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Allumons le flambeau de la fédition.

Rien ne peut nous fauver que leur division.
Crébillon, Catilin. act. II I. fc. I,

BE'RE'NICE à TITUS.

QUOI, Rome ne veut pas, quand vous avez voulu ?
Que faites-vous, Seigneur, du pouvoir absolu?
N'êtes-vous dans ce Trône, où tant de monde afpire,
Que pour affujettir l'Empereur à l'Empire?
Sur fes plus hauts dégrés Rome vous fait la loi:
E le affermit ou rompt le don de votre foi!
Ah! fi j'en puis juger fur ce qu'on voit paroître,
Vous en êtes l'efclave encor plus que le maître.

Corneille, Bérén. act. V. fc. II.

SENSIBILITE'.

LOIN de nous à jamais ces mortels endurcis,

Indignes du beau nom, du facré nom d'Amis

Ou toujours remplis d'eux, ou toujours hors d'eux

même,

Au monde, à l'inconftance ardens à fe livrer Malheureux, dont le cœur ne fait pas comme on aime, Et qui n'ont point connu la douceur de pleurer. Voltaire, aux Manes de M. de Génonville.

T

SENTIMENS COURAGEUX.

ZAMORE à ALVARE's.

U veux qu'Alzire meure, ou que je vive en traître? Ah! lorfque de tes jours je me fuis vû le maître,

Si j'avois mis ta vie à cet indigne prix,
Parle, aurois-tu quitté les Dieux de ton pays.
Voltaire, Alzir. act. V. fc. V.

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E COUTE. Tu fais trop qu'un pere infortuné
Difpofa de ce cœur que je t'avois donné ;
Je reconnus fon Dieu. Tu peux de ma jeunesse
Accufer fi tu veux l'erreur ou la foibleffe ;
Mais des loix des Chrétiens mon efprit enchanté
Vit chez eux, ou du moins crut voir la vérité;
Et ma bouche abjurant les Dieux de ma patrie,
Par mon ame en fecret ne fut point démentie;
Mais renoncer aux Dieux que l'on croit dans fon cœur,
C'eft le crime d'un lâche, & non pas une erreur;
C'eft trahir à la fois, fous un mafque hypocrite,
Et le Dieu qu'on préfére, & le Dieu que l'on quitte;
C'eft mentir au ciel même à l'univers, à foi.
Mourons, mais en mourant fois digne encor de mci;
Et fi Dieu ne te donne une clarté nouvelle,
Ta probité te parle, il faut n'écouter qu'elle.
Voltaire, Alzir. act. V. fc. V.

ERY XE à BARCE'E.

JE fais bien que des Rois la fiére destinée, peu que l'amour régle leur hyménée;

Souffre

Et que

leur union, fouvent pour leur malheur,

N'eft que
du fceptre au fceptre, & non du cœur au cœur;
Mais je fuis au deffus de cette erreur commune
J'aime en lui fa perfonne, autant que fa fortune ;

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* Mafiniffe, Roi de Numidie.

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1 ceux que Taxile a trahis.
er ici le Roi qui vous envoie ?
I fecours que fon bras nous octroie ?
e-t-il prendre fous fon appui,
n'ont point d'autre ennemi que lui?
eur ravageât tout le monde,
it dans une paix profonde;

bifins en troubloient les douceurs,
on fein d'affez bons défenseurs.
taquer par quelle barbarie,
Maître excité la furie?
ez lui nos peuples en courroux,
inconnu parmi nous ?

d'Etats, de déferts, de riviéres,
› & lui d'impuiffantes barriéres ?
vivre au bout de l'univers,
on nom & le poids de fes fers?
aleur, qui, ne cherchant qu'à nuire,
-tôt qu'elle commence à luire ?
orgueil pour régle & pour raison,
nivers ne foit qu'une prifon?
folu de tous tant que nous fommes
ombre égalent tous les hommes.
us de Rois, fes facriléges mains
erang rangent tous les humains.
orgueil je fais qu'il nous dévore.
verains nous feuls régnons encore.
nous feuls il ne refte que moi,
vre encor les veftiges d'un Roi.

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mon courage une illuftre matiére. i content trembler la terre entiére. noi feul les mortels fecourus, es, le foient de la main de Porus. par-tout dans une paix profonde, queur eût dompté tout le monde ; L'attendoit au bout de l'univers, onde entier a vû brifer fes fers. Racine

Į Alexandr. act. II. sc. 11.

1

Et je n'en exigeai qu'il reprit fes Etats,
Que de peur que mon peuple en fit trop peu de cas.
Des actions des Rois ce téméraire arbitre

Dédaigne infolemment ceux qui n'ont que le titre,
Jamais d'un Roi fans Trône, il n'eût fouffert la loi;
Et ce mépris peut-être eût paffé jusqu'à moi.
Il falloit qu'il lui vit fa couronne à la tête,
Et que ma main devînt fa derniére conquête,
Si nous voulions régner avec l'autorité,
Que le jufte refpe&t doit à la dignité.

Corneille, Sophonish. act. 1 1. fc. 1.

D. ELVIRE à D. ALVARE.

JE fuis Reine fans fceptre, & n'en ai que le titre,
Le pouvoir m'en eft dû, le tems en eft l'arbitre.
Si vous m'avez fervie en généreux Amant
Quand j'ai reçû du ciel le plus dur traitement,
J'ai tâché d'y répondre avec toute l'eftime,
Que pouvoit en attendre un cœur fi magnanime.
Pouvois-je en cet exil davantage fur moi ?
Je ne veux point d'époux, que je n'en fasse un Rai,
Et je n'ai pas une ame affez baffe & commune
Pour en faire un appui de ma trifte fortune.

Corneille, D. Sanche d'Arrag, act. 111. fc. I.

PORUS à EPHESTION.

JE croyois, quand l'Hydafpe affemblant fes Provinces, Au fecours de fes bords fit voler tous fes Princes. Qu'il n'avoit avec moi dans des defleins fi grands, Engagé que des Rois ennemis des tyrans.

Mais puifqu'un Roi flattant la main qui nous menace, Parmi fes alliés brigue une indigne place,

C'est à moi de répondre aux vœux de mon pays ;

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