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TRADUCTION.

PAR LE SIEUR DE ***

XCIV.

Qavile & un

Voi? le Deftin jaloux, & le Tems inflexible Raviront les hauts faits d'un Monarque invincible § Et LOUIS triomphant de cent Peuples divers, Ne fera point un jour connu dans l'Univers?

Ne le permettez pas, vous dont la main sçavante Grave fur les métaux fon Hiftoire éclatante: Témoins de fes grandeurs, Herauts de fes exploits, Du Tems & du Deftin forcez les dures loix, La Vertu, pour porter fon nom dans tous les âges, Contre l'oubli du tems a choifi vos fuffrages. Que d'autres à l'envi tracent fur le papier Les penibles travaux de ce Prince guerrier: Que d'une forte haleine ils fonnent la trompette: Le papier eft fragile, & la voix imparfaite Ne peut d'un fon leger égaler fes hauts faits. Vous feuls pouvez répondre à nos juftes fouhaits Et jufqu'où l'Univers a caché fes limites, Celebrer de concert fa gloire & fes mérites. LOUIS offre à vos foins un champ vafte & pompeux. Les Arts recompensez fous son empire heureux, Suivent les mouvemens que votre ardeur inspire, Et reçoivent les loix que vous fçavez prescrire. Voyez qu'en cent façons les plus riches métaux Ajuftent leur figure au gré de vos travaux. Des plus hautes forêts les arbres inutiles A la main du Tourneur prêtent leurs troncs dociles, Et le marbre au ciseau n'ofant plus refifter, Pour les traits de LOUIS femble fe préfenter. Animez, du beau feu de votre heureux génie, Ces ouvrages muets, ces figures fans vie.

Faites plus, la Nature à fes exploits nouveaux S'empreßant d'applaudir par des arcs triomphaux,

Ouvre le vafte fein des gouffres de la Terre,
Et l'art tirant foudain les maffes qu'elle enferre,
Les étale à nos yeux, les joint étroitement,
Et pour former un arc, les courbe artiftement.
Ces monumens pompeux aiment votre langage,
Foignez à leurs travaux ce dernier avantage.

Cet emploi vous est dû ; mais ne le bornez pas
A ces Infcriptions dignes de fes combats,
Ce Roi victorieux, de qui l'ardeur guerriere
Vit au gré de fes vœux trembler l'Europe entiere,
Ne regneroit qu'au fein d'une feule Cité.
Qu'en ce fiecle de guerre ainfi représenté,
Du citoyen tranquille il repaiffe la vûe;
Sa gloire veut voler fans être retenue,
Et le rapide effor qu'elle prend dans les airs,
Ne fçauroit fe borner qu'au bout de l'Univers.
Voulez-vous confacrer fes vertus éclatantes,
Tous ces métaux fondus en des flâmes ardentes,
Vous demandent l'image & le nom de LOUIS.
Gravez-les, cette empreinte en rehauffant leur prix,
Aux plus lointains climats portera leur matiere.
Les Médailles n'ont rien d'une maße groffiere.
Le Deftin l'Envie en refpectent les traits.
Qu'ils fappent à leur gré les plus riches Palais,
Que les plus hautes tours, les murs les plus folides
Tombent fous la fureur de leurs coups homicides,
Ce que vous produisez eft un bien de l'esprit,
Qui brave le Deftin, & que rien ne détruit.
Par vous, Troupe fçavante, immortelle Affemblée
Qui rappellez des jours la memoire écoulée,
Et qui fçavez fixer la vitesse des ans,

Par vous fes faits gravez fur les métaux brillans,
En dépit des fureurs du Tems & de l'Envie,
Inftruiront l'avenir d'une fi belle vie.

Ces métaux animez d'un fincere difcours,
Que nos Neveux liront & reliront toûjours,
Mieux qu'un volume entier d'une Hiftoire étendue,
Offriront tous fes faits à la premiere vue

Et par eux les Lecteurs fars peine fans ennuis,
Seront de fes grandeurs heureusement inftruits.

Ainfi toujours prefent LOUIS dans vos Médailles, Au Soldat attentif apprendra fes batailles, Et des honneurs guerriers le Soldat amoureux Voudroit avoir peri dans ces combats fameux.

Ne ceffez donc jamais d'étaler ses merveilles.
Mille exploits à la fois follicitent vos veilles.
Au milieu du tumulte & du bruit des combats,
Hâtez-vous, les lauriers que moiffonnent fon bras,
Et tous ces faits divers dont fa gloire s'augmente,
Préparent à vos foins une charge pefante.
Craignez que l'Artifan furpris, embarassé,
Ne tombe fous le faix dont il fe fent pressé.
LOVIS, qui va toujours de victoire en victoire,
Remet entre vos mains tout l'amas de fa gloire. ·
Ce dépôt qui dédaigne un éloge emprunté,
Pour briller, n'a befoin que de votre équité.
O trop heureux témoins de fa gloire immortelle !
Qu'occupe un même foin, qu'anime un même zele:
Sçavez vous qu'en gravant fur cet or fes exploits,
Vous confacrez fon nom & le vôtre à la fois?

