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Louis Legendre demande le renvoi de ces pièces au comité de Sûreté générale.

(La Convention décrète le renvoi.)

Une députation de la société populaire de Tonnerre est admise à la barre.

L'orateur de la députation donne lecture d'une adresse par laquelle la société populaire de Tonnerre adhère à tous les décrets rendus depuis le 31 mai, jure de les exécuter et d'en maintenir l'exécution jusqu'à la mort. Il dépose sur l'autel de la patrie un don de 510 liv. 10 s.; l'adresse est ainsi conçue (1) :

« Représentants, nous venons avec confiance nous présenter devant vous, animés du désir de vous féliciter au nom de la société républicaine de Tonnerre, de tous les décrets rendus le 31 mai et jours suivants. Nous jurons, au nom de notre société, de mourir plutôt qu'il y soit porté aucune atteinte de la part de nos ennemis. Représentants, affligés depuis longtemps des manoeuvres perfides des aristocrates de cette ville, qui cherchent par toutes sortes d'intrigues à nous faire adhérer à l'adresse de Rennes, accompagnés d'injures contre la Convention nationale et de calomnie contre la ville de Paris, nous venons enfin avec courage et des sentiments de respect et d'attachement vous offrir nos bras réunis pour vous défendre en fraternisant avec les invincibles Parisiens.

« Nous vous prévenons qu'il vient de se former une société nouvelle dans notre pays, composée de prêtres, ci-devant seigneurs, nobles, privilégiés, pères d'émigrés, fonctionnaires suspendus, enfin de tous ceux qui n'ont pu être admis dans la nôtre.

« Cette réunion donne au peuple des inquiétudes réelles et il a tout lieu de craindre puisque les troubles de la Vendée ont commencé de même par la coalition de l'aristocratie.

« Nous sommes chargés de vous représenter que les sans-culottes sont vexés horriblement et menacés continuellement par les aristocrates qui sont en force et armés.

« Nous vous demandons que le conseil général provisoire soit conservé à l'exception de Bailly, procureur de la commune, qui a trahi la confiance du peuple et est indigne de sa place, pour avoir fait la motion dont vous ont parlé les députés de la commune.

«En vous remerciant du bénéfice de la nouvelle Constitution, nous vous prierons de détruire les agioteurs et les accapareurs qui pillent le peuple.

« Pour les membres de la société populaire de Tonnerre,

« Signé : DOROTTE ; AUDRAIN. »

Le Président félicite les pétitionnaires de leur zèle et les invite aux honneurs de la séance.

(La Convention décrète la mention honorable.

Le citoyen Jean-Godefroy MERCKLEIN l'aîné est admis à la barre.

Il offre à la Convention nationale une armure pour garantir les bras des soldats qui sont exposés à être mutilés, surtout lorsqu'ils soutiennent le choc de la cavalerie (1).

(La Convention renvoie cette découverte à l'examen du comité de la guerre.)

Le même pétitionnaire donne ensuite lecture d'une pétition par laquelle il annonce la découverte d'un instrument pour vérifier les faux assignats; elle est ainsi conçue (2) :

«Citoyens représentants, l'intérêt de la République me détermine enfin, après deux mois de travaux et de sollicitations, à venir au milieu de la Convention réclamer votre justice en faveur d'un objet essentiel au crédit des assignats.

« J'ai, par une heureuse application de principes mathématiques, composé un instrument universel et infaillible pour vérifier les assignats et reconnaître les faux au coup d'œil de l'homme le moins exercé, quand même il ne saurait pas lire.

« Présenté par moi à l'Assemblée législative en avril 1792, il a été accueilli et renvoyé au comité des assignats et monnaies, pour en faire le rapport. Depuis, l'Académie des sciences l'a approuvé, après un examen sérieux. Enfin, par l'article 18 de son décret du 23 avril dernier, relatif à la découverte et poursuite des fabricateurs de faux assignats, la Convention a chargé les commissaires de la Trésorerie nationale, et ceux à la fabrication des assignats, de traiter avec moi pour l'exécution d'un nombre suffisant d'instruments, à l'effet d'en pourvoir incessamment toutes les caisses des receveurs de la Trésorerie, dans l'étendue de la République.

«Eh bien! citoyens représentants, par une coalition désastreuse que je vous dénonce, l'on a éludé jusqu'à présent l'exécution de votre décret; l'on veut répudier mon instrument, pour y substituer une glace divisée qui est insuffisante par ses imperfections, surtout la réfraction et la fragilité.

