substituée sera chargée d'exécuter les résolutions prises par elle; que dès lors, et pour rester dans l'esprit comme dans les termes de l'acte du congrès de Vienne, l'une et l'autre commission auraient à borner leurs travaux au bas Danube et à ses embouchures. >>>> En réponse à cet exposé, le comte Walewski insista sur les bases de la négociation acceptées par toutes les puissances contractantes, et portant que la liberté du Danube et de ses embouchures serait efficacement assurée; qu'il a été entendu, par conséquent, qu'il serait pourvu à la libre navigation de ce fleuve. Le comte Clarendon, appuyant l'opinion émise par le comte Walewski, fit valoir que s'il en était autrement, l'Autriche, restant seule en possession du haut Danube, et participant à la navigation de la partie inférieure du fleuve, acquerrait des avantages particuliers et exclusifs, que le congrès ne pouvait consacrer. C'est alors que les plénipotentiaires de l'Autriche, après avoir démontré que tous les efforts de leur gouvernement, comme ses travaux en matière commerciale, ont pour objet d'établir et de propager, sur tous les points de l'empire, les principes d'une entière liberté, et que la libre navigation est naturellement comprise dans les limites des améliorations qu'il se propose, firent ressortir les engagements antérieurs et les droits acquis, en présence desquels se trouve le cabinet impérial, dont ils restreignent et entravent la liberté d'action. : Pour apprécier la nature de ces engagements et l'é tendue de ces droits, il importe de connaître tant soit peu le merveilleux développement que la navigation a vapeur a pris depuis une vingtaine d'années sur le cours supérieur du Danube, grâce à la COMPAGNIE Ε. Β., PRIVILÉGIÉE POUR LA NAVIGATION À VAPEUR Sur ce fleuve. A une époque où, d'après l'impulsion donnée par P'Angleterre, les principaux fleuves de l'Allemagne étaient déjà sillonnés par des bateaux à vapeur, il né pouvait manquer que de pareils essais fussent ten tés aussi sur le Danube. Soit maladresse, soit insuffisance des moyens employés à de telles tentatives, celles-ci n'aboutirent qu'à accréditer l'opinion que le cours du Danube était trop rapide, trop irrégulier, pour permettre d'y établir avec succès la navigation à vapeur. Il se trouva toutefois, en 1828, deux spéculateurs anglais, MM. Andrews et Prichard, qui, avec la persévérance propre à la nation britannique, avant d'abandonner la partie, entreprirent d'explorer le cours du Danube, afin de se convaincre de leurs propres yeux si les obstacles étaient insurmontables comme on les représentait. Ce voyage ne contribua qu'à augmenter leur confiance dans le succès d'une semblable entreprise, pour laquelle ils s'associèrent: quelques capitalistes de Vienne, parmi lesquels les barons Puthon et Friesenhofen, quí s'y prétèrent plutôt par patriotisme que par spéculation, tant l'affaire paraissait problématique. MM. Andrews et Prichard ayant demandé et obtenu un privilége exclusif pour la navigation à vapeur sur le 2. : Danube, dans tout le parcours du fleuve à travers l'empire d'Autriche, en firent la cession à la compagnie formée par eux sous la raison sociale « Première com pagnie I. R., privilégiée pour la navigation à vapeur du Danube », titre qu'elle a toujours conservé depuis Bien que son capital social ne s'élevât qu'à 100,000 florins (250,000 francs) divisés en actions de 500 florins, il lui restait, deux ans après sa constitution, environ 25 actions à placer. : : Aussi ne fut-ce qu'au mois de septembre 1830 que. le François Ir, seul et unique bateau à vapeur dont elle disposait, entreprit le premier voyage de Vienne à Pesth, en n'y employant que quatorze heures et de mie. Le grand problème de la navigation à vapeur sur: le Danube venait d'être résolu de la manière la plus victorieuse. Dans l'excès de leur joie, les actionnaires exigèrent qu'au printemps suivant le même bateau traversât toute la Hongrie jusqu'à Belgrade. Cet essai ne réussit que d'une manière incomplète, à cause des difficultés que le steamer devait rencontrer entre Raab et Semlin. Le gouvernement n'avait pas alors ordonné les grands travaux destinés à rendre la navigation du fleuve plus régulière, plus facile et plus sûre. Depuis quelques années ces travaux se poursuivent avec une activité toujours croissante. + Quoi qu'il en soit, l'insuccès de la ligne projetée entre Pesth et Belgrade avait singulièrement attiédi P'enthousiasme des actionnaires; l'entreprise se serait vraisemblablement bornée à l'exploitation de la T ligne entre Vienné et Pesth si l'un des hommes dont s'honore le plus la Hongrie ne s'était placé à la tête de la compagnie pour lui imprimer un nouvel et puissant élan. Le conte Étienne Szecheny, qui durant toute sa vie n'eut d'autre but que de régénérer la patrie des Magyares par le développement des immenses ressour ces qu'elle renferme, avait de suite compris les avantagés que l'on pouvait tirer de la navigation à vapeur sur le Danube. Après s'être assuré le concours du riche banquier baron Sina, il entreprit de réorganiser la compagnie par l'émission de trois cent vingt actions nouvelles, qu'il se chargea de placer parmi la noblesse hongroise. Moyennant cette augmentation de capital, la société fut à même de faire construire trois autres steamers, avec lesquels elle étendit dès l'année 1834 ses courses jusqu'en Valachie; en même temps elle affectait un cinquième bateau à vapeur au service spécial entre Smyrne et Constantinople. Telle fut la modeste origine d'une des plus gigantesques entreprises dont s'enorgueillit aujourd'hui l'Autriche. D'après le dernier compte rendu, présenté à l'assemblée générale des actionnaires à Vienne, le 10 mai 1856, la Compagnie I.. R., privilégiée pour la navigation à vapeur sur le Danube, possédait en 1855 quatre-vingt-huit bateaux à vapeur, la majeure partie de la force de 150, 200 et 300 chevaux, ainsi que neuf remorqueurs; de plus en construction, trois hateaux à vapeur de 200 chevaux et deux remorqueurs. Elle avait employé durant la même année trois cents navires au transport des denrées et marchandises, et réalisé sous la double rubrique des voyageurs et des marchandises, une recette de 9,269,145 florins, environ 23 millions de francs. Il aurait été impossible d'obtenir des résultats semblables autrement qu'en assurant à la compagnie pour la navigation à vapeur sur le Danube le privilége de l'exploitation exclusive. Si, seulement pour rendre la société viable, il avait fallu au début une énergie et une. persévérance à toute épreuve, nul doute que le système de la concurrence n'eût fait qu'épuiser en stériles essais les forces qui, habilement réunies et dirigées, ont fini par aboutir à un éclatant succès. Les services signalés rendus par la compagnie au gouvernement impérial pendant la dernière insurrection hongroise, lui valurent la prolongation de son privilége jusqu'en 1881, prolongation plus que jus tifiée par l'utilité des services que la compagnie n'a cessé de rendre durant la guerre orientale, soit par le transport des troupes, soit par l'approvisionnement de l'Europe occidentale. Informée de l'insuffisance des récoltes qui depuis quelques années afflige la France et l'Angleterre, la Russie s'était flattée de venir à bout de ses ennemis par la famine. La défense rigoureuse dont fut frappée en Russie, l'exportation des céréales. ne tarda pas à aggraver la crise alimentaire des pays... habitués à tirer leurs blés et leurs autres grains des ports de la mer Noire et de la mer d'Azow. Grâce à l'activité incessante de la Compagnie L. R.. : |