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ramollit, la tache se sépare sous forme de linéaments qui gagnent le fond du vase, forment un dépôt rougeâtre plus ou moins foncé; le liquide au-dessus est incolore; mêlé au dépôt, il prend la teinte rose plus ou moins foncée. Le linge reste couvert ou imprégné d'une matière glaireuse (fibrine) incolore, soluble dans la potasse. Le soluté précipite en blanc grisâtre par le chlore, l'acide chlorhydrique. Si l'objet était friable, on pourrait le renfermer, après l'avoir divisé, dans un petit nouet de linge, ou enlever la tache par le grattage s'il était imperméable, ou bien l'entourer d'un petit godet en cire et la mettre à macérer, dans tous les cas, dans de l'eau distillée, etc. Le dépôt rose et le liquide, qui contiennent l'albumine et l'hématosine du sang, sont soumis ensuite aux réactions chimiques, aux observations microscopiques suivantes :

Caractères microscopiques. -Le dépôt rougeâtre, provenant des taches, déposé entre deux lames de verre à l'aide d'une pipette, offre, à un grossissement de 600 diam. d'après M. Robin, deux sortes de globules, propres au sang. 1o Les globules rouges, plus nombreux, discoïdes, homogènes, à bords arrondis, sans noyaux, ni granulations, déprimés au centre, de 7 millimètres de diamètre, et de 1 millimètre d'épaisseur, composés d'une petite masse azotée (globuline), dans laquelle est uniformément infiltrée la matière colorante (hématosine); 2° les globules blancs, de 8 à 6 millimètres de diamètre, sphériques, à contours nets, incolores, transparents, d'aspect, lisseargenté-mat, uniformément granuleux. L'eau les gonfle d'abord, puis réunit les granules en un noyau central, qui se divise en 2 ou 3 amas granuleux. L'acide acétique les coagule aussi en un amas central, prenant ensuite la forme de fer à cheval. Les globules du pus, avec lesquels on peut les confondre, ont de 0,010, à 0,014 de diamètre et des granulations plus grosses, formées sans l'intervention des réactifs. Comme l'eau altère les globules, M. Robin

met la tache à macérer dans un soluté saturé de sulfate de soude. Sur des taches de 8 à 12 ans, il a ainsi reconnu les globules à leur couleur jaune-rougeâtre, leur forme, leur volume, parmi les débris du linge, des parcelles organiques et inorganiques, des champignons qui se forment pendant la macération: ceux-ci sont sphériques, ovoïdes, incolores, de 0,003 à 0,007 de diamètre.

Caractères chimiques.- Le liquide mêlé au dépôt est d'un rouge plus ou moins foncé, filtre à travers le papier joseph sans perdre sa couleur. Chauffé dans le tube même, il se décolore, donne un coagulum gris olivâtre, qui, chauffé avec un soluté de potasse, s'y dissout en un liquide visqueux, brun verdâtre vu par réflexion ou lorsqu'on agite le tube dans l'air, et rose par réfraction; à cet effet on le place au centre d'une feuille de papier percée, et on l'examine perpendiculairement au-dessus des charbons ardents; ou mieux encore en plaçant le tube entre deux doigts pour intercepter les rayons réfléchis, et l'examinant

entre l'œil et la lumière artificielle dans un lieu obscur. Le liquide des taches, le soluté potassique, précipitent en flocons grisâtres par le chlore, l'acide chlorhydrique, azotique.

M. Boutigny constate ces divers caractères en déposant une goutte du liquide des taches sur une plaque d'argent chauffée au rouge : elle se trouble, prend une couleur gris verdàtre; touchée avec une baguette de verre imprégnée d'un soluté de potasse, elle reprend sa transparence, est verdâtre par réflexion, rougeâtre par réfraction, se coagule par l'acide chlorhydrique, et se redissout dans la potasse.

Ces caractères chimiques appartiennent au sang des mammifères, de toutes les espèces animales, peuvent être constatées sur des taches très-anciennes, pourvu qu'elles n'aient pas subi d'altération putride. Des taches de sang sur du grès, exposé à la pluie et au soleil pendant un mois, traitées par l'eau, etc., ont offert, à M. Lassaigne, les réactions chimiques indiquées. M. Braconnot les a constatées

sur un linge qui avait été lavé; comme les taches étaient insolubles dans l'eau, il s'est servi d'eau ammoniacale.

Les taches de sang peuvent être confondues avec des taches d'albumine et d'une matière colorante (orcanette, garance, etc.), des taches de rouille, de terre bolaires, de fruits, de peinture, etc.; enfin, l'expert peut avoir à distinguer les taches du sang de l'homme de celles du sang des animaux. 1° Taches du sang des animaux. Le sang des mammifères offre les deux sortes de globules, identiques à ceux de l'homme. Chez les oiseaux, les reptiles, les poissons, les globules rouges sont plus volumineux, de figure ovale, pourvus d'un noyau central (M. Robin). Selon Barruel, le sang des diverses espèces animales développe, par l'acide sulfurique, une odeur spéciale, caractéristique: celle de la sueur des pieds, des aisselles, avec le sang d'homme, de femme; celle de bouse de vache, du crottin de cheval, du suint de brebis, de la sueur du chien, de porcherie ou de charcuterie, de pigeonnier, de poisson, d'urine de souris, de punaise, de grenouille, selon que c'est le sang de l'une ou de l'autre de ces espèces animales. Pour constater ce caractère, on traite la tache humectée d'eau ou le liquide de la tache par environ 1/3 d'acide sulfurique, on souffle pour dégager quelques produits gazeux, et on flaire ensuite. Ce caractère ne doit être employé que d'une manière accessoire, parce qu'il est souvent difficile à constater, et exige une grande habitude; il peut d'ailleurs induire en erreur, car les liquides animaux, autres que le sang, développent la même odeur par l'acide sulfurique.

