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RAPPORTS TOXICOL..—ASSISES DES B'.-DU-RHÔNE.-NOIX VOMIQUE. 293 jaune, l'iodure de potassium, ne donne aucun indice de poison métallique.

Conclusions: 1o La petite bouteille à goulot contient du laudanum ;

2o Les taches jaunes sur le mouchoir de batiste, marqué de la lettre M., sont produites par le laudanum ;

3o Les analyses des organes de l'enfant Martin n'ont pas démontré la présence du laudanum, ni de ses principes constituants, ni de substances toxiques minérales. Chevallier, Devergie.

Paris, ce 15 mai 1848.

ASSISES DES BOUCHES-DU-RHÔNE.-Noix vomique.

Le 12 avril 1849 une soupe, préparée avec une galette, est servie par la femme X. à son mari, qui, la trouvant trop amère, la donne à son chien, lequel, après l'avoir mangée, succombe en 10 minutes dans un accès tétanique des plus violents. Dans le Rapport d'autopsie, la saveur amère de la soupe, la nature des accidents, la promptitude de la mort du chien, etc., portent les experts à conclure que la mort est due probablement à la strychnine, mais qu'on ne peut en avoir une preuve certaine que par l'analyse.

Rapport analytique. On trouva dans les matières de l'estomac des fragments cornés, irréguliers, de consistance de cire, présentant, sur l'une des faces, l'apparence d'une écorce. Par dessiccation ils prennent l'aspect corné. Bouillis dans l'eau aiguisée d'acide sulfurique, le décocté, filtré, précipite en blanc sale par la teinture de noix de galles, en flocons brunâtres par l'ammoniaque, prend une couleur rougeâtre par l'acide azotique. Les liqueurs concentrées sont traitées par un léger excès de chaux. Le précipité est lavé, desséché, épuisé à plusieurs reprises par l'alcool à 38° bouillant. Le soluté filtré, évaporé en consistance sirupeuse, est brunâtre, d'une saveur légèrement amère. Soumis à l'action de l'alcool froid, il se divise en deux par

ties : l'une en poudre jaunâtre, et l'autre grisâtre, de consistance visqueuse. La première se dissout dans l'alcool bouillant, l'autre à peine. Après évaporation, l'alcool laisse un résidu jaunâtre qui, repris par l'alcool bouillant à 38°, filtré et évaporé, donne un résidu jaunâtre d'apparence cristalline. Ce résidu 1° rougit par l'acide azotique ; 2o prend une couleur violette par l'acide sulfurique additionné de 1/000 en poids d'acide azotique et d'une très-petite quantité de peroxyde de plomb; 3° se colore en violet par un mélange d'acide sulfurique, nitrique, et de chromate de potasse; 4° acquiert une teinte rouge vineuse avec l'acide iodique.

Les experts, par le même procédé, constatèrent la présence de la noix vomique dans la galette qui avait servi à préparer la soupe. Les viscères du chien, carbonisés par l'acide sulfurique, ne donnèrent aucune trace de poison minéral (Jour. de chim. méd., 1850).

ASSISES DE VAUCLUSE.-Cantharides.

Le 22 janvier 1849, J. B., cultivateur, est inhumé. Le bruit court qu'il a été empoisonné par sa femme, à l'aide de cantharides. A l'autopsie, bouche tapissée de mucosités blanchâtres, épaisses; deux ulcérations aphteuses sur les deux côtés de la langue et sur la lèvre inférieure; amygdales profondément ulcérées, en partie détruites, couvertes d'un pus épais, abondant, jaunâtre; traces d'inflammation dans toute l'étendue de l'œsophage; dans l'estomac, çà et là, une foule de petites paillettes ayant l'aspect de poudre de cantharides, libres ou incrustées dans la muqueuse, qui, dans toute son étendue, est enflammée, comme gangrenée; duodénum d'une teinte rouge tirant sur le jaune, offrant, à sa partie inférieure, qui est plus rouge, trois petites paillettes visibles à l'oeil nu. L'intestin, rouge brunâtre à l'extérieur, est le siége d'une vive inflammation,

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mais n'offre aucune trace de paillettes. La muqueuse rectale, transformée en une espèce de bouillie purulente, présente l'aspect d'un immense vésicatoire réitéré pendant plusieurs jours. Les matières fécales, délayées dans l'alcool, filtrées, desséchées sur des plaques de verre, offrent au soleil un nombre considérable de paillettes. 2 ou 3 crotins desséchés sont conservés comme preuve à conviction. La vessie, colorée en brun, racornie, très-épaisse, est tapissée de taches noirâtres, fongueuses, formées du sang extravasé; mêmes lésions dans les reins. La seringue, qui a servi a donner les lavements, contient des parcelles brillantes, verdâtres, paraissant appartenir à des fragments de cantharides plutôt divisées que pulvérisées.

MM. Arreal, Boussol et Michel concluent: 1° à l'empoisonnement par les cantharides; 2° que leur ingestion s'est faite d'une manière lente, successive, et date au moins d'une douzaine de jours.

