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Burrhus, & je ferois quelque difficulté
D'abaiffer jufques-là votre févérité.

Racine, Britann. act. 111. fc. I.

O

SE'VE'RITE' CHRETIENNE.

JOAD à JoSABET.

U fuis-je ? de Baal ne vois-je pas le Prêtre ¦ ̈ Quoi, fille de David, vous parlez à ce traître ? Vous fouffrez qu'il vous parle? & vous ne craignez pas Que du fond de l'abîme entr'ouvert fous fes pas, Il ne forte à l'inftant des feux qui vous embrafent, Ou qu'en tombant fur lui ces murs ne vous écrasent? Que veut-il? de quel front cet ennemi de Dieu. Vient il infecter l'air qu'on refpire en ce lieu. Racine, Athal. act. 111. fc. v.

SIE

SIE' CLE DE LOUIS XIV.

IE'CLE* heureux de LOUIS, fiécle que la nature, De fes plus beaux préfens doit combler fans mefure, C'eft toi qui dans la France aménes les Beaux Arts.; Sur toi tout l'avenir va porter fes regards ;. Les Mufes à jamais y fixent leur empire, La toile eft animée, & le marbre refpire. Quels Sages raffemblés dans ces auguftes lieux Mefurent l'univers, & lifent dans les cieux; Es dans la nuit obfcure apportant la lumiére sondent les profondeurs de la nature entiére! L'erreur préfomptueufe à leur aspect s'enfuit Et vers la vérité le doute les conduit..

*Saint Louis parle à Henri LV.

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Et toi, fille du ciel, toi puissante harmonie,
Art charmant, qui polis la Grece & l'Italie,
J'entens de tous côtés ton langage enchanteur
Et tes fons fouverains de l'oreille & du cœur.
François, vous favez vaincre & chanter vos conquêtes:
Il n'eft point de lauriers qui ne couvrent vos têtes ;
Un peuple de Héros va naître en ces climats.
Je vois tous les Bourbons voler dans les combats.
A travers mille feux je vois Condé paroître,
Tour-à-tour la terreur & l'appui de fon Maître;
Turenne, de Condé le généreux rival,
Moins brillant, mais plus fage, & du moins son égal
Catinat réunit, par un rare affemblage
Les talens du guerrier, & les vertus du fage.
Celui-ci dont la main raffermit nos remparts,
C'eft Vauban, c'eft l'ami des Vertus & des Arts,
Malheureux à la Cour, invincible à la Guerre,
Luxembourg fait trembler l'Europe & l'Angleterre..
Regardez dans Denain l'audacieux Villars,
Difputant le tonnerre à l'Aigle des Céfars,
Arbitre de la paix que la victoire amene,
Digne appui de fon Roi, digne rival d'Eugene.

Voltaire, Henri. ch. V 1 I..

PARIS

SIEGE.

ARIS n'étoit point tel en ces * tems orageux';
Qu'il paroît en nos jours aux François trop heureux..
Cent Forts qu'avoient bâtis la fureur & la crainte
Dans un moins vafte efpace enfermoient fon enceinte..
Ces fauxbourgs aujourd'hui fi pompeux & fi grands,
Que la main de la paix tient ouverts en tout tems.
D'une immenfe Cité fuperbes avenues,
Où fes Palais dorés fe perdent dans les nues,

*Le tems de la Ligue,

Etoient de longs hameaux d'un rempart entourés,
Par un foffé profond de Paris féparés.

Du côté du Levant bien-tôt Bourbon s'avance.
Le voilà qui s'approche, & la mort le devance.
Le fer avec le feu vole de toutes parts,

Des mains des affiégeans & du haut des remparts.
Ces remparts menaçans, leurs tours & leurs ouvrages,
S'écroulent fous les traits de ces brulans orages,
On voit les bataillons rompus & renversés
Et loin d'eux dans les champs leurs membres difperfés.
Ce que le fer atteint tombe réduit en poudre,
Et chacun des partis combat avec la foudre.

Voltaire, Henri. ch. V I.

SIENCE.

ENTRE deux Bourgeois d'une Ville

S'émut jadis un différend.

