Rentrez dans mon efprit, jaloux reffentimens Corneille, Sertor. act. III. fc. IV. HE RESSOUVENIR.. E'LAS, pourquoi parler encor de mes amours! En éteint le flambeau peut-être pour toujours. Mon efprit m abandonne, & mon ame éclipfée, Q:'on nous peint fi lumineux ? Eft-ce-là cet efprit furvivant à nous-même ? Je ne fais; mais j'ose espérer Que de la mort, du tems & des deftins le maître, Dieu conferve pour lui le plus pur de notre être, Voltaire, Epitre à M. de Génonville. RETRAITE. UN N bois fombre & tranquille, Sous des ombrages frais préfente un doux afile. Un rocher qui le cache à la fureur des flots, Défend aux aquilons d'en troubler le repos. Une grotte eft auprès, dont la fimple ftructure Doit tous fes ornemens aux mains de la nature. Un vieillard vénérable avoit loin de la Cour Cherché la douce paix dans cet obfcur féjour. Aux humains inconnu, libre d'inquiétude C'eft-là que de lui-même il faifoit fon étude ; C'eft-là qu'il regrettoit fes inutiles jours, Plongés dans les plaifirs, perdus dans les amours. Sur l'émail de ces prés, au bord de ces fontaines, Il fouloit à fes pieds les paffions humaines : Tranquille, il attendoit qu'au gré de fes fouhaits La mort vint, à fon Dieu le rejoindre à jamais. Ce Dieu qu'il adoroit prit foin de fa vieilleffe, Il fit dans fon défert defcendre la fageffe; Et prodigue envers lui de fes trésors divins, Il ouvrit à fes yeux le livre des deftins. Voltaire, Henri. ch. I. R REVERS DES GRANDS. EMPLISSEZ l'air de cris en vos grottes profondes, Pleurez, Nymphes de Vaux, faites croître vos ondes. Les deftins font contens, Oronte eft malheureux. Vous l'avez vû n'aguére au bord de vos fontaines, En des gouffres de maux le plongent à toute heure. Les attraits enchanteurs de la profpérité. Dans le Palais des Rois cette plainte eft commune ; La Fontaine, Elégie pour M. Fouquet. RICHESSES. SI l'or feul a pour vous d'invincibles appas, Fuyez ces lieux charmans qu'arrofe le Permeffe. riers, Apollon ne promet qu'un nom & des lauriers. Defpréaux, Art Poët. ch. IV. RIEN DE TROP. JE E ne vois point de créature Veut que l'on garde en tout, Le fait-on? nullement. La Fontaine, Fables. DE tous les animaux.l'homme a le plus de pente, Il faudroit faire le procès Aux petits comme aux Grands. Il n'eft ame vivante Qui ne peche en ceci. RIEN DE TROP eft un point, Dont on parle fans ceffe, & qu'on n'obferve point. La Fontaine, Fables. RIEUR S. N cherche les rieurs, & moi, je les évite. Cet art veut fur tout autre un fuprême mérite. Dieu ne créa que pour les fots Les méchans difeurs de bons mots. La Fontaine, Fables. JET RIGUEURS DE L'AMOUR. 'ETOIS couché mollement, Et contre mon ordinaire Je dormois tranquillement. Quand un enfant s'en vint faire A ma porte quelque bruit ; 11 pleuvoit fort cette nuit: Le vent, le froid & l'orage Contre l'enfant faifoient rage: Ouvrez, dit-il, je fuis nû. Moi charitable & bon homme J'ouvre au pauvre morfondu, Et m'enquiers comme il fe nomme. Je te le dirai tantôt > Repartit-if, car il faut Qu'auparavant je m'effuie. J'allume auffi-tôt du feu, Je regarde fi la pluie N'a point gâté quelque peu Un arc dont je me méfie. Je m'approche toutefois Et de l'enfant prens les doigts Les réchauffe, & dans moi-même Je dis: Pourquoi craindre tant? Que peut-il c'est un enfant : Ma couardife eft extrême D'avoir eu le moindre effroi : Que feroit-ce fi chez moi J'avois reçû Polipheme? L'enfant d'un air enjoué Ayant un peu secoué Les piéces de fon armure, Et fa blonde chevelure; Prend un trait, un trait vainqueur, Qu'il me lance au fond du cœur. |