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Tels sont les caractères qui, d'après quelques toxicologistes, distinguent les taches du sperme des taches des divers mucus et autres liquides sécrétés et qui, dans quelques cas légaux, ont servi à affirmer leur nature. Ces caractères nous paraissent insuffisants: ainsi, dans quelques cas, M. Devergie avoue être resté dans le doute sur la nature des taches, et celles de salive, soumises aux mêmes réactions, offrent avec celles du sperme la plus grande analogie, surtout les deux caractères les plus importants, l'odeur spermatique, la non-précipitation du macéré par l'acide azotique. Le seul caractère certain, c'est la présence des zoospermes, car ils ne se rencontrent que dans cette liqueur animale.

Caractères microscopiques.- Découpez les taches par petites lanières, mettez-les à macérer d'abord dans l'eau distillée, comme il est dit dans le paragraphe (précédent, puis dans l'eau à 60°, et ensuite dans l'eau additionnée de 1/10 d'alcool, ou mieux encore de 1/16 d'ammoniaque; filtrez successivement, et dans l'ordre de leur extraction, les trois macérés sur le même filtre; coupez le sommet de celui-ci encore humide, renversez-le et étalez-le sur une lame de verre; imbibez-le légèrement d'eau ammoniacale; enlevez le papier avec précaution; examinez le liquide resté sur le verre à un grossissement de 400 à 600 fois. Les zoospermes ressemblent à un têtard, la tête ovoïde ou cordiforme, suivie d'une queue filiforme, allant en diminuant insensiblement, agitée de mouvements ondulatoires quand ils sont vivants. Leur longueur est d'environ 0,048 à 0,058 de millimètres. La queue en forme au moins les 9/10, mais il est rare qu'elle soit entière. Séparée de la tête, elle pourrait être prise pour les filaments du linge dont nous donnons les caractères ci-après, des petits vibrions se forment dans le sperme altéré et impriment des mouvements de translation aux zoospermes morts. Ceux-ci manquent ou sont altérés

dans quelques états morbides, surtout chez les vieillards; tous n'ont pas la même longueur, la même grosseur : ceux des taches sont privés de mouvement.

D'après Bayard, on peut trouver les zoospermes 6, 10, 60 heures après l'union des sexes dans le mucus vaginal, qui, en outre, contient des monades prostatiques, de petites écailles rougeâtres, irrégulières ou ovalaires, propres à ce mucus. Cet auteur, par ce procédé, sur des tissus de coton, de toile, de calicot bleu, de laine, de soie colorés en violet, en rouge, a reconnu des taches de sperme, après plusieurs années, M. Devergie, après un an, et Orfila après 18 ans. Sur la laine la tache n'était pas toujours apparente. On se sert de l'eau acoolisée ou ammoniacale pour dissoudre le mucus et mieux distinguer les zoospermes. L'eau additionnée de 1/20 de potasse, de soude, de 1/40 d'acide chlorhydrique peut aussi servir à isoler les zoospermes (M. Devergie).

Les taches de mucus vaginal, nasal, produites par la salive, l'écoulement lochial, leucorrhéique, blennorrhéique sont verdâtres, jaunâtres ou grisâtres, n'offrent pas des caractères bien tranchés qui puissent les distinguer les unes des autres. Soumises aux mémes réactions que les taches du sperme, aucune ne présente les trois caractères suivants réunis, 1° les zoospermes; 2° l'odeur spermatique ; 3° la nonprécipitation du liquide par l'acide azotique.

IX.-Cheveux, poils, laine, toile, coton.

L'expert peut être appelé à distinguer les cheveux des poils des autres animaux, le coton de la laine, de la soie, du lin dans les tissus composés; à reconnaître, sous le point de vue de l'identité, si la couleur des cheveux n'a pas été changée.

1o-Les cheveux, examinés au microscope, entre deux plaques de verre, au milieu d'un liquide assez réfringent (sirop, huile), sont cylindriques ou aplatis, 2, 3 fois plus larges qu'épais, pourvus d'un canal central rempli d'une

substance opaque, ou formés de petites cavités oblongues, unisériées, renfermant une substance huileuse colorante, couverts de lames écailleuses peu saillantes, à bords sinueux, séparées par des intervalles de 1/100 de millimètre, évidentes surtout sur les poils follets. Les cheveux grosseur moyenne offrent de 8 à 9/100 de millimètre de diamètre, ceux de la barbe, des favoris 13 à 15/100 (M. Robin.)

de

2o Les poils des animaux ruminants sont courts, roides, pourvus de cavités aérifères plus ou moins régulières, qui les distinguent des cheveux. Dans une expertise légale, Barruel et Ollivier d'Angers, chargés de constater la nature des taches et des filaments sur une hache, reconnurent 5 filaments de 11 à 12 millimètres de longueur, opaques, sans canal central, d'un jaune roussàtre, allant en diminuant d'une extrémité à l'autre, offrant enfin les mémes caractères que les poils des vaches, des chevaux, tandis que les cheveux sont de même diamètre dans toute leur étendue, et, terme moyen, 6/1000 millimètre, ont un canal central ou une ligne plus ou moins argentée et transparente.