« J'ai rassemblé toutes les objections que l'envie et l'ignorance ont élevées, pour retarder le bienfait d'une vérification facile ; et par un mémoire (3), dont je vais vous remettre une copie, j'ai démontré au comité que mes détracteurs étaient dans une erreur palpable.

«Mais le temps vous sollicite, citoyens représentants; le crédit national est compromis par la multiplicité des faux assignats dont les receveurs de la Trésorerie sont assailsis, sans moyen de s'en garantir ; et la fortune publique, ainsi que celle des particuliers coure le danger de sa ruine.

« Hâtez donc l'exécution de mon instrument; imposez silence aux malveillants, et secondez le zèle d'un citoyen qui s'est dévoué à l'utilité générale, qui s'est soumis à l'estimation, sans rechercher son profit; et qui, s'étant mis à l'ouvrage aussitôt que votre décret du 23 avril est venu à sa connaissance,

(1) Archives nationales, Copièce no 22. Procès-v tome 14, page 459.

miso

Procès-verb Procès-verb Aliothèque de de l'Oise. ci-apri

Convention, tome 14, p. 460. Convention, tome 14, p. 460. des députés Collection tome 9, no 36.

Aux annexes de la

occupe depuis plus de deux mois plusieurs ouvriers pour exécuter les préparatifs de son entreprise et la pousser avec rapidité par des moyens mécaniques.

«La dépense que cet établissement exigera est exagérée par mes détracteurs qui se flattent de s'en faire un moyen de rejet absolu; mais je m'engage envers la nation que je veux servir pour son bonheur, de n'exiger que les dépenses et des honoraires médiocres ; je fournirai mes instruments au-dessous de l'estimation qui en a été faite d'ailleurs telle soit la dépense, peut-on la mettre en balance pour enlever le crédit public et détruire la prospérité que la création des assignats a régénérée ?

:

« Enfin la Convention a décrété des secours en faveur d'une multitude d'ouvriers que la ruine des états de luxe a laissés sans ressources; et mon atelier va leur en offrir qui tourneront au profit de la nation, autant que les ateliers publics d'armes et d'équipements.

«En conséquence, je vous supplie, citoyens représentants, d'interposer votre autorité aux commissaires de la Trésorerie, et à ceux de la fabrication des assignats, pour accélérer l'exécution de mon instrument à vérifier, aux termes de votre décret du 23 avril dernier.

Le Président remercie le pétitionnaire et lui accorde les honneurs de la séance.

(La Convention renvoie la pétition au comité d'instruction publique.)

Le citoyen MICHAU est admis à la barre (1). Il réclame une indemnité à raison de son service dans les colonies orientales.

Le Président répond au pétitionnaire et lui accorde les honneurs de la séance.

(La Convention renvoie la demande au comité de secours publics.)

Une députation du conseil général de la commune de Versailles se présente à la barre (2).

L'orateur de la députation donne lecture d'une adresse contenant ses félicitations sur l'achèvement de la Constitution, l'invitation de faire promptement la loi sur l'éducation nationale, et l'établissement d'un lycée dans les édifices de cette ville, où l'on ne s'occupait autrefois qu'à énerver ou corrompre l'instruction publique. (Applaudissements.)

Le Président répond à l'orateur et accorde à la députation les honneurs de la séance.

(La Convention décrète la mention honorable et le renvoi de la pétition aux comités d'instruction publique et d'aliénation.)

Une autre députation de la société populaire de Versailles est admise à la barre (3).

L'orateur de la députation donne lecture d'une adresse dans laquelle il forme des vœux pour l'acceptation de l'acte constitutionnel,

(1) Procès-verbaux de la Convention, tome 14, p. 460. (2) Procès-verbaux de la Convention, tome 14, p. 460, et Journal de la Montagne, no 30, p. 139, 2° colonne.

(3) Procès-verbaux de la Convention, tome 14, p. 460, et Journal de la Montagne, n° 30, page 139, 2° colonne.

qui remplit d'espoir tout vrai citoyen. (Applaudissements.)

Le Président répond à l'orateur et accorde à la députation les honneurs de la séance.

(La Convention décrète la mention honorable.)

Un membre (1): Il y a déjà quelques jours que Brissot est ici à l'Abbaye. Je demande que la Convention ordonne son comité des décrets de lui présenter l'acte d'accusation contre ce député.

