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à base alcaline, le nitrate de potasse, l'hydrochlorate de baryte, d'ammoniaque. Évaporez les liqueurs en consistance sirupeuse, précipitez la matière organique par l'alcool, filtrez, évaporez de nouveau pour obtenir ces sels qu'il sera facile de distinguer, le premier fusant sur les charbons, le dernier étant volatil, et l'autre donnant un précipité caractéristique par les sulfates solubles (voyez ces sels).

4° Que les liqueurs soient acides, alcalines ou neutres, si elles précipitent ou se colorent par l'acide sulfhydrique, le sulfhydrate d'ammoniaque, ce sera un sel de zinc, si le précipité est blanc; une préparation arsenicale, antimoniale, un deuto-sel d'étain, s'il est jaune; un sel de mercure, de cuivre, de plomb, de bismuth, de fer, d'or, d'argent, un proto-sel d'étain, s'il est noir. Comme le sulfure ainsi obtenu est mélangé à de la matière organique, on le chauffe avec l'acide azotique, chlorhydrique ou l'eau régale pour le transformer en nitrate, en chlorure, on évapore l'excès d'acide, on dissout le résidu dans l'eau distillée pour l'examiner par les réactifs généraux, spécifier la nature du poison (voyez page 34).

Les liqueurs ou plutôt les décoctés ainsi obtenus sont rarement dépouillés assez complétement de matières organiques pour que les précipités se forment immédiatement; souvent il y a coloration en jaune, en brun de la liqueur, et ce n'est qu'au bout de 4, 6, 12, 24 heures et même de plusieurs jours que le sulfure se dépose. M. Orfila, afin d'obtenir un résultat plus prompt, traite préalablement les décoctés par l'alcool à 36°, pour se débarrasser de la matière organique. Comme l'alcool ne précipite pas toutes les matières organiques, qu'une portion du poison peut être entraînée avec elles, il nous paraît préférable, surtout lorsque les liqueurs sont épaisses, visqueuses, albumineuses ou caséeuses, le lait, etc., de les décomposer par le chlore, ou plutôt de les évaporer jusqu'à siccité, et de soumettre le résidu aux mêmes procédés analytiques

que lorsque le poison est à l'état de composé insoluble dans ces matières (voyez ci-après).

Lorsque les liqueurs sont colorées, que le poison est dissous dans du café, du vin, etc., on peut, avant de les traiter par l'acide sulfhydrique ou tout autre réactif, les décolorer soit en les filtrant à travers une couche de charbon purifié, soit par un courant de chlore. La décoloration par le charbon est moins usitée qu'autrefois, parce qu'il se combine non-seulement avec la matière colorante, mais encore avec le poison. Si cette propriété du charbon était mieux étudiée, peut-être formerait-elle la base d'une méthode générale pour enlever le poison aux liquides organiques; comme le charbon est insoluble dans la plupart des réactifs, il serait facile d'en séparer le poison à l'aide d'un véhicule ou de tout autre moyen. Ce serait un sujet de thèse très-important. Le chlore décolore assez bien, quoique moins complétement que le charbon, mais il précipite, décompose quelques poisons, les iodés, les sels d'argent, de plomb, les proto-sels de mercure. On fait passer un courant de gaz chlore lavé à travers la liqueur jusqu'à décoloration, on chauffe pour dégager l'excès de chlore et l'on filtre. A cause de l'inconvénient que nous venons de signaler, le charbon et même le chlore ne sont guère plus employés comme décolorants. Il est préférable d'évaporer les liqueurs à siccité et d'analyser le résidu par l'un des procédés suivants.

Il faut soumettre au même genre d'investigation les tissus, les vêtements, atteints par les acides et autres poisons. Comme plusieurs sont employés dans la teinture, il importe, surtout quand ce sont des tissus colorés, que les expériences soient comparatives. On procéderait aussi de la même manière pour reconnaître le poison appliqué sur la peau, une muqueuse, une plaie (pâtes et poudres arsénicales, mercurielles, etc.). Si c'était une pâte, on la ferait fondre dans l'eau, la graisse surnagerait, les matières

solubles se dissoudraient dans le liquide, et les insolubles se déposeraient.

C.-TROISIÈME OPÉRATION. Si parles deux moyens d'investigation précédents on ne découvre aucune trace de poison à l'état solide ou dans les parties liquides, c'est qu'il a formé un composé insoluble avec les matières organiques, que, probablement, il appartient à la quatrième section (mercure, cuivre, plomb, arsenic, antimoine, bismuth, étain, fer, argent, or), puisque les poisons acides et à base alcaline, sont solubles, peuvent être retirés assez complétement de ces matières par l'eau ou l'alcool, à moins qu'ils ne soient transformés en sels insolubles par les contrepoisons, tels. que l'acide oxalique, la baryte. Quel que soit d'ailleurs le résultat obtenu, comme la totalité on une portion de poison, celle qui a formé un composé insoluble, peut échapper aux recherches précédentes, il faut soumettre les matières solides, les dépôts, ainsi que les liqueurs, à l'un des procédés que nous allons décrire dans l'article suivant.

