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la croix, ce qui fait à la fois et tout le pénible et toute la beauté de la loi de l'évangile ?

Je ne puis vous pardonner qu'un aussi grand homme que Socrate vous fasse pitié dans le plus bel endroit de sa vie, lorsqu'il parle de ce coq qu'on doit sacrifier pour lui à Esculape: je crains bien que vous n'ayez lu cet endroit que dans le françois de M. Dacier, et il n'est pas étonnant qu'un pareil traducteur vous ait induit en erreur. Socrate ne dit point à Criton de sacrifier un coq, mais simplement : Criton, nous devons un coq à Esculape, ὀφέιλομεν ἀλεκτρυονα. Ne voyez-vous pas que c'est une plaisanterie, et que Plator, qui est toujours homérique, le fait mourir comme il a vécu, c'est-à-dire l'ironie à la bouche ? C'étoit une façon 'de parler proverbiale. Quand quelqu'un étoit échappé de quelque grand danger, on lui disoit : Oh! pour le coup, vous devez un coq à Esculape;

comme nous disons Vous devez une belle chandelle, etc. Voilà tout le mystère. Socrate veut dire, Nous devons pour le coup un beau coq à Esculape, car certainement me voilà guéri de tous mes maux : ce qui est très conforme à l'idée qu'il avoit de la mort. Pouvez-vous croire que la dernière parole d'un homme tel que Socrate ait été une sottise? Il y a des noms si respectables, qu'on ne sauroit,' pour ainsi dire, les attaquer, sans attaquer le genre humain. Parcendum est caritati hominum, dit si bien Cicéron. M. Despréaux, tout Despréaux qu'il étoit, essuya de la part de ses amis des c

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tiques très amères sur ce qu'il avoit dit de Socrate dans son équivoque. Il s'en sauvoit en disant qu'il n'avoit pu immoler à Jésus-Christ une plus grande victime que le plus vertueux homme du paga

nisme.

L'intérêt que je prends à ce qui vous regarde l'emporteroit peut-être sur ma paresse, et m'engageroit à vous écrire d'autres réflexions; mais le métier de critique est un désagréable métier, et pour celui qui le fait, et pour celui en faveur de qui on le fait. D'ailleurs je vous exhorte à chercher des censeurs plus éclairés et moins intéressés que moi.

RACINE. 5.

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URBIS ET RUBIS DIFFERENTIA.

QUANQUAM Parisiæ celebrentur ab omnibus artes,
Et quisque in lato carcere clausus ovet,
Nescio quid nostris arridet gratius arvis,

Quod non in tantæ moenibus urbis habet.
Illic assurgunt trabibus subnixa superbis

Auria, et aurato culmine fulget apex Sed mihi dulcius est silvas habitare remotas

Tectaque quæ sicco stramine canna tegit.

Illie ultrices posuere sedilia curæ ;

Illic insidiæ, crimina, furta latent
Hic requies, fidum pietas hic inclyta portum
Invenit; his lucet sanctior aura locis.

Illic sæva fames laudum; hic contemptus honorum.
Illic paupertas; hic fugiuntur opes.
Ubicolæ ruri, nil rusticus invidet urbi.

Oppida plena dolis, ruraque fraude carent.
Quàm miserum sacris viduas virtutibus urbes,

Quàm miserum stygiis præda manere lupis!
Sed quid non urbes habitant quoque numina, quæris?
Non habitat fœdos gratia pura locos.
Arcet fumus apes, expellunr crimina Christum
Mors vitam, clarum nox fugat atra diem.
Hic blandum invitant tranquilla silentia somnum
Illic assiduo murmure rupta quies.

Nempè micant, inquis, diversis floribus horti,
Et lætos cantus plurima fundit avis.

Ergo dissimulas quam dulces ruris amoeni

Deliciæ, ruris cui levis umbra placet:
Hic vos securis, musæ, regnatis in oris;

Hic vobis virtus jungitur alma comes.
Oppida non fugiunt, fateor, non arma camenæ;
Loricam Pallas induit atque togam.
At laxis vitium frenis grassatur in urbe,

Atque illic musæ crimina sola docent.
Nequicquam pavidos circumdant moenia reges,

Frustrà hæret lateri, nocte dieque, manus. Non vera his, sed falsa quies : miserosque tumultus Mentis non lictor, non domus ampla movet. Quisquis amas strepitus, per me licet, urbe potire;

Me tamen ipsa magis rura nemusque juvant.

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FIN.

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