Défendez-vous par la grandeur Alléguez la beauté, la vertu, la jeunesse, Un jour le monde entier accroîtra fa richeffe. Et puifqu'il faut que je le die, Un mourant, qui comptoit plus de cent ans de vie Sans l'avertir au moins. Eft-il jufte qu'on meure Eh n'as-tu pas cent ans? Trouve moi dans Paris J'aurois trouvé ton teftament tout fait, Quand les efprits, le fentiment, Quand tout faillit en toi? plus de goût, plus d'ouie! Ou morts, ou mourans, ou malades. La Mort avoit raifon; je voudrois qu'â cet âge A des morts, il eft vrai, glorieufes & belles, La Fontaine, Fable de la Mort & du mouranti L'HOMME en fa propre force a mis fa confiance Que deviendront alors, répondez gens du monde Vous avez vû tomber les plus illuftres têtes, D'avides étrangers tranfportés d'ailégreffe Ces terres, ce palais de vos noms ennoblis. Les hommes éblouis de leurs honneurs frivoles, Un précipice affreux devant eux fe préfente, Là s'anéantiront ces titres magnifiques, Juftes, ne craignez point le vain pouvoir des hommes, Quelque élevés qu'ils foient ils font ce que nous ་་ fommes. Si vous êtes mortels ils le font comme vous. Rouffeau, Odes facr. DE fes MORT D'ADONIS. E fes yeux fi brillans la lumiére eft éteinte: On ne voit plus l'éclat dont fa bouche étoit peinte; On n'en voit que les traits, & l'aveugle trépas Parcourt tous les endroits où régnoient tant d'appas. Ainfi l'honneur des prez, les fleurs, préfent de Florei Filles du blond folcil & des pleurs de l'aurore, Si la faux les atteint perdent en un moment, De leurs vives couleurs le plus rare ornement. La troupe des Chaffeurs au Héros accourue, Par des cris redoublés lui fait ouvrir la vûe: Il cherche encore un coup la lumiére des cieux : Il pouffe un long foupir, il referme les yeux; Et le dernier moment qui retient fa belle ame, S'employe au fouvenir de l'objet qui l'enflamme. On fait pour l'arrêter des efforts fuperflus; Elle s'envole aux airs, le corps ne la fent plus. Prêtez-moi des foupirs, ô vents qui fur vos aîles, Portâtes à Vénus de fi triftes nouvelles. Elle accourt auffi-tôt & voyant fon amant, Remplit les environs d'un vain gémiffement. Telle fur un ormeau fe plaint la totterelle Quand l'adroit Giboyeur a d'une main cruelle Fait mourir à fes yeux l'objet de fes amours Elle paffe à gémir & les nuits & les jours, De moment en moment renouvellant fa plainte, Sans que d'aucun remords la Parque foit atteinte; Tout ce bruit, quoique jufte, au vent eft répandu L'enfer ne lui rend point le bien qu'elle a perdu. On ne le peut fléchir ; les cris dont il eft caufe Ne font point qu'à nos vœux il rende quelque chofe. Vénus l'implore en vain par de triftes accens ; Son défefpoir éclate en regrets impuiffans ; Ses cheveux font épars, fes yeux noyés de larmes Sous d'humides torrens ils refferrent leurs charmes = Comme on voit au printems les beautés du folcil Cacher fous des vapeurs leur éclat fans pareil. Après mille fanglots enfin elle s'écrie: Mon amour n'a donc pû te faire aimer la vie ! Tu me quittes, cruel! au moins ouvre les yeux, Montre-toi plus fenfible à mes triftes adieux : Vois de quelle douleur ton amante eft atteinte : Hélas! j'ai beau crier il eft fourd à ma plainte: Une éternelle nuit l'oblige à me quitter; Mes pleurs ni mes foupirs ne peuvent l'arrêter, Encor fi je pouvois le fuivre en ces lieux fombres ! Que ne m'eft-il permis d'errer parmi les ombres ! Deftins, fi vous vouliez le voir fi-tôt périr, Falloit-il m'obliger à ne jamais mourir ? Malheureufe Venus! que te fervent ces larmes ? Vante-toi maintenant du pouvoir de tes charmes ; Ils n'ont pû du trépas exempter tes amours; Tu vois qu'ils n'ont pû même en prolonger les jours, Je ne demandois pas que la Parque cruelle Prît à filer leur trame une peine éternelle; Bien loin que mon pouvoir l'empêchât de finir, Je demande un moment & ne puis l'obtenir. Noires Divinités du ténébreux Empire 2 Dont le pouvoir s'étend fur tout ce qui refpire; |