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tombe l'infenfé, tu intérefferas ton cœur à être vertueux : S.

Ne renonçons jamais au bonheur, les fources du bien & du mal font cachées, & nous ignorons laquelle doit s'ouvrir pour arrofer l'efpace de la vie. O homme ! ô qui que tu fois, mon frère ! dans le malheur, fois patient, & espère: S.

Obéiffons en tout temps aux loix & aux coutumes de notre pays: Defcartes.

N'enchaînons jamais notre liberté pour l'avenir : D.

Décidons-nous toujours pour les opinions modérées; parce que, dans le moral, tout ce qui eft extrême, eft prefque toujours vicieux: D.

Travaillons à nous vaincre nous-mêmes, plutôt que la fortune; parce que l'on change fes defirs plutôt que l'ordre du monde, & que rien n'eft en notre pouvoir que nos penfées : D.

Pour vous foumettre la fortune & les chofes, commencez par vous en rendre indépendant. Pour régner par l'opinion, commencez par régner fur elle: Rouffeau.

Le monde réel a fes bornes; le monde imaginaire eft infini. Ne pouvant élargir l'un, rétréciffons l'autre, car c'eft de leur feule différence que maiffent toutes les peines qui nous rendent vraiment malheureux: R.

Les grands befoins naiffent des grands biens; & fouvent le meilleur moyen de fe donner les chofes dont on manque, eft de s'ôter celles qu'on a : R.

Les bonnes inftitutions fociales, font celles qui favent le mieux dénaturer l'homme, lui ôter fon existence abfolue, pour lui en donner une relative, & tranfporter le moi dans l'unité commune; en forte que chaque particulier ne fe croie plus un, mais partie de l'unité, & ne foit plus fenfible que dans le tout.

Le feul moyen de connoître les véritables mœurs d'un peuple, c'eft d'étudier fa vie privée dans les états les plus nombreux; car s'arrêter aux gens qui représentent

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représentent toujours, c'est ne voir que des Comédiens: R.

Les citoyens qui ont bien mérité de la patrie doivent être récompenfés par des honneurs, & jamais par des priviléges; car la république eft à la veille de fa ruine, fitôt qu'on peut penser qu'il eft beau de ne pas obéir aux loix: R.

Le premier pas vers le vice eft de mettre du myftère aux actions innocentes; & quiconque aime à fe cacher, a, tôt ou tard, raifon de fe cacher. Un feul précepte de morale peut tenir lieu de tous les autres. C'eft celui-ci : « Ne fais ni ne », dis jamais rien, que tu ne veuilles que tout le » monde voie & entende»: R.

Un homme ne doit jamais rougir d'avouer qu'il a tort; car, en faisant cet aveu, il prouve qu'il est plus fage aujourd'hui qu'il n'étoit hier: Pope.

MÉDECINS.

Si vous avez befoin de Médecins, dit l'école de

Salerne, il y en a trois auxquels vous pourrez avoir recours l'efprit gai & tranquille, l'exercice modéré, la diète. C'eft auffi ce que penfoit M. Dumoulin. Ce célèbre Médecin étant à l'agonie, & environné de plufieurs Médecins de Paris qui déploroient fi perte, leur dit : Meffieurs, je laiffe après moi trois grands Médecins ; & preffé par eux de les nommer , parce qu'ils croyoient tous être un des trois, il répondit: L'eau, l'exercice, la diète.

Un Roi de Perfe envoya au Calife Mustapha, un Médecin très-célèbre qui demanda en arrivant, comment on vivoit à sa Cour. On lui répondit: On ne mange que lorsqu'on a faim, & on ne la fatiffait pas entièrement. Je me retire, dit-il, je n'ai que faire ici.

Gourville, dont nous avons des Mémoires, étant tombé malade à Paris, envoya un homme Tome II.

M

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de confiance à la porte des écoles de Médecine, un jour que la faculté s'affembloit, avec ordre de lui amener, fans autre information, celui des Médecins dont il jugeroit la complexion la plus conforme à la fienne. On lui en amena un tel qu'il le fouhaitoit, & il s'en trouva bien.

André Baccius, habile Médecin de Florence, mais très-fantafque, ayant été appellé pour voir une femme malade, commença par lui tâter le pouls, & lui ayant trouvé une groffe fièvre, il lui demanda, entr'autres chofes, l'âge qu'elle avoit. Elle n'eut pas plutôt dit qu'elle avoit quatre-vingts ans, qu'il repouffa fon bras, & lui dit tout en colère: Combien de temps voulez-vous donc refter au monde ? & fe retira fur-le-champ.

