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rouge brun, déliquescent; le chlorhydrate de chlorure d'or, en prismes allongés, d'un jaune doré; le chloro-aurate de sodium (NaCl, Au2Cl3,4HO), en prismes jaunes, quadrangulaires, de même que celui de potassium. Ils sont réductibles en or métallique sur les charbons ardents, solubles dans l'eau. Les solutés sont jaunes, colorent la peau en pourpre et précipitent: 1° par l'hydrogène sulfuré, en noir; 2o par l'ammoniaque, en jaune (or fulminant); 3° par le proto-sulfate de fer, en brun pourpre, qui prend l'aspect aurifère au brunissoir; 4° par le proto-chlorure d'étain, moyennement étendu, ils donnent le pourpre de Cassius; 5o chauffés avec de l'acide oxalique, la capsule se tapisse d'une couche d'or.

III.-Recherche des Poisons inorganiques dans les aliments, le tube intestinal, les vêtements, etc.

Il est peu de poisons minéraux qui ne modifient les matières organiques solides ou liquides, ne soient modifiés par elles, par l'eau, les sels qu'elles contiennent, par les produits résultant de leur altération spontanée. Les métalloïdes (phosphore, chlore, iode, brôme) colorent d'abord ces matières, du moins les trois derniers, détruisent les couleurs végétales et s'acidifient. L'iode bleuit les matières amilacées. Les acides rougissent les couleurs bleues, violettes, vertes, plusieurs vétements, coagulent les liquides albumineux, caséeux, se combinent avec les organes, les tissus, les scarifient, les colorent en jaune (acides azotique, hypo-azotique, chloro-nitrique), en noir (acides sulfurique, chlorhydrique, phosphorique, acétique), les gélatinisent (l'oxalique). Les poisons alcalins verdissent les couleurs végétales, rendent les liquides albumineux, caséeux, fibrineux incoagulables. Les sels neutres alcalins n'ont que peu d'action sur les matières organiques. Les préparations arsénicales, mercurielles, cuivreuses, antimoniales, plombiques, d'étain, de bismuth, de fer, de zinc, d'or, d'argent, etc.,

forment, avec les liquides glutineux, albumineux, caséeux, les tissus, la plupart de matières organiques solides ou liquides, des composés insolubles, même avec plusieurs d'entre eux, par un contact peu prolongé, la réaction peut étre si complète, qu'il ne reste plus de traces de poison dans la partie liquide.

Quelques-uns de ces poisons sont décomposés par l'eau en sous-sels insolubles et sels acides solubles (proto-chlorure d'étain, d'antimoine, sels de bismuth, nitrates et sulfates de mercure). D'autres sont précipités, décomposés par les sels de l'eau (sels de baryte, de plomb, d'argent, etc.). Presque tous donnent lieu, avec leurs contre-poisons, à des composés insolubles. Les liquides organiques acides saturent les poisons alcalins, dégagent le chlore des hypochlorites, le gaz sulfhydrique des polysulfures. Les liquides organiques alcalins saturent les poisons acides, décomposent les sels formés par les oxydes insolubles. L'ammoniaque, l'acide sulfhydrique, résultant de l'altération spontanée des matières organiques, peuvent aussi réagir sur certains poisons; le premier à la manière des alcalis; le second en transformant les poisons salins métalliques, arsénicaux, mercuriaux, etc. en sulfures insolubles.

De cet exposé général, il suit que les poisons minéraux peuvent ne pas se trouver dans les matières organiques tels qu'ils y ont été mélangés, tels qu'ils sont ingérés dans l'estomac ou tout autre organe. Quel que soit leur genre d'altération, ils s'y trouveront : 1° soit à l'état solide ou de mélange; 2° soit en dissolution dans la partie liquide; 3o soit en combinaison avec les parties solides. Il est donc nécessaire de soumettre les matières suspectes à trois opérations principales, pour y déceler le poison dans ces trois états. Avant, il importe de constater avec soin les caractères physiques et organoleptiques de ces matières, tels que l'état, la couleur, la saveur, etc., caractères qui, dans quelques cas, servent à faire soupçonner le genre, l'espèce toxiques.

A.-PREMIÈRE OPERATION. Examiner avec soin soit à la vue simple, soit à la loupe, à la lumière diffuse, solaire ou à l'obscurité, si, dans ces matières, étendues par petites couches, à leur surface, sur les parois ou au fond des vases n'existent pas de traces de poudres blanche, noire, jaune, rouge, verte, etc., qu'on isolerait soit à l'aide de pinces, d'une carte, si elles étaient en fragments assez gros, soit par des lavages. A cet effet, on délaye ces matières dans suffisante quantité d'eau pour faire une bouillie claire, et, après avoir divisé ou séparé les parties les plus grosses, on laisse reposer quelques instants, puis on décante pendant que les matières organiques sont encore en suspension dans l'eau. Le dépôt est délayé dans un peu de ce liquide et décanté de nouveau. Après deux ou trois lavages, en opérant dans un vase conique, les poisons minéraux étant plus pesants que les matières organiques, se trouvent au fond du vase. Lorsqu'ils sont bien dépouillés de ces matiè– res, on les analyse par la voie sèche et humide (p. 23 et 29). Les poisons insolubles ou peu solubles, décomposables en sous-sels par l'eau ou formant des composés insolubles avec les contre-poisons, sont ceux qui peuvent se trouver dans ces matières à l'état solide ou de mélange, et en être isolés ainsi. Si les matières étaient renfermées dans des vases étroits (bouteilles, etc.), il faudrait les laver avec soin, les casser même, afin d'agir sur la totalité de la matière suspecte, d'autant plus que le poison, en raison de sa densité, peut se déposer dans les anfractuosités du vase.