(La Convention décrète cette proposition.) Guyomar (2). En vous rendant compte de la situation de la ci-devant Bretagne, Sévestre, l'un de vos commissaires, vous a dit que les départements qui la composent se fédéralisaient. Pour vous prouver le contraire, il suffit de vous présenter un arrêté pris par eux, à Lorient, le 14 juin, d'où il résulte que les événements du 31 mai et jours suivants ont excité une indignation générale dans le département du Finistère, dont les citoyens se disposent à s'armer contre la commune de Paris et que Sévestre était chargé par ses collègues d'annoncer que le seul moyen de rallier tous les esprits, était d'offrir le plus promptement possible la Constitution à l'acceptation du peuple.

Billaud-Varenne. Guyomar sait bien que si les commissaires de la Convention ont pris cet arrêté, c'est pour n'être pas égorgés et pour servir, en quelque sorte, de passeport à Sevestre. Il sait aussi que ce dernier à son arrivée à Paris, ainsi que ses collègues, ont protesté contre un arrêté pris dans un état d'oppression et sous le couteau.

Guyomar demande la parole pour répon

dre.

(La Convention passe à l'ordre du jour.)

Réal donne communication d'un arrété des membres du département de l'Isère (3), par lequel ils réclament contre les calomnies insérées dans quelques journaux, et déclarent que parmi les mesures qui ont été prises dans l'assemblée des autorités constituées, le 8 de ce mois, à l'occasion des troubles survenus à Paris, aucune n'a eu pour objet de s'assurer de la personne des commissaires représentants du peuple près l'armée des Alpes, que cet objet n'a pas même été mis à la discussion, et que bien loin de faire aucune tentative à cet égard, cette assemblée a marqué le plus grand respect pour la représentation nationale.

(La Convention décrète l'insertion au Bulletin.)

Génissien (4). Une lettre m'annonce que Couturier, de Grenoble, nommé par vous juré au tribunal révolutionnaire, a été arrêté à

(1) Moniteur universel, 1o semestre de 1793, p. 785, 3o colonne.

(2) Auditeur national, n° 284, page 1, et Moniteur universel, 1o semestre de 1793, p ge 785, 3 colonne, (3) Journal de la Montagne, n° 30, p. 139, 2° colonne, et Procès-verbaux de la Convention, tome 14, p. 460. (4) Journal des Débats et des Décrets, n° 286, p. 487.

Lyon. Je demande que le comité de Salut public soit chargé d'examiner les motifs de cette arrestation, et de vous en faire un rapport.

(La Convention décrète cette proposition.) Un membre de la députation de Rhône-etLoire (1). La Convention nationale ne doit pas perdre de vue un seul instant l'état actuel de la ville de Lyon. Les patriotes y sont sous le couteau. Les administrateurs ont levé l'étendard contre-révolutionnaire. Ils ont eu l'audace de dire hautement que la Constitution ne serait pas acceptée, qu'elle ne serait même pas lue, attendu que la Convention n'était ni libre, ni respectée au moment où elle l'a décrétée, depuis que quelques individus qui mettaient le trouble dans son sein en ont été séparés. Le peuple cependant y est bon, mais il est égaré par les factieux qui l'oppriment. Bien qu'il se soit conduit de la même manière que celui du Calvados et qu'il ait arrêté qu'il ne reconnaissait plus la Convention, surtout ceux de ses membres qui avaient voté la mort du tyran, j'ai la conviction, lorsque vous aurez pris de grandes mesures pour anéantir les factieux et sévi contre les administrateurs coupables, qu'il se ralliera à la Constitution et applaudira aux généreux efforts que vous aurez faits pour le sauver.

Je demande que le comité de Salut public soit tenu de faire demain son rapport sur les événements de Lyon.

Dubouchet réclame la parole.

(La Convention nationale décrète que le comité de Salut public fera demain le rapport sur les arrêtés pris par le département de Rhône-et-Loire.)

Une députation des citoyens de la ville de Moissac (2) est admise à la barre.

L'orateur de la députation s'exprime ainsi : Citoyens représentants, la pétition que mes concitoyens m'ont chargé de vous présenter, renferme des vœux semblables à ceux qu'ont émis des citoyens qui, depuis, ont été accusés de tendre au fédéralisme; mais les hommes qui me députent vers vous, haïssent le fédéralisme, et ne trahiront jamais le serment qu'ils ont fait de maintenir l'unité et l'indivisibilité de la République. Les habitants de Moissac ont cru votre liberté attaquée; s'ils sont dans l'erreur, si le vœu qu'ils forment est une suite de cette erreur, vous n'accuserez pas leurs intentions, et vous ne verrez que leur désir d'être utiles à la chose publique."

