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Sequanici Tritones, ament & ludere Nymphæ.
Vix ea: Pierides fufis rifêre cachinnis

Delufum fine Baccho, & aquâ Permeffide Vatem.
Hinc fapite, ô focii, nec facros temnite fontes.

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'HYVER nous fera-t-il une éternelle guerre?

N'avons nous pas assez reffenti fa fureur?
Les tristes Aquilons portent par tout l'horreur,
Le fleuve de la Seine enchaîné dans fes rives
Voit fon urne rompue, & fes ondes captives.
Son front est dépouillé des aimables rofeaux
Qui de leur verte cime embeliffoient fes eaux.
De neige & de glaçons fa tête blanchiẞante
Ne peut en foutenir la charge trop pefante;
Vainement fous fes flots il cherche à fe cacher,
De mille fers fecrets il fe fent attacher;
Il fait pour s'affranchir des efforts inutiles,
Ce fleuve l'ornement de la Reine des villes,
Que n'aguere on voyoit en ces fuperbes lieux
Conduire dans nos ports des vins delicieux,
De tous les Dieux en vain implore l'affistance:
D'Apollon outragé n'est-ce point la vengeance?
Ce Dieu jaloux des droits de fes facrés côteaux
Veut punir le mépris que j'ai fait de fes eaux.

Quoi donc ces vins frians, qui flattoient mon attente,
Que pour prix de mes vers la Bourgogne obligeante,
M'envoyoit fur la Seine à l'aide des zephirs,
Arrêtez par l'hyver tromperont mes defirs?
Je ferai donc privé de ce jus delectable,
Qui feroit le plaifir & l'honneur de ma table?
Ciel! contre le Printems quel astre courroucé
Tient encore en fon lit ce grand fleuve glacé?
Toi qui venois auffi, coulant d'intelligence
Chés les peuples voisins apporter l'abondance,

Fleuve autrefois fi beau, MARNE, l'Hyver afreux
Te retient gemiffant dans fes fers rigoureux :
Il ne t'eft plus permis de t'unir à la Seine,
Quel crime a merité cette cruelle peine?
Ces flots que par mes chants j'ai forcé tant de fois
A fufpendre leur cours pour entendre ma voix,
Injustement contraints d'expier mon caprice,
Seroient-ils condamnez à ce fatal suplice?
Je me plaignois ainfi de la rigueur des Dieux:
Lorfqu'un nuage offrit une troupe à mes yeux.
Je crus que les neuf Sœurs objets de ma tendreffe,
Venoient comme autrefois confoler ma tristesse.
Mais, Dieux ! quel changement! leur visage en fureur
Et leurs yeux irriteq me glacerent d'horreur.
Calliope à mes vaux autrefois favorable,
Ne me regardoit plus que d'un œil formidable.
Infultant à mon trouble, & d'un air dédaigneux.
Me donnant à la fois mille noms odieux,
Son couroux étoufa cette celefte flâme,
Qu'elle avoit elle même allumée en mon ame.
Je ne me fentis plus cette vivacité,

Dont mes Vers empruntoient leur force & leur beauté.
Je la vis par ces mots condamner mon audace.
Tu preferes le vin aux Sources du Parnaße.
Dit elle ; quoi, perfide, as-tu donc pû quitter
Les lieux qu'avec plaifir tu venois frequenter?
Ces lieux où tu puifois ce fublime genie,
Qui t'infpiroit des Vers la divine manie,
Et qui te conduifant loin des profanes yeux
Quoiqu'en un corps mortel, t'élevoit dans les Cieux.
Jeune on t'a vu venir dans nos bois & nos plaines
Rever utilement au bord de nos Fontaines ;
Deformais que les ans ent glacé ta vigueur,
Cheriffant de Bacchus la groffiere liqueur,
Méprife, j'y confens, les Ondes du Permeffe:
Qu'importe qu'Apollon à tes vers s'interesse ?
Bacchus fçait exciter de plus nobles transports,
Avons-nous jufqu'ici fecondé tes efforts?
Et dequoi t'a fervi notre puiffance vaine?
Vers le fils de Semele un beau penchant t'entraîne,

Le Vin te tiendra lieu de Mufe d'Apollon,
Et DIJON fera plus que le facré Vallon.
C'est là que de tes Vers tu foutiendras la gloire.
Les braves Bourguignons t'apprendront à bien boire.
Eprouve cependant que les Dieux immortels,
Peuvent quand il leur plaît, punir les criminels.
Par l'ordre d'Apollon les Vents impitoyables,
Ont brizé, tu le vois, leurs antres effroyables.
Ces fiers fujets d'Eole échapez de leurs fers
Ravagent la campagne & regnent dans les airs ;
Conduifant après foi les Frimats, la froidure,
L'aquilon furieux defole la nature.