Que ne puis-je courir dans vos fçavantes lices,
Et mêler mes travaux à vos doux exercices!
Quel efprit, quelle ardeur animeroient mes Vers!
De quel ton publiant vos oracles divers,
Au dernier avenir ma voix forte & sublime,
Feroit elle éclater le beau feu qui m'anime:
Mais l'accès fortuné de ces auguftes lieux
S'ouvre à peu de Mortels favorifez des Cieux.
Le Travail affidu, la Prudence éclairée,
La Vertu, le Mérite en défendent l'entrée.
Cependant n'allez pas, Troupe de beaux Efprits,
Avec un fier dédain regarder ces Ecrits
Que doit à nos travaux la premiere des Villes.
S'il en eft à vos yeux de foibles, d'inutiles,
Qui du promt voyageur n'arrêtent point les pas,
Celebres Ecrivains, ne les épargnez pas.
Que ces infcriptions en lettres d'or gravées,
Soient détruites par vous auffi-tôt qu'improuvées:
Et que le Marbre même indigné contre nous
Témoigne, en fe brifant, fa peine & son courroux.

EÆDEM REGIÆ

NUMISMATUM ET INSCRIPTIONUM

ACADEMIE

Vt Latinè infcribat publica monumenta.

X C V.

Ramiffos debat lingua Latialis honores.

A diù puri mater, cuftófque lopôris,

Hanc labem intulerat cultis gens afpera Mufis
Irrumpens Latio; vifi dediscere morem
Paulatim Aufonida; tenet urbem barbarus hoftis,
Ceffit amor Mufarum, Italis pelluntur ab oris,
Neglectaque jacent nullis cultoribus Artes.
Verum ubi Cæfaribus, longo promiflus ab ævo
Succeffit LoDoicus, & æquat Marte triumphos,
Quales attoniti cupiant vidiffe Quirites.
Ingenuæ rediêre Artes, rediêre Camœnæ,
Romano fas ore loqui, linguæque cadentis
Surgit prifcus honos; videas jam emergere lectos
Francâ è
*
gente viros, quibus omnis cura tueri
Heroum facta egregia, & cælare metallis.
Bellica laus velit, & Francorum gloria pofcat.
Tantis præfidibus pofito fquallore, fitúque,
Se Roma agnofcit, densáque in nocte fepulti
Ecce revivifcunt, quos aurea protulit ætas,
Magni Oratores, tumulífque excita profundis
Turba Poëtarum, tanto fervire parata
Principi, in occurfum ftudiis fe ardentibus urget
Et pudor eft tacuifle diù, & celaffe repoftas
Romanæ tot opes linguæ, quas fponte recludit
Principis in magni laudes, nimiùmque fuperba,
Si per vos, docti ô Proceres, gens culta, politi
Et fermonis amans Francum prodire sub ax em

Illi contigerit, LoDoïco & plaudere Magno.
Jamdudum Elyfiis ducentes otia campis
Audierant (Manes placidos ea fama fubibat, )
Ingentem LODOIсuм armis, pietate fecundum
Nulli, & confilio, quo vindice territus Error
Sub fpecubus fe-fe abdiderat, dum tollit ad aftra
Relligio caput, & Francos dat jura per omnes.
Perculfi tantâ pietatis imagine, Regi

Et citharas, & plectra dicant, lituófque, lyráfque,
Bellantûmque tubas, vobífque volumina pandunt,
Qui fervatis adhuc veteris veftigia Roma.
Quin infcribendis femper magis apta * triumphis,
Roma lubens offert patrii fermonis honores.
Arripite; (hoc furto vates lætamur in ipfo)
Aufonidum fpoliis Francos ornate triumphos.

*AD CAROLUM

PERALTUM

VIR. ACADEMICUM.

Quòd Latini Poëta non fint in honore apud Aulicos.

X C V I.

AFFBR open quantis nofter Apollo mais!

FFER opem, PERALTE, meos ne defpice queftus,

Deferimur Latiófque premit nox alta Poëtas,
Nullus honos Latiis, gratia nulla modis.
Arentes jam fponte cadunt de vertice lauri ;

* L'on étoit d'accord qu'il falloit des Infcriptions: mais pour fçavoir, felles feroient Latines ou Françoises, les fentimens étoient partagés. M. Colbert étoit d'avis qu'on les mit en François : & comme M.

Perrault de l'Académie avoit beaucoup de crédit fur l'efprit de ce Miniftre; c'est à lui à qui on adreffa des Vers de part & d'autre: M. de Santeul lui écrivit ces Vers.

E

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