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sulfures, des oxydes, etc.: ainsi le mercure, l'arsenic, étant volatils, seraient facilement séparés des métaux fixes. Il en serait de même de l'antimoine et de l'arsenic obtenus sous forme de taches, d'anneaux, en raison de l'inégale volatilité de ces métaux, de leurs oxydes (voyez ci-après). Le sulfure d'arsenic est soluble dans l'ammoniaque, et la plupart des autres y sont insolubles ou incomplétement. Lorsqu'on chauffe les sulfures avec l'acide azotique, ceux d'étain, d'antimoine, de fer donnent lieu à des oxydes insolubles; les autres, l'or excepté, forment des nitrates, etc., d'où la potasse précipite les oxydes, dont les uns, ceux d'argent, de cuivre, de zinc, se dissolvent dans l'ammoniaque; l'oxyde de plomb est soluble dans un excès de potasse, tandis que celui de bismuth y est insoluble.

V. - Recherche des Poisons absorbés.

L'acide oxalique, le nitrate de potasse, les iodés, les sels de fer, les cyanures, les carbonates alcalins, etc., avaient été constatés dans le sang, les urines; l'argent, dans le pancréas; le plomb, dans les organes des personnes atteintes de maladie saturnine; mais ces recherches étaient instituées plutôt sous le point de vue de la physiologie, de la thérapeutique que de la toxicologie légale. Quelques essais cependant avaient déjà été tentés dans ce dernier but, soit chez l'homme, soit chez les animaux, pour déceler l'arsenic, le mercure absorbés, mais avec bien peu de succès. Ce n'est guère que depuis la découverte de l'appareil de Marsh (1836) que cette partie de la toxicologie a reçu une grande impulsion, qu'on est arrivé à bien préciser les organes dans lesquels les poisons se condensent spécialement, les voies surtout par lesquelles ils sont éliminés. Depuis, la science a fait tellement de progrès qu'elle possède des procédés assez délicats pour déceler les poisons minéraux absorbés en quantités très-minimes,

et même plusieurs poisons organiques, les huiles essentielles, les agents anesthésiques, l'alcool, l'acide cyanhydrique, la nicotine, la conicine et plusieurs autres alcalis végétaux.

La recherche des poisons absorbés doit porter spécialement sur le foie, puisque, de tous les organes, c'est celui qui en contient le plus, quelles que soient la période de l'intoxication et la voie par laquelle ils aient pénétré dans l'économie. Viennent ensuite la rate, les reins, les muscles, les poumons, le cœur, le cerveau, le tissu graisseux. Les os sont rarement soumis à ces recherches, surtout dans les empoisonnements aigus, car ce n'est guère que dans les empoisonnements lents ou successifs que ces organes s'imprègnent du poison, d'après les expériences de MM. Millon et Laveran, et Orfila neveu.

Parmi les liquides, le sang devient rarement le sujet de ces investigations, si ce n'est cependant pour les poisons volatils, tels que l'alcool, l'acide cyanhydrique, l'éther, le chloroforme et autres agents anesthésiques, etc. Toutefois, il ne faut pas négliger le foie, la rate, les poumons, l'expérience ayant démontré que dans les cas où l'on retirait de l'arsenic, de l'antimoine, etc., de ces organes, on n'en trouvait que peu ou pas dans le sang.

L'urine étant la voie par laquelle les poisons, surtout les poisons minéraux, sont éliminés, est celui de tous les liquides sur lequel portent spécialement les recherches; ce n'est que dans les cas exceptionnels, particuliers, qu'on y soumet le lait, la salive, la bile.

Si la personne intoxiquée vivait encore, les recherches pourraient porter sur le sang d'une saignée, sur la sérosité d'un vésicatoire, comme l'ont fait MM. Orfila, Chatin, dans deux cas d'empoisonnement par l'arsenic; sur le lait, si c'était une nourrice; sur les urines, et méme sur la salive surtout dans les cas d'intoxication iodée, mercurielle, lorsqu'il y a salivation; sur l'air expiré dans l'intoxication par

les poisons volatils ou gazeux; enfin sur les matières des vomissements et des selles, mais en ce cas, si le poison avait été administré par le tube intestinal, on ne saurait si c'est celui d'ingestion ou d'élimination.

Pour déceler le poison dans le foie, la rate, les reins, les muscles, les poumons, etc., comme il a pénétré dans ces organes par voie d'absorption, il ne s'y trouvera qu'à l'état de dissolution ou de combinaison. Après avoir constaté les caractères physiques de ces organes, on les coupe par petits morceaux, on les délaye dans suffisante quantité d'eau distillée, et on les chauffe, d'abord au bain-marie, puis au bain d'huile ou de chlorure de calcium, dans une cornue suivie d'un ballon constamment refroidi par un filet d'eau, et d'une éprouvette ou cloche à mercure. Cet appareil peut servir à la fois à la recherche des poisons inorganiques, organiques et gazeux. Après 1/2 à 2 heures d'ébullition, suspendez l'opération et analysez séparément les gaz de l'éprouvette à mercure (voyez Empoisonnement par les matières gazeuses), le produit du ballon, en n'y recherchant, bien entendu, que les poisons volatils à cette température (ammoniaque, acides gazeux, alcool, agents anesthésiques, huiles essentielles, etc.). Enfin, après avoir filtré le liquide de la cornue, essayez-le par les réactifs généraux, comme nous l'avons indiqué page 45. 100 à 500 grammes de ces organes suffisent pour ces sortes de re

cherches.

