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blanchâtre; bouchez le flacon, laissez digérer pendant 12-24 heures; filtrez, concentrez les liqueurs et agissez comme dans le procédé de Reinch; ou bien soumettez-les à l'appareil de Marsh, si c'est de l'arsenic, de l'antimoine; ou bien encore précipitez-les par l'acide sulfhydrique, etc.

MM. Orfila, oncle et neveu, Jaquelain, Lanaux emploient ce procédé pour la recherche de l'arsenic, du mercure, sauf quelques exceptions, et M. Devergie, toutes les fois qu'il s'agit de dépouiller les liqueurs des matières organiques. Lorsque les matières suspectes sont putréfiées, transformées en gras de cadavre, trop dures, trop cohérentes, en très-grande quantité, la destruction en est trèslongue, très-incomplète; aussi est-il nécessaire alors de recourir à un autre procédé, à moins qu'on ne détruise préalablement les matières par l'eau régale, ce qui, dans quelques cas, complique l'opération.

PROCÉDÉ PAR L'EAU RÉGALE. La destruction des matières organiques par l'eau régale n'est pas nouvelle. M. Gaultier de Claubry, trouvant que le procédé par le chlore, méme modifié par MM. Boissenot, Devergie, était très-long et ne remplissait qu'incomplétement le but, a proposé, en 1844, l'eau régale pour la recherche des poisons de la quatrième section dans les matières organiques les plus diverses (foie, rate, matières des vomissements, des déjections, lait, urine, sang, pain renfermant du cuivre, du zinc, terre des cimetières).

Chauffez, au-dessous de 60 à 8o, ces matières, préalablement divisées, dans un ballon avec de l'acide chlorhydrique fumant, et ajoutez peu à peu de l'acide azotique. Toutes, excepté les matières grasses, disparaissent assez promptement, donnent une liqueur transparente, à peine colorée. Par le refroidissement la graisse se solidifie à la surface. On la lave à plusieurs reprises en la faisant fondre dans de l'eau distillée. Dans les liqueurs filtrées, réunies et suffisamment concentrées, plongez deux lames de platine communiquant avec les deux pôles d'une

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pile à courant constant, celle de Bunsen par exemple, ou bien une lame de zine au póle négatif, et une lame de platine au pôle positif, afin d'avoir une action plus rapide. Après un certain laps de temps, qui ne dépasse pas 8 à 10 heures, la lame de platine se couvre d'une couche formée par le métal ou les métaux de la dissolution. On la lave, on dissout cette couche dans un peu d'acide azotique, pour la transformer en nitrate, qu'on évapore à siccité, on reprend par l'eau et on essaye les réactifs généraux. Quelques heures, d'après M. Gaultier de Claubry, suffisent pour démontrer le cuivre, le zinc dans un pain entier sophistiqué, et ce procédé l'emporterait sur tous les autres par la rapidité d'exécution.

Dans l'affaire Jegado (assises d'Ille-et-Vilaine), Servante qui a fait périr par l'arsenic 45 personnes, de 1833 à 1849, MM. Malaguti et Sarzeau, ayant à rechercher ce poison sur trois cadavres, inhumés depuis 9 et 11 mois et passés à l'état gras, pensant que le chlore (qu'ils préfèrent à tout autre procédé, dans les circonstances ordinaires), le nitrate de potasse, l'acide sulfurique, etc., seraient insuffisants pour détruire la matière animale ainsi modifiée, se fondant sur ce que, lorsqu'on détruit un composé organique arsenical par l'eau régale, si l'on soumet le produit à la distillation, l'arsenic se dégage complétement à l'état de chlorure, ont procédé de la manière sui

vante :

Si les matières ne sont pas encore putréfiées, coupez-les par petits morceaux et desséchez-les à une douce chaleur de manière à les réduire au 2/3 de leur volume. Introduisez-les avec partie égale ou moitié d'eau régale (composée de 1 p, d'acide azotique et 2 p. d'acide chlorhydrique) dans une grande cornue, dont le bec plonge dans un ballon ou une capsule d'eau distillée; mettez quelques charbons sous la cornue, retirez-les dès que la réaction commence. Il se forme une mousse abondante et des vapeurs rutilantes. Lorsque la réaction se ralentit, chauffez doucement pour l'entretenir modérément. Après la destruction de la matière, versez la masse, encore chaude, dans une capsule de porcelaine. Par le refroidissement la graisse se

sépare; décantez le liquide; lavez la cornue avec l'eau du récipient, ainsi que la graisse par malaxation; concentrez l'eau des lavages au 1/4 de leur volume et réunissez-les au liquide de la cornue; distillez le tout dans une cornue, suivie d'un ballon refroidi par un filet d'eau, communiquant avec un flacon à deux tubulures, contenant un peu d'eau et terminé par un tube de Weiter. Dans la première période de la distillation il se dégage des vapeurs nitreuses. Quand elles ont cessé, on change de récipient et l'on continue la distillation jusqu'à ce que le résidu représente le 20° de la liqueur totale. Réunissez l'eau du tube de Welter et du flacon à celle du ballon; faites passer à travers un courant d'hydrogène sulfuré. Le sulfure ne se dépose quelquefois qu'au bout de quelques jours. On le jette sur un filtre, on le lave à l'eau ammoniacale pour le séparer du soufre. Par l'évaporation de l'ammoniaque le sulfure se dépose. On l'oxyde par l'acide azotique et on soumet le produit à l'appareil de Marsh.

