III. RÉVISION DE LA CONVENTION DU 13 JUILLET (841, :. :: • Le congrès de Paris, après avoir placé la quatrième garantie au premier rang dans le texte du trailé de paix, y fait immédiatement suivre les stipulations rela tives à la troisième garantie, qui fut, on ne le sait qué trop, la pierre d'achoppement des négociations de Vienne. En tête de ces stipulations figure, à l'article 10 de l'instrument général du 30, mars, la révision de la convention des détroits, laquelle cependant, soit dans l'annexe au prolocole de Vienne du 1er février, soit dans les préliminaires parafés le 25 du même mois, à l'ou verture du congrès, ne figurait que dans le sixième paragraphe du troisième point de garantie. Bien des gens, qui ne connaissent pas les circonstancés qui ont précédé et accompagné la signature de " la convention des détroits, ou qui ne s'en rendent pas un compte assez exact, en sont encore à se demander dans quel but les alliés du 2 décembre ont tenu à reviser la convention du 13 juillet 1841, puisque le traité du 30 mars confirme et maintient l'antique règle de l'empire ottoman, relative à la clôture des détroits du Bosphore et des Dardanelles. Il y a dans le protocole no 13 des conférences de Vienne un passage destiné à jeter une vive lumière sur les puissants molifs qui engagèrent le cabinet de Paris à vouloir imprimer à la convention des détroits, sans toutefois en altérer l'esprit ou le principe, un caractère et une portée auxquels la Russie n'avait cessé de s'opposer formellement. Il faut rendre cette justice au gouvernement de juillet, que depuis l'année 1839 il s'était préoccupé de l'urgence de garantir l'intégralité et l'indépendance de la Sublime Porte par un acte solennel', auquel auraient pris part toutes les grandes puissances. Cette idée avait été développée avec clarté et précision dans une dépêche adressée, en date du 17 juillet 1839, par le maréchal Soult au baron de Bourqueney, représentant de la France à Londres. En vain ce dernier s'étudia-t-il à faire comprendre dans la convention des détroits, une stipulation répon dant au vœu de son gouvernement. Tout ce que le baron de Bourqueney, devant l'opiniâtre opposition de la cour de Russie, put obtenir alors, fut que le príncipe de garantie en faveur de l'intégralité et de l'indé , pendance de la Sublime Porte trouvât place dans le « La discussion ayant été ramenée à la question de Nous allons ajouter quelques détails importants sur ce qui se passa à Londres à l'occasion de la signature de la convention du 13 juillet 1841. Les faits que nous : : allons rapporter, et qui sont de la plus scrupuleuse exactitude, feront mieux ressortir l'intérêt qu'avait la France impériale à poursuivre la révision de la convention des détroits. Le 5 mars 1841, la conférence de Londres rédigea un protocole, lequel fut présenté à l'adhésion de la France comme devant servir de base à la convention des détroits. Le protocole contenait deux alternatives. La première proposait que la France serait, sur l'invitation et d'après les vœux du sultan, engagée à signer une transaction pour constater le respect dû au principe en vertu duquel il a été de tout temps défendu aux bâtiments de guerre des puissances étrangèrés d'entrer dans lés détroits des Dardanelles et du Bosphore, et que le premier secrétaire d'État de Sa Majesté Britannique serait chargé de porter cet objęt à la connaissance du gouvernement français. L'autre alternative ne parlait que de l'intention du sultan d'adresser à toutes les puissances amies une déclaration pour leur faire connaître sa résolution de maintenir le principe concernant la clôture des détroits des Dardanelles et du, Bosphore. L'une et l'autre alternative n'étaient d'ailleurs que l'amplification de l'article 4 du traité du 15 juillet. Le cabinet français insista sur l'adoption de la première alternative, exigeant, dans l'intérêt de sa propre dignité, que le gouvernement britannique, qui lui avait notifié la conclusion du traité du 15 juillet, lui adressât, à titre d'amende honorable, l'invitation de mettre sa signature au bas de la convention des détroits. : L'Autriche et la Prusse appuyèrent efficacement la demande du cabinet français, lord Palmerston fut forcé. de remplir le rôle de messager de la Sublime Porte auprès du gouvernement français; c'est ce qu'il fit. d'assez mauvaise grâce. Après avoir pressé le baron de Bourqueney de parafer, le 15 mars, le projet de convention. tiré du protocole dressé le 5, il laissa. écouler quatre mois avant d'inviter le plénipotentiaire de la France à y apposer sa signature définitive, sous prétexte qu'il fallait auparavant recevoir de Constantinople la confirmation officielle que le pacha d'Égypte aurait fait sa soumission pleine et entière au firman rendu par le Grand Seigneur le 15 mai. Lord Palmerston qui, à cette époque-là, nageait. dans les eaux de la Russie et suivait l'inspiration du baron de Brunnow, ne fit rien pour favoriser les efforts du baron de Bourqueney tendant à formuler, dans le corps même de la convention des détroits, une garanție en faveur de l'indépendance et de l'intégralité de l'empire ottoman. Les exigences parlementaires seules avaient pu déterminer le ministre français d'alors à représenter la convention du 13 juillet 1841 comme une véritable solution de la question orientale; ce n'était qu'un palliatif imaginé et employé par la diplomatie pour. faire cesser l'isolement de la France et replâtrer la paix, universelle, un instant compromise par la conclusion du traité du 15 juillet. Telle fut du moins P'opinion du prince de Metternich lui-même. |