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à plusieurs reprises par l'alcool à 44°, évaporez les solutés alcooliques à siccité, incinérez et traitez les cendres par l'eau. Le nitrate de potasse, le chlorhydrate d'ammoniaque de baryte seraient aussi séparés par l'alcool, comme il vient d'être dit. Le macéré des organes des chiens empoisonnés par les polysulfures, les hypochlorites, distillé avec quelques gouttes d'acide acétique, donne de l'acide sulfhydrique, ou du chlore (Orfila). Ces recherches laissent beaucoup à désirer sous le point de vue légal.

Pour le chlore, voyez Eau de Javelle, page 32.

C.-Recherche des poisons acides.

Quoiqu'on ait démontré l'acide sulfurique, oxalique dans le sang des animaux empoisonnés, ce liquide, ainsi que le foie, la rate et autres organes sont rarement le sujet de recherches médico-légales. M. Orfila, dans les expériences sur les animaux, nia obtenu que des résultats douteux. Il a constaté seulement que les urines des chiens empoisonnés par les acides sulfurique, chlorhydrique, oxalique, donnaient des précipités plus abondants par l'eau de baryte, de chaux, le nitrate d'argent, que les urines normales. En distillant, avec un peu d'acide sulfurique, les urines des chiens empoisonnés par les acides azotique et acétique, il en a retiré ces deux acides. Les urines des personnes soumises à l'usage du chlorure de sodium, du sulfate de soude, du nitrate de potasse, du sel d'oseille, donneraient les mêmes résultats.

D.-Recherche des poisons salins métalliques.

Plusieurs de ces poisons, l'arsenic, l'antimoine, le mercure, le cuivre, le plomb, le fer, etc. ont été le sujet d'expertises légales, et, dans les expériences sur les animaux, on les a tous décelés dans le foie, la rate, les reins, les urines et autres organes ou liquides. Nous indiquerons

seulement les procédés applicables à la recherche de chacun de ces poisons dans ces divers organes ou liquides, ainsi que dans les matières des vomissements, du tube intestinal, etc.

RECHERCHE DE L'ARSENIC. Comme essai préliminaire, faites bouillir les matières suspectes, celles du tube intestinal, des vomissements, le tube intestinal, etc. dans de l'eau distillée, acidulée de 1/15° d'acide chlorhydrique, pendant une 1/2 heure; filtrez, concentrez les liqueurs, faites passer à travers un courant de gaz sulfhydrique. Le sulfure obtenu est chauffé avec de l'acide azotique pour le transformer en acide arsénique, le soluté évaporé à siccité, et le résidu soumis à l'appareil de Marsh. Ou bien plongez dans les décoctés, encore chauds, des lames de cuivre (procédé de Reinch), lesquelles se couvrent d'une couche gris d'acier. Lavez-les à l'eau distillée, et chauffez-les dans un tube de verre pour en séparer l'arsenic ou l'acide arsenieux, comme il sera dit à l'anneau arsenical..

La carbonisation par l'acide sulfurique, pour déceler l'arsenic dans le foie, la rate, les reins, les urines, etc., ainsi que dans les matières du tube intestinal solides ou liquides, essayées comme il vient d'être dit, est le procédé habituellement employé dans les expertises. On lui reproche: 1° la déperdition de l'arsenic, quand on opère à vase ouvert; 2o l'imprégnation du charbon par l'acide sulfureux qui, enlevé par l'eau, donne, avec le gaz hydrogène arsenié, des taches jaunes de sulfure; 3° l'impossibilité d'enlever au charbon la totalité d'acide arsénique. Ces reproches et d'autres encore sont plus ou moins fondés, mais ils peuvent être évités en opérant dans des vases fermés, surtout comme le fait M. le professeur Bérard, de Montpellier. Malgré ces reproches, en raison de sa simplicité, de sa délicatesse et pouvant s'appliquer aux matières de diverses natures, putréfiées ou non, etc., ce procédé nous paraît

mériter la préférence sur tous les autres. Il est adopté par MM. Flandin et Danger, Devergie, Bérard, par beaucoup d'autres toxicologistes, et d'ailleurs sanctionné par la commission de l'Institut.

M. Orfila donne la préférence au procédé par le chlore, si ce n'est lorsque les matières sont putréfiées; alors il préfère l'incinération par l'azotate de potasse. Nous avons dit que MM. Malaguti et Sarzeau conseillaient d'adopter le procédé par l'eau régale dans les cas où les matières sont transformées en gras de cadavre, ou renferment peu d'arsenic. Enfin la carbonisation par l'acide azotique additionné d'acide sulfurique, donne aussi d'assez bons résultats d'après M. Filhol.

Quel que soit le procédé, il importe d'obtenir des liqueurs dépouillées autant que possible de matières organiques, afin d'avoir des taches, un anneau parfaitement purs. Comme l'arsenic est un poison très-important, nous dirons quelques mots de l'appareil de Marsh, puisque c'est celui adopté, ainsi que des taches, de l'anneau arséni

caux.

