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Examine en fecret fa joie & fes douleurs,
Les balance, choifit, laiffe couler des pleurs.
Enfin ayant pris terre avec trente cohortes,
Il fe faifit du port, il fe faifit des portes,
Met des gardes par-tout & des ordres fecrets,
Fait voir fa défiance ainfi que fes regrets
Parle d'Egypte en maître, & de fon adverfaire,
Nonplus comme ennemi, mais comme fon beau-pere.
Corneille, Mort de Pompée, act. 11. fc. 11. '
act. 111. fc. 1.

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TABLEAU

DU JUGEMENT DERNIER.

PEUPL

EUPLES, élevez vos concerts

Pouffez des cris de joie & des chants de victoire.
Voici le Roi de l'univers,

Qui vient faire éclater son triomphe & sa gloire.

La juftice & la vérité

Servent de fondement à fon Trône terrible.
Une profonde obfcurité

Aux regards des humains le rend inacceffible.

Les éclairs, les feux dévorans

Font luire devant lui leur flamme étincelante ;
Et fes ennemis expirans

Tombent de toutes parts fous fa foudre brulante.

Pleine d'horreur & de refpec

La terre å treffailli fur fcs voûtes brifées.
Les monts fondus à fon afpect

S'écroulent dans le fein des ondes embrafées.

TAB

De fes jugemens redoutés

339

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La trompette céleste a porté le meflage:

Et dans les airs épouvantés,

En ces terribles mots la voix s'ouvre un paffage.

Soyez à jamais confondus

Adorateurs impurs de profanes idoles ; no.
Vous qui par des vœux défendus

Invoquez de vos mains les ouvrages frivoles.

Miniftres de mes volontés

Anges fervez contre eux ma fureur vengereffe,
Vous mortels que j'ai rachetés,
Redoublez à ma voix vos concerts d'allégreffe.

C'est moi, qui du plus haut des cieux,
Du monde que j'ai fait, régler les destinées:
Ceft moi, qui brife ces faux Dieux
Miférables jouets des vents & des années.

Par ma préfence raffermis,

Méprisez du méchant la haine & l'artifice.
L'ennemi de vos ennemis

A détourné fur eux les traits de leur malice.
Conduits par mes vives clartés

Vous n'avez écouté que mes loix adorables.
Jouiffez des félicités

Qu'ont mérité pour vous mes bontés fécóurables.

Ronflean, Odes facr.

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OSTABLEAU DES PROCESO
gogong aloqalaup and lecrning va brang

Un jour deux pélerins far le fable rencontrent

Une huître que le flot y venoit d'apporter : ·
Ils Pavalent des yeux, du doigt ils fe la montrent:
A l'égard de la dent il fallut contefter,

L'un fe baiffoit déja pour amaffer la proie,
L'autre le pouffe, & dit : 11 eft bon de favoir,
Qui de nous en aura joie.
Celui qui le premier a pû l'appercevoir
En fera le gobeur, l'autre le verra faire.
Si par-là l'on juge l'affaire,

Reprit fon compagnon, j'ai l'œil bon, Dieu merci.
Je ne l'ai pas mauvais auffi,

Dit l'autre ; & je l'ai vûe avant vous, fur ma vie.
Eh bien, vous l'avez vûe, & moi je l'ai fentie.
Pendant tout ce bel incident,

Perrin Dandin arrive, ils le prennent pour Juge.
Perrin fort gravement, ouvre l'huître & la gruge,
Nos deux Meffieurs le regardant.
Ce repas fait, il dit d'un ton de Préfident:
Tenez, la Cour vous donne à chacun une écaille
Sans dépens, & qu'en paix chacun chez foi s'en aille.
Mettez ce qu'il en coûte à plaider aujourd'hui :
Comptez ce qu'il en refte à beaucoup de familles ;
Vous verrez que Perrin tire l'argent à lui,
Et ne laiffe aux Plaideurs que le fac & les quilles.
La Fontaine, Fables.