2° Taches formées d'albumine et d'une matière colorante. - D'après M. Raspail, les taches produites par la matière colorante de l'orcanette, de la garance et d'albumine, offrent les caractères physiques et chimiques des taches du sang, tandis que, d'après Orfila, ces matières colorantes ne subissent pas par l'action de la chaleur, de la potasse, les mêmes modifications que l'hématosine; ensuite elles n'of

frent pas les deux genres de globules caractéristiques du sang. Selon M. Persoz, l'acide hypochloreux, privé d'acide chlorhydrique, détruit complétement et promptement les diverses matières colorantes de nature organiques, n'altère pas ou fait passer au brun celles du sang. Orfila a constaté que les taches de graisse et d'orcanette, de garance et d'huile de pavot, de charbon et de graisse, se comportaient aussi comme celles du sang. Il ajoute que l'expérience ne doit pas durer plus de quelques minutes, temps suffisant pour détruire les matières colorantes autres celles du sang. 3° Taches de fruits acides.-Le suc de citron et autres fruits acides produit sur le fer des taches qui sont brillantes, s'écaillent par la chaleur, s'enlèvent par l'eau, mais il ne reste pas sur l'instrument une matière glaireuse; ensuite, le soluté est jaune, ne se coagule pas et ne changepas de couleur par la chaleur, se colore en bleu par le cyanure jaune, en violet par la teinture de noix de galles, etc.

que

4° Taches de rouille.-D'un jaune d'ocre ou rougeâtres, ternes, elles ne s'écaillent pas, et l'instrument ne reprend pas son brillant par la chaleur, se délayent dans l'eau sans se dissoudre. Le dépôt, ainsi que les taches se dissolvent dans l'acide chlorhydrique, donnent un chlorure jaune, qui, par le cyanure jaune, la teinture de noix de galles, offre les réactions indiquées. Les taches de sang sont insolubles dans cet acide.

5° Taches des terres bolaires.-Elles se comportent à peu près comme celles de rouille, en raison du fer qu'elles con

tiennent.

6° Taches de peinture.-Elles ressemblent beaucoup à celles du sang, mais sont insolubles dans l'eau, et, par l'alcool ou l'éther, on peut dissoudre les matières grasses, séparer les matières colorantes.

7° Taches de matières grasses, de rouille, de fruits acides, de sang. Mises à macérer dans l'eau, les deux dernières s'y dissolvent, la rouille se détache et se sépare par le repos;

il reste sur l'instrument une matière glaireuse, visible à la loupe, mélée à des corps gras, qu'on sépare par l'alcool. Le liquide aqueux chauffé, donne le coagulum caractéristique du sang, et la liqueur filtrée les caractères des sels de fer. 8° Les taches rouges du pain, qu'on pourrait confondre avec celles du sang, sont formées de corpuscules ovoïdes de 1/3000 à 1/8000, le monas prodigisa d'Eremberg.

TACHES DU SPERME.

Caractères chimiques.-De forme et de dimension variables, apparentes sur l'une des faces, ou sur les deux si c'est un tissu de fil, de coton; grisâtres, à bords ondulés, d'une odeur spermatique quand elles sont récentes et frottées, ou humectées d'eau tiède quand elles sont anciennes. Le linge est empesé. Déposée sur une plaque de tole légèrement chauffée, la tache jaunit. Séparée avec des ciseaux, incisée, suspendue à l'aide d'un fil fixé à un bouchon, dans un tube contenant quelques grammes d'eau, de manière à ce qu'elle soit complétement immergée, et agitée de temps en temps, au bout de quelques heures le linge se désempèse, offre l'odeur spermatique, reste imprégné d'une matière glaireuse, qui réempèse le linge après dessiccation, se dissout dans la potasse. Le macéré est louche, passe difficilement à travers un filtre humecté, et le liquide filtré reste encore trouble. Évaporé lentement au bain-marie dans un petit ballon, il dégage une odeur spermatique, dont s'imprègne un tissu placé à l'orifice, ne se coagule pas, dépose seulement quelques flocons glutineux, bout à la manière d'une dissolution de gomme, laisse un résidu glaireux, qui, après refroidissement, forme, sur les parois du vase, un enduit luisant, transparent. Ce résidu, délayé dans l'eau, à l'aide d'une baguette de verre, s'y dissout en partie. Le soluté, filtré, ne précipite pas par l'acide azotique, se trouble légèrement par l'alcool. La partie indissoute est poisseuse, adhère à la baguette, se dissout dans la potasse.

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