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PENCH AN T.

NEOPTOLEME à GLAUCIAS.

LE E malheur rend fouvent le crime nécessaire ;

Et le penchant des cœurs ne dépend non plus d'eux, Qu'il en dépend de naître heureux ou malheureux. Crébillon, Pyrrh. act. v.

fc. dern

U

PERE CRUEL.

ARSAME à RHADAMISTE.

N pere rigoureux, de mon bonheur jaloux;
Me force en ce moment d'avoir recours à vous.
Pour me juftifier lorfque tout me condamne,
Je ne veux point, Seigneur, vous peignant Pharafmane
Répandre fur fa vie un venin dangereux.

Non, quoi qu'il foit pour moi fi fier, fi rigoureux,
Quoique de fon courroux je fois feul la victime,
Il n'en eft pas pour moi moins grand, moins magnanime
La nature, il eft vrai, d'avec les ennemis

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N'a jamais dans fon cœur sû diftinguer fes fils.
Je ne fuis pas le feul de ce fang invincible,
Qu'ait proferit en naiffant fa rigueur inflexible.
J'eus un frere, Seigneur, illuftre & généreux
Digne par fa valeur du fort le plus heureux.
Que je refpe&te encor fa trifte deftinée !
Et jamais il n'en fût de plus infortunée,
Un pere conjuré contre fon propre fang,
Lui-même lui porta le couteau dans le flanc.

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Crébillen, Rhadam. act. 111. fo. IIè

BRUTUS à TITU S.

AH malheureux Titus,

Parle, Ais-je encore un fils ?

TITUS.

Non, vous n'en avez plus.

BRUTUS.

Répond donc à ton Juge, opprobre de ma vie.
Avois-tu réfolu d'opprimer ta patrie,
D'abandonner ton père au pouvoir abfolu,.
De trahir tes fermens ?

TITUS.

Je n'ai rien réfolu ; Plein d'un mortel poifon, dont l'horreur me dévore, Je m'ignorois moi-même, & je me cherche encore ;' Mon cœur encor furpris de fon égarement, Emporté loin de foi, fut coupable un moment; Ce moment m'a couvert d'une honte éternelle, A mon pays que j'aime il m'a fait infidéle, Mais ce moment paffé mes remords infinis Ont égalé mon crime & vangé mon pays. Prononcez mon arrêt. Rome qui vous contemple, A befoin de ma perte & veut un grand exemple. Par mon jufte fupplice il faut épouvanter Les Romains, s'il en eft qui puiffent m'imiter. Ma mort fervira Rome autant qu'eût fait ma vie, Et ce fang en tout tems utile à fa patrie, Dont je n'ai qu'aujourd'hui fouillé la pureté,N'aura coulé jamais que pour la liberté.

BRUTUS..

Quoi, tant de perfidie avec tant de courage

!

TITUS.

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Terminez mes forfaits, mon défespoir, ma vie,
Votre opprobre & le mien. Mais fi dans les combats
J'avois fuivi la trace où m'ont conduit vos pas;
Si je vous imitai, fi j'aimai ma patrie
D'un remord affez grand fi ma rage eft fuivie,
A cet infortuné daignez ouvrir les bras;
Dites du moins, mon fils, Brutus ne te hait pas ;
Ce mot feul me rendant mes vertus & ma gloire,
De la honte où je fuis défendra ma mémoire.

BRUTUS

Son remord me l'arrache. O Rome! ô mon pays!
Proculus... A la mort que l'on méne mon fils.
Leve-toi, trifte objet d'horreur & de tendreffe:
Leve-toi, cher appui qu'efpéroit ma vieillesse :
Viens embraffer ton pere: il t'a dû condamner;
Mais s'il n'étoit Brutus il t'alloit pardonner.
Mes pleurs en te parlant inondent ton visage:
Va porte à ton fupplice un plus mâle courage;
Va ne t'attendris point, fois plus Romain que moi
Et que Rome t'admire en fe vengeant de toi.

Voltaire, Brutus, act. V. fc. VII.

PERE ECLAIRE.

BRUTUS à MESSALA.

NON, non, le Confulat n'est point fait pour fon age,

Fai moi-même à mon fils refusé mon fuffrage,

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Croyez-moi, le fuccès de fon ambition
Seroit le premier pas vers la corruption :
Le prix de la vertu feroit héréditaire.
Bien-tot l'indigne fils du plus vertueux pere,
Trop auré d'un rang d'autant moins mérité
L'attendroit dans le luxe & dans l'oifiveté.
Le dernier des Tarquins en eft la preuve infigne,
Qui naquit dans la pourpre en eft rarement digne.
Nous préferve les cieux d'un fi funefte abus
Berceau de la molleffe & tombeau des vertus !
Si vous aimez mon fils, (je me plais à le croire)
Repréfentez-lui mieux fa véritable gloire,
Etouffez dans fon cur un orgueil infenfé;
C'est en fervant l'Etat qu'il eft récompensé.
De toutes les vertus mon fils doit un exemple :
C'eft l'appui des Romains que dans lui je contemple:
Plus il a fait pour eux, plus j'exige aujourd'hui ;
Connoiffez à mes vœux l'amour que j'ai pour lui.
Tempérez cette ardeur de l'efprit d'un jeune homme,
Le flatter, c'eft le perdre, & c'eft outrager Rome.
Voltaire, Brutus, act. 11. fc. IV.

PERFIDIE.

THYEST E.

SOYEZ donc les garans du falût de Thyefte,

Coupe de nos ayeux, & vous Dieux que j'attefte; Puifle votre courroux foudroyer déformais

Le premier de nous deux qui troublera la paix.

Mais

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que vois-je, perfide! ah, grands Dieux, quelle horreur !

C'eft du fang! tout le mien fe glace dans mon cœur. Le foleil s'obfcurcit, & la coupe fanglante

Semble fuir d'elle-même à cette main tremblante.
Je me meurs. Ah! mon fils, qu'êtes-vous devenu ?
Crébillon, Atrée, act. V. fc. v.

PESTE.

UN mal qui répand la terreur,

Mal que le ciel en fa fureur
Inventa pour punir les crimes de la terre,
La Pefte (puifqu'il faut l'appeller par fon nom)
Capable d'enrichir en un jour l'Acheron,
Faifoit aux animaux la guerre :

Ils ne mouroient pas tous, mais tous étoient frappése
On n'en voyoit point d'occupés
A chercher le foutien d'une mourante vie :
Nul mets n'excitoit leur envie.
Ni loups, ni renards n'épioient
La douce & l'innocente proie.
Les tourterelles fe fuyoient ;
Plus d'amour, partant plus de joie.

Le Lion tint confeil, & dit: Mes chers amis,
Je crois que le ciel a permis.

Pour nos péchés cette infortune :

Que le plus coupable de nous

Se facrifie aux traits du célefte courroux :
Peut-être il obtiendra la guérison commune.
L'Hiftoire hous apprend qu'en de tels accidens
On fait de pareils dévouemens.

Ne nous flattons donc point, voyons fans indulgence
L'état de notre confcience.

Pour moi, fatisfaifant mes appétits gloutons,
J'ai dévoré force moutons.

Que m'avoient-ils fait? nulle offense:
Même il m'eft arrivé quelquefois de manger

Le Berger.

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