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Non promiffa femel nunc ubi prisca fides? Ille tuus PLUTO, nuper tua gaudia, Piuro, Qui modò gentis eram, laufque, decúfque inex. Pauper, nudus, inops, peregrinus & exul ab aula Opprobrium pagi nunc ego vivo mifer. Non benè conveniunt lepidis lamenta catellis. Nati ad blanditias, turba jocofa, fumus. Illecebris trahimur, trahimur dulcedine vocis. Nos molléfque joci, blandáque verba juvant. Ludere, nugari non dedecet : optima pars eft Muneris hæc noftri, mille placere modis. Si quando juvat irafci, quam fingimus iram, Hæc brevis in dulces definit ira jocos. Et benè fi memini, tibi fic, Regina, placebam, Et conviva tuus, perpetuúfque comes. Ofcula mille dabam, reddebas ofcula mille, Creber perque tuos ire, redire finus. Nec crudelis herus longo me fune trahebat ; Ne te defererem, vox tua funis erat. Sæpè breves, fateor, campo lafcivus aperto Tentavi, fimulans longiùs ire, fugas; Et quanquam fimilis fugienti, ad jufla redibam Protinus in gremium, cafta puella, tuum. Dic ergo undè tuus, dic undè refrixerit ardor? Conveniunt-ne meis tot mala criminibus? Dic caufas odii, PLUTONEM nuper amabas; Nobis menfa eadem, lectus & unus erat. PLUTONEM domus omnis, & atria longa fonabant, PLUTONEM, miferum me modò cuncta filent. Tanti caufa odii, fi non malè fufpicor, illa eft; Difplicui: Magnum eft difplicuiffe fcelus.

Non jam PLUTO tuus, quamquàm & tuus ; afpera vitam

A la tête de cette Piece il pareiffoit une Vignette, qui repréfentoit Pluton mangé par les gros chiens, & fa peau refervée pour fa Maîtreffe. J'ai mis après la Traduction de certe Piece trois lettres écrites à ce fujet, la premiere eft une

Lettre de notre Poëte adreffée à Monfeigneur le Duc du Maine; la feconde de Madame la Ducheffe du Maine, & la troifiéme de Monfieur Perlan, toutes deux adreffées à M. de Santeul à ce fujet.

Fata adiment, noftram non tamen illa fidem. Indiderat quidquid canibus natura ferinum, Exueram; Dominæ captus amore meæ. Non furor, aut rabies, nec me mala corripit ira, Conveniat rabidis ira, furorque lupis. Attentus tibi fæpè, tuis è moribus haufi Urbanos mores, dedidicíque feram. Ipfi mitefcant pofitâ feritate leones;

Blanda tuo, PRINCEPS, fi datur ore frui.
Pingitur in toto & fpirat clementia vultu,
Quodque geris vultu, moribus effe probas.
Sic ego mitis eram, docilífque & nefcius iræ,
Exemplo fapiens, compofitúfque tuo.
Adjiciam quid plura? canes audite, meámque
Invideat fortem, qui tenet aftra, canis.
CONDEI potui mihi conciliare favorem,
Sit quanti, nefcis, ponderis ille favor?
Quin etiam venit in partem Galathea doloris,
Illi charus eram, mî quoque chara fuit.
Et placidis quæ me fons SYLVIA viderat undis,
Non potuit lachrymas tunc retinere fuas.
Sola meos gemitus, & triftes furda querelas
Non audis, aures obftruis ipfa tuas.
Vivo canes inter, quos & fitis urit, & urget
Implacata fames, quos facit ira lupos.
Trifte quod augurium, diræ quæ mortis imago?
Effufo tellus fanguine tincta madet.

Jam jam acuunt dentes, crebris & hiaribus ora
Diducunt, vivus devoror ante necem.
Veftigant prædam, rabidi folatia ventris,
Actum eft; prædæ avidis Puro fit esca lupis.
Dilanior; crepitant teneri fub dentibus artus,
En meus irrorat guttura ficca cruor.
Fortè mea abfumpto reftabit corpore pellis.
Exuvias, PRINCEPS, accipe, quæfo, meas.
Illa tuos cedat, funeftum munus, in ufus,
Veftiat & niveas pellis amata manus.
Arcebit frigus ; noftræ nam femina flammæ
Servat adhuc, latet hîc non moriturus amor.
Falpabis, poliéfque pilos, hæc forfitan addes;

Hæ funt relliquiæ,quas gero, PLUTO, tuæ.
Non totus moriar, pars utilis illa manebit,
Sis noftri, hoc dono, poft mea fata memor.
Dixerat hæc; vitamque canum fub dente reliquit.
Debuit heu fato nobiliore mori.

LA MORT

DE PLUTON,

PETIT CHIEN

DE MADEMOISELLE

DE CONDE,

Et les dernieres paroles adreffées à Son Alteffe. Traduction par M. DU CASTELET Gentilhomme du Languedoc & fçavant Mathematicien.

LXIX.

