Images de page
PDF
ePub
[ocr errors]

Voilà, dit-il, pour ta peine;
Souviens-toi bien de Climene
Et de l'Amour, c'eft mon nom.
Ah! je vous connois, lui dis-je,
Ingrat & cruel garçon :
Faut-il que qui vous oblige
Soit traité de la façon ?
Amour fit une gambade;
Et le petit fcélérat

Me dit, pauvre camarade,

Mon arc eft en bon état,

Mais ton cœur eft bien malade.

La Fontaine, Euvr. diverf.

RIVAL.

LE DUC DE FOIX à AME' LIE.

NOMME

OMME z donc mon rival ; mais gardez-vous de croire

[ocr errors]

Que mon lâche dépit lui céde la victoire.

Je vous trompois; mon cœur ne peut feindre long-tems:
Je vous traîne à l'autel à fes yeux expirans,

Et ma main fur fa cendre à votre main donnée,
Va tremper dans le fang les flambeaux d'hyménée.
Je fais trop qu'on a vû, lâchement abufés,
Par des mortels obfcurs des Princes méprifés ;
Et mes yeux perceront dans la foule inconnue
Jufqu'à ce vil objet qui fe cache à ma vûe.

JUS

Voltaire, Duc de Foix, act. 111. fc. v.

ROIS.

AGAMEMNON.

USTE ciel, c'eft ainsi qu'affurant ta vengeance, Tu romps tous les refforts de ma vaine prudence!

Encor fi je pouvois, libre dans mon malheur
Par des larmes au moins foulager ma douleur !
Trifte deftin des Rois! efclaves que nous fommes,
Et des rigueurs du fort, & des difcours des hommes,
Nous nous voyons, fans ceffe, affiégés de témoins,
Et les plus malheureux ofent pleurer le moins.
Racine, Iphig. act. 1. fc. V.

[ocr errors][merged small]

QU'IMPORTÉ qu'au hafard un fang vil foit verfé?
Eft-ce aux Rois à garder cette lente juftice?
Leur sûreté fouvent dépend d'un prompt fupplice.
N'allons point les gêner d'un foin embarraflant.
Dès qu'on leur eft fufpect on n'eft plus innocent.

Racine, Athal. act. II. fc. V.

JO A S.

UN Roi fage ainfi Dieu l'a prononcé lui-même,
Sur la richeffe & l'or ne met point fon appui,
Craint le Seigneur fon Dieu, fans ceffe a devant lui
Ses préceptes, fes loix, fes jugemens féveres,
Et d'injuftes fardeaux n'accable point fes freres.

Racine, Athal. act. I V. fc. 11.

DIPE.

[ocr errors]

TEL eft fouvent le fort des plus juftes des Rois
Tant qu'ils font fur la terre on refpe&te leurs loix :
On porte jufqu'au ciel leur juftice, fuprême
Adoré de leur peuple ils font des Dieux eux-même ;

[ocr errors]

Mais après leur trépas, que font ils à vos yeux ?
Vous éreignez l'encens que vous bruliez pour eux,
Et comme à l'intérêt 1 ame humaine eft liée,
La vertu qui n'eft plus, eft bien-tôt oubliée.

Voltaire, Edip, a&t. 1. fc. III.

ROIS, fymboles mortels de la grandeur célefte
C'eft à vous de prévoir dans leur chûte funefte,
De vos divifions les fruits infortunés,
Affez & trop long-tems, implacables Achilles,
Vos difcordes civiles,

De morts ont affouvi les enfers étonnés.

Rouffean, Ode aux Princes Chrétiens.

[ocr errors]

UN Roi qui ravit
par
contrainte
Ce que l'amour doit accorder,
Et qui, content de commander,
Ne veut régner que par la crainte ;
En vain fier de fes hauts projets,
Croit en abaiffant fes fujets
Relever fon pouvoir fuprême:
Entouré d'efclaves foumis,
Tôt ou tard il devient lui-même
Efclave de fes ennemis.

Combien plus fage & plus habile
Eft celui, qui par fes faveurs,
Songe à s'élever dans les cœurs
Un trône durable & tranquille?
Qui ne connoît point d'autres biens,
Que ceux que fes vrais citoyens
De fa bonté peuvent attendre;
Et qui prompt à les difcerner,
N'ouvre les mains que pour répandre,
Et ne reçoit que pour donner.

[ocr errors]

Rouffeau, Ode au Roi d'Angleterre.

PHARASMANE à ZE'NOBIE.

Je n'ai rien oublié pour obtenir vos vœux :
Moins en Roi, qu'en Amant, j'ai fait parler mes feux:
Mais mon cœur, irrité d'une fierté fi vaine ,
Fait agir à fon tour la grandeur fouveraine :
Ec puifqu'il faut en Roi m'expliquer avec vous,
Redoutez mon pouvoir ou du moins mon courroux;
Et fachez que malgré l'amour & fa puiffance,
Les Rois ne font point faits à tant de réfiftance,
Qué tout jufqu'à l'amour doit leur être foumis.
Crébillon, Rhadam. a&t. 1. fc. IV.

L'OEIL du Maître peut tout, c'eft lui qui rend la vie
Au mérite expirant fous les dents de l'envie ;
C'eft lui dont les rayons ont cent fois éclairé
Le modefte talent dans la foule ignoré.

Un Roi qui fait régner nous fait ce que nous fommes:
Les regards des Héros produifent les grands hommes.
Voltaire, Dife. fur les événem. de 1744.

D. ISABELLE à D. MANRIQUE.

IL importe aux Monarques Qui veulent aux vertus rendre de dignes marques, De les favoir connoître, & ne pas ignorer Ceux d'entre leurs fujets qu'ils doivent honorer.

Corneille, D. Sanche d'Arrag. act. 1. fc. III.

LES Rois favent agir tout autrement que nous; Souvent fans être en vûe ils frappent les grands coups.

Dieu lui-même, ce Dieu dont ils font les images,
De fon trône en repos fait partir les orages,
Et jouit dans le ciel de fa gloire & de foi,
Tandis que fur la terre il remplit tout d'effroi.
Corneille, Vers à Louis XIV. fur sa campagne de 1676.

Le monde aux pieds des Rois les voit fous un faux jour,
Qui fait régner, fait tout, fi l'on en croit la Cour.
Mais quel eft en effet ce grand art politique,
Ce talent fi vanté dans un Roi defpotique ?
Tranquille fur le Trône, il parle, on obéit.
S'il fourit, tout eft gai; s'il eft trifte, on frémit.
Quoi, régir dun coup d'œil une foule fervile,
Eft-ce un poids fi pefant, un art fi difficile ?
Non. Mais fouler aux pieds la coupe de l'erreur,
Dont veut vous enivrer un ennemi flatteur,
Des Prélats courtifans confondre l'artifice
Aux organes des loix enfeigner la juftice,
Du féjour Do&oral chaffant l'abfurdité
Dans fon fein ténébreux placer la vérité,
Eclairer le favant & foutenir le fage,
Volà ce que j'admire.

[ocr errors]

Voltaire, Epitre au Roi de Pruffe.

AMUSEZ les Rois par des fonges,

[ocr errors]

Flattez les, payez-les d'agréables menfonges
Quelque indignation dont leur cœur foit rempli,
Ils goberont l'appât, vous ferez leur ami.

La Fontaine, Fables.

ON a vû mille fois des fanges Méotides
Sortir des Conquérans, Goths, Vandales, Gépides

« PrécédentContinuer »