Par une coupable habitude, Ne confondez jamais vos chants precipitez, Pefez avec exactitude Des mots que DI EU même a diotez. Pour donner à la voix une forcé nouvelle, Faites de ce repos un ufage fidele, Qu'aucun inftant n'en fait perdu. Des Hymnes recitez penetrez le Myftere, Pendant tous ces inftants, l'efprit Goute à longs traits & fe nourrit Des faintes veritez que la bouche profere. Lorsqu'un fujet de joye exige un chant joyeux. Qu'on trouve en ces Hymnes cachée, N'allez point comme en plein theatre Folement admiré d'une troupe idolatre, Faire aux Hymnes facrez prendre un air de chanfons. Loin que le Seigneur vous entende, Il eft irrité par vos vœux ; D'un cœur touché, contrit les foupirs amoureux D'une vaine grimace évitez la laideur, Nouvrez pas trop la bouche & qu'une voix tonnante En fortant avectrop d'ardeur, N'aille point dans les airs répandre l'épouvante De ces cris fierement poussez vous qui servez des Dieux fourds, Par des cris redoublez implorez leur fecours. Notre DiBu fçait des cœurs decouvrir la pensée, Il en penetre les defirs s De cette demeure brillante, Où des efprits heureux il fait tous les plaifirs, Sans qu'on lui fasse entendre une voix éclatante, il entend nes moindres foupirs. Ayez foin de fuivre l'usage, Le rit n'est point à votre choix. Dans des lieux differens le devoir vous engage, A fuivre differentes loix. Le Temple du Seigneur fert d'azile à la paix, Que jamais de legers fujets A conferver la paix il est bien plus de gloire, Qu'à vainement combattre une frivole erreur. En chantant les divins Cantiques, C'est l'employ glorieux des troupes Angeliques, Faffe de genereux efforts, Et penetre des Cieux la demeure facrée. C'est ainsi que dès cette vie Heureux fi de ces loix, obfervateurs zelez, Où d'éternels plaifirs vos vœux feront comblez. DISPUTATIO TERTIA DE EPIGRAMMATE IN ANTONII ARNALDI A COR TRANSLATUM. Ntoine Arnauld Docteur de Sorbonne, mourut dans une ville des pays bas le 8. Août 1694. Alors les Dames de Port-Royal des Champs, auffi zelées pour fa memoire après fa mort, qu'elles l'avoient été pour fa perfonne durant la vie demanderent à avoir fon cœur dans leur Eglife: ce qu'on leur accorda. Elles le placerent dans le lieu le plus honorable qu'il leur fut poffible. Le cœur étant placé il fut queftion d'une Epitaphe. On crut ne pouvoir mieux s'adreffer qu'à Monfieur de Santeul. Comme l'affaire étoit délicate, les Religieufes crurent devoir fe rendre favorable notre Poëte. Pour cela elles l'inviterent à venir paffer quelques jours à Port-Royal, avec un de les confreres qui en étoit Superieur, & durant le féjour qu'il y fit, il compofa cette Epitaphe pour M. Arnauld. IN ANT. ARNALDI COR, Ab exteris ad Portum Regium prope Parifios, ubi diu commoratus eft, olim fuerat allatum. EPIGRAMMA. C XI V. D fanctas rediit fedes, ejectus & exul: A Hofte triumphate, tot tempeftatibus actus EPITAPHE DU COEUR DE MARNAULD APPORTE' A PORT-ROYAL DES CHAMP S. TRADUCTION. CXIV. Chavien habiter me maison cherie, Haffé, quoique vainqueur du fein de fa parrie, Cet Arbitre des mœurs par qui la verité Des faints lieux dont ARNAULD fut par force arraché. |