IV. - Description des procédés toxicologiques.

Les procédés pour déceler les poisons dans les matières organiques avec lesquelles ils ont formé des composés insolubles, ainsi que dans le foie, les urines et autres organes ou liquides où ils ont pénétré par absorption, sont assez nombreux. Ils ont pour but d'enlever à ces matières le poison par l'eau acidulée, ou plutôt de les désagréger, de les décomposer, soit par l'action combinée de la chaleur et de l'oxygène de l'air ou des corps qui cèdent facilement l'oxygène, tels que les acides azotique, chloro-nitrique, le chlorate, l'azotate de potasse; soit très-avides d'eau, tels que l'acide sulfurique, ou d'hydrogène, le chlore. Ces procédés s'appliquent spécialement à la recherche des poi

sons de la quatrième section. Si nous les décrivons chacun en particulier, c'est plutôt sous le point de vue scientifique et afin de discuter leur valeur toxicologique, car, à la rigueur, on pourrait les réduire à deux ou trois. Comme, en définitive, le produit obtenu est soumis aux mêmes réactifs généraux pour y déceler le poison, nous indiquerons la marche à suivre, après la description de ces procédés, et résumerons leurs applications toxicologiques.

PROCÉDÉ DE REINCH. Il est fondé sur la propriété qu'a l'acide chlorhydrique d'enlever les poisons aux matières organiques, et le cuivre de précipiter, à une légère température, plusieurs métaux de leurs dissolutions, propriété que possèdent aussi plusieurs autres métaux.

Faites bouillir, pendant une 1/2 heure, les matières suspectes, après division et macération préalables, si elles sont sèches, dans suffisante quantité d'eau acidulée de 1/15 d'acide chlorhydrique pur, en ayant soin de maintenir la liqueur constamment acide; filtrez à travers un filtre préalablement humecté; lavez le résidu avec de l'eau aiguisée du même acide, puis à l'eau chaude, et, dans les liqueurs encore chaudes et convenablement concentrées, immergez-y, pendant une 1/2 heure, de petites lames ou fils de cuivre en spirale parfaitement décapés, Le métal ou radical du poison se dépose en couches plus ou moins épaisses sur le cuivre : 1o d'un gris d'acier avec l'arsenic; la réaction est très-nette 'à 1/100,000 et même à 1/200,000, au bout de 1/4 d'heure, et l'appareil de Marsh n'y découvre ensuite aucune trace de poison; 2° d'un gris de fer ou violettes avec l'antimoine; même délicatesse que pour l'arsenic; 3° d'un blanc d'argent à 1/1000, et grisâtre à 1/50,000 avec le mercure, et les globules sont évidents à la loupe; 4o de pellicule métallique ou de poudre noire cristalline ou feuilletée avec le bismuth, à 1/500; 5° de poudre noire avec le plomb, l'étain, à 1/1000. Le fer servirait à précipiter le cuivre. Les réactions n'ont lieu quelquefois qu'au contact de

l'air.

Les lames de cuivre lavées et traitées par l'éther, si elles sont recouvertes d'une matière grasse, desséchées à une douce chaleur, seront soumises ensuite à diverses réactions pour en

séparer le métal déposé et en reconnaître la nature; ainsi si c'était de l'arsenic, du mercure, en les chauffant dans un tube de verre, ces métaux se volatiliseraient sur les parois. Les autres pourraient être dissous dans un acide (voyez ci-après).

Ce procédé, si simple, mériterait la préférence sur tous les autres, s'il était démontré, comme semblent le prouver quelques expériences, que l'acide hydrochlorique enlève ces poisons aux matières suspectes. Ainsi Christison l'a employé avec succès dans deux cas de médecine légale, sur un 1/6° environ d'estomac; dans l'un, après quelques mois d'inhumation, et où l'on avait déjà obtenu de l'arsenic du foie et de l'estomac, par la méthode de Marsh; dans l'autre, après 4 mois, et où les décoctés des matières de l'estomac n'avaient donné aucun résultat par l'acide sulfhydrique. Ce chimiste chauffe les matières dans l'acide chlorhydrique jusqu'à dissolution et filtre ensuite. Il pense que la méthode de Reinch, ainsi modifiée, pourrait remplacer la méthode de Marsh comme plus simple. Ce procédé s'appliquant aux poisons les plus importants, n'offre aucun inconvénient à être employé comme essai, sauf ensuite à recourir à des procédés plus certains. Si MM. Orfila, Audouard, etc., n'ont pas obtenu les résultats indiqués par Reinch, c'est que, comme le fait remarquer M. Gaultier de Claubry, ils n'ont pas suivi exactement le procédé tel que nous l'avons indiqué.

PROCÉDÉ PAR LE CHLORE. Les matières liquides, molles, ou en bouillie n'ont pas besoin d'opération préliminaire. Si elles sont cohérentes (tube intestinal, foie, muscles, etc.), on les divise préalablement soit en les broyant dans un mortier avec du sable, du verre pilé (Jaquelain), soit en les chauffant avec l'acide chlorhydrique (Devergie), de l'eau régale (Orfila). Dans tous les cas, délayez-les dans un 1/2 litre d'eau distillée pour 100 grammes de matière; faites passer à travers un courant de chlore lavé, jusqu'à ce qu'il ne se forme plus de flocons blancs autour des bulles de chlore, ou que les matières aient un aspect

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