Voici l'adresse qu'ils m'ont chargé de présenter.

« Citoyens représentants, un cri d'alarme s'est fait entendre dans nos foyers, 32 députés du peuple français, ont été arrachés de votre sein par la violence. La représentation nationale a été méconnue et avilie. Nous deman

(1) Moniteur universel, 1 semestre de 1793, p. 785, 3 colonne, et Journal de la Montague, n° 30, page 139, 2 colonne.-Procès-verbaux de la Convention, tome 14, page 461.

(2) Moniteur universel, 1" semestre de 1793, p. 785, 3 colonne, et Journal des Débats et des Décrets, n° 286 page 487. — Procès-verbaux de la Convention, tome 14, page 461.

dons le rapport du décret et de tous ceux que vous avez pu rendre sans jouir d'une entière liberté. Nous demandons qu'il soit fait un rapport sur les membres détenus en leur présence, et qu'ils soient jugés par un tribunal séant hors de Paris. Nous demandons que la Convention vote en liberté, ou sorte d'une ville indigne de la posséder. »>

Le Président. Citoyens, il n'appartient qu'à des esclaves de dire qu'ils n'ont pas voté en pleine liberté. Citoyens, une grande conjuration était tramée contre la liberté publique et le tocsin qui nous a fait lever est un point marquant de cette conjuration. Vos cœurs sont purs; mais vous ne tarderez pas à être indignés contre les hommes qui vous ont induits en erreur. Vous reconnaîtrez que la véritable conjuration avait pour but de dissoudre la Convention et d'établir le fédéralisme. Les ramifications de cette conjuration sont trop étendues pour que la nation puisse à l'instant juger et prononcer. Ce n'est pas la Convention qui prononcera, c'est la nation tout entière. Pour prononcer, il faut qu'elle soit éclairée et le temps seul peut répandre sur toute la République la lumière dont elle a besoin.

La Convention rend hommage aux principes qui ont dicté votre démarche et vous invite aux honneurs de la séance.

Plusieurs membres (à droite) demandent l'insertion de l'adresse au Bulletin.

Plusieurs membres (à droite) demandent l'ordre du jour.

Un membre (à droite): Prouvez donc les crimes des détenus ou publiez leur justification.

Maure. Leurs crimes sont dans leur fuite, Birotteau vient de s'échapper.

(La Convention passe à l'ordre du jour.) Le citoyen Augustin Neubourg, lieutenant au 18 régiment belge, est admis à la barre (1).

Il montre qu'il est estropié des deux bras et expose qu'il a été blessé de 17 coups de sabre, au service de la République, à l'affaire de Jemmapes et de Boussu. Il demande un secours provisoire.

Le Président répond au pétitionnaire et lui accorde les honneurs de la séance.

(La Convention renvoie la demande au ministre de la guerre.)

Des citoyens fugitifs du Midi sont admis à la barre (2).

Après avoir appelé la sollicitude des représentants du peuple sur les besoins qu'ils ont éprouvés pendant leur exil, en fuyant les persécutions de l'aristocratie, ils témoignent leur reconnaissance pour la réception fraternelle que leur ont faite les citoyens de Paris. Ils demandent 1° que les liquidations dues aux villes rebelles du Midi qui sont en état de rebellion soient suspendues; 2° qu'il leur soit accordé des secours sur les sommes arrê

(1) Procès-verbaux de la Convention, tome, 14, p. 461. (2) Journal des Débats et des Décrets, no 286, p. 486, et Moniteur universel, 1" semestre de 1793, page 785, 3 colonne. Voyez également Procès-verbaux de la Convention, tome 14, page 461.

tées; 3° que les villes fidèles soient exceptées de cette loi.

Le Président. Citoyens, vos malheurs ont touché la Convention nationale; elle en connaît la cause. On se demande avec surprise ce qu'est devenue cette ville si admirée de la France, d'où sortirent les vainqueurs du 10 Août? Elle n'est plus qu'un monceau d'horreurs. La Convention est bien déterminée à venger avec énergie les patriotes opprimés. Qu'ils tremblent les lâches! le réveil des hommes libres sera terrible. (Applaudissements.) La Convention vous invite aux honneurs de la séance.

