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des taches obtenues par les experts de la Côte-d'Or, qui lui parurent antimoniales, en fit part à ses confrères. La cour en ordonna l'analyse par tous les experts réunis. Il fut prouvé, de l'aveu de tous, qu'elles étaient antimoniales. L'avocat général abandonna l'accusation. Acquittement.

Chez une femme empoisonnée par l'arsenic (page 287), à laquelle on avait administré de l'émétique, M. Chevallier obtint des taches qui se volatilisaient par la chaleur avec odeur alliacée, se dissolvaient dans l'hypochlorite de soude, mais donnaient une réaction si faible par l'azotate d'argent, qu'il soupçonna qu'elles étaient arsénicales et antimoniales en effet, en faisant passer le gaz dans un tube contenant de l'amiante, chauffé à la lampe à alcool, et traitant ensuite l'amiante par l'acide chlorhydrique, celui-ci, évaporé à siccité, laissa un résidu qui offrit les réactions de l'antimoine.

AUX ASSISES DE LA Charente-InférieURE (affaire Guyonnét, 1847), ainsi qu'aux ASSISES DE BEAUVAIS (affaire Desjardins, 1850). Les premiers experts n'ayant pas retiré d'arsenic des organes, et ceux de Paris en ayant obtenu, une troisième expertise par tous les experts réunis confirma les résultats obtenus à Paris, et qu'il y avait empoisonnement.

Aux ASSISES DE.... (Annales d'hygiène et de médecine légale, 1849), un enfant est soupçonné d'être empoisonné par son père. Les premiers experts obtiennent des taches arsénicales. MM. Chevallier, Lassaigne et Lesueur n'en retirent pas des organes par le même procédé, ni par la carbonisation par l'acide sulfurique, et en obtiennent au contraire du produit des opérations des premiers experts. L'exhumation des restes de l'enfant vint confirmer le résultat des experts de Paris, et que l'arsenic trouvé était un accident de laboratoire.

Les empoisonnements arsénicaux, surtout dans le midi, sont très-fréquents depuis quelques années; plusieurs

R.PPORTS TOXIC.- —ASSISES DE L'HÉRAULT, DE VAUCLUSE.-Arsenic. 339 même ont présenté des circonstances dignes d'ètre notées; malheureusement elles ne sont qu'énoncées dans les jour

naux.

ASSISES DE L'HÉRAULT (Annales d'hygiène et de médecine lėg., 1846).—Dans l'affaire Malaret, digne de figurer à côté de celles de Laffarge, de Lacoste (tome I), MM. les docteurs Mandeville et Carrère, Audouard et Bernard, pharmaciens, ont retiré l'arsenic du foie, de l'estomac, des intestins, des poumons, du cœur, des muscles psoas et iliaque, des reins, de la vessie, après 14 mois d'inhumation, par le procédé de carbonisation par l'acide sulfurique, en vase clos, comme le pratiquent MM. les professeurs Bérard et Gay, de Montpellier (page 60). La bière était bien close, et la terre du cimetière non arsénicale. Ils trouvèrent dans l'estomac et autres organes une foule de petites granulations, adhérentes ou libres, d'un blanc grisâtre, formées d'albumine et de matière grasse, déjà signalées par Barruel, Orfila, Christison. Elles s'écrasaient sous les doigts, graissaient le papier; sur un fer chaud, elles se boursouflaient, répandaient l'odeur de matière animale brùlée, laissaient une matière charbonneuse; se dissolvaient dans l'eau bouillante, qu'elles rendaient laiteuse, l'acide azotique, et le's liqueurs ne précipitaient pas par l'acide sulfhydrique, ne donnaient pas d'arsenic à l'appareil de Marsh. Dans un supplément d'analyse, ils retirèrent, par l'acide sulfurique, de l'arsenic de la terre, prise à 12, 24, 36 centimètres de profondeur, au-dessous de la fenêtre par où avaient été jetées les déjections du sieur Malaret. La même quantité de terre, prise à 6 mètres de distance, n'en donna que des traces. Ils en obtinrent aussi du pavé du côté droit du lit où Malaret avait vomi, quoiqu'il eût été lavé à la potasse. Le pavé de la chambre voisine n'en donna pas.

ASSISES DE VAUCLUSE (Gazette des trib., 1854). MM. les professeurs Berard, Gay, Brousse, retirèrent de l'arsenic

de l'estomac, des intestins, du foie de la femme Roche, ainsi que des excréments d'un chat, des matières des vomissements d'un chien, qui avaient mangé des aliments arsénicaux destinés à la victime. Ces résultats concordant avec les symptômes, les lésions, les experts conclurent à l'empoisonnement.

ASSISES DE LA COTE-D'OR (10 décembre 1854, Gazette des trib.). — Le sieur Ginot fut convaincu de 10 tentatives d'empoisonnement sur sa femme. L'expertise décela l'arsenic dans les raclures prises devant le lit, les cendres du foyer de la chambre, les déjections recouvertes de cendres et recueillies en face de la porte, sur des fragments de papier imprégné de poudre blanche. La femme a survécu. Les débats ont révélé des détails horribles. Condamnation à mort.

