Images de page
PDF
ePub

le nitrate d'argent (Devergie). Dans ces deux derniers cas, soumettez les liqueurs filtrées à un courant de gaz sulfhydrique pour décomposer et précipiter l'excès de sousacétate de plomb, de nitrate d'argent; filtrez de nouveau ; concentrez les liqueurs ; précipitez l'alcaloïde par les bases indiquées ; dissolvez-le dans l'alcool; évaporez lentement.

Quant aux matières grasses, résineuses, oléo-résineuses, indissoutes par l'eau acidulée, on les traite par l'alcool ou l'éther, selon leur nature présumée, et on évapore ces liquides. Comme ces produits, ainsi que les alcaloides sont altérables par la chaleur, il faut opérer les évaporations à une douce chaleur, au bain-marie, à la vapeur, mieux encore dans le vide, au-dessus d'une capsule d'acide sulfurique, comme nous l'indiquons ci-après.

Cette méthode analytique est générale, puisqu'elle s'applique à la recherche des poisons volatils et fixes, à celle des alcaloïdes, des matières grasses, résineuses, oléorésineuses, etc. C'est celle qui a été employée jusqu'à ces derniers temps par MM. Christison, Lassaigne, Orfila, Devergie, Chevallier, etc., du moins pour découvrir les alcaloïdes dans les cas d'expertise légale. Dans presque tous, on a obtenu un produit impur, qu'il a été impossible de caractériser physiquement, même chimiquement, et l'on s'est contenté seulement de quelques réactions trèsincomplètes. Voyez à cet effet la morphine, la strychnine, la brucine, car c'est presque exclusivement sur ces trois alcalis qu'ont porté les recherches.

B.-MÉTHODE DE M. STASS. Par une méthode analytique générale, ce chimiste a retiré des matières suspectes, des organes, des préparations pharmaceutiques, etc., les alcaloïdes bien définis, daus un état de pureté assez complète pour les caractériser physiquement, chimiquement et même toxiquement. Ses recherches ont porté sur les suivants : nicotine, conéine, morphine, codeine, narcotine, strychnine, brucine, vératrine, colchicine, émétine, solanine,

atropine, hyoscyamine, aconitine, delphine, aniline, pėtinine. Cette méthode est foudée sur les données suivantes : 1° l'alcool, associé aux acides tartrique ou oxalique en excès, enlève ces alcaloïdes aux matières organiques; 2o les bicarbonates de soude, de potasse, ou leurs bases, employées aussi en excès, les séparent de ces acides et les tiennent en dissolution; 3° enfin l'éther enlève ces alcaloïdes à la potasse, à la soude.

concen

PROCÉDÉ OPÉRATOIRE. Les liquides de l'estomac, de l'intestin, etc., sont mêlés avec le double d'alcool pur et tré, les organes (foie, rate, poumons, cœur, estomac, intes tins, etc.), coupés par petits morceaux soumis, à plusieurs reprises, à l'action de l'alcool aussi très-concentré, seul ou acidulé par les acides suivants, jusqu'à ce qu'ils ne cèdent plus rien à ce liquide. Les organes parenchymateux (foie, rate, poumons) pourraient être fortement exprimés, à chaque fois, à travers un linge neuf (voyez Rapports). Introduisez les liqueurs alcooliques dans un ballon avec 1/2 à 2 gramm. d'acide oxalique ou tartrique cristallisés; évaporez en consistance sirupeuse, sans faire bouillir, à la température de +60 à 70; après refroidissement complet, filtrez au papier Berzélius; lavez les matières restées sur le filtre avec de l'alcool concentré; évaporez les liqueurs réunies dans le vide ou dans un fort courant d'air, à une température qui ne dépasse pas +35. Le résidu, après l'évaporation de l'alcool, renferme des corps gras, des matières insolubles; filtrez de nouveau sur un filtre humecté d'eau distillée; évaporez les liqueurs jusqu'à presque siccité dans le vide, ou sous une cloche au-dessus d'une capsule d'acide sulfurique; traitez le résidu par l'alcool anhydre et froid, à plusieurs reprises; filtrez; évaporez à l'air libre, à la température ordinaire, ou mieux encore dans le vide; dissolvez le résidu dans la plus petite quantité d'eau; introduisez le soluté dans un petit flacon à éprouvette de 35 cent. cubes de capacité; ajoutez peu à peu

du bicarbonate de potasse ou de soude pulvérisés, jusqu'à ce qu'il n'y ait plus d'effervescence, puis 1 à 2 centim. cube d'un soluté concentré de potasse caustique, et ensuite quatre, cinq fois son volume d'éther; agitez le tout; décantez l'éther, lorsqu'il est séparé et éclairci; répétez trois, quatre fois le lavage à l'éther; réunissez les liquides éthérés dans une petite capsule déposée dans un lieu sec. 1°-Si c'est une alcaloïde liquide, la nicotine, la conéine, etc., après l'évaporation de l'éther, il se dépose sur les parois de la capsule sous forme d'anneau huileux, lequel se divise en petites stries qui gagnent le fond. Par la chaleur seule de la main, le résidu dégage une odeur plus ou moins désagréable, piquante, suffocante, rappelant celle de l'alcaloïde, masquée par une odeur de matière animale: dissolvez-le dans 1 à 2 centim.cubes d'eau faiblementacidulée par 1 millième d'acide sulfurique ; lavez exactement la capsule avec le même liquide; décantez les liqueurs dans le petit flacon à éprouvette; traitez-les un soluté concentré de potasse ou de soude caustiques; agitez et épuisez le mélange, à plusieurs reprises, comme il est dit ci-dessus, avec de l'éther pur, qui dissout l'alcaloïde; faites évaporer spontanément l'éther à la plus basse température; puis pour priver complétement l'alcaloïde de l'ammoniaque qui se forme dans ces opérations, exposez un instant le vase dans le vide au-dessus de l'acide sulfurique; l'alcaloïde reste au fond sous forme d'une gouttelette huileuse. Pour le détail de ces manipulations, recueillir et caractériser l'alcaloïde, l'avoir complétement pur. (Voyez l'extraction de la nicotine, aux Rapports.)