MALettre n'a donc pû defarmer vos mépris s
Cruelle je vous trouve infenfible à mes cris.
Hé, que font devenus ces foins, cette tendreffe,
Cette foi qui pour moi devoit durer fans ceffe?
Moi, qui fus fi long-tems l'objet de votre amour.
Moi quifus l'ornement des chiens de votre cour;
Exile maintenant, pauvre, nud, miserable.
Je fuis d'un fimple Bourg le jouet méprifable.

Mais, fied-il à PLUTON de pouffer des regrets?
Non, non, c'est pour les jeux que les Bichons font faits.
Aux attraits d'un coup d'œil, d'une voix douce & tendre,
A des fignes flatteurs nous aimons à nous rendre :
Nous folâtrons fans ceffe ; on folâtre avec nouss
Plaire en jouant, tel eft notre emploi le plus doux's
Et quand d'un vain courroux nous affecions l'usage,

Sa chaleur à l'inftant fait place au badinage.
C'est ainsi que fans ceffe à table, à vos côtez,
Ma Reine, je plaifois à vos fens enchantez,
Mille baifers donnez m'en faifoient rendre mille,
A voltiger fur vous on me voyoit habile;
Et de l'attache alors connoiffant peu le poids,
Je n'avois pour lien que votre feule voix.
Souvent, lorfqu'entraîné par une fuite vaine
Je femblois loin de vous m'échaper dans la plaine,
Revien, me difiez-vous, je ceffois de fuir.

Quel crime ai-je donc fait pourquoi me hair? Parlez: PLUTON pour vous autrefois tout aimable PLUTON qui partageoit votre lit, votre table, PLUTON dent chaque inftant vous repetiez le nom, Je n'entends plus nommer le malheureux PLUTON. Pourquoi de ces mépris deviens-je la victime? J'ai déplus chez les Grands, déplaire eft un grand crime. PLUTON n'est plus à vous: Qu'ai-je dit ? Plus à vous! Ah! je perdrai le jour, fans perdre un nom fi doux! J'avois quitté, pour plaire à ma jeune Maîtreße, Ce qu'aux Chiens la Nature infpire de rudesse. Loin de moi les accès d'une noire fureur,

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F'abandonnois aux Loups ces transports pleins d'horreur,
Attentif à vous voir, un fi fage modele,
Princeffe, adouciffait mon aigreur naturelle.
Ce front ferain, cet air, dont la tranquillité
Feroit même aux Lions perdre leur cruauté;
Cette tendre bonté, dont les douces lumieres
Ainfi que dans vos yeux brillent dans vos manieres ;
Tous vos traits, redreffant mon penchant emporté,
Ne m'infpiroient que zele, & que docilité.

:

Chiens écoutez toi, Canicule importune,
Moins fiere de tes feux, admire ma fortune
CONDE'm'a quelquefois honoré d'un fouris,
COND....de fa faveur fi tu fçavois le prix !
J'ai vu même, j'ai vu la tendre GALATHI'B
Partager les chagrins de mon ame agitée ; ›
Et SYLVIE, à l'aspect de mes vives douleurs
N'a-t-elle pas groffi fon onde de fes pleurs?
Vous feule, qui caufez mes mortelles allarmes »

Hélas, vous êtes feule infenfible à mes larmes !

Où fuis-je? entre des Chiens qu'un devorant courroux,
Qu'une implacable faim irrite, & change en loups.
Quel augure cruel! quelle funefte image!

La terre fous leurs pieds eft teinte de carnage;
Ils aiguifent leurs dents; quels gouffres j'entrevois!
Ciel! eft-ce donc trop peu de mourir une fois ?
Mais à fondre fur moi leur rage les anime,
C'en eft fait; de ces Loups PLUTON eft la victime,
Mon fang arrofe enfin leurs gofiers alterez,
Et leurs dents font gemir mes membres déchirez.
Ah! fi ma peau du moins échapoit à leur rage,
Princeffe, recevez ce déplorable gage;

Et qu'on me voye un jour, contre les noirs frimats
Deffendre, quoique mort, & vos mains vos bras.
Ne craignez point le froid, non, cette peau fidelle
Doit nourrir à jamais mon ardeur immortelle.
Peut-être de la main polißant ce manchon,
C'eft ta peau, direz vous, infortuné PLUTON!
Puiffe-je ainsi, pour vous furvivant à moi-même,
Vous retracer les foins de ma tendreße extrême!

A ces mots PLUTON meurt fous la dent d'un Mâtin PLUTON, trop digne, hélas, d'un plus noble deftin!

AUTRE PAR LE MÊME.

MA Lettre n'a donc pú fléchir votre rigueur ?
Et je n'ai pas fçu l'art d'amollir votre cœur?

Cruelle! L'amitié que vous m'aviez jurée,
S'eft donc entiérement loin de vous retirée?
De votre petit Chien vous n'avez plus de foin;
Et vous m'abandonnez dans mon plus grand befoin.
Moi votre cher PLUTON l'objet de vos tendresses,
A qui vos belles mains faifoient tant de careffes
Par un fatal revers je languis aujourd'hui,
Abfent de votre Cour, pauvre, nud, fans appui
Que puis-je devenir dans cet exil funefte?
Tout agile me manque & chacun me detefte,

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