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Ce deffein odieux aux Filles de memoire

Ne peut être infpiré que du Dieu des Enfers.
Ab! quelle audace temeraire?

Mais qui pourroit noircir cet Homme fans pareil?
L'entreprendre, c'eft vouloir faire
Une tache dans le Soleil.

Il ne craint point les traits de la plus noire envie, C'est en vain contre lui qu'on veut fe foulever, Dans un combat de plume on connoît fon génie, Malheur à qui veut l'éprouver :

Et fans vouloir ici faire d'apologie,
Ses Hymnes ont fçû l'élever
Au-deffus de la calomnie.

Quel feu! quelle fécondité!
Sur mille diverfes matieres
Il a tant de facilité

Qu'il femble que Phebus lui donne fes lumieres.

Quel autre l'a mieux mérité?

Ah! qu'il en fait un bon usage!
Aux beautez de l'Antiquité

Il fçait joindre dans chaque ouvrage
Les charmes de la nouveauté.
Un fi glorieux avantage
Ne lui peut être difputés

Il éternife fa mémoire.

Quels regrets pour nos Defcendans,
De n'avoir pas été du tems

D'un homme qui du fien fait l'honneur & la gloire!
Il m'a trop honoré pour en dire du mal,

Je ne chercherai point d'excufe;
Pour le crime dont on m'accuse,
L'Enfer n'a rien de trop fatal.

Oui, mon ingratitude à nulle autre pareille
Ne pourroit pas trouver trop de punitions,
Après qu'en un recueil de fes productions,
Livre de nos jours la merveille,
Il a mis mes traductions

Au rang de celles de CORNEILLE.

Après cet honneur éclattant,
Qui me fera par tout connoître,
Qui tire mon nom du néant,
Quoi! je ferais & fi lâche & fi traitre,
D'afer ternir le fien par un trait outrageant!
Après m'avoir appris le chemin du Parnaffe,
Et m'avoir introduit dans le facré vallon,
J'aurois la temeraire audace

De décrier mon Apollon?
Près du Dieu brillant qui préfide

Dans ces lieux où jamais je n'euffe entré fans lui,
Quand je ne l'aurois plus pour guide,
Hélas! qui ferois men appui?

des rigueurs,

Aux bords de l'Hypocréne aux ondes cristallines, Les Mufes n'auroient plus pour moi que Et je ne trouverois enfin que des épines, Où je pourois cueillir des fleurs. Ce feroit mal finir ma courfe, Je verrois tout contre moi feul,

Et dans les beaux Efprits qui reverent S ANTIUL
Je ferois perdu fans reffource.

De Louis le plus grand des Rois,
De ce Héros incomparable,

Dont il a tant chanté les glorieux exploits,
Je ferois un fujet indigne & méprisable.

De quel front paroitrois-je au pied de nos Autels,
Dans les jours du Seigneur, ces jours fi folemnels,
Où par fes chants divins d'accord avec les Anges
On fait de Dieu vivant retentir les louanges?
Des Saints qu'il a louez, par des Hymnes fi beaux,
Les figures foudain defcendroient de leurs loges,
Et les Manes de nos Héros

Dont on voit fur le marbre éclater les éloges,
Sortiroient des tombeaux.

De leurs reffentimens, ah! quelle étrange marque!

Si je tombois entre les mains

Des Miniftres de ces lieux faints,
Ils me regarderoient comme un Herefiarque;
Pleins pour moi d'indignation,

Je pourrois bien payer le tribut à la Parque,
Sans tirer de leur bouche une abfolution.

Si SANTEUL fe plaignoit au Chef de la Justice,
Les beaux Vers qu'il a faits pour ce grand Magiftrat,
Me feroient mériter le plus cruel fupplice
Dont on punit un fcelerat.