ASSISES DE L'AVEYRON (Gazette des trib., 1855). — Une femme empoisonne son mari, malade depuis quelque temps. MM. Rozier et Auzouy trouvent une perforation de l'estomac, à bords taillés à pic, offrant le diamètre d'une pièce de 2 francs. Ils déclarent que cette perforation peut être spontanée ou dépendre d'un empoisonnement. L'analyse démontra l'arsenic dans l'estomac, le foie. M. le professeur Berard, de Montpellier, déclara, à l'audience, que la personne était morte empoisonnée. Travaux forcés à perpétuité.—Aux ASSISES DE TARN (même journal), un homme a saupoudré des artichauts avec des pilules asiatiques (arsénicales) en poudre. 5 personnes et un chien ont été gravevement indisposés. Au moment où nous écrivons ceci, un jeune homme de 18 ans est accusé d'avoir empoisonné 8 personnes (assises de Périgueux).

ASSISES DE DIEUZE.-Le docteur Ancelon et M. Paucher, pharmacien, chargés d'analyser deux carpes provenant de l'étang de Morhyl, pour savoir si elles étaient mortes em

poisonnées, la nature du poison, trouvèrent le tube intestinal pâle, vide, sans traces d'inflammation, les branchies d'un rouge vif, les autres organes sains. L'analyse n'ayant pas donné des traces de poison végétal et minéral, ils empoisonnèrent des carpes avec la coque du levant, la noix vomique; l'effet se manifesta au bout de 2 heures par des mouvements désordonnés, de la stupeur, la cécité et la mort en 15, 24 heures. Le corps et les écailles étaient décolorés, les branchies très-rouges, le cœur gorgé de sang très-foncé, le tube digestif enflammé dans toute son étendue, rempli d'un liquide sanguinolent: avec la noix vomique, la carpe prenait une position verticale, sa queue était paralysée, sa nageoire dorsale d'une sensibilité ex

trême.

Conclusions.-En l'absence des lésions, de poison, et la mortalité des carpes s'étant montrée en d'autres endroits, ils attribuent la mort à des circonstances atmosphériques, à l'élévation de température qui a régné en mai 1848.

VII.-Falsification des matières alimentaires.

A la suite de l'empoisonnement par les aliments, les boissons, les condiments, nous avons consacré un appendice à leurs falsifications et donné le moyen de les reconnaître (tome II). Ce sujet appartient à la fois à l'hygiène et à la toxicologie. Les analyses doivent être comparatives avec des matières de même nature non falsifiées. Dans quelques cas, comme l'a fait M. Chevallier, il est bon de recourir aux lumières des hommes de la profession (boulangers, dégustateurs de vin, etc.) Il importe aussi de s'assurer si l'altération ne provient pas des vases dans lesquels elles ont été préparées ou conservées, de leur mauvaise préparation, des influences atmosphériques générales ou locales, etc. Nous donnerons seulement l'analyse succincte de quelques rapports, afin de tracer la marche à suivre dans des cas analogues.

CAFÉ FALSIFIÉ.

M. Chevallier, chargé de vérifier la nature d'une substance vendue pour du café, d'indiquer les inconvénients qu'il pourrait en résulter pour la santé, procéda comme il suit.

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Le paquet portant étiquette: « Échantillon de café en poudre, contient une poudre brune, ayant l'odeur trèsfaible de café, une saveur analogue à celle du blé, de l'orge ou du pain grillés ; elle humecte et brunit la salive, offre quelques grains qui ont la consistance et la saveur du café.

10 grammes de café pur, carbonisé et incinéré, répandent, en brûlant, l'odeur très-forte du café. Le charbon, qui est pulvérent, laisse 40 centigrammes de cendres, de couleur grise avec quelques points jaunâtres.

10 grammes de café saisi, carbonisé et incinéré, ne répandent pas, en brúlant, l'odeur du café. Le charbon, au lieu d'être en grains isolés, se prend en masse, laisse 20 centigrammes de cendres verdâtres avec quelques points blancs.

10 grammes de café pur, bouillis dans de l'eau pendant 5 minutes et filtré, donnent un décocté qui ne bleuit pas par l'eau iodée; pendant l'ébullition il se dépose sur les parois du vase une matière huileuse, volatile.-10 grammes de cafe suspect, soumis aux mêmes opérations, ne donnent pas de liquide huileux, et le décocté bleuit par l'iode.

67 grammes du décocté de café pur, évaporé, laissent 75 centigrammes d'extrait sec, d'un brun rougeâtre, sans pellicule. Le décocté de 75 grammes de café saisi s'évapore lentement, avec pellicule, laisse 1 gramme 90 centigrammes d'extrait brun-marron.

Le café saisi, jeté sur l'eau, tombe au fond assez promp tement, mais ne colore pas ce liquide comme le café-chicorée.

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