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Les Ouvrages contenus dans ce Tome font:

SEPTI E ME

CLASS E.

N°. X. Avis à l'Auteur des Nouvelles de la République des Lettres, fur ce qu'il avoit dit en faveur du P. Malebranche, touchant les plaifirs des Sens.

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page 1

No. XI. Differtation fur le prétendu bonheur des plaifirs des Sens; pour fervir de replique à la Réponse qu'a faite M. Bayle, pour juftifier ce qu'il a dit fur ce fujet dans fes Nouvelles de la République des Lettres du mois d'Août 1685, en faveur du P. Malebranche, contre M. Arnauld.

N°. XII. Quatre Lettres de M. Arnauld au P. Malebranche, de l'an 1694, fur deux de fes plus infoutenables opinions.

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N°. XIII. Differtation latine de M. Arnauld fur la vue des Vérités en Dieu.

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N°. XIV. Regles du bon fens, pour juger des Ecrits polémiques dans des matieres de Science, appliquées à une difpute entre deux Théologiens touchant cette question métaphyfique :

Si nous ne pouvons voir les vérités néceffaires & immuables que dans la Vérité fouveTaine incréée.

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LA RÉPUBLIQUE DES LETTRES (a)

[Sur ce qu'il avoit dit en faveur du P. Malebranche, touchant le Plaifir

Vo

des Sens, &c.]

Oilà, Monfieur, les Avis que je vous ai adreffés dès le mois paffé. VII. CL. Vous y avez répondu d'une maniere fort honnéte & fort civile, & en N°. X. témoignant beaucoup d'eftime pour la perfonne de M. Arnauld. Mais en même temps que vous déclarez que les difficultés que je vous y avois propofées, ne vous avoient pas fait changer de fentiment, vous vous excufez d'y répondre, pour n'en avoir pas le loifir. Puis donc que notre différent n'a pu être terminé par cette voie, je me fuis trouvé engagé de chercher quelqu'autre moyen, de fatisfaire à ce que j'ai cru devoir à la vérité & à la justice. Je n'en ai point trouvé d'autre que de m'adreffer à un Juge que vous ne pouvez pas récufer, puifque vous l'avez choisi vous-même. C'eft(a) Sur l'édition faite à Delf, chez la Veuve de Jager, en 1685.]

Philofophie. Tome XL.

A

VIICI. à-dire, Monfieur, que je me fuis fenti obligé de défendre M. Arnauld deN°. X. vant le public, comme c'eft devant le public que vous avez pris le parti de fon adverfaire en faveur des Plaisirs des Sens, & que, touchant la Liberté, vous lui avez attribué une opinion condamnée par tout ce qu'il y a dans Eglife de Théologiens Catholiques. C'eft, Monfieur, ce qui m'a porté à faire imprimer ces Avis, ayant perdu l'espérance que j'avois eue, que vous les pourriez vous-même donner au public, en lui en laiffant le jugement. Je n'ai pas ofé en faire autant de votre Réponse, parce que j'ai cru que cela ne m'étoit pas permis, mais que je devois vous laiffer la liberté de la publier fi vous le jugiez à propos. Ce 10 Octobre 1685.

Comme il paroît, Monfieur, que vous ne trouvez pas mauvais que l'on vous avertiffe des chofes contraires à la vérité ou à l'équité, qui vous pourroient être échappées en écrivant vos Nouvelles, & qu'en diverfes occafions vous avez reconnu que vous vous étiez trompé, j'ai cru que vous ne prendriez pas en mauvaife part, que je vous parlaffe de deux chofes, qui ne me paroiffent pas juftes dans le jugement que vous avez fait du premier Livre de M. Arnauld, contre le Systême du P. Malebranche, dans vos Nouvelles du mois d'Août dernier.

La premiere eft, ce que vous dites en la page 860.

L'Auteur montre, que le nouveau Systême eft fujet aux mêmes inconvé nients & à de plus grands, & par occafion, il explique de quelle façon on peut aimer & craindre les créatures. Il y a beaucoup d'apparence que la plupart des Lecteurs trouveront fort évident ce qu'on dit ici, & bien plus raifonnable que la longue difpute où M. Arnauld eft entré, touchant ce que le P. Malebranche avoit dit du Plaifir des Sens.

Vous louez un endroit de ce Livre, pour en blâmer un autre comme peu raifonnable. Mais ce que vous ajoutez eft beaucoup plus défobligeant; puifque vous y faites entendre, que ce Docteur peut être foupçonné d'avoir voulu chicaner fon adverfaire, afin de le rendre fufpect du côté de la morale, & qu'il n'y a que le ferment de bonne foi qu'il a fait dans la Préface de fon Livre, qui puiffe empêcher qu'on n'ait de lui cette pensée.

Mais ceux, dites-vous, qui auront tant foit peu compris la doctrine du P. Malebranche s'étonneront fans doute, qu'on lui en faffe des affaires. S'ils ne fe fouviennent pas du ferment de bonne foi, que M. Arnauld vient de préter dans la Préface de ce dernier Livre, ils croiront qu'il a fait des chicanes à fon adverfaire, afin de le rendre fufpect du côté de la morale.

Suppofons donc que ce ferment ne fût point dans la Préface, & voyons fi ce qui eft dans le Livre, eft de foi-même capable de donner cette méchante idée de M. Arnauld: qu'il fait des chicanes à fon adver

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faire pour le rendre fufpect du côté de la morale. Il eft aifé, Monfieur, de VII, CE. vous faire voir, qu'il n'y a rien de plus mal fondé. No. X.

