Déja de toutes parts la cohorte Latine, Elle donne à fes mots le nombre la cadence, Elle obferve avec foin, mais fans aucun effort, Mais elle a de l'horreur pour ces vains ornemens, Que la fauffe éloquence inspire à fes amans, Pour ces grands mots d'éclat, de pompe de merveille Qui choquent le bon fens ; & qui flattent l'oreille. Elle eft fimple il est vrai, mais on n'ignore pas, Dans fa fimplicité combien elle a d'appas. Elle ne peut fouffrir la trompeufe Equivoque, Des mots à double fens le petit jeu la choque, Quoi qu'elle fçache aßez la maniere le tour De charmer le beau fexe & de plaire à la Cour. -L'ordre, la gravité, les graces naturelles, Sont avec la douceur fes compagnes fidelles ; Sa pudeur innocente, & fon libre enjouëment › A tout ce qu'elle dit donnent de l'agrément ; Elle fe pent paẞer de toute aide étrangere, De ces fons affectez que le Latin fuggere, Et de fon propre fonds fans ces biens du dehors, Elle peut nous fournir les plus riches thresors. Ainfi s'aecrut l'honneur de la Langue Romaine, Quand Rome n'étoit point encore fouveraine; Mais lorsque la Victoire eut ennobli fes mains, Tous les peuples vaincus parlerent en Romains 5 Leur langue jufqu'alors foumife ou vagabonde ; * Regna feule devint la maîtreffe du monde ; Elle établit fes loix, & la Profe & les Vers S'y rangerent bientôt avec tout l'Univers. Quoi donc, lorfque le Ciel a parlé pour la France Elle feule voudra s'obftiner au filence ? Elle feule qui doit fon triomphe étaller,... Rongira de fa gloire & n'ofera parter 3: Vous donc qui vous flattez d'une antique nobleffe, Vous ne regnez pas feuls fur les bords du Permeße, Latins, nos François, (il le faut avouer,) Ont le fecret d'écrire l'art de bien louer. Ils peuvent comme vous briller par les Hiftoires Et du divin LOUIS celebrer les victoires. Leur éloquente plume a droit d'entretenir De fes faits éclatans les Siecles avenir, Et peindre une valeur en miracles feconde, Qui fit trembler le Rhin jufqu'au fond de fon ends: Auffi-bien ce grand Roi que ce fleuve étonné, Reconnut pour le Dieu qui l'avoit enchaîné, Cet heureux Conquerant, ce Prince magnanime Trouveroit-il chez vous fa gloire legitime ? Le Capitole vain, peut-être envieux, Feroit-il retentir ses titres glorieux ? Puiffantes Deitez que le Parnaffe adore. La France vous revere, & l'on la deshonore, Declarez vous pour elle, & qu'on fçache en tous lieux Que vous l'avez instruite au langage des Dieux. Dites qu'il lui fuffit de sa voix naturelle, Pour donner aux Heros une gloire immortelle. Infpirez à COND' qu'après fes grands hazards, Il veuille fuivre en tout l'exemple des Céfars ; Que fon heureuse main fçavante & redoutable Nous laiffe de fes faits l'Hiftoire veritable 3 Que faint AIGNAN écrive ou faffe le difcours De fes exploits de guerre ou bien de fes amours, Qu'il nous montre le Roi, qu'il fe montre foi-même L'univers s'inftruira de fa valeur fuprême ; Et fon zele éloquent, fon air & fes écrits, Serviront de modelle aux plus rares efprits. Que cet Arc qu'on éleve au plus grand des Monarques, Porte de votre appui les éternelles marques, Et qu'enfin notre Langue ait cette autorité De faire voir fon Prince à la pofterité. * AD SANTOLIUM VICTORINUM T AMICI, De præcedenti Elegia judicium, EPISTOLA. X CVIII. Uam illam Elegiam vidimus, OPTIME SANTOLI, qua linguam Gallicam Latinæ præftare, & primas illi partes in templis, arcubus, palatiis, cæterifque publicis operibus infcribendis tribuendas afferis, ipfa meo quidem judicio nec elegantiâ nec arte carere videtur. Illam videt quicumque legit, hanc non videre non licet fi paulo attentè legatur; quantò enim puriori Latinitate Gallicam linguam commendas, tantò Latinæ præcellertiam probas; & quo altiori cothurno incedis, quo politiori, quo acutiori ftilo in laudes Gallici fermonis excurris, tanto in gratiam Latini nec infciens forfitan vel imprudens fcribis. Definant igitur quotquot Latiæ loquele amatores, quotquot tui æmuli, quotquot cenfores, tam elegans poëma, tam ingeniofum Poëtam vel jocis carpere, vel maledictis impetere ; tu enim tam Latinè linguam Gallicam attollis, ut ex hujufce æmulæ laudibus, & ut ita dicam, flofculis, Latina coronam nectere videaris. Quot namque veneres, quot elegantiæ, quot lepôres in tota Elegia fparfi animum lectoris oblectant, tot funt flores, tot ferta quibus Latinam of¬ * Monfieur de Bellievre, en Profe fuivie de quelques Vers pour détromper Monfieur contre Monfieur Charpentier. Charpentier adreffa à Monfieur Je les rapporte après cette Ede Santul cette Epître Latine pâtre. nas, quibus ejus præftantiam fenfim innuis, & taciteprædicas; nec folum legentibus dignitatem exponis, fed etiam fi palmam illi palam non tribuis, tacito tamen judicio alteri præripis quo æmula coronetur fic miro & inobfervabili artificio omninò deftruis, quidquid in contrarium ipfo operis titulo aftruere videbaris. In hoc argumento ludere nofter Apollo voluit. Nonnullos verfus huic Epiftolæ addidimus, quo Appolline editos, penes te fit judicium: nec lepidum adverfarium tuum lædere animus fuit, cum quo jocari & lafcivire stilo impunè femper licuit. Vale. ΙΝ IP SU. M FR CARPENTARIUM VIR. ACADEMICUM: Qui à Latino Poëta laudari non renuit, dum latinas Mufas atroci stylo infequitur. QUA XCIX. UAM benè, SANTOLI,quem laudas, deprimis hoftem, Scilicet oblato nimiùm fe pafcit honore, Seque putat tantis laudibus effe parem. Non fecus ac puerum illudit, quem ex omnibus unum Ille quidem mediâ magnus fedet arbiter aulâ, Dam plaud unt focii circum, Regémque falutant,› |