opérations préliminaires, on cherche à reconnaître ou plutôt à soupçonner la nature du poison, à l'aide d'un certain nombre de réactifs généraux, le papier de tournesol, la potasse, l'acide sulfhydrique, le sulfhydrate d'ammoniaque, etc. Les métalloïdes, le phosphore, l'iode, le brôme, le chlore, les polysulfures, les hypochlorites offrent des caractères si tranchés, qu'il nous paraît inutile de les soumettre à cet

examen.

A.-Si le liquide a une réaction fortement acide au papier bleu de tournesol, ne précipite ni par la potasse, ni par l'acide sulfhydrique, après avoir été saturé par cet alcali, c'est un poison acide ou un sel acide à base de potasse, de soude, d'ammoniaque. Les acides se reconnaissent l'acétique, à son odeur de sel de vinaigre; l'hydrochlorique, à ses vapeurs blanches et au précipité caractéristique qu'il donne avec le nitrate d'argent; le nitrique, à ses vapeurs nitreuses par la limaille de cuivre;le sulfurique, à sa consistance huileuse, sa densité, et au gaz acide sulfureux qu'il dégage à chaud par le cuivre; l'oxalique, au précipité blanc, insoluble dans un excès d'acide, qu'il donne avec l'eau de chaux; l'eau régale, à ce qu'elle est colorée en jaune rougeâtre, attaque l'or, et offre les caractères mixtes des acides nitrique et

hydrochlorique; enfin le phosphorique dégage, à chaud, par le charbon, du phosphore qui s'enflamme à l'air. Voici du reste les principaux caractères de ces acides.

ACIDE AZOTIQUE (AZO3,HO). Liquide incolore ou jaunâtre; densité de 1,510; bout et se vaporise entre +80° et 120°; donne des vapeurs blanches, légères; colore les matières organiques en jaune; dégage des vapeurs nitreuses avec la limaille de cuivre; rougit la morphine, la brucine.

ACIDE HYPO-AZOTIQUE (AZO). Liquide jaune rougeâtre, cristallisable à -9° en prismes; donne des vapeurs nitreuses à l'air; colore l'eau en brun, jaune et vert, et offre les réactions de l'acide azotique.

ACIDE SULFURIQUE (SO3,HO). Liquide incolore ou brunâtre, de consistance sirupeuse; densité de 1,85; bout et se vaporise à +310°; noircit les matières organiques; donne, à chaud, par la limaille de cuivre, du gaz sulfureux, et, avec la baryte, un précipité blanc, insoluble dans l'eau, l'acide azotique.

ACIDE CHLORHYDRIQUE (HCl, 12HO). Liquide incolore jaune verdâtre, fumant à l'air; densité de 1,128; bout à 106°; donne, par le nitrate d'argent, un précipité blanc (chlorure d'argent), insoluble dans l'eau, l'acide azotique à froid et à chaud, soluble dans l'ammoniaque, indécomposable par la chaleur. Avec le sesqui-oxyde de manganèse, à chaud, il dégage du chlore.

ACIDES PHOSPHORIQUES. Tous sont décomposés à chaud par le charbon, et donnent du phosphore qui s'enflamme à l'air. Le phosphorique (PhO3,3HO) coagule l'albumine, précipite en jaune les sels d'argent. Le pyrophosphorique (PhO3,2HO) ne précipite pas l'albumine; saturé par la potasse, il précipite en blanc les sels d'argent.

ACIDE ACÉTIQUE (C‘H3O3,HO). Liquide, incolore; den

sité de 1,063; bout à 120; cristallise en lames blanches à + 10°; à odeur caractéristique de sel de vinaigre; ne précipite pas l'albumine, les sels de baryte, d'argent. Il dissout la fibrine, et donne, avec la potasse, un acétate déliquescent.

ACIDE OXALIQUE (CO3,HO). Solide, blanc, cristallisé en prismes quadrilatères, d'une saveur acide, piquante; se volatilise, à chaud, en vapeurs blanches. Soluble dans 8 P. d'eau et dans l'alcool; le soluté donne, avec l'eau de chaux, un précipité blanc, insoluble dans un excès d'acide; avec le sulfate de cuivre un précipité blanc bleuâtre; avec le nitrate d'argent, un oxalate blanc, qui, chauffé sur un fragment de verre, se décompose avec légère explosion. Il réduit à chaud les sels d'or.

Enfin les acides tartrique et citrique sont cristallisés en prismes hexaédriques ou rhomboïdaux, décomposables, par la chaleur, en produits charbonneux et empyreumatiques. Solubles dans l'eau, le premier donne, par l'eau de chaux, un précipité blanc, soluble dans un excès d'acide et l'acide azotique ; il ne précipite pas le sulfate neutre de chaux comme l'acide oxalique. L'acide fluorhydrique est fumant à l'air et corrode le verre.

L'oxalate et le tartrate acides de potasse, offrant la réaction acide, peuvent être confondus avec les acides oxalique et tartrique. Par l'évaporation on les obtient cristallisés; décomposés ensuite à chaud ils donnent du carbonate de potasse (voyez cette base), Le tartrate noircit préalablement.

B. Si la liqueur ramène au bleu le papier rouge de tournesol, ou est sans action sur le papier bleu et rouge, ne précipite pas par la potasse, et surtout par l'acide sulfhydrique, c'est un poison à base de potasse, de soude, d'ammoniaque, de chaux, de strontiane, de baryte. Si la réaction est alcaline, c'est une de ces bases ou de leurs carbonates. Les trois

premières ne précipitent pas par un courant d'acide carbonique ou d'air expiré; l'ammoniaque a une odeur caracté– ristique; la potasse précipite en jaune par le chlorure de platine, non la soude; celle-ci est précipitée en blanc par l'antimoniate de potasse. Les trois dernières précipitent par l'acide carbonique. La baryte et la strontiane donnent, par l'acide sulfurique, un sulfate blanc, insoluble dans l'eau avec la première, soluble dans une grande quantité de ce liquide avec la seconde. Enfin la chaux ne précipite pas par l'acide sulfurique et donne, avec l'acide oxalique,un oxalate blanc, insoluble dans un excès d'acide. Voici du reste les caractères essentiels de ces bases.

AMMONIAQUE (AZH3,12HO). Liquide, incolore; densité de 0,85; odeur ammoniacale, urineuse, âcre, suffocante; il donne des vapeurs très-épaisses avec le gaz chlorhydrique, précipite en jaune le chlorure de platine. Le sesquicarbonate, qui offre les mêmes caractères, si ce n'est qu'il fait effervescence avec les acides, est en petits pains blancs, fibreux, à odeur fortement ammoniacale. Le chlorhydrate (AzH3,HCl) cristallisé en longues aiguilles, est blanc, inodore, donne de l'ammoniaque par la potasse, et un chlorure d'argent caractéristique par le nitrate de ce métal.

POTASSE (KO,HO) en plaques blanches, dures, trèshygrométriques. Son soluté, savonneux au toucher, donne, par l'acide tartrique en excès, un tartrate acide, blanc, grenu; par l'acide perchlorique, un perchlorate, blanc, cristallin; par le chlorure de platine, un chlorure double, jaune, grenu, insoluble dans l'alcool. Le carbonate (KO,CO2) est en poudre blanche, cristalline, déliquescent; il dégage de l'acide carbonique par les autres acides; le nitrate (KO,AzO3), qui est en cristaux blancs, prismatiques, fuse sur les charbons ardents, donne des vapeurs nitreuses par l'acide sulfurique et la limaille de cuivre; l'hypochlorite ou eau de Javelle, est liquide, incolore ou rose, détruit le papier

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