Mais où trouverois-je un azile?
Paris cette fuperbe Ville

Dont il a fair briller les plus beaux ornemens,
Et qui feront pour lui d'éternels monumens,
Pour le venger d'une pareille atteinte,
Ne me fouffriroit pas un jour dans fon enceinte.
Je me verrois contraint de quitter ces beaux lieux,
Sur fes Ponts, fur fes Quais, dans ces Places publiques,
Vers fes Infcriptions nobles magnifiques,

Je n'oferois tourner les yeux :

Ses Vers majestueux que tout le monde eftime,
Me feroient trop fentir la grandeur de mon crime,
Et de cuifans remords m'en puniroient bien mieux.

Les Nymphes de chaque fontaine,
Qui tirent par de longs canaux
Les plus claires eaux de la Seine,
Et les répandent par criftaux,

Pour prix de ces beaux Vers qui font toute leur gloire,
Ne me donneroient pas un verre d'eau pour boire.

Et par un bien plus grand malheur,
Qui m'affligeroit davantage,

Bacchus dont il a tant celebré la liqueur
Me priveroit de ce breuvage.

En fuyant, tout confus, cette grande Cité,
Je verrois encor Sur fes portes

Ces

Ces Infcriptions vives, fortes,

Qui conduifent SANTEULà l'Immortalité:
Je ferois errant fur la terre,

Et jufqu'aux Elemens tout me feroit la guerre.

SANTFUL eft dangereux quand il fe fent bleffé,
Et je le chéris trop pour l'avoir offenfe.

La Verité pure & fincere
M'a dicté tout ce que fai dit ;
Je l'honore, je le revere,
Et je mourrai dans cet efprit.

CONTRE SON CALOMNIATEUR

SIXAIN.

Qum profet amélico to fit

Vel monftre enflé d'orgueil, & quel efprit rampans

Pour ternir de SANTEUL le merite & la gloires
L'Eglife chaque jour, par des chants folemnels,
Dans nos Temples facrez confacre fa memoire.
Et couronne fon front de lauriers immortels;

SANTOLIUS VINDICATUS

Cum quidam eum Latinitatis minus gnarum dixiffet

ET quifquam Latia rudem

Linguæ SANTOLIUM dixerit impius

Tam dirum evomuit nefas ?..

Sacras nec timuit quæ viridantibus

Intertextæ hederis caput

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Defendunt rapere & facrilego impetu), was con

Lauros proterere impotens ?

Tomus II

Bb

Hic eft ille tamen SANTOLIUS chori Ingens Aonii decus :

Hic eft, quem ftupuit non femel auream Pulfantem digitis chelin,

Et curfu ambiguo Sequana reftitit Sufpenfas remorans aquas.

Aftus invidiæ quis remorabitur? Nec tu maxime SANTOLI;

Sed Victor fterilem fperne calumniam. An non in triviis frequens

Verfus impofitos fontibus,& legit, Et judex populus probat?

Magne compita per plena Lutetiæ Paffim prætereuntium

Monftraris digico. Te Latii Cycnum Pindi, Virgilio parem;

Puris ante alios te nitidum fonis

Dicunt & teneræ nurus,

Dum compte teretes molle micantibus Tractant articulis colos.

Romæ quin etiam fulmina vindicis

Rorem caftalium illinens

Reftinxiffe vales; artis opem tuæ

Senfit, poft cineres redux

ARNALDUS; veteres corde ferens adhuc

Plagas ; fed medicam manum

Tantis vulneribus fi femel admoves,

Fit defenfor & Arbisen

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Veri, judicete, judice Galliâ

Tam defenfor & Arbiter

Veri, quam Latiæ SANTOLIUS Lyræ

Princeps unus & arbiter.

fociat tibi

At fummos adeò quos Vates par ftudium & fides,

Lædit COMMIRIOs atque JuvINCIOS,

Quæ te injuria vellicat,

Nil luci folitum credere publiez,

Quod non ante JuvENcius,

Limâ & COMMIRIUS parcere nefciâ

Ac torlo ungue poliverit.

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