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bonisation par l'acide sulfurique dans des vaisseaux fermés; 2o le procédé par le chlore. Le premier s'applique à tous les cas; il convient surtout, lorsque les matières sont cohérentes, se divisent difficilement, telles que le tube intestinal, ou sont putréfiées (Orfila neveu). D'après M. Orfila, en dissolvant préalablement les matières dans l'eau régale, il n'est pas nécessaire de prolonger autant le courant de chlore pour les détruire. Mais on a ainsi des liqueurs fortement acides, dont on ne se débarrasse que par de longues évaporations, qui attaquent les lames de cuivre et par conséquent donnent des résultats moins nets. M. Devergie les divise, les dissout préalablement dans l'acide chlorhydrique, lequel présente moins d'inconvénient que l'eau régale. En employant le chlore à la manière de Jacquelain, c'est, à-dire en divisant les matières, en les broyant seules ou avec du sable, du verre, quand cela est possible, et prolongeant le contact du chlore pendant 12-24 heures, on obtient de très-bons résultats.

Quel que soit le procédé, les liqueurs étant suffisamment concentrées, légèrement acidulées, on y laisse immergés, pendant 6-12 heures; des fils de cuivre en spirale, bien décapés, bien dégraissés. Ils perdent peu à peu leur éclat, se couvrent d'une couche grisâtre, masquée quelquefois par de l'oxyde de cuivre et une matière grasse, qu'on enlève, le premier en les plongeant dans de l'eau légèrement ammoniacale, la seconde à l'aide de l'éther. Les fils sont ensuite lavés à l'eau distillée, coupés par petits morceaux, desséchés dans un tube de verre à une légère chaleur, en absorbant l'humidité à l'aide du papier joseph; puis on effile le tube et l'on chauffe pour dégager le mercure, qui se condense en petits globules mobiles, miroitants. Ils se transforment en une poudre blanche, cristalline, qui noircit par l'acide sulfhydrique, si on les chauffe avec une goutte d'acide azotique.

La pile de Smithson, composée d'une petite lame d'or et

d'étain, appliquées l'une contre l'autre et contournées en spirale, de manière que la lame d'or soit placée au dehors, pourrait remplacer les fils en cuivre; la lame d'or, formant le pôle électro-négatif, est blanchie parle mercure, qu'on sépare en chauffant la petite pile dans un petit tube, comme il est dit ci-dessus. Cet appareil n'offre pas plus d'avantages que la spirale en cuivre; ensuite la lame d'or peut blanchir dans des liqueurs acidulées par l'acide hydrochlorique ou acides et renfermant du sel commun, quoiqu'elles ne contiennent pas du mercure; l'étain est alors dissous et se dépose sur l'or.

MM. Flandin et Danger font tomber goutte à goutte la liqueur dans un entonnoir, dont le bec est coudé à angle droit et effilé. La partie évasée reçoit le pôle positif d'un élément de la pile de Bunsen, et la partie effilée le póle négatif, tous deux terminés par un fil d'or très-rapprochés. Aussitôt que la pile est en activité, le mercure se dépose sur le fil électro-négatif, et le liquide ne s'écoulant que peu peu, la décomposition du sel mercuriel n'en est que plus complète, plus prompte. Ils décèlent ainsi 1/100,000° de mercure. Malgré la sensibilité de cet appareil, les fils de cuivre seront préférés dans les cas ordinaires, en raison de la simplicité de l'opération.

à

Ces chimistes dissolvent, à +80°, les matières dans moitié leur poids d'acide sulfurique à 66°, laissent refroi dir, ajoutent, par petits fragments, de l'hypochlorite de chaux jusqu'à décoloration; délayent le tout dans l'eau, filtrent, lavent le résidu à l'alcool, réduisent les liqueurs, à +80°, à environ 60 cent. cubes, et y constatent le mer

cure.

Par le procédé du chlore, M. Audouard de Béziers a retiré le mercure de la salive, des urines des personnes soumises à l'usage du sublimé; M. Vernes, du lait d'une vache atteinte de salivation par suite de frictions mercurielles, lait qui avait déterminé la salivation chez une famille en

tière. M. Personne l'a obtenu aussi, par ce procédé, du lait de deux femmes et d'une chèvre qui prenaient 0,05 de proto-iodure de mercure par jour. M. Orfila neveu, par l'un des deux procédés, l'a retiré du tube intestinal, du foie, de la rate, des reins, des os des chiens, auxquels il donnait 0,05 à 0,50 de sublimé par jour, ainsi que des urines, de la salive des personnes soumises à l'usage du sublimé. Il laisse ces liquides en repos pendant 1 à 2 mois, décante, traite le dépôt par le chlore. Pour les os, après les avoir séparés des parties molles, il les met à macérer dans de l'acide hydrochlorique, pendant plusieurs jours, évapore le liquide à siccité, traite le résidu par l'eau distillée à chaud, filtre et essaye par les lames de cuivre. Quant à la partie gélatineuse, il la décompose dans une cornue en porcelaine, traite le résidu par l'eau régale, le produit par l'eau distillée, filtre, réunit les deux liqueurs, qu'il évapore à siccité, dissout le résidu dans l'eau distillée, et essaye les lames de cuivre. M. Boucher, de Strasbourg, a retiré le mercure du cerveau de trois chiens, empoisonnés par le sublimé.