On a rapporté dans les Anecdotes de Médecine l'embarras fingulier où fe trouva un jour Fabrice Hildan, grand Médecin & très-bon Chirurgien. Fabrice fut appellé chez un payfan qui s'étoit fait entrer dans l'œil une paille de fer. L'Efculape tenta différents moyens pour la tirer; il fe fervit même de quelques inftruments; mais la paillette leur échappoit par fa ténuité, & toutes les opérations n'aboutirent qu'à occafionner une inflammation dans l'œil du payfan. Fabrice revint tout penfif chez!ui, au défefpoir de ne pouvoir réuffir, lorfque fa ferme inftruite de ce qui s'étoit paffé, fe mit à fourire l'embras du Docteur n'en étoit pas un pour elle; mais defirant de jouir de fon petit triomphe, elle dit à fon mari qu'elle vouloit l'accompagner chez le malade, & que peut-être elle lui feroit de quelque fecours. Fabrice ne comptant plus fur aucun fuccès, confent à tout; il obéit à La femme, qui lui dit de tenir les paupières du malade bien écartées. Cette femme tire auffi-tôt de fa poche un aimant qu'elle promène le plus près qu'elle peut de la furface de l'œil; au même inftant la paillette vole vers l'aimant, & le malade fe fent foulagé. La femme de Fabrice, comme on le devine bien, ne refta pas muette. Elle reçut les

témoignages de reconnoiffance du payfan; mais ce qui fans doute la flatta le plus, ce fut l'aveu que lui fit fon mari, que, fans elle, il n'auroit pas eu la moindre idée de cette heureuse reffource.

Un habile Médecin (M. Falconet) fut appellé auprès d'une Dame malade imaginaire. Il l'interrogea; elle lui avoua qu'elle mangeoit, buvoit & dormoit bien, & qu'elle avoit tous les fignes d'une fanté parfaite. Hé bien, lui dit le Médecin, en homme d'efprit, laiffez-moi faire, je vous donnerai un remède qui vous ôtera tout cela.

Molière joua fur le théatre, les Médecins ridicules. Combien d'autres farcafmes n'a-t-on pas lancés contre eux ? Il y a ce conte d'un Miniftre huguenot, qui, interdit de fes fonctions par la cabale de fes ennemis, dit tout haut, qu'il en coûtera la vie à plus de cent hommes. Cité devant le Juge pour avoir tenu ce difcours, il s'explique en difant, que fi on l'empêchoit d'être Miniftre, il fe feroit Médecin. Ce trait eft employé dans la comédie du Grondeur. Ce perfonnage, qui eft Médecin, outré de ce que le mariage de Mondor & de fa fille eft conclu malgré lui, s'écrie dans fa colère : Il en coûtera la vie à plus de quatre.

Le Journal de Savants rapporte l'anecdote de deux Médecins qui fe battirent pour régler la manière dont feroit cuite une pomme qu'ils venoient de preferire à leur malade. Tous deux avoient ordonné qu'elle feroit cuite fous la cendre; mais l'un prétendoit qu'il falloit la faire cuire enveloppée d'un papier gris, & l'autre qu'il falloit l'envelopper d'une feuille de vigne. Le dernier montra avec beaucoup d'éloquence, les grands avantages que le malade retireroit des qualités de la feuille de vigne qui s'infinueroit dans la pomme; l'autre dit encore de plus belles chofes au fujet du papier gris. Mais comme leurs differtations ne finiffoient pas, ils terminèrent à l'amiable leur différend avec quelques coups de canne.

Le Spectateur Anglois compare les Médecins à

l'armée des anciens Bretons du temps de Céfar, dont les uns tuoient à pied, & les autres montés fur des chariots. Si l'infanterie, ajoute-t-il, ne fait pas. tant d'exécution que la cavalerie, c'est parce qu'elle ne fauroit fe tranfporter fi vite dans tous les quartiers de la ville, ni dépêcher beaucoup d'affaires en peu de temps.

Un malade interrogé, pourquoi il n'appelloit pas un Médecin: « C'eft » répondit-il «parce que » je n'ai pas encore envie de mourir, »

Un Médecin trouvant mauvais qu'on parlât mai des Médecins, dit: Il n'y a perfonne qui puiffe fe plaindre de moi. Non, lui répondit-on, car vous. tuez tous ceux que vous traitez.

Un Peintre dont le talent étoit fort médiocre, embraffa la profeffion de Médecin. Comme on lui en demandoit la raison: « Dans la peinture » répondit-il toutes les fautes font exposées à la » vue; mais dans la Médecine, elles font enterrées » avec le malade, & on se tire mieux d'affaire. ››

Un homme, qui fouffroit beaucoup, appercevant plufieurs Médecins autour de son lit, s'avifa de faire comme un foldat qu'on va paffer par les armes. Il fit approcher celui de tous les Médecins qu'il crut le plus habile, & lui dit : Monsieur, je -vous prends pour mon Parrain.

Un Médecin violent & fantafque, prit querelle en jurant contre quelqu'un, & le menaça de le tuer. Ce n'eft pas ce que je crains, repartit celuici, car je ne t'enverrai jamais demander quand je ferai malade.

On a cité un Médecin Suiffe qui ne paffoit jamais auprès d'un cimetière fans fe couvrir le vifage avec fon mouchoir, & quand on lui en demanda la raifon « Ceft » répondit-il que bien des →gens étant ici arrêtés par mon ordonnance, j'ai » peur que quelqu'un ne me reconnoiffe, & ne me » prenne au collet. »

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Le Duc de Rohan, voyageant en Suiffe, s'y trouva indifpofé, & on lui fit venir le plus célèbre

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