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Son cœur de toutes parts eft ouvert aux foupçons.
Il doit ce qu'il redoute, & dans fa défiance
Il confond quelquefois le crime & l'innocence.
Enfin j'ai sû fixer fon courroux incertain

la figné l'arrêt, & j'ai conduit fa main.

Voltaire, Mariamn, act. I. fc. I.

POLITIQUES.

Vous, qui dans l'indépendance

Des nœuds les plus refpectés,
Masquez du nom de prudence
Toutes vos duplicités :
Infidéles politiques,

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Qui nous cachez vos pratiques
Sous tant de voiles épais
Ceffez de troubler la terre,
Moins terribles dans la guerre,
Que finiftres dans la paix.

En vain fur les artifices
Et le faux déguisement,
De vos frêles édifices
Vous pofez le fondement.
Contre vos fourdes intrigues,
Bien-tôt de plus juftes ligues
Joignent vos voisins nombreux :
Et leur vengeance unanime
Vous plonge enfin dans l'abîme
Que vous creusâtes pour eux.

Rouffeau, Ode à l'Empereur.

POMPE.

JO CASTE à ŒDIP E.

CE*

E Roi plus grand que fa fortune, Dédaignoit com comme vous une pompe importune: On ne voyoit jamais marcher devant fon char, D'un bataillon nombreux le faftueux rempart ; Au milieu des fujets foumis à fa puiffance, Comme il étoit fans crainte il marchoit fans défense; Par l'amour de fon peuple il fe croyoit gardé.

Voltaire, Edip. act. I v. fc. I.

BE'RE'NICE à PHE'NICE.

LE tems n'eft plus, Phenice, où je pouvois trembler,
Titus m'aime, il peut tout, il n'a plus qu'à parler.
11 verra le Sénat m'apporter fes hommages;
Et le peuple, de fleurs, couronner nos images.
De cette nuit, Phénice, as-tu vú la fplendeur?
Tes yeux ne font ils pas tout pleins de fa grandeur!
Ces flambeaux, ce bucher, cette nuit enflammée,
Ces aigles, ces faisceaux, ce peupie, cette armée,
Cette foule de Rois, ces Confuls, ce Sénat
Qui tous de mon Amant empruntoient leur éclat ;
Cette pourpre, cet or, que rehauffoit fa gloire,
Et ces lauriers encor témoins de fa victoire.
Tous ces yeux qu'on voyoit venir de toutes parts
Confondre fur lui feul leurs avides regards;
Ce port majeftueux, cette douce préfence.
Ciel, avec quel refpe&t & quelle complaifance,

*Laïus.

Tous les cœurs, en fecret, l'affuroient de leur foi! Parle. Peut-on le voir fans penfer comme moi, Qu'en quelque obfcurité que le fort l'eût fait naître, Le monde en le voyant eût reconnu fon Maître.

Racine, Bérén. act. 1. fc. v.

JE

PONTIFE.

DIPE à PHILO CTET E.

E ne fais où je fuis, ma fureur eft tranquille ; Il'me femble qu'un Dieu defcendu parmi nous, Maître de mes tranfports enchaîne mon courroux ; Et prêtant au Pontife une force divine,

Par fa terrible voix, m'annonce ma ruine.

PHILOC TETE.

Si vous n'aviez, Seigneur, à craindre que des Rois,
Philoctete avec vous combattroit fous vos loix ;
Mais un Prêtre eft ici d'autant plus redoutable,
Qu'il vous perce à nos yeux par un trait refpectable,
Fortement appuyé fur des oracles vains,

Un Pontife eft fouvent terrible aux Souverains;
Et dans fon zéle aveugle un peuple opiniâtre,
De fes liens facrés imbécille idolâtre,
Foulant par piété les plus faintes des loix
Croit honorer les Dieux en trahiffant fes Rois;
Sur-tout quand l'intérêt, pere de la licence,
Vient de leur zéle impie enhardir l'infolence.

Voltaire, Edip. act. 111. fc. v.

FULVIE à* PROBUS.

Vous croyez à l'abri de votre caractére,
Pouvoir impunément défier ma colére;

Et que mon cœur, tremblant à l'afpe&t de ce lieu,
Va mettre au même rang le Miniftre & le Dieu.
Et quel Miniftre encore! un facrilége, un traître,
Qui de Catilina devenu le Grand-Prêtre

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Des Tarquins fur fon front veut ceindre le bandean,
Et du fang des Romains nourrir ce Dieu nouveau.
Lâche, qui fe dévoue aux amours de Tullie,
Qui, de fes propres Dieux profanateur impie,
Prête le Sanctuaire à des feux criminels,
Deshonore le Prêtre & fouille les Autels.

Crébillon, Catilin. act. II. fc. I.

ARZACE à MITRANE.

MON pere, en expirant, me dit que ma fortune
Dépendoit en ces lieux de la caufe commune.
Il remit dans mes mains ces gages précieux,
Qu'il conferva toujours loin des profanes yeux;
Je dois les dépofer dans les mains du Grand-Prêtre ;
Lui feul en doit juger, lui feul doit les connoître.
Sur mon fort en fecret je dois le confulter,
A Sémiramis même il peut me préfenter.

MITRAN E.

Rarement il l'approche; obfcur & folitaire,
Renfermé dans les foins de fon faint Miniftére,
Sans vaine ambition, fans crainte, fans détour,
On le voit dans fon Temple, & jamais à la Cour.

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Il n'a point affecté l'orgueil du rang fuprême,
Ni placé fa thiare auprès du diademe.

Moins il veut être grand plus il est révéré.

Voltaire, Sémiram. act. I. fc. I.

D'U

PORTRAIT DE L'AMOUR.

'UN foible enfant il a le front timide. Dans fes yeux brille une douceur perfide. Nouveau Prothée, à toute heure, en tous lieux, Sous un faux mafque il abufe nos yeux. D'abord voilé d'une crainte ingénue, Humble captif, il rampe, il s'infinue : Puis tout-à-coup impérieux vainqueur, Porte le trouble & l'effroi dans le cœur. Les trahîfons, la noire tyrannie, Le désespoir, la peur, l'ignominie, Et le tumulte au regard effaré, Suivent fon char de foupçons entouré.

Rouleau, Epitre à Madame Duffé.

PORTRAIT DE BAJAZET.

A COMAT à OSMIN.

BAJAZET

AJAZET dédaigna de tout tema La molle oifiveté des enfans des Sultans, Il vint chercher la guerre au fortir de l'enfance, Et même en fit fous moi la noble expérience. Toi-même tu l'as vû courir dans les combats, Emportant après lui tous les cœurs des foldats; Tome 11.

H

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