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Puiffant Seigneur & Favori peut-être.
Et Favori qu'eft cela? c'eft un être
Qui ne connoît rien de froid ni de chaud 7
Et qui fe rend précieux à son Maître,
Par ce qu'il coûte, & non par ce qu'il vaur.
Rouffeau, Epigr.

PORTRAIT D'UNE FEMME A PETITE SANTE'.

TACCOMMODES-tu mieux de ces douces menades,

Qui, dans leurs vains chagrins fans mal toujours malades,
Se font des mois entiers fur un lit effronté
Traiter d'une vifible & parfaite fanté ;

Et douze fois par jour, dans leur molle indolence,
Aux yeux de leurs maris tombent en défaillance ?
Quel fujet, dira l'un, peut donc fi fréquemment
Mettre ainfi cette Belle aux bords du monument?
La Parque raviffant ou fon fils ou fa fille,
A-t-elle moiflonné l'espoir de fa famille ?
Non: il eft queftion de réduire un mari,
A chaffer un valet dans la maifon chéri
Et qui parce qu'il plaît, a trop sû lui déplaire;
Ou de rompre un voyage utile & néceffaire.

Defpréaux, Satyr. des femmes:

PORTRAIT D'UNE FEMME SE'VERE,

CETTE bilieufe

Follement outrée en fa févérité Baptifant fon chagrin du nom de piété,

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Dans fa charité fauffe où l'amour-propre abonde,
Croit que c'eft aimer Dieu que hair tout le monde ?
11 n'eft rien où d'abord fon foupçon attaché
Ne préfume du crime & ne trouve un péché.
Pour une fille honnête & pleine d'innocence,
Croit-elle en fes valets voir quelque complaifance
Réputés criminels les voilà tous chaffés,

Et chez elle à l'inftant par d'autres remplacés.
Son mari, qu'une affaire a laiffé dans la Ville,
Et qui chez lui, fortant, a tout laiffé tranquille
Se trouve affez furpris rentrant dans fa maifon,
De voir que le Portier lui demande fon nom;
Et que parmi fes gens changés en fon abfence,
Il cherche vainement quelqu'un de connoiffance.

Defpréaux, Satyr. des femmeså

J

PORTRAIT DU DUĆ DE FOIX.

LISOIS à AM E'LI E.

E ne m'aveugle pas, je vois avec douleur De fes emportemens l'indifcrette chaleur, Je vois que de fes fens l'impétueufe yvreffe L'abandonne aux excès d'une ardente jeunesle; Et ce torrent fougueux que j'arrête avec foin, Trop fouvent me l'arrache & l'emporte trop loin. Mais il a des vertus qui rachettent fes vices: Eh! qui fauroit, Madame, où placer fes fervices S'il ne nous falloit fuivre, & ne chérir jamais Que des cœurs fans foibleffe, & des Princes parfaits

Voltaire, Duc de Foix, act. 1. fc. I.

PORTRAIT DE LA FONTAINE,
par lui-même.

PAPILLON

APILLON du Parnaffe, & femblable aux abeilles; A qui le bon Platon compare nos merveilles. Je fuis chofe légére, & vole à tout fujet : Je vais de fleur en fleur, & d'objet en objet; A beaucoup de plaifirs je mêle un peu de gloire. J'irois plus haut peut-être au Temple de Mémoire, Si dans un genre feul j'avois ufé mes jours, Mais quoi je fuis volage en vers comme en amours. En faifant mon portrait, moi-même je m'accuse, Et ne veux point donner mes défauts pour excufe: Je ne prétens ici que dire ingénuement, L'effet bon ou mauvais de mon tempérament. A peine la raifon vint éclairer mon ame, Que je fentis l'ardeur de ma premiére flamme. Plus d'une paffion a depuis dans mon cœur Exercé tous les droits d'un fuperbe vainqueur. Tel que fut mon printems, je crains que l'on ne voie Les plus chers de mes jours aux vains désirs en proie Que me fervent ces vers avec foin compofés? N'en attens-je autre fruit que de les voir prifés? C'eft peu que leurs confeils, fi je ne fais les fuivre, Et qu'au moins vers ma fin je ne commence à vivre. Car je n'ai pas vécû; j'ai fervi deux tyrans ; Un vain bruit & l'amour ont partagé mes ans. La Fontaine, Œuvr. divers.

PORTRAIT DE LA BELLE GABRIELLE.

D

'ETRE'E étoit fon nom; la main de la nature ETRE De fes aimables dons la combla fans mefure:

Telle ne brilloit point aux bords de l'Eurotas
La coupable beauté qui trahit Ménélas;

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Moins touchante & moins belle à Tharfe on vit paroître
Celle qui des humains avoit domté le Maître,
Lorfque les habitans des rives du Cydnus
L'encenfoir à la main la prirent pour Venus.
Elle entroit dans cet âge, hélas! trop redoutable
Qui rend des paffions le joug inévitable.
Son cœur né pour aimer, mais fier & généreux,
D'aucun Amant encor n'avoit reçû les vœux.
Semblable en fon printems à la rofe nouvelle,
Qui renferme en naiffant fa beauté naturelle
Cache aux vents amoureux les tréfors de fon fein,
Et s'ouvre aux doux rayons d'un jour pur & ferein.
Voltaire, Henri. ch. IX.

Ο τότ

PORTRAIT GALANT.

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TOI qui peins d'une façon galante,
Maître paffé dans Cithere & Paphos,
Fais un effort: peins-nous Iris abfente.
Tu n'as point vu cette beauté charmante
Me diras-tu; tant mieux pour ton repos :
Je m'en vais donc t'inftruire en peu de mots.
Premiérement, mets des lys & des rofes,
Après cela, des amours & des ris;
Mais à quoi bon le détail de ces chofes ?
D'une Venus tu peux faire une Iris.
Nul ne fauroit découvrir le myftére.
Traits fi pareils jamais ne fe font vus,
Et tu pourras à Paphos, à Cithere,
De cette Iris refaire une Venus.

La Fontaine, Imitat. d'Anacréona

JE

PORTRAIT DES GAULOIS.

SUNNON à CATILINA.

E fuis Gaulois, ainfi fidéle à ma parole. L'honneur eft parmi nous le premier de nos Dieux. Mais vous favez quel joug on m'impofe en ces lieux; Et d'un Ambaffadeur quel eft le Ministére Que je fuis retenu par une loi févére,

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Qui me défend d'armer de criminelles mains
Et d'ofer les tremper dans le fang des Romains.
D'ailleurs, de vos projets j'ignore le mystére:
Je crains tout, fans favoir ce qu'il faut que j'efpére
Si vos detleins ne font auffi juftes que grands
Et fi ce n'eft pour nous qne changer de tyrans,
Si nos traités ne font fondés fur la juftice,
Vous prétendez en vain qu'aucun nœud nous unifle.
Notre unique vertu n'eft pas notre valeur.
Nous aimons la juftice autant que la candeur.
Quoi qu'enfant de la guerre, allaité fous les tentes,
Le Gaulois n'eût jamais que des mœurs innocentes.
Si vous nous furpaffez par votre urbanité,
Nous l'emportons fur vous par notre intégrité,
C'eft à tous nos deffeins l'honneur feul qui préfide;
Et de nos intérêts l'équité qui décide.

Crébillon, Catilin. act. III. fc. II.

PORTRAIT D'UNE GRONDEUSE

LA

A revêche bifarre

... Sans ceffe d'un ton par la colére aigri Gronde, choque, dément, contredit un mari. Il n'eft point de repos ni de paix avec elle.

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