Le Fleuve en vain fremit de leurs bruians combats:`
Il fe cherche en fon lit & ne fe trouve pas.
Son ennemi pourfuit fes Ondes fugitives,
Il le preffe,il le glace, & l'attache à fes rives.
En ce funefte état il voit de toutes parts
Sur fes Flots endurcis des chevaux des chars,
Defefperé, confus, il voit dans fa disgrace
Une infolente troupe infulter à sa glace,
Heureux fi dans fes Eaux il pouvoit fubmerger
Les fardeaux importuns dont il fe fent charger.
Ce Fleuve qui rouloit d'une course orgueilleuse,
Au fein de l'Ocean fon onde impetuenfe
Eft aujourd'hui forcé fans efpoir de fecours,
De refter immobile au milieu de fan cours.
Va, brave deferteur d'une troupe impuiffante,
Anime tes Chansons, & qu'à ta voix touchante
Les Nymphes, les Tritons paroiffent fur les Eaux
Et conduisent des mains tes Vins &tes Vaiffeaux.
Deformais, j'y confens, reprends en main ta Lyre.
Ces mots furent fuivis de grands éclats de rire.
Et moi je reftai feul fans Mufes & fans Vin.
Craignez, Auteurs, craignez un semblable deftin

* AD

* AD IMPROBAM

MUSAM.

Mufarum indignationem placare tentat.

L X V.

URDA puella, meos dudum quid fpernis amores,
Et male cur precibus furda puella meis?
Vix ego te agnovi, cùm blando accenfus amore,
Hæc animum, dixi flectere fola potest.
Audiit hæc, fpondetque animos ad carmina magnos,
Sed mihi tentanti carmina hulla dedit.
Improbe amor fallis, fallis magis improba Mufa;
Fallis, quis nefcit? Fallitur omnis amans.
Ah! quoties dixi, te nunquam Mufa revisam,
Numquam meque fuis ignibus uret amor.
Me ridebat amor, nam te mea Mufa revifi,
Ignibus atque fuis fortiùs uffit amor,

Me numquam videas, te numquam Mufa videbo,
Sed fi me videas, tu videare, precor.
Noctes, atque dies, tua fæpe occurrit imago,
Inceffus, tua vox, & tua verba fimul.
Quid non mififlem? fi non mihi dura fuifles,
Mififlem quidquid mittere novit amor.
Sed nec muneribus, precibus nec flecteris ullis,
Nunc gaudes noftris fæva puella malis.
Ergo vale, extremo tandem te te alloquor ore:

Ni tecum, ah moriar! vivere, amemque mori.

* Cette Piece & la fuivante Mufes. Notre Poëte les avoit font deux plaintes contre les faites avant la precedente.

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AD EANDEM MUSAM.

Mufa cadente fe quoque cadentem fingit.

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DAMON ET LICORIS.

LX V L.

UM Damona fugit celeri pede cafta Lycoris,
Virgineus pennas nam pudor addiderat
Saxo offenfa cadit, faxoque offenfus eodem
Mox cecidit Damon nec cecidiffe pudet.
Sic lapfos ridebat amor, plaudebat utrifque;

Sed fubitus rifum comprimit ecce dolor.
Acceptum è cafu vulnus monftrabat amanti,
Virginis in tenero pollice vulnus erat.
Mox lachrymis vulnus Damon afperfit obortis,
Felix fi medicam flendo tuliffet opem.
Quòd tibi feci, inquit, tempus curabit, at illa
Quam mihi fecifti plaga perennis erit.

TRADUCTION.

LX V I.

A Mynthe la Reine des Belles,

Fuyoit un amoureux Berger,

La pudeur lui prêtoit fes aîles

Pour échaper à ce danger;

Mais on va mal quand on fe preffe,

La Nymphe alla tomber dans un endroit glißant,
Auprès d'elle bientôt tombe aussi son amant
Sans rougir de fon peu d'adresse.

Amour ce petit Dieu badin,
Dans une niche de verdure
s'applaudiffoit de l'avanture.

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