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Chez DENYS THIERRY, ruë S. Jacques,
à l'enseigne de la Ville de Paris.

CLAUDE BARBIN, au Palais, fur le
second Perron de la Sainte-Chapelle.

ET

PIERRE TRABOUILLET, au Palais, dans
la Gallerie des Prisonniers, à la Fortune.

M. DC. LXXV I.
Avec Privilege du Roy.

M

AU ROY

IRE,

F'adjouste une Scene à la Comedie, & c'est une espe ce de Fafcheux affez insupportable, qu'un homme qui dédie un Livre: VOSTRE MAJESTE en Sçait des nouvelles plus que personne de fon Royaume, & cen'est pas d'aujourd'buy qu'elle se voit en bute à la furie des Epistres dedicatoires. Mais bien que je suive l'exemple des autres, & me mette moy mesme au rang de ceux que j'ay joüez; j'ofe dire toutesfois à VOSTRE MAIESTE', que ce que j'en ay fait, n'est pas tant pour luy presenter un Livre, que pour avoir lieu de luy rendre graces du fuccez de cette Comedie. Je le dois SIRE, ce fuccez qui a passé mon attente, non seule ment à cette glorieuse approbation, dont VOSTRE MAIESTE' honora d'abord, la Piece, & qui a entraisné fi hautement celle de tout le monde; mais encore à l'ordre qu'elle me donna d'y ajoûter un caractere de Fascheux, dont elle eut la bonté de m'ouvrir les idées elle-mefme, & qui a esté trouvé par tout le plus beau morceau de l'Ouvrage. Il faut avoüer, SIRE, que je n'ay jamais rien fait avec tant de facilité, ni fi promptement que cet endroit, où VOSTRE MAIESTE

me commanda de travailler. F'avois une joye à luy obeyr, qui me valoit bien mieux qu' Apollon, & toutes les Muses; Et je conçois par là ce que je ferois capable d'executer pour une Comedie entiere, si j'estois inspirê par de pareils commandemens. Ceux qui font nez en un rang eslevé, peuvent se proposer l'honneur de servir VOSTRN MAIESTE' dans les grands emplois: mais pour moy, toute la gloire où je puis afpirer, c'est de la réjouyr. Fe borne là l'ambition de mes souhaits & je croy qu' en quelque façon ce n'est pas eftre inutile à la France, que de contribuer quelque chose au divertissement de fon Roy, Quand je n'y réuffiray pas, ce ne Sera jamais par un defaut de zele, ni d'estude; mais Seulement par un mauvais destin, qui fuit assez souvent les meilleures intentions. & qui sans doute affligeroit Jensiblement,

SIRE,

De Vostre Majesté,

0

Le tres-humble, tres-obeïfant, & tres-fidelle serviteur & sujet, MOLIERE.

J

AMAIS entreprise au Theatre ne fut si precipitée que celle-cy; & c'est une chose, je croy, toute nouvelle, qu'une Comedie ait esté conceuë, faite, apprife, & representée en quinze jours. Je ne dis pas cela pour me piquer de l'impromptu, & eri pretendre de la gloire: mais seulement pour prévenir certaines gens, qui pourroient trouver à redire, que je n'aye pas mis ici toutes les especes de Fascheux, qui se trouvent. Je sçay que le nombre en est grand, & à la Cour, & dans la Ville, & que fans Episodes, j'eusse bien pû en composer une Comedie de cinq Acres bien fournis', & avoir encore de la matiere de reste. Mais dans le peu de temps qui me fut donné, il m'estoit impossible de faire un grand dessein & de resver beaucoup sur le choix de mes Personnages, & fur la disposition de mon fujet. Je me reduifis donc à ne toucher qu'un petit nombre d'Importuns; & je pris ceux qui s'offrirent d'abord à mon esprit, & que je crus les plus propres à réjouyr les Auguftes personnes devant qui j'avois à paroître; & pour lier promptement toutes ces A j

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