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X.-Altération des actes, écritures, etc.

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Le grattage, les lotions à l'eau chlorée ou acidulée l'acide oxalique, etc., tels sont les moyens habituellement employés pour faire disparaître l'écriture des actes. Comme ces moyens altèrent le poli, l'épaisseur du papier, le rendent buvard, afin d'obvier à cet inconvénient, on se sert d'alun, de sandaraque, de matières collantes, gélatineuses, composées de résine, d'amidon, etc., comme pour le collage du papier mécanique.

Il y a divers moyens pour reconnaître ces fraudes: 1° étaler l'acte sur une lame de verre, l'examiner à la loupe pour s'assurer s'il offre partout la même épaisseur, la même transparence; 2° le mouiller ensuite exactement avec de l'eau et procéder au même examen, en le plaçant perpendiculairement entre deux lames de verre et opérant à une très-bonne lumière. Si certains points paraissaient altérés, on les toucherait avec un soluté d'iode, qui jaunit la gélatine et bleuit l'amidon. Par l'évaporation de la liqueur on obtiendrait de l'alun, dans le cas où ce sel aurait été employé. S'il y avait des parties qui ne fussent pas mouillées, l'acte, après dessiccation, serait imbibé d'alcool à 87, qui dissoudrait la sandaraque, les matières résineuses, et les nouveaux caractères s'infiltreraient au-delà ; par l'évaporation de l'alcool on obtiendrait ces substances.

Il est bien difficile d'enlever complétement les anciens caractères par les lavages à l'eau acidulée. Pour en rendre les traces évidentes, les procédés suivants sont indiqués: 1° placer l'acte entre deux feuilles de papier tournesol rouge et bleu, imbibé d'eau ; si l'acide, le chlore n'avaient pas été saturés par un alcali, le papier serait décoloré ou rougi dans les points correspondants aux parties altérées; si l'alcali avait été employé en excès, le papier rouge passerait au bleu. 2° l'acte étant placé entre deux feuilles de

papier soie et soumis à la chaleur d'un fer à repasser, les anciens caractères pourraient se colorer d'une manière spéciale. 3o en mouillant l'acte avec un soluté soit de tannin (1 gramme pour 60 grammes d'eau), soit de cyanoferrure de potassium (1 p. sur 100 d'eau), les anciens caractères peuvent se colorer en violet ou en bleu. 4° un soluté de 1 p. d'acide oxalique sur 50 parties d'eau, versé, goutte à goutte, sur les parties qui paraissent altérées, fait disparaître plus promptement les nouveaux caractères que les anciens. Dans ces sortes d'expertises il faut s'assurer si l'acte n'a pas été altéré par son séjour dans un lieu humide, le contact d'un mur salpêtré, sulfaté, et avoir le soin d'en faire tirer un double en cas qu'il soit modifié pendant les recherches.

Quant aux encres de sympathie, on peut rendre les caractères évidents par la chaleur, qui colore en bleu les sels de cobalt, en jaune-brun le suc d'ail, par l'acide sulfhydrile sulfhydrate d'ammoniaque, qui colorent en noir les sels de bismuth, de plomb, etc.

que,

XI.-Altération des monnaies. ›

Le titre légal des monnaies est de 900 parties d'or fin ou d'argent sur 100 parties de cuivre, avec 4 millièmes de tolérance par gramme pour les pièces d'or et 6 millièmes pour celles d'argent.

Le grattage, l'imitation par des métaux, des alliages de moindre valeur, le placage, l'addition du cuivre, tels sont les genres d'altération les plus fréquents des monnaies d'or et d'argent. Ces fraudes se reconnaissent aux caractères physiques, organoleptiques et chimiques. Les expériences doivent être comparatives avec des pièces de la même

valeur.

Caractères physiques et organoleptiques. Les plus importants sont l'irrégularité de la pièce, le poids, l'odeur dont elle imprègne les doigts, la sonoréité, la dureté, la direction

de l'effigie, l'absence par l'examen à la loupe de quelques caractères sur la tranche, les défauts qu'elle peut présen ter: ainsi les pièces de plomb, d'étain sont insonores, grisâtres ou d'un gris bleuâtre, se ternissent à l'air, se rayent facilement, ont une odeur spéciale quand on les frotte. Alliés au cuivre, à l'antimoine, au nickel, ces métaux peuvent donner des alliages qui ont beaucoup d'analogie avec l'argent; alors il faut les soumettre aux réactifs chimiques. Le placage se reconnaîtrait par la section de la pièce.

