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Son mariage n'eft qu'une longue querelle.
Laifle-t-elle un moment refpirer un époux ?
Ses valets font d'abord l'objet de fon courroux,
Et fur le ton grondeur lorfqu'elle les harangue.
Il faut voir de quels mots elle enrichit la langue.
Defpréaux, Satyr. des femmes.

PORTRAIT D'UN GUERRIER.

LA

ERICIE à HE'L E'N U S.

A paix n'eft pas l'objet de vos vœux les plus doux. Votre cœur élevé dans le fein des allarmes, N'interrompt qu'à regret le tumulte des armes. Le fang, les cris, les pleurs, cent peuples gémiflans Voilà pour vos pareils les objets raviffans. Votre nom n'a-t-il pas affez rempli la terre? Qu'a-t-il befoin encor des horreurs de la guerre? Crebillon, Pyrrh. act. 1. fc. V.

O

PORTRAIT DU DUC DE GUISE.

N vit paroître Guife, & le peuple inconftant Tourna bien-tôt fes yeux vers cet aftre éclatant : Sa valeur, fes exploits, la gloire de fon pere, Sa grace, fa beauté, cet heureux don de plaire, Qui mieux que la vertu fait régner fur les cœurs, Attiroient tous les veux par des charmes vainqueurs. Nul ne sût mieux que lui le grand art de féduire Nul fur fes paffions n'eût jamais plus d'empire, Et ne sût mieux cacher fous des dehors trompeurs Des plus vaftes deffeins les fombres profondeurs Altier, impérieux, mais souple & populaire,

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Des peuples en public il plaignoit la mifére,
Déteftoit des impôts le fardeau rigoureux;
Le pauvre alloit le voir & revenoit heureux.
I favoit prévenir la timide indigence.
Ses bienfaits dans Paris annonçoient fa préfence.
Il fe faifoit aimer des Grands qu'il haifoit :
Terrible & fans retour lorsque l'on l'offensoit :
Téméraire en fes vœux, fage en fes artifices,
Brillant par fes vertus & même par fes vices,
Connoiffant le péril & ne redoutant rien,
Heureux Guerrier, grand Prince, & mauvais Citoyen.
Voltaire, Henri. ch. 111.

PORTRAIT DE HENRI III.

C'EST

'EST un poids bien péfant qu'un nom trop tôt

fameux :

Valois ne foutint pas ce fardeau dangereux.
Sa gloire avoit paffé comme une ombre légére.
Ce changement eft grand, mais il eft ordinaire.
On a vu plus d'un Roi, par un trifte retour
Vainqueur dans les Combats, esclave dans fa Cour:
* Reine, c'eft dans l'efprit qu'on voit le vrai courage.
Valois reçut des cieux des vertus en partage.
11 eft vaillant, mais foible, & moins Roi que foldat,
Il n'a de fermeté qu'en un jour de combat.
Ses honteux Favoris flattant fon indolence,
De fon cœur à leur gré gouvernoient l'inconftance;
Au fond de fon Palais avec lui renfermés,
Sourds aux crix douleureux des peuples opprimés;
Ils dictoient par fa voix leurs volontés funeftes,
Des tréfors de la France, ils diffipoient les reftes;
Et le peuple accablé pouffant de vains foupirs,
Gémiffoit de leur luxe & payoit leurs plaifirs.

*Henri IV. adresse la parole à Elifabeth.

Valois fe réveilla du fein de fon yvreffe ;
Ce bruit, cet appareil, ce danger qui le preffe,
Ouvrirent un moment fes yeux appéfantis ;
Mais du jour importun fes regards éblouis,
Ne diftinguérent point au fort de la tempête,
Les foudres menaçans qui grondoient fur la tête ;
Et bien-tôt fatigué d'un moment de réveil,
Las, & fe rejettant dans les bras du fommeil,
Entre fes Favoris, au milieu des délices,
Tranquille il s'endormit au bord des précipices.
Voltaire, Henri. ch. III.

PORTRAIT D'HOMERE.

ALA

LA fource d'Hippocrene

Homere ouvrant fes rameaux,
S'éleve comme un vieux chêne
Entre de jeunes ormeaux.
Les favantes immortelles,
Tous les jours de fleurs nouvelles,
Ont foin de parer fon front:
Et par leur commun fuffrage,
Avec elles il partage

Le fceptre du double mont.

Rouffean, Ode à Malherbe.

ON diroit que pour plaire, inftruit par la nature
Homere ait à Vénus dérobé fa ceinture.
Son livre eft d'agrémens un fertile tréfor.
Tout ce qu'il a touché fe convertit en or.
Tout reçoit dans fes mains une nouvelle grace.
Par-tout il divertit, & jamais il ne laffe.
Une heureuse chaleur anime fes difcours.

Il ne s'égare point en de trop longs détours.
Sans garder dans fes vers un ordre méthodique,
Son fujet de foi-même & s'arrange & s'explique':
Tout, fans faire d'apprets, s'y prépare aifément.
Chaque vers, chaque mot court à l'événement.
Aimez donc fes Ecrits, mais d'un amour. fincére
C'eft avoir profité que de favoir s'y plaire.

Despréaux, Art Poët. ch. III,

LE fameux Chantre d'lonie
Trouva dans fes tableaux heureux,
Le fecret d'établir entre eux

Une mutuelle harmonie.

Tout fentiment s'exprime aux yeux,
Tout devient image fenfible;
Et par un magique pouvoir
Tout femble prendre un corps visible,
Vivre, parler, & fe mouvoir,

Oui, c'eft toi Peintre ineftimable,
Trompette d'Achille & d'He&or,
Par qui de l'heureux fiécle d'or
L'homme entend le langage aimable;
Et voit dans la variété,

Des portraits menteurs de la Fable,
Les rayons de la vérité.

Il voit l'arbitre du tonnerre
Réglant le fort par les arrêts:
Il voit fous les yeux de Cerès
Croître les tréfors de la terre:
Il reconnoît le Dieu des mers,
A ces fons qui calment la guerre,
Qu'Eole excitoit dans les airs,

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Plus heureux fi fon cœur n'aspire
Qu'aux douceurs de la liberté,
Aftrée eft la Divinité

Qui lui fait chérir fon empire:
S'il s'éleve au facré vallon,
Son enthousiasme eft la lyre
Qu'il reçoit des mains d'Apollon.

Ainfi confacrant le fyftême
De la fublime fiction,
Homere, nouvel Amphion
Change par la vertu fuprême,
De fes accords doux & favans
Nos deftins, nos paffions même,
En êtres réels & vivans.

2

Ce n'eft plus l'homme, qui pour plaire,
Etale fes dons ingénus:

Çe font les Graces, c'eft Vénus,
Sa Divinité tutélaire.

La fageffe qui brille en lui

C'eft Minerve, dont l'il l'éclaire,

Et dont le bras lui fert d'appui.

L'affreufe & fanglante Bellone
Arme fon courage aveuglé :
Les frayeurs dont il eft troublé
Sont les flambeaux de Tyfiphone:
Sa colére eft Mars en fureur;
Et fes remords font la Gorgone
Dont l'afpect le glace d'horreur.
Rouffean, Ode fur les Divinités Poëtiques.

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