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mouvement de fa baguette, dirige toutes les évolutions; & s'il manque à fon devoir, il eft réduit au grade de foldat.

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La cour du Monarque étale tour le fafte afiatique. Les premieres dignités de l'Etat font confiées à des eunuques, parce qu'on fuppofe que ne laiffant point d'enfans, ils auront moins d'avidité. Cette politique pas réuffi en Europe, où l'on a fait l'expérience que les miniftres célibataires ont accumulé les plus grands tréfors. L'héritier préfomptif du trône a toujours le commandement de l'armée navale, & fa garde particuliere eft de cinq mille hommes. Son puiné eft généraliffime des troupes de terre. Il a toujours deux mille foldats attachés à fa perfonne. Il y a tou jours un corps fubfiftant de trou pes pour empêcher les révoltes.

Les crimes contre la Majefté roya le font cruellement punis. On attache le coupable à un poteau, & chaque foldat lui coupe un morceau de

chair, jufqu'à ce qu'il ne foit plus qu'un fquelette. La févérité des châ timens chez une nation, manifefte fon penchant pour le crime. La loi fe propose d'effrayer par l'appareil des vengeances, & fouvent elle ne fait qu'aigrir la férocité.

Les foldats font vêtus de fatin, & les officiers de velours en or ou en argent.

Il y a des écoles de guerre où les enfans font élevés aux dépens du tréfor-public. On nourrit Fémulation par des récompenfes qui flattent ceux qui commencent à naître. On leur donne des robes de: foie & d'autres ajuftemens qui intéreffent leur vanité. Ceux qui ne profitent point des leçons qu'ils reçoivent, font vêtus de toile.

La Religion Chrétienne y a fait de grands progrès, & y a effuyé de grandes tempêtes. L'ignorance des Prêtres idolâtres, l'abfurdité de leur sdogmes, ont favorisé le triomphe des Miffionnaires, dont le fang a fertilifé cette terre propre à reSy

cevoir la femence de l'Evangile, fi les puiffances de l'Europe, mieux éclairées fur leurs intérêts, étoient plus attentives à y envoyer des ouvriers. La politique peut-elle choifir des agens plus fûrs, plus clairvoyans & plus défintéressés?

CHAPITRE XII I.

Du Tunquin.

que le royaume

de Siam entretient avec le Tunquin, m'obligent d'en faire un article particulier. On n'est pas d'accord fur fon étendue; mais tous les voyageurs conviennent qu'il eft plus peuplé que la France, & quelques-uns prétendent qu'il eft auffi étendu. Quoique fitué fous le tropique, on y jouit d'un printemps perpétuel; & l'air qui devroit être brûlant, eft rafraîchi par les vents du fud & du nord qui régnent alternativement chacun pendant fix mois de l'année. Les pluies y tombent depuis le commencement d'Avril jufqu'au mois d'Août. C'est alors que les arbres ornés de verdure courbent leurs rameaux fous le poids des fruits; les campagnes étalent le luxe de leurs productions, & promettent une riche moiffon de

riz. On n'y recueille ni bled ni raifin; mais la nature a fuppléé à cette. difette par d'autres profusions. It eft vrai que le pays eft quelquefois frappé de ftérilité. Les inondations détruifent les femences, ou la féchereffe change en pouffiere aride cés campagnes fécondes.

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Une chaîne de montagnes inacceffibles femble défendre ce royaume contre toute invafion étrangere. Elles font couvertes de forêts, dont les arbres font chargés de fruits ; & c'eft la demeure des tigres, des cerfs & des éléphans. L'intérieur du pays eft dominé par des côteaux délicieux. Un grand nombre de rivieres fertilifent les plaines. Les canaux ouvrent des correfpondances faciles & très-peu difpendieufes. Quoique le pays produife tout ce qui peut être un objet de commerce, les habitans tournent toute leur attention vers la pêche.

Kankao eft la ville la plus confidérable, & quelques voyageurs la comparent aux villes les plus.

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