(La Convention renvoie la pétition au comité de Salut public avec mission d'en faire un prompt rapport.)

Une députation des officiers du 20° régiment de dragons est admise à la barre (1).

Un officier demande, pour ses collègues et lui, l'autorisation de prendre parmi les chevaux de luxe, en dépôt à Paris ou ailleurs, ceux qui leur sont nécessaires pour les monter, et offre de les payer de la manière qui sera réglée.

Le Président répond aux pétitionnaires et leur accorde les honneurs de la séance.

(La Convention renvoie la demande au ministre de la guerre.)

Un député des dragons du même régiment est admis à la barre et donne lecture d'une adresse par laquelle ces militaires offrent un don patriotique de 420 livres. Ils demandent des chevaux, des armes et des équipements pour fondre sur les brigands mitrés et couronnés, auxquels ils vouent une haine implacable; l'adresse est ainsi conçue (2) :

<< Citoyens représentants,

Député du 20° régiment de dragons formé dans le 86° département, Belge d'origine, mais Français pour la liberté et l'égalité, je viens vous offrir un faible témoignage de républicanisme. Ils voudraient que leur faculté répondît à leur bonne volonté, mais émigrés de leur pays, pour la cause de la liberté, ayant abandonné toutes leurs professions et n'ayant d'autres moyens que leur paye, ils viennent vous en offrir le produit d'un jour en entier, pour subvenir aux frais de la guerre. Ils auraient fait davantage, s'il ne fût arrivé un accident à Abbeville, occasionné par un incendie le 3 de juin ; le corps en entier s'est empressé sur-le-champ à secourir les malheureuses victimes qui ont été la proie des flammes et réunirent une somme de 640 livres qu'ils remirent à la municipalité de cette ville, pour en faire une prompte distribution, selon leur sagesse.

« Organe du corps, ils me chargent de vous assurer du désir qu'ils ont d'être bientôt en état de retourner se mesurer avec ces vils

esclaves, qui cherchent à nous faire rentrer sous le joug des tyrans.

« Fidèles au serment que nous avons déjà fait de verser tous jusqu'à la dernière goutte de notre sang plutôt que de jamais reconnaître d'autre souverain que la volonté du peuple et l'affermissement de la République.

« Le 20° régiment de dragons supplie la Convention de donner les ordres les plus précis au ministre de la guerre, de nous faire passer les chevaux, les armes et les équipements qui nous manquent, afin d'être à même de fondre sur ces brigands mitrés et couronnés auxquels nous vouons une haine implacable, et leur montrer que la cause de la liberté est la cause du ciel et qu'elle triomphera, malgré tous leurs efforts.

« Nous ne sommes pas éloquents, nous ne savons pas faire de phrases, mais nous savons nous battre.

« Je dépose sur le bureau la somme de 420 li

vres.

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Le Président répond au pétitionnaire et lui accorde les honneurs de la séance.

(La Convention décrète la mention honorable.)

Delacroix (Eure-et-Loir.) (1). Une lettre particulière m'apprend que les administrations qui sont en révolte ouverte contre la Convention nationale, prennent les fonds dont elles ont besoin dans les caisses de district, et même obligent les acquéreurs des biens nationaux à payer leurs annuités, et à en verser le montant dans leurs mains. Je demande que la Trésorerie nationale vous fasse passer l'état des administrations qui ont tenu cette conduite criminelle.

Je demande, en outre, le renvoi au comité des finances de la proposition que je fais de suspendre le paiement des annuités dans les départements dont les administrations sont en révolte, et qu'il soit fait défense à tout citoyen de payer ses annuités ou ses contributions, sous peine de payer deux fois.

(La Convention adopte la première de ces propositions et ordonne le renvoi de la seconde au comité des finances.)

