Ou d'un Style plus haut, & plus harmonieux, Chantera de BOURBON les exploits glorieux, Quand ce jeune Heros, au retour de la guerre, Se viendra délaffer du poids de fon tonnerre. Mais déja c'en est fait, & ce monftre aux Enfers, Se plonge dans la nuit, & gémit dans les fers.
LETTRE
DE MADAME
LA DUCHESSE DU MAINE
A M. DE SANTEU L.
"E fuis trop votre Servante, pour ne vous pas donner un petit avis, fi vous voulez conferver vos deux oreilles, gardez vous bien de montrer à perfonne la piece de Chantilly, ferieufement Monfieur le Prince est d'une colere horrible contre vous, de ce que vous l'avez envoyée à Monfieur le Duc du Maine ; il dit que vous ne pouriez jamais vous empêcher de la faire voir à quelqu'un, & que ji cela vous arrive il ne vous pardonnera point. Vous voyez que vos oreilles courent grand risque, peutêtre n'en ferez vous pas quitte pour cela, il vous en pourra bien couter lè nez, cela seroit fort fâcheux ; je vous ai trop d'obligation pour ne vous pas avertir des menaces de Monfieur le Prince, je vous ai excusé tant que j'ai pû mais cela ne l'a point appaifé. A Dieu, prenez bien garde de faire quelques folies.
SERENISSIMAM PRINCIPEM UT EJUS POSSIT IN GRATIAM
UÆ mea fors? audite canes, audite Catelli
Natum ad blanditias & genus omne canum. Sed domina imprimis non jam mea, poplite flexo, Oro, ne precibus fis malé-furda meis.
Ille ego, qui quondam Regali exceptus in Aula, Heu! nunc fub tecto paupere vivo miler. Pane nigro, & vili jejunus nutrior escâ, Potus, lac acidum; frigida terra, thorus. In poenam me regificis fedibus arces, Nec me homines inter degere jam licitum eft. Vivo canes inter, qui me rifêre fodalem, E numeroque canum deleor ipfe canis.
*Pluton petit Chien favori de fon Alteffe fereniffime, Madame la Princeffe, ayant été attaqué d'une petite gratelle, on fut obligé de le faire coucher au Chenil, avec les autres Chiens de chaffe ; où il recouvra quelques mois après fa premiere fanté. Mais fon abfence lui fit perdre pendant un tems, auprès de fon Augufte Maitreffe, les fentimens de tendreffe & de bonté, dont il avoit reçû avant fa maladie tant
de fignalez témoignages. Son Alteffe Sereniffime Monfeigneur le Prince, engagea Monfieur de Santeul à faire une Requête qui font ces Vers, pour l'Infor tuné Pluton, à laquelle Madame la Princeffe ne fe laiffa point flechir. A la tête de cette Piece il y avoit une Vignette. On y voyoit Pluton qui préfente fa Requête. Il fallut un fecond effort qui eft la Piece qui fuit.
Horrifonis terrent tenues latratibus auras, Naïades attonitæ fluminis ima petunt. Vilis, fpretus, inops pronä cervice faluto Magnâ mole canes, & mihi penè lupos. Hæc leviora: aliquid me me magis urit, alendis Qui canibus fervit, dat mihi jura ferox. Trux fuccedit herus; jam non vocor amplius, PLUTO tuus, dederat quod mihi nomen amor. Ruftica vox pro blanditiis fonat auribus, & me Fuftibus, ore minax antra fubire jubet.
Urbe procul, procul aulâ, & quod funeftius, à te Deferor infelix ; quæ mea culpa fuit? Avulfum gremióque tuo, menfâque, thoróque, Quid fupereft faxis obrue me, vel aquis. Ah! potius fubeat melior fententia mentem ; PLUTO rogat, PLUTO, femper, ut ante, tuus. Si tangunt te noftra, tui miferere catelli, Eripe me tantis, chara Magiftra, malis. O ubi nunc fauftique dies, noctefque beatæ ? Cùm nos menfa eadem, nos caperetque thorus. Quàm lautis dapibus vefcebat! & optima menfæ Fercula furripiens fur tibi gratus eram. Tu malè compofitam gaudebas pectere barbam, Cui cedant capreæ, barbiferique patres. Hirfutique pili dextrâ poliente redibant In fe le, pexis & fuus ordo pilis. Saltando tibi conabar perfolvere grates; Hi crebri faltus pondera vocis habent. Non ego munificas ceffabam allambere linguâ, Quæ mihi præbebant fercula grata, manus. Quin etiam audebam pedibus ftans rectus in altis, Quæ non fpontè dabas ofcula, furripere. Sæpè laceffitus potuiffem infigere dentem, Dens parcebat hebes ; lædere nefcit amor. Et memini, ut poffes tibi conciliare foporem, Te vidi doctos volvere fæpè libros. Auribus arrectis capiebam verba, tuifque Mens tua nota mihi nutibus, atque fonis. At dum blanda quies paulatim illapfa per artus, Claudit, & irrepens lumina fefla fopor.
Excubias vigiles Domina bene-fidus agebam: Ceû media pofitus nocte fatelles eram. Quid me ergo immeritum poft tot benefacta relinquis Crudelis! longum mittis in exilium:
O duras hominum mentes! ô corda ferarum Plufquàm humana ! tuam pofco, negáfque fidem. Sed quid vana loquor? de te meliora, redibo, Nam reditum infpirans accelerabit amor. Cuncta favent; PRINCEPS fortem miferatus iniquam Oravit caufam, nos amat ille, meam. Si non ifta movent, Galateam attentiùs audi, Optima eget grandi caufa patrocinio. De me mira canet, tunsâ me in pelle nitentem Dicet, & exutum jam rediifle caput. Reftituit natura pilos, barbamque verendam. Perdideram barbam, perdideramque pilos. Si rifum moveat brevior coma; munere amici Induam adoptivos, mos viget ille, pilos. Non adeò informem puro me fonte videbam Nuper; Nympha loci, SYLVIA, teftis erat. Me quoque fpectabat ftupefacta filentibus undis, Fons CANTILLIACI, SYLVIA, turis amor. Quod fi nulla meæ tangit te cura falutis, Plutonis ftygias PLUTO redibo domos.
REQUETE
DU PETIT CHIEN PLUTON A SON ALTESSE SERENISSIME
MADAME LA PRINCESSE
Traduction par M. DE BORDEGARAYE Docteur en Medecine.
Spagneuls & Bichons écoutez mon malheur s Et vous qui par mille careffes
Gagnez le cœur de vos Maitresses,
Beaux Doguins, beau Levrons partagez ma douleur : Mon deftin m'oblige à me plaindre s Et je ne puis plus me contraindre, Je vais tâcher de flechir le couroux De mon adorable PRINCESSE Si je pouvois regagner fa tendreffe Que mon fort feroit de jaloux Mais, helas! ce n'eft plus la même, Ce ne plus ce PLUTON qu'elle aime, PLUTON qui fut reçu dans fa Royale Cour Avec tant de marques d'amour. C'est un banni dont fa colere Caufe maintenant la mifere. Si cependant d'un vifage plus doux veut regarder PLUTON à fes genoux. Elle pourroit rompre mes chaines, Je lui dirois toutes mes peines. C'eft à l'infortuné PLUTON Que tout maintenant fait la guerre Du lait tourné c'eft fa boiffon,
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