par

2-Si c'est un alcaloïde fixe (morphine, strychnine, brucine, etc.), après l'évaporation de l'éther, il reste, sur les parois de la capsule, un produit solide, le plus souvent une liqueur incolore, laiteuse, tenant un corps en suspension, ayant l'odeur de matière animale, désagréable, mais non piquante, qui bleuit d'une manière permanente le

papier rouge tournesol. On traite ce résidu par quelques gouttes d'alcool, qui dissout l'alcaloïde, et, après évaporation spontanée on le débarrasse des matières étrangères, en promenant dans la capsule quelques gouttes d'eau trèsfaiblement acidulée par l'acide sulfurique. Séparez le soluté de la matière grasse qui adhère aux parois de la capsule, lavez celle-ci à l'eau acidulée; évaporez aux 3/4 les liqueurs réunies dans le vide ou au-dessus de l'acide sulfurique sous une cloche; traitez le résidu par une soluté concentré de carbonate de potasse; reprenez le tout par l'alcool anhydre, qui dissout l'alcaloïde, non les sulfate et carbonate de potasse. Par l'évaporation spontanée de l'alcool, on obtient l'alcaloïde.

Par ce procédé, M. Stass a retiré de la nicotine 1o du sang d'un chien empoisonné par 2 centig. de cet alcali; 2o des liquides de l'estomac, du foie, de la rate, des poumons, du cœur, etc., de Fougnies, empoisonné par ce poison (affaire Bocarmé), et cela dans un état de pureté assez complète pour en constater les caractères physiques, chimiques et toxiques, comparativement avec de la nicotine pure; 3° il a aussi retiré la morphine des organes d'une personne inhumée depuis treize mois, à laquelle on avait en outre administré de l'arsenic, et la conéine d'un liquide très-altéré (1847). M. Stass ajoute qu'ayant beaucoup expérimenté, il livre avec confiance cette méthode analytique à l'examen des toxicologistes.

Si l'on opérait sur des matières qui renferment plusieurs, alcaloïdes, l'opium, les strychnées, les quinquinas, etc., on les séparerait soit par l'éther qui dissout la narcotine, non la morphine, soit en les dissolvant dans l'acide tartrique, et ajoutant ensuite de la potasse, qui précipite la strychnine, la narcotine, la cinchonine, et ne précipite pas la brucine, la morphine, la quinine.

C.-PROCÉDÉ DE M. FLANDIN. Il mêle les matières suspectes

à 12 pour 0/0 de leur poids de chaux anhydre, dessèche le mélange à 100°, dans le but de coaguler les matières protéiques, de décomposer les matières colorantes, le pulvérise, l'épuise, à trois reprises différentes, par l'alcool absolu et bouillant, filtre après refroidissement. Les liqueurs, à peine colorées, ne contiennent que l'alcaloïde et des matières grasses, résineuses. Faites-les évaporer lentement; traitez le résidu par l'éther, qui dissout la matière grasse, et laisse l'alcaloïde, s'il n'est pas soluble dans ce liquide, tels que la morphine, la brucine, la strychnine, qu'on sépare par décantation ou filtration. Si l'alcaloïde est soluble dans l'éther, on reprend soit le résidu alcoolique, soit le résidu éthéré par un dissolvant spécial des bases organiques, l'acide acétique à 10° par exemple, et l'on précipite la base de l'acétate avec un peu d'ammoniaque. L'alcaloïde dissout dans l'alcool pur et bouillant, cristallise ou se dépose par l'évaporation spontanée de ce liquide.

Par ce procédé, M. Flandin a décelé la morphine, la strychnine, la brucine dans 100 gram. de sang, de matières organiques mélangées à 5 centigr. de ces alcaloïdes, ainsi que des matières intestinales des animaux empoisonnés par 5, 10 centigr. de ces poisons. Il a retiré aussi la morphine des urines d'un singe, auquel il avait donné, dans l'espace d'un mois, 60 gram. d'acétate, sans autre accident qu'une certaine agitation et de longues heures de sommeil.

D.-M. RABOURDIN propose le chloroforme pour l'extraction des alcalis végétaux, réactif qui pourrait aussi s'appliquer à la recherche de ces poisons dans les matières suspectes, et de la cantharidine dans les cas d'empoisonnement par les cantharides. Pour l'atropine il obtient le suc des feuilles de belladone, le coagule à chaud, filtre, le mêle à 4 gram. de potasse caustique, et à 30 gram. de chloroforme par litre de suc, agite le tout pendant une minute. Le chloroforme, chargé d'atropine et de matière

« PrécédentContinuer »