Images de page
PDF
ePub

Vocalefque fimul nuper mea gaudia, cannas,
Figimus ad facros ultrò donaria poftes;

Quæ te, fi jubeas, iterumque iterumque fonabunt.
Si tamen hæc, vix crediderim, te cura remordet,
Nec femel offenfam liceat componere mentem;
Audite hæc feri, atque animo fervate nepotes,
Et fapite exemplo ; frangam mea plectra, tubafque,
Avulfafque manu difcerpam in vertice lauros,
Et veftem exutus, densâ comitante catervâ,
Compita per longarum & per falebrofa viarum,
Depofitóque fupercilio jam inglorius ibo

Et geftans tædam ardentem, reftique revin&us
Colla, manufque ambas, caput atro pulvere turpis
Nudus & ipfe pedes, qualem decet effe nocentis.
Ibo, ibo augufti majora ad limina templi,
Deteftanfque fcelus voce altâ, & poplite flexo,
Fletibus & crebris ululatibus, & lamentis:
Quà potero, lafi placabo numinis iram :

Felix! fi gremio lacrymantem, & acerba gementem, Excipiat mitrâ effulgens, in veftibus aureis, Per quem Relligio manet inconcuffa, Sacerdos.

Me pæniteat erraffe in uno vocabulo Latino, fi difplicuiße videar in me infurgenti tanto Epifcopo, etiam abfolventibus Mufis.

Ces deux Ouvrages firent du bruit, & donnerent du plaifir.

On en écrivit de tous côtés à l'Auteur: Il nous eft refté quelques lettres que nous avons inferés tout de fuite.

S

Tomus II.

LETTRE

DE M. DE MEAUX

A M. DE SANTEUL.

Accufé d'avoir composé unPoëme, appellé Pomone, à l'honneur des fardins de Versailles.

A Verfailles ce 15. Avril 1690.

Vd'une faute contre la Religion vous a fait peurs vous

Oilà, Monfieur, ce què c'eft de s'humilier. L'ombre

vous êtes abaiffé & la Religion elle-même vous a infpiré les plus beaux Vers, les plus élegans, les plus fublimes que vous ayez jamais faits. Voila ce que c'est encore un coup de s'humilier.

J'attends l'Hymne de S. Bruno, & j'espere qu'elle fera digne d'être approuvée par le Pape d'être chantée dans ces deferts, dont il est écrit qu'ils fe font réjouis de la gloire de Dieu. Mais comment est-ce que le Pape vous a commandé cette Hymne? Je vous en prie, dites-nous en lá memorable histoire.

Auffi-tôt que Monfieur Pelletier fera de retour ici, je parlerai avec plaifir de vos penfions.

J'ai vu, Monfieur, un petit Poëme fur votre Pomone, il commence ainfi, c'est la Religion qui parle.

En iterum Pomona meas male verberat aures.
Santolide ceffit quo tibi cura mei?

T'en mea templa canent fallacia facra canentem.

Je ne me fouviens pas du Pentametre, mais il étoit violent & finiẞoit en repetant.

T'en mea templa canent? Opprobrium vatum t'en mea templa canent.

* Cette Lettre a pour objet la Picce precedente.

Le Poëte reprenoit ainfi.

Ergo necœleftes hauftus duxiffe juvabit,

Ut fonet infandos vox mihi nota deos.

Recherchant la caufe de l'erreur, il remarque que ce Poëte évite encore les noms d'Apôtres & de Martyrs comme tous les autres qu'il ne trouve pas dans Virgile dans Horace & il conclut que celui qui craint d'employer les mots confacrez par la pieté chrétienne, merise d'avoir par la bouche les fables & les faux Dieux.