Recherche du cuIVRE. L'incinération simple, pour déceler le cuivre dans les matières alimentaires, le pain, le tube intestinal, etc., était le procédé habituellement employé. Il est rejeté par M. Orfila, parce qu'on peut, en outre, déceler le cuivre normal. Par la même raison, il rejete les divers procédés de carbonisation directe, et ceux qui consistent à attaquer les matières organiques par les acides concentrés. Il conseille, afin d'éviter cette cause d'erreur, de faire bouillir ces matières, le foie, la rate, etc., dans de l'eau acidulée par l'acide azotique, d'évaporer les décoctés à siccité, et de carboniser le résidu par l'acide sulfurique. M.Devergie, pensant que, par ce procédé, on n'entraîne pas tout le poison, dissout ces organes dans l'acide chlorhydrique fumant, fait passer un courant de chlore, plonge dans les liqueurs, suffisamment acidulées par l'acide sulfu

rique ou chlorhydrique pour dégager de l'hydrogène, une lame de zinc décapée : en 1/4 d'heure elle se couvre d'une couche brunatre, qu'on dissout dans quelques gouttes d'acide azotique étendu de deux fois dans son poids d'eau. Le nitrate de cuivre, évaporé, est traité par les réactifs ordinaires. Par ce procédé on ne touche pas, d'après M. Devergie, au cuivre normal. Si les résultats sont négatifs, il conseille l'incinération simple; mais alors on se trouve en présence de la cause d'erreur qu'il cherche tant, ainsi que M. Orfila, à éviter; fort heureusement le cuivre normal est en quantité très-minime: 1/40000. MM. Flandin et Danger emploient la carbonisation par l'acide sulfurique, et M. Gaultier de Claubry le procédé par l'eau régale, surtout pour l'analyse du pain cuivreux.

M. Orfila neveu, ayant comparé la carbonisation par l'acide sulfurique, par l'acide azotique et le chlorate de potasse, et par l'acide azotique, donne la préférence à ce dernier comme étant plus délicat. Le foie d'un chien, intoxiqué par 30 grammes de sulfate de cuivre, divisé en 3 parties de 45 grammes chaque, a donné, par l'acide sulfurique, 0,01 de sulfure de cuivre; par l'acide azotique et le chlorate de potasse, 0,02; par l'acide azotique, 0,04. Il fait bouillir les organes, les matières suspectes, dans de l'eau acidulée de quelques gouttes d'acide azotique, filtre, évapore à siccité, carbonise le résidu par l'acide azotique, fait bouillir le charbon dans l'eau acidulée par le méme acide; filtre de nouveau, évapore pour chasser l'excès d'acide, fait passer un courant de gaz sulfhydrique, laisse en repos jusqu'à ce que le sulfure soit déposé, ce qui exige quelquefois 2-3 jours, le lave, le transforme en sulfate, en le chauffant avec deux fois son poids d'acide azotique, évapore l'excès d'acide, reprend par l'eau et constate les réactions par le cyanure jaune, l'ammoniaque, la lame de fer. Si le fer contenu dans nos organes masquait ces réactions, on précipiterait le sulfate par un excès d'ammoniaq ue,

qui

déposerait l'oxyde de fer, et l'on chasserait ensuite l'ammoniaque par la chaleur.

Pour les organes où le cuivre a été décelé, voyez page 18. Les auteurs s'accordent à dire qu'on en trouve à peine des traces dans les urines; il serait surtout éliminé par la salive, le tube intestinal (MM. Flandin et Danger). M. Boucher, de Strasbourg, la retire, cinq fois sur six, du cerveau des chiens empoisonnés par le sulfate de cuivre. La quantité a varié entre 3 à 10 millièmes. Le cerveau des chiens non empoisonnés n'en a pas fourni en quantité appréciable.

RECHERCHES DU PLOMB. Pour la recherche du plomb dans les matières suspectes, dans les organes où il a pénétré par voie d'absorption, l'incinération simple, la carbonisation directe par les acides sulfurique, azotique, etc., sont rejetées par MM. Orfila par les mêmes raisons que pour le cuivre, c'est-à-dire pour ne pas confondre le plomb poison et normal. M. Orfila neveu, ayant comparé la carbonisation par l'acide sulfurique, par l'acide azotique et le chlorate de potasse, et par l'acide azotique, donne la préférence à ce dernier comme plus délicat. Ainsi le foie d'un chien, empoisonné par 30 gram. d'acétate de plomb (œsophage lié), divisé en trois portions de 75 gram. chaque, donne, par le premier procédé, 0,006 de sulfure de plomb, par le second 0,008, par le troisième 0,01. Il opère de même que pour la recherche du cuivre, si ce n'est qu'il transforme le sulfure de plomb en nitrate par l'acide azotique, et constate les réactions par l'iodure de potassium, le chromate de potasse. Pour les urines elles sont évaporées à siccité, et le résidu est carbonisé par l'acide azotique.

MM. Orfila ont trouvé le plomb dans le foie, la rate, les reins, les urines des chiens empoisonnés, et, 25 heures après, dans l'urine d'une personne qui avait pris 30 gram. d'acétate de plomb, Gmelin l'a retiré du sang des veines

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