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D'autres recherches n'ont décelé aucune substance toxique minérale.

Conclusions.1o La poudre saisie n'est pas du café ordinaire, n'en renferme qu'une petite quantité à la surface; 2o l'acheteur a été trompé, s'il l'a achetée comme café; 3o elle paraît être préparée avec des semences de graminées, mais comme elles sont broyées et torréfiées, il est impossible de les dénommer. 4° la poudre ne contient rien de nuisible à la santé (14 avril 1852, Journal de chimie médicale).

ALTÉRATION DES FARINES, 1853.

M. B., marchand de farine, est inculpé de la vente de denrées alimentaires corrompues. M. Chevallier, chargé de l'analyse des farines, à l'effet de dire si elles contiennent des matières nuisibles à la santé, si elles sont propres à l'usage alimentaire, en adressa des échantillons aux personnes sui

vantes :

1° M. Durand, inspecteur des halles, constata que le n° 3 avait un goût très-aigre, était de fabrication ancienne, avait éprouvé la fermentation, ne pouvait être employé sans inconvénient.

2o M. Doisneau répondit que-la farine ne paraissait pas être fabriquée de l'année, qu'elle était sassée et ressassée, d'un goût détestable, donnait un pain qui ne pouvait être employé.

3° M. Roland constata qu'elle contenait 14 pour 0/0 de gluten humide, très-difficile à recueillir, ne marquant qu'un degré à son aleuromètre (tome II, page 658), n'offrant pas la moindre cohésion; le liquide des lavages était acide. Il croit que la farine est formée d'orge et de mauvais blé vieux, la déclare impropre à la panification, à l'alimentation.

4° M. Chevallier constate que la farine est d'un blanc jaunâtre, très-acide, donne une pâte qui ne s'étire pas, et

14 pour 0/0 de gluten humide, court, peu élastique, qui ne s'allonge pas, n'a pas la transparence de celui d'une bonne farine. Au microscope, il n'a trouvé ni maïs, ni farine des légumineuses par le procédé Donny : elle n'a donné aucune substance minérale toxique par le procédé de carbonisation par l'acide sulfurique, à l'appareil de Marsh, et l'incinération du charbon sulfurique. Il l'a comparée à de la farine Darblay no 3.

Conclusions.-Les farines livrées par B. à T. sont altérées, avariées, fermentées, impropres à la panification, à l'alimentation; mais elles ne contiennent pas de substance minérale nuisible.

ACCIDENTS PRODUITS PAR LE PAIN MÈLÉ D'IVRAIE.

Par suite d'une commission rogatoire de M. Janisson, juge d'instruction près le tribunal de première instance de Belfort (Bas-Rhin), qui leur est transmise par M. Dieudonné, juge d'instruction près le tribunal civil de première instance de la Seine, MM. Chevallier et Bois de Loury, ayant à constater si les accidents éprouvés par plusieurs familles et personnes, n'étaient pas dus à du pain, à de la farine de seigle contenant de l'ivraie, procèdent comme il

suit:

1o Examen de 68 pièces relatant les accidents éprouvés par les personnes. Toutes eurent des symptômes à peu près semblables: saveur âcre, persistante, coliques, douleurs abdominales, étourdissements ressemblant à l'ivresse, envie irrésistible de dormir, sommeil de quelques heures, brisement des membres, chez plusieurs, vomissements.

2o Ils rapportent ensuite les expériences et observations des auteurs, soit chez l'homme, soit chez les animaux, sur les effets du pain contenant de l'ivraie, et sur l'ivraie.

3o Recherchent si le pain, la farine ne contiennent pas de poison minéral, par le procédé de carbonisation par

l'acide sulfurique, l'appareil de Marsh, et l'incinération du charbon sulfurique, etc. Résultat nul.

4o Examinent les diverses graines mélangées au seigle, notent celles qui déterminent des accidents, leur quantité relative.

5o Expérimentent sur des chiens à jeun depuis 24 heures, soit avec le pain ou la farine du seigle, soit avec l'extrait aqueux et alcoolique.

Comme ils n'obtinrent aucun effet et des résultats nuls dans ces trois dernières recherches, ils s'adressèrent à M. le juge d'instruction pour savoir si c'était bien le seigle qui avait servi à préparer le pain, déterminé les accidents, demandèrent qu'il leur fût envoyé des graines d'ivraie.

Après les avoir reçues et reconnu que c'était bien de l'ivraie, ils en mêlent 40 à 60 grammes pour 0/0 de farine pour la confection d'un gâteau, qui avait une saveur poivrée, peu âcre et amère. Donné à deux chiens à jeun dans du bouillon, 10 minutes après ils eurent des tremblements, des clignotements, éprouvèrent un besoin irrésistible de dormir, eurent un sommeil de 2 heures, après lequel tous les symptômes disparurent.