Caractères chimiques. Ils se tirent de l'inégale solubilité et oxydabilité des métaux des alliages dans les acides azotique, chloro-azotique, de leur plus ou moins grande fusibilité à la coupellation. Un alliage de plomb, de zinc, de bismuth, de cuivre et d'étain ou d'antimoine, étant traité à chaud par l'acide azotique, les 4 premiers métaux donneraient un azotate soluble, tandis que l'étain, l'antimoine se déposeraient à l'état d'oxyde, lequel serait dissout dans l'acide chlorhydrique pour le caractériser. Si c'était un alliage d'étain et d'antimoine, ces deux métaux s'oxydent dans l'acide azotique sans s'y dissoudre; on conseille alors de faire fondre l'alliage avec 3 parties d'étain, et de le traiter ensuite par l'acide chlorhydrique, qui dissout seulement l'étain; ou bien mieux encore, de dissoudre les deux métaux, préalablement oxydés par l'acide azotique, dans l'acide chlorhydrique ou l'eau régale, et de précipiter l'antimoine par une lame d'étain ou de zinc. Le maillechort, alliage de cuivre, de nickel et d'étain, avec lequel on peut imiter l'argent, quoique moins blanc, étant soumis à l'action de l'acide azotique, les deux premiers métaux sont dissous, et l'oxyde d'étain se dépose; si, à travers le soluté rendu acide, on fait passer du gaz sulfhydrique, le cuivre seul est précipité à l'état de sulfure. L'alliage d'argent et de cuivre, soumis à l'action du même acide, donnerait un double azotate dont on séparerait l'argent à l'état de chlorure par l'acide chlorhydrique.

Pour reconnaître si les pièces d'or offrent le titre légal, si elles renferment de l'argent, on les soumet à la coupellation. Sur 5 grammes de plomb, fondu dans une coupelle, jetez 112 gramme d'alliage et 3 fois autant d'argent que la pièce contient d'or, ce qui est constaté par une analyse antérieure; le plomb et le cuivre s'oxydent, s'infiltrent dans les parois de la coupelle, et il reste un bouton d'or et d'argent, dont on fait le départ, en le faisant bouillir, pendant 20 minutes, dans l'acide azotique à 22o, qui dissout seulement l'argent. Pour avoir l'or pur, on le fait bouillir, pendant 10 minutes, dans l'acide azotique à 32o.

:

M. Lassaigne a démontré qu'un double louis était formé de platine, 11,200, or, 4,050, argent, 0,201, en traitant, pendant 10 minutes, à une douce chaleur, 112 gramme de cette pièce par 2 grammes et 112 d'eau régale, composée de acide chlorhydrique, 1 gramme et 112, acide azotique, 112 gramme, eau distillée, 112 gramme. Le platine seul reste indissout. La liqueur, étendue d'eau, dépose du chlorure d'argent, qui est réduit au chalumeau par le carbonate sodique. Le liquide filtré, dépose, par le proto-sulfate ferreux en poudre, de l'or très-divisé, qui est lavé à l'eau acidulée par l'acide chlorhydrique et desséché. Enfin le liquide. restant concentré et traité par le chlorure ammoniaque, donne une double chlorure qui, lavé et calciné, laisse le peu de platine qui avait été dissout par l'eau régale.

Les alliages les plus usités pour imiter les monnaies d'argent sont :- étain, 75 parties, antimoine, 25 parties, -étain, 75 parties, bismuth, 25 parties, -étain, 80 parties, zinc, 20 parties, — étain, 90 parties, plomb, 10 parétain, 80 parties, plomb, 10 parties, antimoine,

ties,
10 parties.

Ces données succintes, les caractères chimiques des dissolutions métalliques (page 28) serviront à reconnaître non-seulement l'altération des monnaies, mais encore, a priori, les proportions de chaque métal dans un alliage.

CONCLUSIONS ET COROLLAIRES

Toxicologiques.

I. Il est expérimentalement démontré que les poisons n'agissent qu'après avoir été absorbés. L'absorption en est d'autant plus prompte qu'ils sont plus solubles, ont moins d'action chimique sur les produits organiques, que les surfaces absorbantes sont plus vasculaires, privées de mucus, d'epitelium. D'après leur degré d'activité, ces surfaces peuvent être disposées ainsi : muqueuse pulmonaire, séreuses, tissu cellulaire, musqueuses intestinale, rectale, gastrique, etc.

II. Les poisons sont absorbés et transportés par les veines dans les organes. Leur séjour y est d'autant plus prolongé qu'ils forment des composés insolubles avec les principes immédiats, sont donnés par doses fractionnées, successives, que les organes offrent moins d'activité vitale; cependant le foie est celui où ils séjournert le plus, peutêtre en raison de sa double circulation, de l'élimination et de la résorption incessantes qui s'opèrent dans le tube intestinal.

III. La présence du poison en petite quantité dans les organes, même les plus essentiels à la vie, n'est pas incompatible avec l'état de santé.

IV. L'élimination des poisons se fait par presque toutes les voies, d'une manière continue ou intermittente, mais c'est surtout par les reins, le tube intestinal. On les trouve aussi dans la salive, le lait, la sérosité des vésicatoires, rarement dans la bile. Les poisons volatils et gazeux le sont spécialement par les poumons. Dans les empoisonnements aigus, l'élimination peut être complète en

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