Barruel, dans un cas d'empoisonnement, dirigé par les symptômes, constata que du chocolat offrait de petites paillettes brillantes, d'un vert doré, évidentes au soleil, non à la lumière diffuse. L'ayant mis à macérer dans de l'éther, celui-ci, par évaporation, laissa une matière butyreuse qui détermina la vésication des lèvres. Les matières fécales desséchées, traitées par le chloroforme, comme l'indique M. Procter (page 103), auraient-elles donné de la cantharidine? Il y a eu une discussion à cet égard; malheureusement elle n'est pas rapportée dans le Journal de chim. med., 1850.

ASSISES DU HAINAUT.-AFFAIRE BOCARMÉ.-Nicotine.

Le comte de Bocarmé épouse la sœur de Gustave Fougnies, espérant que celui-ci, d'une faible constitution et d'ailleurs amputé de la jambe droite, ne se marierait pas. Trompé dans son attente, il se livre dès lors à diverses

manipulations pour l'extraction de la nicotine, dont il essaye d'abord l'effet sur les animaux, et, avant que son beau-frère n'ait mis son projet à exécution, il l'invite à dîner, le 21 novembre 1850; étant seuls avec sa femme, les domestiques et les enfants momentanément absents, Fougnies succombe en 5 minutes. Une instruction a lieu contre M. et MTM Bocarmé.

I. RAPPORT D'AUTOPSIE, 22 novembre 1850 Contusion profonde à la partie antérieure du nez, avec infiltration sanguine au centre; nombreuses égratignures semi-lunaires, formées par des coups d'ongle, à convexité externe, à la joue gauche; trois petites au niveau de la mâchoire inférieure droite; sous la région maxillaire gauche, corrosion n'entamant que l'épiderme, lequel, soulevé, détaché dans une étendue d'environ 2 centimètres, s'enlève par plus léger frottement dans toute cette région et une partie de la région cervicale supérieure du même côté.

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Lèvres blafardes, racornies, couvertes de croûtes brungrisâtres, ainsi que les interstices dentaires; langue presque doublée de volume; la muqueuse, d'un gris noirâtre, détruite dans toute l'étendue de la face supérieure et le long de ses bords, s'enlève à l'aide du scalpel en lambeaux très-peu consistants; face inférieure rouge et injectée; tout le reste de la muqueuse buccale est rouge, cautérisé, se détache avec la plus grande facilité. Il en est de même des muqueuses palatine et de l'arrière-gorge, qui sont d'un blanc grisâtre; liquide glaireux assez abondant dans la bouche. Les amygdales, surtout la gauche, ont augmenté de volume, perdu leur consistance, se divisent avec la plus grande facilité. La muqueuse de la partie supérieure du pharynx est rouge, injectée; son épiderme s'enlève facilement; celle de la partie moyenne et inférieure, de même que l'œsophagienne sont rosées, mais saines. L'estomac, rouge, injecté, offre quelques plaques noirâtres,

sans ulcération, ni perforation, et renferme une assez grande quantité d'aliments sous forme de bouillie grisblanchâtre; poumons un peu gorgés de sang. Les autres organes sont sains.

Conclusions. 1o Il y a eu introduction dans la bouche de Fougnies d'une substance corrosive liquide, en raison de la cautérisation uniforme des muqueuses buccale et linguale, de la partie latérale gauche du cou. 2o l'étendue des lésions, sans ligne de démarcation, leur profondeur indiquent qu'elle a été ingérée pendant la vie et depuis le dernier repas de Fougnies, car l'estomac n'aurait pu fonctionner en cet état. 3° Fougnies a succombé à une mort violente. 4° la contusion du nez a été faite par un instrument contondant. 5° les lésions de la face indiquent que des manœuvres ont été faites pour étouffer les cris de la victime. 6° c'est à la chimie à découvrir la substance toxique.

MM. MAROUZÉ, ZOUDE et Gosse.

Péruvelz, 2 novembre 1850.

II. RAPPORT D'ANALYSE. Le 27 novembre 1850, M. Stass est chargé de procéder à l'examen analytique des matières cadavériques de Fougnies, à l'effet de rechercher et de constater: 1° s'il y a eu ingestion d'une substance vénéneuse ou morbifique quelconque; 2o de quelle nature est cette substance, notamment si ce n'est pas d'acide sulfurique; 3o en quelle quantité elle a été ingérée; 4° si elle n'était pas mėlangée à un autre liquide au moment de l'ingestion; 5o si la couleur noire de la lèvre inférieure, de la langue, de toute la muqueuse buccale, de l'arrière-bouche, du pharynx, n'est pas due au passage d'un acide quelconque, notamment le sulfurique? M. le juge d'instruction lui remet 4 bocaux contenant : 1° les poumons; 2° l'estomac, les intestins, les liquides y contenus, la vessie; 3° le foie, la rate; 4° la langue, la mâchoire inférieure, l'arrière-bouche, le pharynx.

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