Conclusions.-Les accidents éprouvés par les personnes sont ceux que produit l'ivraie; le seigle et la farine, soumis à notre examen, ne renferment ni ivraie, ni aucun poison minéral.

ACCIDENTS PRODUITS PAR LE LAIT.

Dans l'arrondissement de Romorantin, après avoir pris à souper, du lait de trois vaches, dont l'une avait le pis malade, et trait dans un vase en bois, plusieurs personnes éprouvèrent des douleurs d'entrailles aiguës, du dévoiement, des vomissements, avec plénitude du pouls, agitation, soif, etc., symptômes qui furent plus intenses chez celles qui avaient le plus mangé de lait, et nuls chez celles qui n'en avaient pas pris. MM. Chevallier, Bayard,

Cottereau, eurent à résoudre : si ces accidents ne dépendaient pas de l'altération du lait, de l'addition d'un poison; si les propriétés toxiques ne dépendaient pas de ce que les vaches avaient été piquées par une vipère ou un autre animal; si enfin elles n'avaient pas mangé de substances toxiques pour l'homme et inoffensives pour les vaches. Voici comment ils ont procédé.

1° Les matières vomies par les personnes les plus malades, carbonisées par l'acide sulfurique, ne donnent rien à l'appareil de Marsh. Le charbon sulfurique incinéré, etc., ne fournit ni plomb, ni zinc. Une portion des matières est coagulée par la chaleur; la liqueur filtrée ne donne aucun résultat par l'hydrogène sulfuré, la pile de Smithson. Enfin une troisième portion est évaporée à siccité, traitée par l'alcool, filtrée de nouveau et évaporée. Le résidu, repris par l'eau acidulée d'acide acétique, ne présente pas de saveur amère, âcre.

2° L'opinion que les animaux piqués par une vipère peuvent fournir un lait nuisible n'est plus admise aujourd'hui, et plusieurs faits démontrent que le lait provenant d'animaux enragés n'est pas vénéneux. Les faits rapportés par Balthasar Timeus, que des personnes ayant pris du lait d'une vache enragée auraient contracté cette maladie, n'inspirent pas beaucoup de confiance (voyez page 252).

3o Plusieurs faits démontrent que le lait des vaches contracte l'odeur, la saveur, la couleur de certaines plantes, même les propriétés. Dans le Tennessée (Amérique septentrionale) il existe une plante qui communique des effets délétères au lait sans que les vaches en soient incommodées. Ils ignorent si le liquide de la tumeur du pis, ou le coopow, mêlé au lait, peut le rendre malfaisant.

Conclusions. 1° Les vaches peuvent avoir mangé des plantes vénéneuses auxquelles seraient dus les accidents; 2° il n'est pas probable qu'un poison ait été ajouté au lait après coup, puisque, chez trois personnes, les accidents ne se sont manifestés que deux jours après; 3° les accidents

pourraient aussi dépendre de la maladie dont l'une des vaches était atteinte (Annales d'hyg. et de méd. lég., 1853).

VIII.-Des taches.

L'expert peut avoir à reconnaître : 1o des taches d'acides, d'iode, de nitrate d'argent, de laudanum, de vin, etc., dont nous avons donné les caractères à chacun de ces poisons; 2o des taches de sang, de sperme, de divers mucus dans les cas de viol, de crime, etc.

TACHES DE SANG.

Caractères physiques. Sur les objets imperméables (instruments de fer, cailloux, verre, bois vernissé, dur, papiers peints, etc.), elles sont d'un brun noirâtre, brillantes, saillantes, limitées, prennent la couleur d'acajou foncé et perdent leur brillant par le grattage, s'enlèvent par petites écailles quand on chauffe, et le corps reste net. Sur des objets bruns, noirs, bleus, foncés en couleur, elles ne sont quelquefois évidentes qu'à la lumière artificielle, comme l'ont constaté, dans un cas légal, Barruel et Ollivier d'Angers. Sur des matières perméables (tissus, pain, grès, bois poreux, etc.), les taches sont plus claires, non brillantes, pénètrent plus ou moins profondément, et avec les tissus de fil, de coton, elles apparaissent sur les deux faces, offrent une zone moins foncée en couleur, à bords festonnés. Ces caractères cependant varient selon que la tache est faite avec du sang sortant de la veine ou en partie coagulé. Enfin, si l'instrument a éprouvé quelque frottement, elles sont en nappe, en stries et rougeâtres.

Lorsque la tache est sur du linge ou autre objet sécable, friable, on enlève la portion tachée avec des ciseaux, un canif, etc., on la suspend, à l'aide d'un fil, d'un cheveu, dans un peu d'eau distillée, contenue dans un tube de verre, de manière à ce qu'elle soit complétement immergée et distante du fond de 10 à 12 millimètres. Le linge se

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