Lorsque les matières sont putréfiées ou répandent une odeur infecte, MM. Malaguti et Sarzeau les traitent préalablement par le chlore pour en détruire l'odeur, jettent le tout sur un filtre, soumettent le marc à l'eau régale comme il vient d'être dit, réunissent les liquides provenant de l'eau chlorée aux autres, les soumettre ensemble à la distillation, etc.

pour

Ayant comparé les divers procédés usités pour la recherche de l'arsenic, en opérant, avec chacun d'eux, sur 200 grammes d'un foie de veau, mèlé à 0 gr. 0,20 d'acide arsénieux, représentant 0 gr. 0,1515 d'arsenic, ces chimistes ont obtenu les quantités suivantes de ce métal:

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La même quantité de foie d'un veau, empoisonné par 4 grammes d'acide arsenieux, appliqué sur le tissu cellulaire, et une solution aqueuse administrée à l'intérieur, et qui a succombé en 6 heures, a donné :

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0,01100 d'arsenic.

1,01475

0,01360

4 kilogramme de foie, auquel ils ont mêlé 0 gr. 0,0250 d'acide arsenieux, a fourni, par l'eau régale, un anneau et des taches très-nets.

MM. Malaguti et Sarzeau concluent de leurs expériences que, dans un empoisonnement arsenical ordinaire, ces divers procédés peuvent être employés, mais que, pour apprécier de très-petites quantités d'arsenic, comme dans les empoisonnements successifs, ou lorsque la personne a vécu un certain temps et que le poison a été en partie éliminé, on doit préférer le procédé par l'eau régale, à cause de sa délicatesse. Comme ce procédé est très-long, très-compliqué, qu'il est difficile de se débarrasser complétement des acides nitreux et nitrique, qu'ensuite les autres procédés peuvent déceler des quantités minimes d'arsenic, nous pensons qu'on leur donnera la préférence.

PROCÉDÉ PAR L'ACIDE CHLORHYDRIQUE ET LE CHLORATE DE POTASSE (M. Millon). Délayez les matières dans l'eau distillée étendue d'une certaine quantité d'acide chlorhydrique pur, et, après avoir porté à l'ébullition, projetez-y par petites portions 20 gram. de chlorate de potasse pour 100 parties de matières; filtrez la liqueur bouillante, concentrez et soumettez à l'appareil de Marsh, si c'est l'antimoine, ou à tout autre réactif, si c'est tout autre métal (Regnault.)

Voici le procédé tel qu'il est donné dans la thèse de M. Abreu (1849): Divisez avec les ciseaux 200 gram. de matière suspecte; introduisez-la, avec la moitié de son poids d'acide hydrochlorique fumant, dans un ballon de 2 litres, auquel est adapté un bouchon en verre, perforé de 2 trous, l'un destiné à recevoir un tube ouvert aux deux extrémités, de 55 à 60 cent. de long et de 1 cent. intérieur, l'autre un tube recourbé, plongeant dans une éprouvette refroidie et contenant de l'eau distillée. Chauffez à une température voisine de l'ébullition, pendant 4 heures, en agitant de temps en temps. La matière se dissout peu à peu en un

liquide homogène, d'un brun plus ou moins foncé. Faites bouillir 2, 3 minutes; introduisez alors par le tube droit, et portions par portions, 16 ou 18 grammes de chlorate de potasse pour 100 de matière, en ayant soin de remuer continuellement. Il s'opère une réaction des plus vives avec dégagement abondant de gaz chlorés. Le liquide s'éclaircit de plus en plus, devient jaunátre, est surnagé par de petits fragments charbonneux et de matières résinoïdes. Laissez refroidir, filtrez, mélez les liquides à l'eau des lavages du résidu resté sur le filtre et au liquide condensé dans l'éprouvette; faites passer à travers, pendant une heure au plus, un courant d'hydrogène sulfuré bien lavé; bouchez le flacon et laissez en repos pendant 24 heures. Il se forme un dépôt dans lequel se trouve le poison à l'état de sulfure; jetez le tout sur un filtre; lavez le sulfure à l'eau distillée, portez-le à l'ébullition avec son poids d'acide hydrochlorique fumant dans un petit ballon; ajoutez quelques fragments de chlorate de potasse pour le débarrasser de la matière organique. La réaction terminée, ajoutez un peu d'eau distillée, chauffez pour dégager l'excès de chlore, et filtrez de nouveau. On obtient ainsi des liqueurs très-limpides, à peine colorées en jaune, dans lesquelles peut se trouver l'arsenic, l'antimoine, le mercure, le cuivre, le plomb, l'étain, le bismuth, car ce procédé s'applique à la recherche de tous ces poisons. Le zinc n'étant pas précipité des liqueurs acides par l'acide sulfhydrique, reste seul dans le premier liquide. M. Abreu soumet les liqueurs à l'appareil de Marsh pour séparer l'arsenic, l'antimoine, et recherche ensuite les autres métaux dans le liquide du flacon, sur le zinc, le fil de platine qui sert à le suspendre, comme il est dit aux recherches des poisons absorbés.

PROCÉDÉ DE CARBONISATION PAR L'Acide azotique. Il s'exécute soit en carbonisant directement les matières préalablement desséchées, soit en les faisant bouillir dans de l'eau acidulée par l'acide azotique, acétique ou chlorhydrique, évaporant à siccité et carbonisant le résidu.

Les matières liquides étant évaporées à siccité, les molles desséchées, projetez-les par petites portions, et à des intervalles de 1-2 minutes, sur un poids égal d'acide azotique à 41, chauffé à +60-80, dans une capsule de porcelaine. La matière se dis

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