B.-DEUXIÈME OPÉRATION. Laissez macérer dans l'eau des lavages, pendant un certain temps, les matières soumises à la première opération, ou bien faites-les bouillir, pendant 1/4, 1/2 heure, dans une cornue, suivie d'un récipient, entouré d'eau froide, afin de recueillir les poisons volatils (ammoniaque, acides chlorhydrique, acétique, etc.); filtrez le décocté, et, ainsi que le produit distillé, essayez-le au

papier bleu et rouge de tournesol, par l'acide sulfhydrique, le sulfhydrate d'ammoniaque, la potasse, comme il a été dit page 29.

1° Si les liqueurs rougissent fortement le papier tournesol, ne précipitent, ne se colorent, ni par la potasse ni par l'acide sulfhydrique, le sulfhydrate d'ammoniaque, ce peut être un poison acide ou un sel acide à base alcaline. En traitant une portion de la liqueur par l'eau de baryte, de chaux, le nitrate d'argent, la morphine et l'acide sulfurique, on pourra en soupçonner l'espèce et employer le procédé, les réactifs que nous avons indiqués dans l'historique de chacun d'eux. Si on n'a aucun indice, à l'aide de ces réactifs, on concentre la liqueur jusqu'à consistance sirupeuse dans une cornue, suivie d'un ballon entouré de linges mouillés. Les acides acétique,chlorhydrique, azotique étant volatils, passeront en partie dans le récipient et seront reconnus soit à l'odeur du vinaigre, soit par le nitrate d'argent, soit par la morphine et l'acide sulfurique : alors on continue la distillation au bain d'huile ou de chlorure de calcium jusqu'à presque siccité, pour obtenir autant que possible de ces poisons et ne pas décomposer la matière organique. Si les liqueurs du récipient ne sont pas acides ou que trèsfaiblement, et qu'au contraire celles de la cornue le deviennent davantage, ce peuvent être les acides sulfurique, phosphorique, oxalique, tartrique, l'oxalate ou tartrate acides de potasse. On traite alors le résidu par l'éther ou l'alcool, qui enlèvent à ces matières, le premier, les acides sulfurique et phosphorique ; le second, les acides oxalique, tartrique, acides qu'on obtient ensuite par l'évaporation du véhicule. Le résidu indissous, traité par l'eau, donnerait l'oxalate, le tartrate acides de potasse. Voyez p. 31, le caractère de ces poisons.

2° Si les liqueurs sont fortement alcalines, ramènent au bleu le papier rouge de tournesol, ne précipitent, ne se colorent ni par la potasse, ni par l'acide sulfhydrique, le sulfhydrate

d'ammoniaque, ce peut être la potasse, la soude, l'ammoniaque, la chaux, la baryte, la strontiane, ou un carbonate des trois premières bases. Concentrez-les, à vase clos, comme pour les acides, jusqu'à consistance sirupeuse. L'ammoniaque et son carbonate, étant volatils, se dégageront dans le récicipient, Délayez le résidu dans parties égales d'alcool à 30°, pour précipiter la matière organique, filtrez, évaporez pour chasser l'alcool, faites passer à travers un courant d'acide carbonique; la chaux, la baryte et la strontiane seront précipitées à l'état de carbonates (pourvu que l'acide carbonique ne soit pas en excès), lesquels, calcinés seuls ou avec du charbon dans un creuset de platine, pendant 1/4 d'heure, donneront ces bases. Quant à la potasse, la soude, qui ne sont pas précipitées par l'acide carbonique, évaporez les liqueurs à siccité, incinérez le résidu, et traitez les cendres par l'eau distillée pour dissoudre ces alcalis et les caractériser. Comme ces bases ou leurs sels existent normalement dans les matières organiques, les expériences doivent être. comparatives avec une égale quantité de matières de même nature. M. Orfila, afin d'éviter cette cause d'erreur, traite à chaud, à plusieurs reprises, le résidu par l'alcool à 44°, qui dissout la potasse, la soude, non les matières organiques et les sels de ces bases, filtre, évapore le soluté alcoolique à siccité, incinère le résidu, reprend les cendres par l'eau, etc. La matière indissoute par l'alcool sera ensuite traitée par l'eau ou incinérée, afin de ne pas perdre la potasse, la soude, passées à l'état de carbonate de ces sels, etc. Comme la baryte, la strontiane, la chaux, peuvent être transformées en carbonates, sulfates insolubles, qui restent mêlés aux matières organiques, il faut incinérer celles-ci, ainsi que les dépôts, et traiter les cendres par l'eau distillée ou l'acide azotique pour dissoudre ces bases ou le nitrate.

3° Si les liqueurs ne sont ni acides, ni alcalines, ne se colorent, ne précipitent pas par la potasse, l'acide sulfhydrique, e sulfhydrate d'ammoniaque, ce peut être un poison neutre

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