Si par ce moyen d'investigation on n'avait aucun indice du poison, la matière animale en dissolution dans les liqueurs pouvant s'opposer à l'action de réactifs, ou bien encore le poison pouvant se trouver à l'état insoluble dans les matières solides, tels que ceux de la quatrième section, il faudrait évaporer les liqueurs jusqu'à siccité, et soumettre le résidu, ainsi que les matières solides à l'un des procédés indiqués dans l'article IV.

Comme ce pourrait être un poison minéral mélangé à

un poison organique, un alcali végétal, etc., avant de soumettre les matières à l'un de ces procédés, on agirait sur une portion par l'alcool ou tout autre réactif propre à y déceler le poison organique (voyez ces poisons).

Pour la recherche des poisons dans les autres organes mous, c'est encore le même procédé analytique. Quant aux os, il faut les traiter par l'acide chlorhydrique pour séparer les matières salines de la partie organique, et agir sur celle-ci et la liqueur comme il sera dit aux mercuriaux.

Pour déceler les poisons dans le sang, le lait, les urines et autres liquides, on les chauffe dans le même appareil distillatoire que le foie et autres organes. On sépare le coagulum des parties liquides, et on soumet l'un et l'autre aux réactions, aux procédés indiqués. S'il s'était formé des dépôts dans les urines, comme dans l'empoisonnement par les mercuriaux, l'acide oxalique, les sels d'argent, etc., il faudrait les séparer et les analyser par la voie sèche et humide (voyez ces poisons).

Ces idées générales, très-incomplètes sans doute, peuvent cependant recevoir leur application, être de quelque utilité, quand il n'existe aucune donnée sur le cas soumis à l'examen; mais il est rare que, dans ces sortes de recherches, on n'ait pas, par les circonstances concomitantes, quelques soupçons sur l'espèce toxique; d'ailleurs, dans beaucoup de cas, la question est posée directement, savoir si M. X. a succombé à un empoisonnement par tel poison, si les matières suspectes ne renferment pas telle ou telle substance. C'est ce qui nous engage à consacrer un paragraphe à la recherche des poisons en particulier.

A.-Recherche des poisons métalloïdes.

Le phosphore absorbé n'a pu être retiré en nature des organes. On a constaté seulement que l'air expiré, le sang, les urines des personnes, des animaux intoxiqués étaient phosphorescents à l'obscurité. Les matières des vomisse

par

ments ou des selles, étendues par petites couches, offrent quelquefois des fragments de phosphore qu'on peut isoler les lavages; chauffées, ainsi que les pâtes, les allumettes phosphorées, elles s'enflamment çà et là, donnent une fumée blanche, alliacée, phosphorescente, et noircissent par l'azotate d'argent. Traitées à chaud par de l'acide azotique étendu, les liqueurs filtrées, évaporées en consistance sirupeuse, laissent un résidu d'acide phosphorique, lequel, chauffé avec du charbon, dégage du phosphore qui s'enflamme à l'air. On pourrait d'ailleurs séparer l'acide phosphorique par l'éther.

Les iodés se décèlent facilement dans le sang, le lait, la salive, les urines, le foie, la rate, les matières solides ou liquides, le tube intestinal, etc. Celles qui contiennent l'iode en nature bleuissent immédiatement l'eau amidonnée. Faites bouillir les matières solides dans de l'eau distillée seule ou légèrement alcaline; coagulez les liquides albumineux ou caséeux par la chaleur et quelques gouttes d'acide acétique, filtrez. Le décocté et autres liquides, suffisamment concentrés, traités, après refroidissement, par l'eau amidonnée et l'acide sulfurique ou azotique se colorent en bleu. Si le résultat est négatif, évaporez, incinérez, traitez les cendres par l'eau, filtrez et employez les réactifs.

B.-Recherche des poisons alcalins.

Peu d'alcalis minéraux ont été le sujet de recherches légales. M. Orfila les a décelés dans le foie, la rate, les urines des chiens. Il fait bouillir les organes dans suffisante quantité d'eau distillée, filtre et soumet le décocté aux recherches indiquées page 46. Les urines concentrées dans des vases fermés sont traitées par un courant d'acide carbonique pour précipiter la chaux, la baryte, la strontiane à l'état de carbonates, lesquels chauffés avec du charbon dans un creuset en platine donnent la base. Quant à la potasse, à la soude, évaporez à siccité, épuisez le résidu

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