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Avec cette grace divine,

Dont autrefois elle ajoutait

De nouveaux charmes à Racine.

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Colbert, l'amateur & le protecteur de tous les arts, raffemblait autour de lui les connai feurs. Tous félicitaient le cardinal de Polignac (f) fur ce Sallon de Marius, qu'il a déterré dans Rome, & dont il vient d'orner la France.

Colbert attachait fouvent fa vûe fur cette belle façade du Louvre, dont Perrault & le Vau fe difputent encor l'invention. Il foupirait de ce qu'un fi beau monument périffait fans être achevé. Ah! difait-il, pourquoi a-t-on forcé la nature pour faire du château de Verfailles un favori fans mérite, tandis qu'on pourrait, en achevant le Louvre, égaler en bon goût Rome ancienne & moderne?

On voyait fur un autel le plan du Luxembourg; de ce portail fi noble, auquel il manque une place, une église & des admirateurs; de cette fontaine qui fut un chef-d'œuvre du goût dans un tems d'ignorance; de cet arc de triom

(f) M. de Polignac ayant conjecturé qu'un certain terrein de Rome avait été autrefois la maifon de Marius, fit fouiller dans cet endroit. L'on trouva, à plufieurs pieds fous terre, un fallon entier, avec plufieurs ftatues trèsbien confervées. Parmi ces tatues, il y en a dix qui font

une fuite complette, & qui repréfentent Achille déguise en fille à la cour de Lycomede, & reconnu par l'artifice d'Ulyffe. Cette collection eft unique dans l'Europe, par la rareté & la beauté. A la mort du cardinal de Polignac, le roi de Prufe en fit l'acquisition.

triomphe qu'on admirerait dans Rome, & au quel le nom vulgaire de la Porte St. Denis ôte tout fon mérite auprès de la plupart des Parifiens. Cependant le Dieu s'amufait à faire conftruire le modèle d'un palais parfait. Il joignait l'architecture du palais de Maifons, au dedans de l'hôtel de Laffay, dont il a confeillé lui-même la fituation, les proportions & les embelliffemens au maître aimable de cet édi fice, & auquel il ajoutait quelques commodités.

Je demandais, tout bas, pourquoi il y a eu, à proportion, moins de bons architectes en France que de bons fculpteurs ; & les peintres ont toute la liberté de leur génie, au lieu que les architectes font fouvent génés par le terrein, & encor plus par le caprice du maître. En fecond lieu, les fculpteurs & les peintres, faifant beaucoup plus d'ouvrages, ont bien plus d'occafion de fe corriger. Cent particuliers étaient en état d'employer le pinceau du Pouffin, de Jouvenet, de Santerre, de Boulogne, de Vatau ; & même aujourd'hui nos peintres modernes travaillent prefque tous pour de fimples citoyens; mais il faut être roi ou furintendant pour exercer le génie d'un Manfard ou d'un Desbroffes: enfin, le fuccès du peintre eft dans le deffein de fon tableau; celui du fculpteur eft dans fon modèle en terre: le modèle de l'architecte, au contraire, eft trompeur; parce que le bâtiment, regardé enfuite à une plus grande distance, fait un effet tout différent, & que la perspective aërienne en change

les

les proportions; en un mot, il en eft fouvent du plan en relief d'un édifice, comme de la plupart des machines qui ne réuiffent qu'en petit.

:

On y examine fi les arts fe plaisent mieux dans une monarchie que dans une république : fi l'on peut fe paffer aujourd'hui du fecours des anciens fi les livres ne font point trop multipliés: fi la comédie & la tragédie ne font point épuifées. On examine quelle eft la vraye différence entre l'homme de talent & l'homme d'efprit, entre le critique & le fatyrique, entre l'imitateur & le plagiaire.

Permettez que je continue mes petites obfervations, répondit le père Bouhours. Ce font les grands hommes qu'il faut critiquer, de peur que les fautes qu'ils font contre les régles, ne fervent de régles aux petits écrivains. Ce font les défauts du Pouffin & de Le Sueur qu'il faut relever, & non ceux de Rouet & de Vignon; & dès que votre Anti-Lucrèce fera imprimé, foyez fûr de ma critique.

Eh bien, examinez, vétillez, tant qu'il vous plaira, dit en paffant un jeune duc qui revenait du fermon de Ninon, & qui en paraiffait tout pénétré pour moi, je n'ai pas la force de rien cenfurer d'aujourd'hui.

Cet homme que Ninon avait rendu fi indulgent,

Mélanges &c.

A a

C'est

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C'est lui qui d'un efprit vif, aimable & facile,
D'un vol toujours brillant, fut paffer, tour à tour,
Du temple des beaux-arts au temple de l'amour ;
Mais qui fut plus content de ce dernier afyle.
Des mains des graces présenté,

En Allemagne, en Italie,
Il charma l'Europe adoucie,
Dont fon oncle fut redouté.

Il est même encor mieux reçu dans le Temple du Goût, que cet oncle fi vanté, qui rétablit les beaux-arts en France de la même main dont il abaiffa ou perdit tous fes ennemis. Ce terrible miniftre, craint, hai, envié, admiré à l'excès de toutes les cours & de la fienne, eft redouté jufques dans le Temple du Goût, dont il elt reftaurateur. On craint à tout moment qu'il ne lui prenne fantaisie d'y faire entrer Chapelain, Colletet, Faret & Defmarets, avec lesquels il faifait autrefois de méchans vers.

Quand je vis que le cardinal de Richelieu n'avait pas toutes les préférences, je m'écriai: C'est donc ici comme ailleurs, & l'inclination l'emporte par-tout fur les bienfaits! Alors j'entendis quelqu'un qui me dit :

Etablir, conferver, mouvoir, arrêter tout, Donner la paix au monde, ou fixer la victoire ; C'est ce qui m'a conduit au temple de la gloire, Bien plutôt qu'au temple du Goût.

Braffac,

Braffac, fois toujours mon foutien.
Sous tes doigts j'accordai ta lyre.
De l'amour tu chantes l'empire,
Et tu compofes dans le mien.

Caylus, tous les arts te chériffent
Je conduis tes brillans deffeins;
Et les Raphaëls s'aplaudiffent
De fe voir gravés par tes mains.

;

AUTRES VARIANTES,

Tirées de l'édition de 1733.

ET cependant un fripon de libraire,

Des beaux efprits écumeur mercénaire,
Vendeur adroit de fotise & de vent,
En fouriant d'une mine matoife,
Lui mefurait des livres à la toife;
Car monfeigneur eft fur-tout fort favant.

Là ne font point reçus les petits maîtres, qui affiftent à un fpectacle fans l'entendre, ou qui n'écoutent les meilleures chofes que pour en faire de froides railleries. Bien des gens qui ont brillé dans de petites fociétés, qui ont Aa 2

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