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équivoques, & qui pouvoient s'entendre dans un fens qui pouvoit ne leur pas faire honneur, ils lui en firent faire des reproches. M. de Santeul qui de fon côté vouloit demeurer neutre, & fe conferver l'amitié des uns & des autres, ou du moins ne se point faire d'ennemis, fit la fourde oreille, fe flattant que tous les murmures, qui s'élevoient alors fe diffiperoient d'eux-mêmes avec le tems.

Il avoit été jufqu'alors également lié d'amitié avec les Jefuites & Meffieurs de Port-Royal; Societé, commerce de Lettres, éloges publiez, fans que perfonne s'en fût offenfé. Societé, il alloit tous les ans en retraite à PortRoyal, & fouvent il étoit avec les plus celebres Jefuites. Commerce de Lettres. Les Peres Bourdaloüe, de la Ruë & autres, recevoient les Lettres avec plaifir, & lui écrivoient avec amitié; les deux Lettres qui fuivent font la preuve de ce que j'avance.

LETTRE

DU P. DE LA RUË

Ce 19. Decembre 1696.

I'd font, Douring, mafond de mode flis four estimer l'a

L faut, Monfieur, mon cher confrere, que vous ayez par

mitié de gens faits comme nous, ayant comme vous l'avez le cœur des Princes des Princeffes; ce n'est pas affurement ce dernier avantage que je vous envie, car je fuis mauvais Courtisan, mais l'objet de mon envie eft cette grandeur d'ame, qui vous rend capable des petits foins & des amitiés communes & populaires au milieu de tant de faveurs des premieres têtes du Royaume. 1l faut que la vôtre foit bonne pour ne pas tourner à un vent fi violent de reputation & de faveur. J'en ai toute la joye qu'un veritable, ancien & fincere ami peut reffentir, de la fortune d'une perfonne tendrement

rudement aimée. Je vous rends mille graces de votre liberalité, j'en ferai le meilleur usage qu'il fera poffible, le pavé n'en fera point gâté, car il n'en tombera

Tomus 11.

X

rien à terre. Je vous renvoye les deux billets de Monfieur le Duc du Maine, auffi bien que la grande Lettre que vous m'avez déja confiée. Vous avez trouvé le moyen de faire goûter les delices des Mufes à la Cour, d'où elles reviennent bannies fans votre crédit. Je suis tout à vous de tout mon cœur qui eft auffi plein de feu pour vous que ma cheminée eft glacée, auffi bien que mes defirs qui refusent à ma plume empreffée de vous écrire un plus long billet.

DE LA RUË.

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LETTRE

DU P. BOURDALO UË. A Baville ce 10. Septembre.

D'on cœur auffi bon & auffi grand que le vôtre, il Monfieur, oubliez toutes mes fautes & pour m'en donner une marque certaine, ne vous contentez pas de m'envoyer ici les mots que vous me faites efperer. Venez les apporter vous-même, & foyez feur que vous y ferez encore mieux reçu que vos Ouvrages. C'est pourtant beaucoup dire, car quelle eftime n'y a t'on pas, pour tout ce qui vient de vous vous n'y trouverez pas comme à CHANTILLY des Princeffes du fang, ni des Alteßes Sereniffimes qui nous faffent leur Cour, mais on me charge de vous dire que vous y ferez écouté comme un aracle, & qu'on fe tiendra d'autant plus obligé de la bonté que vous aurez de vous abaisser jusqu'à nous. Je me referve donc, Monfieur, à vous faire alors une reparatian folemnelle de tout ce que vous avez à me reprocher, cependant je vous fupplie de croire que je fuis l'homme du monde qui vous honore plus fincerement & plus cordialement, fans exception,

Votre très-humble & très
obéiflant ferviteur.

BOURDALOUË,

Pareil commerce de Lettres avec Monfieur Arnauld & autres perfonnes de Port - Royal. En voici quelques-unes qui nous font retées.

LETTRE

ECRITE DE LA MAIN

DE M. DE SANTEUL. A la tête de l'exemplaire de fes Hymnes qu'il envoyoit en 1685. à M. ARNA ULD.

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V vrai Défenseur de la verité, pour qui je fais des

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don d'avoir ofé louer les Saints, puifque ma vie n'a été nullement conforme à leurs vertus. Lower les Saints, c'eft les imiter: il falloit m'en tenir là. La vanité de faire de belles Hymnes l'a emporté fur la pieté, le ftile poëtique a triomphé de la fimplicité due à ces fortes d'Ouvrages. Priez Dieu pour le miserable pecheur

DE SANTEUL.

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DE M. DE SANTEUL

A M. ARNAULD,

En lui envoyant un Exemplaire de fes Poëfies en 1694. qui fe trouvent dans ce Recueil.

De Saint Victor le 18. Mai.

Ous étant dévoué comme je fuis, je vous envoye

tre par diverses copies qui fe font échapées de mes mains. Après avoir fait les Hymnes de quelques Breviaires, ¿ celles qui font dans le Breviaire de Clugny, je ne pou vois me réfoudre à faire imprimer des Fables & des Chanfons, qui ne font entendues que fur le Parnaffe sazile de

toute erreur :

Non patent Apollini.

Sacrata Chrifto pectora.

difoit S. PAULIN à AUSONE. J'ai été obligé de re toucher toutes ces Poëfies qu'on alloit fagoter fans mon

aven.

Vous verrez les folies de ma jeuneffe, vous y verrez des fujets plus ferieux, à mesure que mon âge croiffoit: vous y verrez vous-même p. 418. (a) vous y verrez ce que vous avez cité autrefois pour la loüange véritable folide du Roi.

Regem inter, &c. pag. 400. (b)

(a) M. de Santeul marque ici

la
page de l'Edition 1694. eet.
te Epigramme fe trouve dans ce
Recueil fous la cotte CCXVI.

(6) De l'Edition de 1 694. Cette Epigramme se trouve dans ce Recueil fous la corte CXLVIII.

Enfin vous y verrez tout l'esprit, mais bien davantage le cœur de

Votre très-humble & très

invincible ferviteur,

DI SANTEUL Chan. R. de S. Victor.

LETTRE

DE M. ARNAUL D.

A M. DE SANTEUL Du 9. Juin 1694.

MONSIEUR,

J'ai hefité quelque tems, fi je vous devois faire un remerciment en forme, pour le prefent que vous m'avez fait de la nouvelle édition de vos Vers fur des matieres prophanes; parce que j'ai apprehendé qu'elle ne fut une tacite renonciation que vous aviez prife de n'en plus faire que pour chanter les louanges de Dieu & de fes Saints. C'est à vous à fonder le fond de votre cœur, pour fçavoir fi vous étiez dans les fentimens qu'un ferviteur de Dieu * pour qui vous aviez de la vénération, vous avoit infpirés. Car fans cela que vous ferviroit de propofer aux autres les Verités chrétiennes dans les plus beaux Vers du monde, fi vous-même ne les pratiquez pas ; je prie done Dieu, MONSIEUR, qu'il vous en donne le defir l'effet. Je fuis très-fincerement,

Votre très-obéïfsant serviteur

ARNAUL D.

* M. le Tourneux.

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