1o. Ce n'eft pas chicaner fon adverfaire que de rapporter très-fidellement un point de fa doctrine, qui regarde la matiere la plus importante de toute la morale, & de prendre un foin tout particulier d'y joindre toutes les explications & les limitations qu'il y met en divers endroits & principalement celles qui pourroient rendre fa doctrine plus plausible. Or c'eft ce qu'a fait M. Arnauld, en réduifant à cinq Propofitions tout ce qu'a dit le P. Malebranche fur les Plaisirs des Sens ; dont la quatrieme eft; qu'il faut fuir ces plaifirs, quoiqu'ils nous rendent heureux.

2o. Ce n'est point l'avoir voulu chicaner, & lui faire un méchant procès, que d'avoir remarqué, comme fait M. Arnauld, que cette Propofition, les Plaisirs des Sens rendent heureux ceux qui en jouiffent, peut être prise en deux manieres ou felon les idées populaires, felon lesquelles on tient pour heureux tous ceux qui font contents, parce qu'eux-mêmes se croient heureux: ou felon la vérité, reconnue par tous les Philofophes, mêmes Payens, felon laquelle on n'appelle bonheur, que la jouissance du fouverain bien, dont la principale propriété eft, d'être defiré pour luimême, quod eft propter fe expetendum. Et d'avoir déclaré, que ce n'est point dans le premier fens qu'il combattoit cette Propofition, mais feulement dans le fecond, l'Auteur qu'il réfutoit faifant profeffion de parler exactement, fans s'arrêter aux preuves vulgaires. Outre que ce feroit une étrange confufion dans la Morale, lorsqu'on la traite en Philofophe dans des livres dogmatiques, & non pas en Orateur dans des difcours populaires, que de changer les notions des principales chofes qui s'y traitent, en prenant les termes les plus communs, tel qu'eft celui de bonheur ou de ce qui rend heureux, en des fens éloignés, dans lefquels aucun Philofophe ne les auroit jamais pris.

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3°. Ce n'est pas avoir eu deffein de lui faire des affaires mal-à-propos, que de faire un Chapitre exprès, « où on rapporte diverfes raifons, qui . » ont empêché qu'on n'ait expliqué cette Propofition, les Plaifirs des Sens » rendent heureux ceux qui en jouiffent, d'une maniere plus favorable & » moins choquante, comme on l'auroit bien voulu ". Je veux croire que! vous ne vous êtes pas fouvenu de ce Chapitre, lorfque vous avez porté un jugement fi défavantageux de cet endroit du Livre de M. Arnauld ; parce que fi vous vous en étiez fouvenu, il n'y auroit pas eu de bonne foi de le diffimuler. Car fi ces raisons font bonnes, il falloit s'y rendre ; & fi elles ne vous paroiffoient pas bonnes, vous deviez montrer en quoi elles ne valoient rien: ce qu'on ne croit pas qui vous fût facile, n'y

VII. CL. ayant rien, ce femble, de plus clair & de plus convaincant, & fur-tout N°. X. la derniere.

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4. Ce n'eft pas vouloir rendre un Auteur fufpect d'avoir une méchante morale, que de reconnoître, qu'il recommande fort de fuir les Plaifirs des Sens, quoiqu'on lui repréfente en même temps, que ce n'eft pas un bon moyen de porter à les fuir, que de dire tant de fois, qu'ils rendent heureux ceux qui en jouiffent. Souvenez-vous que dans vos Nouvelles du mois de Septembre de l'année derniere, en parlant de la Défense de M. Arnauld, vous avez reconnu, comme une doctrine fort fenfée, "que » ce n'eft point bleffer l'amitié, que de fe fervir, pour combattre les fen» timents d'un ami, que l'on croit faux, de cette forte de preuve, qu'on appelle dans l'Ecole per reductionem ad abfurdum; parce que ces ar"guments ne confiftent pas à tirer une abfurdité de la doctrine que l'on » combat, en attribuant cette abfurdité à celui contre qui l'on difpute, » mais en espérant, au contraire, que la vue de cette abfurdité, que l'on » fait voir être une fuite de fon opinion, l'obligera de demeurer d'accord, que fon opinion eft infoutenable ". Or c'eft tout ce que fait M. Arnauld fur cette Propofition du P. Malebranche: Que les Plaifirs des Sens rendent heureux ceux qui en jouiffent. Il l'a combattue par les mauvaises fuites qu'elle peut avoir; mais il ne lui attribue pas ces mauvaises fuites. Il fuppofe, au contraire, qu'il eft fort éloigné de les approuver, & c'est pour cela qu'il les lui fait envifager, afin que l'éloignement qu'il en a lui faffe abandonner un fentiment qui pourroit naturellement caufer de fort mauvais effets. On peut voir que c'est ainfi qu'il en parle dans l'examen de la troisieme Propofition touchant les Plaisirs des Sens. Il n'y a donc pas la moindre ombre d'équité, d'infinuer au monde, que fi ce n'étoit le ferment de bonne foi qu'il a fait dans fa Préface, on auroit lieu de croire qu'il a fait des chicanes au P. Malebranche, afin de le rendre fufpect du côté de la morale.

"

En voilà affez, Monfieur, pour ce qui regarde la bonne foi & la fincérité de M. Arnauld. Mais pour ce que vous dites d'abord, que cet. endroit de fon Livre ne paroît pas au Lecteur fi raisonnable que les autres, je doute que le public foit de votre avis, & fi on ne jugera pas, au contraire, qu'il n'y en a guere où ce Docteur raisonne plus folidement & plus jufte.

Pour en convenir, il y a ici deux questions, qu'il ne faut pas confondre. L'une, s'il a bien pris le fens de fon adverfaire. L'autre, fi dans le fens qu'il a pris, il l'a bien réfuté. Il a repréfenté dans le Chapitre XXII, les raisons qui l'ont empêché de le prendre dans un fens plus favorable. Il faut avoir réfuté ce Chapitre pour le condamner fur ce point

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