L'un étoit pauvre, mais habile:
L'autre riche, mais ignorant.
Celui-ci fur fon concurrent
Youloit emporter l'avantage :

Prétendoit que tout homme fage
Etoit tenu de l'honorer.

C'étoit tout homme fot: car pourquoi révérer
Des biens dépourvus de mérite ?
La raifon m'en femble petite.
Mon ami, difoit-il fouvent
Au Savant,

Vous vous croyez confidérable;

Mais, dites-moi, tenez-vous table?

Que fert à vos pareils de lire inceffamment ?
Ils font toujours logés à la troifiéme chambre,
Vêtus au mois de Juin, comme au mois de Decembre,
Ayant pour tout laquais leur ombre seulement.

I

La République a bien affaire
Des gens qui ne dépensent rien :
Je ne fais d'homme néceffaire,

Que celui dont le luxe épand beaucoup de bien.
Nous en ufons, Dieu fait: notre plaifir occupe
L'Artifan, le Vendeur, celui qui fait la jupe
Et celle qui la porte; & vous qui dédiez

A Meffieurs les Gens de finance
De méchans livres bien payés.
Ces mots remplis d'impertinence
Eurent le fort qu'ils méritoient.

L'Homme lettré fe tût, il avoit trop à dire,
La guerre le vengea bien mieux qu'une fatyre.
Mars détruifit le lieu que nos gens habitoient,
L'un & l'autre quitta fa Ville.
L'ignorant refta fans afyle.

Il reçut par-tout des mépris.

L'autre reçut par tout quelque faveur nouvelle.
Cela décida leur querelle.

Laiffez dire les fots; le favoir à fon prix.

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La Fontaine, Fables.

N

SILENCE.

BRITANNICUS à JUNIE.

E'RON nous écoutoit, Madame, mais, hélas !
Vos yeux auroient pû feindre, & ne m'abufer pas.
Ils pouvoient me nommer l'auteur de cet outrage.
L'Amour eft il muet, ou n'a-t-il qu'un langage?
De quel trouble un regard pouvoit me préferver !
Il falloit....

JUNIE.

Il falloit me taire & vous fauver. Combien de fois, hélas ! puifqu'il faut vous le dire, Mon cœur de fon défordre alloit-il vous inftruire !

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De combien de foupirs interrompant le cours,
Ais-je évité vos yeux que je cherchois toujours!
Quel tourment de se taire, en voyant ce qu'on aime!
De l'entendre gémir, de l'affliger foi-même,
Lorfque par un regard on peut le confoler!
Mais quels pleurs ce regard auroit-il fait couler !
Ah! dans ce fouvenir inquiéte, troublée,
Je ne me fentois pas affez diffimulée.

De mon front effrayé je craignois la pâleur.
Je trouvois mes regards trop pleins de ma douleur.
Sans ceffe il me fembloit que Néron en colére,
Me venoit reprocher trop de foin de vous plaire.
Je craignois mon amour vainement renfermé ;
Enfin j'aurois voulu n'avoir jamais aimé.

Racine, Britann. act. 111. fc. VII.

SINCE' RITE'.

OROSMANE à ZAIRE.

MALHEUREUX P'un par l'autre

Il faut régler d'un mot & mon fort & le vôtre.
Peut-être qu'en effet ce que j'ai fait pour vous,
Mon orgueil oublié, mon fceptre à vos genoux.
Mes bienfaits, mon refpe&, mes foins, ma confiance,
Ont arraché de vous quelque reconnoiffance.
Votre cœur par un maître attaqué chaque jour,
Vaincu par mes bienfaits, crut l'être par l'amour.
Dans votre ame, avec vous il eft tems que je life,
Il faut que fes replis s'ouvrent à ma franchise.
Jugez-vous répondez avec la vérité,

Que vous devez au moins à ma fincérité.
Si de quelque autre amour l'invincible puissance
L'emporte fur mes foins, ou même les balance,
H faut me l'avouer ; & dans ce même instant,
Ta grace eft dans mon cœur ; prononce, elle t'attend

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