Appareil de Marsh. Le plus habituellement employé est celui qui a été modifié par l'Institut, Il se compose d'un flacon d'environ 1/2 litre de capacité, à 2 tubulures; à l'une d'elles s'adapte un tube de 4 centim. de diamètre, à entonnoir et plongeant jusqu'au fond du flacon; l'autre est pourvu d'un tube à dégagement, coudé, dont la branche verticale, terminée en bec de flute, offre un renflement en boule; la branche horizontale communique avec un tube plus grand, de 3 décim. de longueur, rempli d'amiante, suivi d'un autre tube en verre infusible, de 2 millim. de diamètre, de plusieurs décimètres de long, effilé à son extrémité, enveloppé, à sa partie moyenne, d'une feuille de clinquant, dans une étendue d'environ 1 décim. Cette partie du tube est placée dans une petite caisse en tóle, un fourneau ou sur une grille

de manière à pouvoir l'entourer de charbons incandes

cents.

L'appareil étant ainsi disposé, introduisez dans le flacon de petites lames de zinc laminé et dépolies, de l'eau additionnée de 1/20° d'acide sulfurique, jusqu'à ce que le flacon soit rempli aux 2/3. Quand l'air de l'appareil est complétement chassé par l'hydrogène, entourez de charbons ardents la portion du tube à clinquant, afin de la porter au rouge brun; enflammez le gaz, et, de temps en temps, déprimez la flamme avec des soucoupes de porcelaine dure. Si en 1/4 ou 1/2 heure, il ne se forme ni anneau, ni taches, c'est que les réactifs ne contiennent pas d'arsenic. Alors versez peu à peu les liqueurs arsénicales de manière que le dégagement du gaz soit constant mais modéré, que la flamme ne dépasse pas 3 à 6 millim. d'étendue. Les portions de liqueur, entraînées par le gaz hydrogène arsénié, se condensent dans la boule du tube à dégagement, retombent dans le flacon, et, en passant à travers l'amiante, ce gaz s'en dépouille complétement. Il se décompose ensuite, dans la partie chauffée du tube, en arsenic qui se dépose au delà sous forme d'anneau, et en gaz hydrogène qui se dégage par l'extrémité effilée. Si le dégagement de gaz est lent, il est complétement décomposé dans le tube, et on n'obtient pas de taches arsénicales. Si on veut agir à la fois par le système des taches et de l'anneau, quand celui-ci paraît assez marqué on retire le charbon, alors la flamme prend une teinte livide. On la déprime avec la capsule jusqu'à ce qu'elle perde cette couleur, ou plutôt de manière à ne brûler que l'hydrogène, et les taches se déposent. Enfin si on opérait sur de faibles quantités, que l'anneau ou les taches fussent peu marqués, on pourrait adapter à la partie effilée du tube l'appareil laveur de Liebig, contenant un soluté de chlorure d'or ou de nitrate d'argent, sels qui transforment l'hydrogène arsenié en eau et en acide arsénique. On décompose l'excès

de dissolutions salines par le chlorure de sodium, pour le nitrate d'argent, par l'acide sulfureux pour le chlorure d'or, on filtre et on soumet les liqueurs concentrées à un trèspetit appareil de Marsh. Ces précautions sont ordinairement inutiles. M. Orfila emploie seulement un tube à dégagement de 5 à 6 centim. de long, au milieu duquel est placé l'amiante, qu'il chauffe à l'aide d'une lampe à alcool. Le gaz étant ainsi divisé par l'amiante, la décomposition n'en serait que plus complète, d'après cet auteur.

1o Taches arsenicales. 1o D'un gris d'acier, miroitantes ou d'un brun fauve ou jaunâtre, si elles contiennent du sulfure d'arsenic. 2o Si on chauffe la capsule, elles disparaissent promptement, complétement, avec odeur alliacée, et la capsule reste nette. Afin de ne pas les perdre, on pourrait recevoir la vapeur dans un petit tube effilé. 3° Si l'on fait tomber dessus quelques gouttes d'acide azotique, elles s'enlèvent par petites parcelles, se dissolvent à une légère chaleur, laissent pour résidu une couche blanche, concentrique d'acide arsénique, lequel, dissout dans un peu d'eau distillée, donne, après refroidissement, par l'azotate neutre d'argent, un dépôt rouge-brique (arséniate d'argent). 4° Elles se dissolvent promptement dans l'hypochlorite de soude, de potasse, le chlore.

Ces caractères suffisent pour reconnaître les taches arsénicales, les distinguer des taches antimoniales, ainsi que des taches dites de crasse, de fer, de zinc, de phosphore, d'iode, de soufre, de plomb, etc.; car aucune d'elles ne présentent ces caractères réunis, et ce sont les seuls ordinairement qu'on cherche à constater dans les cas d'expertise légale ; en voici quelques autres : 1° La vapeur d'iode colore peu à peu les taches arsénicales en jaune citron foncé, d'iodure d'arsenic, lequel est volatil et se décolore à l'air, en passant à l'état d'acides arsénique et iodhydrique (Lassaigne). 2° Si à l'aide d'un petit tube, adapté à deux flacons, l'un de chlore, l'autre d'acide sulfhydrique, ré

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