3°-La laine de mouton commune est en filaments de 3, 4/100 de millimètre ; et, la fine de 20 à 24/1000, épais, homogènes, couverts d'écailles inégales, appliquées en recouvrement de haut en bas, ce qui leur donne la propriété de se feutrer.

4° Les fils de coton sont des tubes fermés à leurs extré mités, pleins d'une substance qui les empêche de s'imbiber; ceux de chanvre, de lin sont des tubes ouverts aux deux bouts, dont le mouillage a détruit la matière qui les remplit. La soie est formée d'une substance molle, étirée, disposée en filaments, sans structure régulière, dont l'épaisseur varie de 7 à 15/1000 de millimètre, non écailleux, ce qui la distingue de la laine fine (M. Robin).

Tissus. Ces caractères microscopiques et les suivants

peuvent servir à reconnaître les divers éléments qui composent un tissu et leurs proportions. Après l'avoir humecté d'acide azotique du commerce, on l'étend sur des assiettes de porcelaine que l'on expose au soleil ou près d'un poêle, pendant 7 à 8 minutes. En examinant ensuite l'étoffe à l'œil nu ou à la loupe, on peut distinguer les fils de soie, de laine qui sont jaunis, de ceux de lin, de chanvre qui restent incolores; les fils du phormium tenax sont colorés en rouge par cet acide. Si le tissu était teint, on détruirait préalablement la matière colorante par le chlore ou par l'action prolongée de l'acide azotique (M. Lassaigne). M. Maumée trempe le tissu dans un soluté de 1 partie de chlorure d'étain et 2 parties d'eau, puis chauffe doucement; les fils de lin, de coton sont seuls charbonnés. En plongeant le tissu dans un bain d'huile les fils de lin deviennent translucides; ceux du chanvre restent blancs.

DÉCOLORATION DES CHEVEUX.-Orfila a constaté que des mèches de cheveux noirs plongés dans un bain ďeau chlorée, passaient au châtain clair, au blond foncé, au blond clair, même devenaient blancs; mais ce n'est qu'après une longue immersion dans l'eau chlorée très-concentrée, souvent renouvelée, et encore les nuances ne sont pas toujours bien tranchées et uniformes; ensuite, les cheveux, malgré les lavages, sont cassants, conservent l'odeur du chlore. Par tous ces motifs, il est douteux que ce moyen puisse être employé sur l'homme vivant.

Coloration des CHEVEUX.-L'usage de teindre les cheveux est très-ancien : tantôt c'est avec des poudres, le sulfure d'antimoine, le noir de fumée mélé à de l'axonge(pommade mélaïnocome), etc., dont on couvre les cheveux; tantôt avec des substances minérales (préparations de plomb, de bismuth, d'argent) qui les pénètrent, se combinent avec le soufre des cheveux et donnent lieu à des sulfures noirs. A cet effet, on dégraisse les cheveux avec un jaune d'œuf, de

l'eau ammoniacale ou savonneuse, on les imprégne exactement, mèche par mèche, de la substance colorante à l'état liquide ou de pâte; on couvre la tête d'une toile cirée, et, au bout de quelques heures, on lave les cheveux; afin de leur donner de la souplesse, on les enduit ensuite de pommade ou d'huile.

Les formules sont très-variées : celles de Gruling, de Forestin ont pour base le tannate de fer ou l'encre. La suivante est celle qui offre le moins d'inconvénients, et dont l'effet se produit en deux heures. Litharge 3 p.; chaux éteinte, 2 p. 3/4; craie, 3 p.; mélangez et délayez dans S. q. d'eau pour faire une pâte. Le plombate de chaux donne aussi aux cheveux une couleur d'un très-beau noir. Avec le nitrate d'argent ils deviennent violets à la lumière, et roussâtres avec le sous-acétate de plomb. Le nitrate, le chlorure de bismuth, saturés par la potasse, donnent aussi une bonne coloration, surtout par l'emploi de l'acide sulfhydrique, mais ce moyen est repoussant.

Les cheveux, les favoris, la barbe, etc., d'une personne qui voudrait dissimuler son identité en les colorant ou en les décolorant, placés entre l'œil et la lumière, offrent une couleur roussâtre ou violette, n'ont pas la même nuance dans toute leur étendue. Si on les laisse pousser, la base présente une coloration différente de celle des cheveux à l'état normal. Après cet examen, on en coupe une mèche. Si la matière colorante n'est que juxtaposée, comme avec la pommade mélaïnocome, elle s'enlève par frottement ou bien par l'ébullition dans l'eau ; la graisse fond, vient surnager, et le charbon se dépose. Si, au contraire, la couleur pénètre les cheveux, comme avec les préparations de plomb, de bismuth, d'argent, incinérez la mèche dans un creuset de platine, traitez les cendres par l'acide azotique, évaporez l'excès d'acide, reprenez par l'eau et constatez les caractères des sels de ces métaux. On peut encore dissoula mèche directement dans l'acide azotique, évaporer, etc.

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