Suit le texte définitif du décret rendu (2) : « La Convention nationale décrète que la Trésorerie nationale fera passer dans le jour à son comité des finances, les renseignements qui lui sont parvenus sur les mandats délivrés par les administrateurs de département, de district, ou par toute autre assemblée, sur les receveurs de district, dont plusieurs ont été acquittés comme contraints. »

« La Convention nationale renvoie à son comité des finances la proposition faite par

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(1) Moniteur universel, 1er semestre de 1793, p. 786, 1 colonne, et Journal de Perlet, n° 283, page 243. (2) Collection Baudouin, tome 30, page 287, et Procèsverbaux de la Convention, tome 14, page 462.

un membre, de suspendre le paiement des impositions et des annuités dans les départements dont les administrations sont en état de révolte ouverte contre la Convention et la République, sous peine de payer deux fois, et aux trésoriers de district d'acquitter les mandats délivrés, sous les mêmes peines. »>

Lequinio (1). Je suis instruit que les députés de la ci-devant Bretagne lèvent une force armée qui va se réunir à celle de Caen. Les citoyens qui la composent sont bien loin d'être contre-révolutionnaires; ils ne sont qu'égarés. La Vendée appelle leur courage: il ne s'agit que de leur indiquer le lieu du danger et ils y marcheront. Une démarche de la Convention suffirait pour les éclairer et les ramener aux vrais principes. Je demande que la Convention ordonne aux troupes actuellement en route pour le Calvados de marcher sur-lechamp contre les rebelles de la Vendée et que cet ordre soit porté par deux commissaires de la Convention.

Dubouchet demande que Lequinio soit un des commissaires.

Bentabole trouve cette proposition prématurée. Nous ne connaissons pas assez, dit-il, l'esprit des troupes qui se forment à Caen pour leur remettre le soin de combattre les rebelles de la Vendée. Un commissaire du Conseil exécutif, chargé de porter dans le Calvados les décrets de la Convention que l'Administration se refusait à publier, à dit, dans son rapport, que Félix Wimpfen, réuni à Buzot et à Barbaroux, a déclaré ouvertement qu'il se réunirait aux rebelles de la Vendée pour marcher avec eux contre Paris. Les troupes prises dans le peuple ne peuvent qu'êt e égarées, mais les chefs sont, à coup sûr, des contre-révolutionnaires. Je demande l'ajournement de la proposition de Lequinio.

(La Convention prononce l'ajournement et renvoie la motion de Lequinio au comité de Salut public.)

Robert-Thomas Lindet, secrétaire, fait lecture du résultat du scrutin (2) pour la nomination de 10 commissaires de la Convention nationale chargés de faire vendre le mobilier de la liste civile, diviser et faire vendre les immeubles, reconnaître le parti le plus avantageux qu'on peut tirer des différents édifices qui en dépendent, en faire leur rapport au comité d'aliénation, dont ils seront censés faire partie, et qui proposera ensuite à la Convention les mesures qu'il sera convenable de prendre.

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Goyre-Laplanche, Isoré, Besson, Chambon-La tour, Calon, Richou.

Suppléants:

Voulland, Cordier, Enlart, Roux, Sergent. Une députation de la société populaire de Saint-Denis est admise à la barre.

L'orateur de la députation donne lecture d'une adresse pour féliciter la Convention de l'achèvement de la Constitution et inviter cette assemblée à remédier au désordre des finances; cette adresse est ainsi conçue (1) :

<< Citoyens représentants,

«Nous venons nous féliciter devant vous de l'achèvement de la Constitution. Vous avez compris que c'était l'unique moyen de sauver la liberté, nous espérons qu'elle abrégera les calamités publiques. Législateurs, nos concitoyens vous font annoncer leur reconnaissance et l'attachement le plus inviolable à la Convention nationale.

« Ils nous chargent en même temps de vous parler des inquiétudes du peuple. Vous devez les entendre, parce que vous pouvez les calmer. Il n'a plus à vous reprocher vos dissensions; mais il souffre des maux qu'elles ont amenés sur sa tête. Il souffre avec une résignation courageuse, mais il commence à s'effrayer du surcroît de détresse dont il est menacé. Chaque jour, en effet, rend notre existence plus pénible. On cherche en vain la fortune publique; elle est comme au pillage. A toutes les places, l'impunité enhardit les prévaricateurs, parce que la responsabilité n'est qu'un mot. Que deviennent nos finances? que deviendra la République, qui en a besoin? Ditesnous où aboutiront les généreux sacrifices de nos fortunes? Nos armées sont encore dans le dénuement, et cependant on ne cesse, depuis dix mois, de verser des millions dans les mains des fournisseurs. Que vous répondent

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« Certifié veritable par nous, commissaires soussignés, ce 30 juin 1793, l'an II de la République française.

« Signé : C.-J.-E. GIRARD-VILLARS; THIRION. » (1) Archives nationales, Carton C 258, chemise 533, pièce no 19, et Procès-verbaux de la Convention, t. 14, page 464.

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