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fortuites, isolées : et qu'ils n'étoient pas plus indifférens dans leurs causes, qu'ils ne l'ont été dans leurs suites. Mais qui jamais a connu les unes et les autres? Qui jamais a soulevé le voile ténébreux qui cacha trop souvent les perfides moteurs de cette succession de crises violentes, qu'en vain la bravoure lyonnoise s'efforça de régler ou d'abattre !

Je les ai mis à découvert, ces ressorts et ces hommes, par qui Lyon fut successivement tourmenté de toutes les secousses qu'on donnoit au midi de la France. Je les décris, avec toutes leurs particularités, ces commotions et ces résistances, ces crimes et ces vertus, cet excès de malheurs et cet excès de gloire dont Lyon n'a cessé d'être le théatre, depuis le commencement de la révolution française.

· AVERTISSEMENT

DE

L'AUTEUR.

LYON, aux prises avec la révolution, est un tableau que tout français desire, que l'Europe attend, et que l'histoire générale de la révolution de mande comme une portion notable d'elle-même. Ce n'est point une scene particuliere, détachée d'un grand événement : c'en est la partie essentielle; et j'oserois même dire, la plus inté

ressante à connoître.

On savoit bien que les mouvemens de la révolution, en cette ville, n'avoient pas été de simples émeutes,

a

profil, ceux qu'il est nécessaire d'examiner et de montrer en face, si, en racontant leurs délits, je ne rappellois pas aussi les systêmes qui leur servirent de principe et d'apologie. Et croi roit-on à l'exposition de cette affreuse doctrine, si, me bornant à l'analyser, je ne citois servilement les paroles mêmes de ceux qui la professerent?

Qu'ils furent, en cela du moins, plus heureusement nés que nous, ces historiens des temps antiques, où les hommes, vicieux par instinct, ignoroient l'art infernal d'ériger en qualités civiques, les passions les plus féroces! Ces écrivains n'étoient pas forcés, comme nous, d'hérisser eux-mêmes leur marche par d'épouvantables citations. Mais dans ces derniers jours, où l'abus des lumieres et du raisonnement n'a que trop confondu les idées du bien

et du mal, où la scélératesse ne fut pas moins étonnante dans ses discours que dans ses œuvres : l'historien seroitil exact, s'il se dispensoit du trop pénible devoir de faire aller ensemble la doctrine et les faits, les paroles et les

actions?

Cependant, pour ne point trop surcharger mon récit, j'ai rejetté dans les notes, tous les passages que je pouvois absolument écarter de mon texte. C'est encore dans ces especes d'hors-d'œuvre, que j'ai renvoyé, par le même motif, quelques anecdotes précieuses, que je croyois devoir conserver pour l'observateur et les curieux ne voulant point donner au lecteur ordinaire, qu'elles ne peuvent pas intéresser autant, le désagrément d'être retardé par elles, en parcourant le corps de cet ouvrage. Elles m'ont paru d'autant plus im

portantes à consigner pour les premiers, qu'étant la plupart, des faits privés où les personnages s'abandonnent à leur caractere, sans contrainte, à l'abri des regards, elles les démasquent entiérement, et fixent sur leur compte, le jugement des contemporains et de la postérité (1).

On peut ajouter la foi la plus entiere à toutes celles que je publie dans cette histoire. Quelques-unes me sont personnelles, et les autres reposent sur des témoignages que je ne saurois révoquer en doute.

(1) Il me reste encore beaucoup d'anecdotes, dont plusieurs pourroient me servir à confondre ceux qui se plaindroient d'avoir été peu menagés dans cette histoire. Mais, réservant ces armes pour d'autres circonstances, je donnerai, dans quelque temps, un recueil de traits qui portent un véritable intérêt, sans avoir l'odieux des personnalités..

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