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pute. Je trouve qu'on en pourroit bien faire une petite comédie, et que cela ne seroit pas trop mal à la queue de l'École des femmes.

Vous avez raison.

DORANTE.

LE MARQUIS.

Parbleu ! Chevalier, tu jouerois là dedans un rôle qui ne te seroit pas avantageux.

Il est vrai, Marquis.

DORANTE.

CLIMÈNE.

Pour moi, je souhaiterois que cela se fit, pourvu qu'on traitat l'affaire comme elle s'est passée.

ÉLISE.

Et moi, je fournirois de bon cœur mon personnage.

LYSIDAS.

Je ne refuserois pas le mien, que je pense1.

URANIE.

Puisque chacun en seroit content, Chevalier, faites un mémoire de tout, et le donnez à Molière, que vous connoissez, pour le mettre en comédie.

1. Ce n'est pas seulement, quoi qu'en dise Auger, parce que Lysidas, toujours content de lui, croit avoir eu l'avantage dans cette discussion, qu'il ne refuse pas son personnage à la comédie projetée; c'est que, dès lors, c'était surtout, pour un écrivain obscur, un honneur d'ètre attaqué par Molière. Boursault eut grand soin, nous l'avons vu, de se reconnaître dans ce personnage, et de bien marquer par le léger changement de Lysidas en Lyzidor qu'il s'y était reconnu. Une notoriété de ce genre pouvait paraître plus honorable que l'obscurité; ce sera précisément un des traits caractéristiques de Trissotin qu'il se félicitera de figurer si souvent dans les satires de Boileau, et d'y être le but de ses coups redoublés: voyez les Femmes savantes, acte III, scène ui. Il trouve qu'ainsi Boileau l'a traité plus favorablement que Vadius à qui il n'a daigné accorder qu'une atteinte légère, et peut-être Trissotin ne se trompait-il pas à son point de vue :

Et qui sauroit sans moi que Cotin a prêché?

disait Boileau (satire Ix, vers 198).

CLIMÈNE.

Il n'auroit garde, sans doute, et ce ne seroit pas des vers à sa louange.

URANIE.

Point, point; je connois son humeur : il ne se soucie pas qu'on fronde ses pièces, pourvu qu'il y vienne du monde.

DORANTE.

Oui. Mais quel dénouement pourroit-il trouver à ceci? car il ne sauroit y avoir ni mariage, ni reconnoissance; et je ne sais point par où l'on pourroit faire finir la dispute.

URANIE.

Il faudroit rêver quelque incident1 pour cela.

SCÈNE VII ET DERNIÈRE.

GALOPIN, LYSIDAS, DORANTE, LE MARQUIS, CLIMÈNE, ÉLISE, URANIE'.

GALOPIN.

Madame, on a servis ar table..

DORANTE.

Ah! voilà justement ce qu'il faut pour le dénouement que nous cherchions, et l'on ne peut rien trouver de plus naturel. On disputera fort et ferme de part et d'autre, comme nous avons fait, sans que personne se rende; un petit laquais viendra dire qu'on a servi; on se lèvera, et chacun ira souper.

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CLIMÈNE, URANIE, ÉLISE, DORANTE, LE MARQUIS, LYSIDAS, GALOPIN.

MOLIÈRE. III

(1734.)

24

URANIE.

La comédie ne peut pas mieux finir, et nous ferons bien d'en demeurer là.

FIN DE LA CRITIQUE DE L'ÉCOLE DES FEMMES.

L'IMPROMPTU DE VERSAILLES

COMÉDIE

REPRÉSENTÉE LA PREMIÈRE FOIS

A VERSAILLES POUR LE ROI

LE 14 OCTOBRE 1663

et donnée DEPUIS AU PUBLIC DANS LA SALLE DU PALAIS-ROYAL

LE 4 NOVEMBRE DE LA MÊME ANNÉE 1663

PAR LA

TROUPE DE MONSIEUR, FRÈRE UNIQUE DU ROI

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