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idstobe TALENS. xuen wo!

Vous youlez qu'on évite un loin trop curieux

Et des vains ornemens l'effort ambitieux:
Je le veux comme vous, cet effort ne peut plaire.
Un Auteur gâte tout quand il veut trop bien faire.
Non qu'il faille bannir certains traits délicats:
Vous les aimez goes traits, & je me les hais pas.
Quand au principal but qu'Efope fe propofe,
hothony tombe au moins mal que je puis.
Enfin, fi dans ces vers je ne plais & n'inftruis
Il ne tient pas à moi, c'eft toujours quelque chofe.
Comme la force eft un point,

Dont je ne me pique point,

J'y tâche d'y tourner le vice en ridicule
Ne pouvant l'attaquer avec des bras d'Hercule.
C'est-là tout mon talent: je ne fais s'il fuffit.

La Fontaine, Fables.

O vous donc, qui brulant d'une ardeur périlleuse,
Courez du bel efprit la carriére épineuse,
N'allez pas fur des vers fans fruit vous consumer,
Ni prendre pour génie un amour de rimer.
Craignez, d'un vain plaifir les trompeufes amorces,
Et confultez long-tems votre efprit & vos forces.
La nature fertile en efprits excellens,
Sait entre les Auteurs partager les talens.
L'un peut tracer en vers une amoureufe flamme:
L'autre d'un trait plaifant aiguifer l'épigramme.
Malherbe d'un Héros peut vanter les exploits,
Racan chanter Philis, les Bergers & les bois.
Mais fouvent un efprit qui fe flatte & qui s'aime,
Méconnoît fon génie & s'ignore foi-même.

Defpréaux, Art Poët. ch. I.

E

TEMPET E.

LEs matelots ardens s'empreffent fur le bord,

Les vaiffeaux fous leurs mains,fiers fouverains des ondes;
Etoient prêts à voler fur les plaines profondes :
L'impétueux Borée enchaîné dans les airs,

Au fouffle du zéphire abandonnoit les mers.

On leve l'ancre, on part, on fuit loin de la terre,
On découvroit déja les bords de l'Angleterre ;
L'aftre brillant du jour à l'inftant s'obscurcit,
L'air fiffle, le ciel gronde, & l'onde au loin mugit;
Les vents font déchaînés fur les vagues émues
La foudre étincelante éclate dans les nues;

Et le feu des éclairs, & Pabîme des flots,
Montroient par-tout la mort aux pâles matelots.
Voltaire, Henri. ch. I.

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TOUT nous favorifoit: nous voguâmes long-tems
Au gré de nos défirs bien plus qu'au gré des vents a
Mais fignalant bien-tôt toute son inconftance,
La mer en un moment fe mutine & s'élance;
L'air mugit, le jour fuit, une épaiffe vapeur
Couvre d'un voile affreux les vagues en fureur ;
La foudre, éclairant feule une nuit fi profonde,
A fillons redoublés ouvre le ciel & l'onde ;
Et comme un tourbillon embrafant nos vaiffeaux,
Semble en fource de feu bouillonner fur les eaux;
Les vagues quelquefois, nous portant fur leurs cimes,
Nous font rouler après fous de vastes abîmes,
Où les éclairs preffés pénétrant avec nous,
Dans des gouffres de feux fembloient nous plonger tous,
Le Pilote effrayé que la flamme environne,
Aux rochers qu'il fuyoit lui-même s'abandonne.
A travers les écueils notre vaiffeau pouffé,
Se brife, & nage enfin fur les eaux difperfé.

Crébillon, Electr. act. 11. fc. II.

SUR

TEMPLE DE L'AMOUR.

UR les bords fortunés de l'antique Idalie,
Lieux où finit l'Europe & commence l'Asie,
S'éleve un vieux Palais refpecté par les tems:
La Nature en pofa les premiers fondemens,
Et l'Art ornant depuis fa fimple architecture,
Par fes travaux hardis furpafla la nature.

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