[ocr errors]

Martyrii pudet infantum vox Barbara Petrus,
Aut Lucas refugit nomen apoftolicum,
Sanctorumque choris pulfus, Confeffor, abibit
Non Maro non Flaccus talia quippe ferant
Credo equidem & Jefum plus horreat atque Mariam
Et quod cœlitibus Chriftianifque pium eft
Cui facra vocabula fordent

Huic placeant veteres numina falla joci.
Ille Jovem Veneremque & Divum crimina narret
Jam repetant vatem facra nefanda fuum.

J'ai empêché la publication du Poëme, il eft vigoureux; l'auteur l'auroit pû rendre parfait en prenant la peine de le châtier; mais il n'y travaillera plus.

Adieu, mon cher Santeul, je m'en vais préparer les voyes à notre Illuftre Boyleau.

BENIGNE,

Evêque de Meaux.

LETTRE

DE M. BOSSUET

J'a

[ocr errors]

EVÊQUE DE MEAUX

A M. DE SANTEUL.

'Ai reçû les trois exemplaires de vos merveilleux Iambes, deux avant-hier, dont il y en a un pour mon Neveu un aujourd'hui, je n'en fçaurois trop avoirs au reste mes déplorables follicitations me priverent hyer du Sermon & de la joye de vous voirs je n'ofai entrer à S. Victor après avoir manqué ce beau discours, & j'en allai apprendre les merveilles au jardin Royal, de la bouche des plus éloquens hommes de notre fiecle qui les avoient oüies. Faut-il, illuftre Santeul, vous inviter chez moi ? qui a plus de droit d'y entrer? qui peut y être mieux reçu que vous? Ne parlons plus de l'amende honorable, que pour exalter les Vers qui l'ont celebrée & ceux dont elle a été fuivie.

LETTRE

DE M NICOLE

A M. DE SANTEUL.

E n'ai jamais été affez fin, Monfieur, pour chercher

[ocr errors]
[ocr errors]

des raifons de ne pas approuver des pieces que l'on lit avec plaisir, comme votre Poëme de Pomone & votre Penitence, & il me semble que toutes les raisons qu'on peut inventer pour montrer qu'on a tort de trouver bon ce qu'on trouve bon par un fentiment interieur qui prévient la raison, ne sçauroient être que fausses. Je crois au con

ture,

traire que c'est un très-grand defaut dans une piece, que d'avoir besoin pour plaire d'un amas d'argumens qui vont approuver qu'on a tort de n'y pas prendre plaisir. Quand le dégoût eft formé on ne le détruit pas par raisonnement. C'est donc y rendre à ces pieces un témoignage très-avantageux , que de dire fi-tôt que je les ai lües quoique j'euffe entre les mains certains écrits qui m'attiroient beaucoup, je ne pûs m'empêcher d'en reiterer la lec&que ce ne fera pas la derniere fois. Le reste n'est que de Philologie, qui a auffi peu de fin que ces genealogies dont parle S. Paul; ce qu'il appelle Genealogias interminatas. Ainfi il y a long tems que j'ai fait résolution de ne m'en mêler jamais. En un mot, Monfieur, je ne fuis point du tout Philologue, ni du nombre de ceux qui prennent parti fur les pieces d'éloquence ou de Poefie, mais je me contente d'être de ceux qui fentent les belles chofes, comme celles que vous donnez au Public, & qui les eftiment fincerement, quai qu'il ne merite pas d'être nommé entre les approbateurs.

NICOLE.

[ocr errors]

LETTRE

DE MLE PELLETIER

[ocr errors]

A

A. M. DE SANTEUL.

A Versailles ce 11. Juillet 1691.

E vous remercie très-humblement, Monfieur, de vos beaux Vers que Monfieur Daligre m'a donnés de votre part, ils font dignes de vous & de celui pour qui vous les avez fairs.

Monfieur de Pontchartrain, qui fait fouvent diftribuer par ordre du Roi deş Chaînes des Médailles d'or aux Officiers de la Marine & aux Armateurs qui ont fait quelque belle action, ou rendu quelque fervice fur Mer, voudroit faire fraper une Médaille particuliere pour

« PrécédentContinuer »