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Satisfait fans fortune, & fage en tes plaisirs ; \ ~\)\\\'T
Heureux, qui, comme toi, docile à fon génie,
Dirige prudemment la course de fa vie ;

Son cœur n'entend jamais la voix du repentir :
Enfermé dans fa sphère, il n'en veut point fortir.
Les états font égaux, &c.

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& des cables de foye.

L'art du pilote eft tout, & pour domter les vents,
Il faut la main du fage, & non des ornemens.
Eh! quoi! me dira-t-on, &c. nog al f

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SUITE, DU MÊME DISCOURS.

PREMIERE

LEÇON.

794 C

Il ferait beau vraiment que fa trifte faveur

Eût au grade; en ce monde, attaché le bonheur !
Jamais un colonel n'aura donc l'impudence
D'égaler en plaifir un maréchal de France!
L'empereur est toujours, graces à fes honneurs,
Plus fortuné lui feul, que les fept électeurs!
Et le cœur d'un fujet fe gardera bien d'être
Auffi tendre, auffi gai, que celui de fon maître !
Non, n'accufons point Dieu de cette abfurdité:
Pour les cœurs qu'il a faits, il a trop de bonté.
Tous font heureux par lui, tous au moins peuvent l'être :
En leur donnant la vie, il leur doit le bien être;
Il veut, en les rangeant fous différentes loix,
En faire autant d'heureux, non pas autant de rois :
Le cafque, le mortier, la barette, la mitre, -

A

A la félicité n'apportent aucun titre.

Et ce Bernard qu'on vante est heureux en effet,
Non par le bien qu'il a, mais par le bien qu'il fait.
On dit qu'avant la boëte, &c.

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que les fept électeurs ;

Et le roi des romains ferait un téméraire,

De prétendre un moment au bonheur du Saint Père.
Crois-moi, Dieu d'un autre ail voit les faibles humains

Nés du même limon façonné par fes mains.
'Admirons de fes dons le différent partage.
Chacun de fes enfans reçut un héritage.
Le terrein le moins vaste a fa fécondité,
Et l'ingrat qui fe plaint eft feul déshérité.
Poffédons fans fierté, fubiffons fans murmurè
Le fort que nous a fait l'auteur de la nature;
Dieu qui nous a rangés fous différentes loix

C

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2

Peut faire autant d'heureux, non pas autant de rois.
On dit qu'avant la boëte, &c.

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L'amour ce Dieu des cieux, cette flamme éternelle,
Qui peuple les forêts, les ondes & les airs,
Qui va d'un pôle à l'autre animer l'univers.
Ses traits toujours lancés des mains de la nature,

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Souffrent les ornemens, mais plaifent fans parure :
Un éclat étranger eft le fard du bonheur :

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,

Tu n'en as pas befoin, tu peux donner ton cœur
Sans tous ces riens brillans, ces nobles bagatelles
Qu'Hébert vend à crédit pour tromper tant de belles.
L'amour n'a pas toujours un tranquille deftin,
Sous les lambris dorés, & vernis par Martin.
L'aigle fier & rapide, &c.

tout homme a fes revers: Concini moins altier, plus fidèle à fes maîtres, N'aurait point de fon fang appaifé nos ancêtres.

où la félicité!

Où donc trouver, dis-tu, cet être ft vanté,
Fugitif, inconnu, qu'on croit imaginaire ?
Où? chez toi, dans ton cœur & dans ton caractère :
Quel que foit ton état, quel que foit ton deftin,
Sois fage, il te fuffit, ton bonheur eft certain.

SECONDE LEÇON DE CETTE FIN.

Et vit dans les glaçons qu'ont durci les hyvers.
Mortel, en quelque état que le ciel t'ait fait naître,
Sois foumis, fois content, & rends grace à ton maître.

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DEUXIEME

DISCOURS

DE LA LIBERTÉ.

On entend par ce mot Liberté le pouvoir de faire ce qu'on veut. Il n'y a, & ne peut y avoir d'autre Liberté. C'est pourquoi Locke la fi bien définie Puiffance.

Ans le cours de nos ans,

Dsile

étroit & court paffage,

Si le bonheur qu'on cherche eft le prix du vrai fage,

Qui pourra me donner ce tréfor précieux ?

Dépend-il de moi-même ? eft-ce un préfent des cieux ?
Eft-il comme l'efprit, la beauté, la naiffance,
Partage indépendant de l'humaine prudence?
Suis-je libre en effet ? ou mon ame & mon corps
Sont-ils d'un autre agent les aveugles refforts?
Enfin, ma volonté, qui me meut, qui m'entraîne,
Dans le palais de l'ame eft-elle efclave ou reine?
Obscurément plongé dans ce doute cruel,
Mes yeux, chargés de pleurs, fe tournaient vers le ciel,
Lorsqu'un de ces efprits, que le fouverain être
Plaça près de fon trone, & fit pour le connaître,
Qui refpirent dans lui, qui brûlent de fes feux,
Defcendit jufqu'à moi de la voute des cieux;
Car on voit quelquefois ces fils de la lumière,
Eclairer d'un mondain l'ame fimple & groffière,
Et fuir obftinément tout docteur orgueilleux,

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Qui dans fa chaire affis, penfe être au-deffus d'eux,
Et le cerveau troublé des vapeurs d'un fyftême,
Prend ces brouillards épais pour le jour du ciel même,
Ecoute, me dit-il, promt à me confoler,

Ce

que tu peux entendre, & qu'on peut revéler.
J'ai pitié de ton trouble; & ton ame fincère,
Puifqu'elle fait douter, mérité qu'on l'éclaire.
Oui, l'homme fur la terre eft libre ainfi que moi;
C'eft le plus beau préfent de notre commun roi.
La liberté, qu'il donne à tout être qui penfe,
Fait des moindres efprits & la vie & l'effence.
Qui conçoit, veut, agit, eft libre en agissant;
C'est l'attribut divin de l'Etre tout-puiffant.
Il en fait un partage à fes enfans qu'il aime.
Nous fommes fes enfans, des ombres de lui-même.
Il connut, il voulut, & l'univers naquit ;

Ainfi, lorfque tu veux, la matière obéït.
Souverain fur la terre, & roi par
la pensée,
Tu veux, & fous tes mains la nature eft forcée.
Tu commandes aux mers, au foufle des zéphyrs,
A ta propre pensée, & même à tes défirs.

Ah! fans la liberté que feraient donc nos ames?
Mobiles agités par d'invifibles flâmes;

Nos vœux, nos actions, nos plaifirs, nos dégoûts,
De notre être, en un mot, rien ne ferait à nous.
D'un artifan fuprême impuiffantes machines,
Automates penfans, mûs par des mains divines,
Nous ferions à jamais de mensonge occupés,
Vils inftrumens d'un DIEU, qui nous aurait trompés.
Comment, fans liberté, ferions-nous fes images?
Que

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